Témoignage de Mehdi au CRA 1 (25/09)

M. : Du coup peut être si y a un laisser-passer et que ma situation est publié ça me ferait plaisir. Que la personne qui va le lire va se dire « c’est un gars volontaire », tu vois ce que je veux dire ?

On a lancé l’enregistrement, du coup si tu veux un peu raconter ce qu’il se passe dans le CRA et ce que t’as envie de dire quoi, on t’écoute.

M. : Alors je vais commencer d’abord par ma situation… car ma situation… Si vous voulez je vais vous expliquer. Moi je suis issu de parents intelligents, c’est à dire d’une mère prof de philosophie dans une université en Algérie et d’un père qui est médecin. C’est à dire qu’ils m’ont bien éduqué et qui m’ont mis dans le droit chemin bien avant que je devienne mature si tu vois ce que je veux dire. Ensuite mon père est venu dans le but de développer ses compétences de diplome de médecin, c’est à dire d’avoir un équivalent du diplome de médecin français car il avait le diplome de médecin algérien. Mais sauf qu’il travaillait ici en tant que médecin interne car malheureusement il fallait passer ses concours pour pouvoir avoir le numéro avec lequel il peut exécuter dans les hopitaux normaux malheureusement. Je crois que c’est ce mois-ci d’ailleurs qu’il va avoir les résultats d’après ce qu’il m’a dit. Et moi ensuite je me suis inspiré de mon père, déjà depuis tout petit je m’inspire de lui, je le vois il est avec sa petite blouse et moi c’est quelque chose que j’aime bien. D’ailleurs je me suis inspiré de lui et je me suis orienté vers cette formation de services à la personne, parce qu’apparement en France il manque du personnel… Et quand j’entends à la télé, qu’il manque du personnel dans un hôpital ou dans un service, qu’ils vont fermer tout le service totalement, ils vont affecter le médecin aux urgences. D’apres ce que j’ai vu hein … C’est un exemple d’un député qui l’a cité sur CNews, si vous voulez la source, je l’ai entendu sur CNews. Apparement quand il manque un médecin dans un hôpital, c’est à dire dans un service, ils vont être obligés de fermer tout le service, d’affecter un médecin aux urgences, c’est à dire qu’il va y avoir des lits vides et le médecin il va se retrouver aux urgences tout seul, à accueillir tout le monde et il manque du personnel. Il y aura un médecin urgentiste pour… ça dépend si c’est une métropole, pour plus de 300 000 habitants. Ca dépend l’endroit. J’ai entendu ça tout à l’heure. Et c’est un métier en tension et moi malheureusement, certes j’ai fait des conneries et j’ai payé pour ces conneries là, et si je les ai faites c’était tout simplement j’étais dans la nécessité. Et pour mes papiers, j’avais carrément préparé un dossier pour que je puisse parler et répondre à Monsieur le préfet en train de m’attaquer, mais il avait pas de quoi m’attaquer car j’avais tous les éléments. Y avait que sur mon incarcération qu’il pouvait m’attaquer. 

En gros, depuis mon arrivée, déjà avant que je devienne majeur, j’étais au collège à François Rabelais à Tours, 37000 pour le code postal si vous voulez. Et j’étais inscrit sur le registre de l’établissement en 3ème externe libre, c’est à dire je viens d’Algérie et c’était en février 2017 et moi je suis rentré en France en décembre 2016, c’est à dire j’avais moins de repère et mon seul répère c’était mon père. Et je me suis inspiré de plus en plus de lui et de son métier. Et c’est pour ça que je me suis orienté vers ce métier là de CAP aide à la personne. Ensuite j’ai poursuivi mes études en allant dans une MFR, maison familiale et rurale, à Chinon, dans le département de l’Indre et Loire et j’ai commencé une formation. Je l’ai commencé et ensuite j’ai eu des problèmes d’hébergement si vous voyez ce que je veux dire, j’ai déménagé vers Angoulême, j’ai eu un petit souci là bas, du coup j’ai été obligé de rester là bas un petit moment. Je suis resté avec une éducatrice qui m’a accompagné et je lui ai dit que je souhaitais poursuivre ma formation, surtout cette formation là. Et je l’ai poursuivie ! C’est à dire je faisais de Angoulême jusqu’à Tours et de Tours à Angoulême, c’est à dire je faisais la navette. Et ensuite, après ça, j’ai réussi à avoir mon diplôme. Quand mon père il a déménagé dans le nord, à Avesnes-sur-Helpe, 59440 le code postal, dans le département du Nord, là bas il a pu trouver un hôpital, en face il y avait un EPHAD et y avait aussi d’ailleurs une MFR qui faisait justement cette formation là et j’ai insisté pour la poursuivre car j’avais déjà obtenu la première année quand j’étais à l’autre MFR, ensuite quand je suis venu dans le Nord pour rester avec mon père où il a déménagé, j’ai été obligé…c’est pas que j’étais obligé mais tellement que je kiffais ce métier, je suis parti dans ce métier, j’ai continué d’ailleurs dans une MFR et mon père qui payait avec ses propres ressources car c’était une MFR privée. Mais heureusement qu’il avait que moi dont il devait s’occuper car s’il avait d’autres, comme sa femme ou mes frères avec lui ça aurait été un peu plus cher car il payait le loyer de sa femme et son loyer, car il avait des problèmes aussi… un divorce, bref c’est aussi une autre histoire. Mais concernant ma situation, j’ai poursuivi mes études et j’ai réussi à obtenir mon diplôme de CAP service d’aide à la personne avec une mention… dommage j’ai pas le bulletin sur moi mais avec une moyenne de 14. Et du coup ensuite j’ai insisté pour poursuivre mes études en première année Bac SAPAT, service d’aide à la personne en service territorial. J’ai un certificat qui prouve tout cela bien sûr, je suis pas en train de raconter tout ça comme ça hein.

Non, non mais je te crois !

M. : C’est dommage y a pas les moyens de vous transmettre tout ça. 

Mais t’inquiète je te crois ! 

M. : Vous auriez pu les mettre comme des preuves plus mais c’est pas grave. Alors du coup, j’ai poursuivi et j’ai fait 6 mois et malheureusement mon père il m’a dit « tu vas être obligé d’arrêter » car voilà ils nous ont demandé de payer encore la suite de l’année mais y avait pas les moyens et j’ai mis fin à ma scolarité mais ça m’a pas empêché bien sûr de chercher une formation, de m’orienter vers des centres de formation et d’orientation et j’ai réussi sur un site internet à trouver une formation qui s’appelle EPIDE, établissement professionnel dans l’insertion et dans l’emploi. C’était à Saint-Quentin, c’est à dire dans l’Aisne, un peu plus loin effectivement, je faisais la navette, mais là bas j’étais interne. C’était une formation présentée dans un établissement… là je suis en train de lire mon attestation en fait, c’est marqué « je soussigne … c’était la directrice du centre de Saint Quentin, certifie que Monsieur Benyacine Mehdi né le 23/02/2002 à Oran en Algérie est présent dans l’établissement depuis le 18/01/2021 en qualité de volontaire pour l’insertion et a souscrit à un contrat pour une durée de 8 mois ». C’est un parcours citoyen, j’avais une allocation de 210 euros par mois, c’était une raison de plus pour subvenir à mes besoins et aux besoins de mon père. C’est peu mais bon ça donne un petit coup de pouce, vous voyez ce que je veux dire. Et ensuite j’ai fait 8 mois de parcours dans cet établissement, c’était un parcours citoyen, bien sûr avec une sortie positive et j’ai même des attestations de parcours citoyens et on marchait au pas et on chantait la Marseillaise et on avait un uniforme d’ailleurs.. c’était vraiment strict tu vois ce que je veux dire ou pas ? 

Oui oui, ça avait l’air un peu intense. 

M. : Je me suis pas orienté vers cette formation là pour rien. J’avais vu dans leur proposition qu’ils proposent des sorties, des sorties collectives, avec le groupe, pour travailler en équipe, pour faire des… pour courir.. pour soutenir les gens qui allaient faire l’armée de terre, l’armée de l’air et on était obligés enfin pas obligés mais ce qu’ils voulaient c’était des animations si vous voyez ce que je veux dire, qui durent 1h à 2h et on devait courir dans tout le centre de St Quentin histoire de travailler le cardio bien comme il faut pour les gens qui veulent faire l’armée de terre ou l’armée de l’air. C’est pour leur condition. Et moi ça me motivait encore plus de m’intégrer avec eux. D’ailleurs on avait fait une sortie avec eux, avec l’association Véolia et on avait porté les t-shirts de Véolia de Saint Quentin et on avait couru 23km dans la journée et le lendemain on avait refait un parcours de 12km. C’était pour les gens qui voulaient faire l’armée. Ils avaient besoin d’avoir une bonne condition pour intégrer l’armée. Et donc moi je suis partie voir la CPE, qui s’occupe des orientations et tout ce qui est du domaine professionnel. Elle est spécialiste de ça. J’ai insisté avec cette dame pour être là parce qu’elle me disait « oui je te vois tous les soirs ici, je te vois fatigué, j’avais peur de te mettre dans le groupe pour pas que tu fasses une crise cardiaque ». Bah ça m’a motivé, ça m’a donné un coup de boost, je lui ai dit « madame mettez moi dans la liste svp et je vais vous montrer réellement si je vais faire une crise cardiaque ou pas ». Alors si vous allez taper sur google « Véolia » vous allez me voir en premier et j’avais fait un beau parcours je me rappelle ce jour là et je le regretterai jamais. Je serai prêt à le refaire même. 

Haha j’irai voir ! Et est-ce que tu veux un peu expliquer comment ça se passe maintenant que t’es dans le CRA ? Ce que tu me disais la dernière fois sur les chambres, sur le bloc et tout ? 

M. : Ah oui bien sûr, les conditions de vie vous voulez dire ? 

Oui, mais un peu ce que tu veux aussi. Comme tu veux. 

M. : Pour être franc avec vous, le CRA, pour leur organisation il leur manque du personnel. C’est à dire admettons ils sont obligés de nous enfermer des heures et des heures sous le froid, de 9h jusqu’à midi en attendant le repas, ils nous enferment dehors dans le froid. Juste pour « faire le ménage », y a une association qui fait le ménage. Oui bien sûr on comprend mais on entend dans le micro qu’y a des évacuations dans d’autres blocs qui doivent être faites pour que le ménage soit fait chez eux. Et vu que c’est la même équipe ça veut dire qu’y a personne qui fait le ménage dans notre bloc. Donc y a pas de raison qu’ils nous enferment dans le froid. Et pour être encore franc avec vous, là je suis en train de regarder et le ménage qu’ils font c’est le ménage du couloir, en fait y a pas de ménage. 

Ils font pas le ménage dans les chambres ? 

M. : Pas du tout alors là… En fait on prend notre serviette et on essuie juste pour pas laisser des traces, dans le couloir, pour pas ramener dans les chambres. Mais moi je refais tous les jours mon ménage parce que je suis habitué et voilà je suis un lève-tôt, j’aime toujours me lever tôt pour ma propre propreté, j’aime bien le faire moi-même en fait. Et concernant la nourriture, j’ai été dans des centres où ils nous donnent à manger mais ils nous donnent à manger de la viande. Alors qu’on est dans un pays laïc, il doit y avoir des végés et des végans, des gens qui mangent de la viande et des gens qui mangent que des légumes… A mon avis dans n’importe quelle autorité administrative, enfin structure administrative, il doit y avoir 2 menus minimum. Le centre ici ça va il s’adapte, mais le centre où j’étais auparavant c’était pas le cas. 

C’était quand t’étais à Lille? 

M. : Oui! C’était pas le cas, ils nous mettaient de la viande tous les jours, c’est à dire soit tu manges soit tu manges pas et ils s’en foutent. Et d’ailleurs ce matin j’ai failli m’embrouiller encore avec un policier, il me disait « allez avance allez avance ». En fait le souci c’était que j’étais prêt pour aller au jugement et j’avais juste mes chaussures à mettre. Et moi je leur dis « bonjour bonjour, j’ai juste mes chaussures à mettre et je prends mes papiers » et il dit « dépêchez-vous ». Je lui dis « tranquille je passe à 9h et le jugement c’est à 10h j’ai la convocation » et il dit « oui mais faut passer à l’autre CRA ». D’accord, je me depêche, je fais mon maximum et j’avance et je parle pas, je parle pas et il me dit : « toi si je te vois dehors, toi je vais pas te lâcher ». Comme ça ! Comme ça ! Je le regarde comme ça : Pourquoi? Pour quelle raison? En plus moi le matin j’avais pas fumé, ça veut dire il est tombé au bon moment entre parenthèses. J’ai dit « je t’ai fait quoi moi? On s’est déjà croisé avant? ». Leur façon de parler avec les gens… ils parlent mal et donc les gens ils vont s’énerver, ils vont être obligés d’agir. Moi je suis quelqu’un qui garde son sang froid, j’ai gardé mon sang froid ce matin et après je suis parti lui dire « excusez moi si je vous ai un peu mal parlé ce matin », même si c’était pas moi le fautif, mais bon je suis parti moi m’excuser car les excuses ça montre pas que… Tu vois ce que je veux dire ou pas? Merde ça va couper (plus de batterie). 

Tu veux qu’on coupe et tu me rappelles avec un autre téléphone ? 

M. : Non on peut continuer et si ça coupe je te rappelle. 

En plus tu vas bientôt aller manger ? 

M. : Non aujourd’hui on est les derniers. Ça vaêtre vers 19h. 

Ah oui.. ça change tous les jours ? 

M. : Non pas tous les jours, c’est quand eux ils décident. En vrai c’est ça, c’est quand ils veulent. Ça dépend de leur organisation en fait. Car de ce que j’entends il manque du personnel. 

Et du coup vous mangez jamais avec les autres blocs ? 

M. : Non on mange pas tous ensemble, alors qu’il y a une graaande salle pour qu’on mange tous ensemble mais c’est pas le cas. Je sais pas dans quel intêret ils ont fait la grande salle mais ici on est a peu près un groupe de 6, dans un autre bloc un groupe de 8, dans un autre bloc un groupe de… 

Là dans ton bloc vous êtes 6 ? 

M. : Dans notre bloc on est 6, là y en a un qui était libérable y a pas longtemps et je vois pas vraiment l’intêret de maintenir un gars… je payais mes impots, c’est pas comme si je payais pas hein, en étant jeune… même si j’ai pas travaillé longtemps j’ai payé des impots, je suis passé par un parcours citoyen qui était bien strict, j’ai fait mes démarches d’insertion bien avant ma sortie, j’ai préparé pour payer les parties civiles, j’ai essayé de montrer toutes mes preuves devant le juge pour essayer de sortir de cette situation délicate car on peut rien faire rentrer… même la nourriture ils nous disent « vous allez pas la faire rentrer ». 

Là ils acceptent plus la nourriture pendant les visites ? Même les clopes ? 

M. : Non ils acceptent plus. Les clopes ils acceptent mais y a des équipes où.. admettons la nourriture ils vont dire « vous en avez au restaurant, vous pouvez pas en avoir dans votre cellule, vous la laissez en bagagerie ». Ça fait du travail en plus je trouve mais bon. Ça dépend des équipes mais moi je suis en contact avec un civil, c’est un policier, il est en civil, il est là pour travailler le contact avec la préfecture, c’est pas du personnel qui travaille ici. Ils s’occupent des extractions. (plus de batterie)

 2ème partie du témoignage de Mehdi avec un pote à lui quelques jours plus tard

 M. : On parlait de l’isolement…
 
Pote : Je rentre à l’isolement… Je demande des clopes pendant le repas, il dit non… Mehdi il est témoin.
 
 M. : En fait c’est une altercation…
 
 Pote : La personne elle est venue par derrière, elle m’a tapé et elle m’a mis les menottes, elle m’a attaché et après elle m’a ramené à l’isolement. 
 
 M. : Excuse moi de te couper.. C. je l’ai vu de mes propres yeux, il était à terre. La cheffe elle lui disait « ah tu veux te lever, ah tu veux te lever, bah je t’aide pas. T’as fait tomber un de mes collègues ». Alors qu’il a même pas fait tomber. Il l’a tout simplement touché dans la légitime défense.
 
 Pote : C’est ça oui ! 
 
Je suis désolée mais j’ai l’impression que j’ai pas tout compris, en fait vous étiez où? 
 
 M. : On était en face du resto, en train de manger et Monsieur ? s’est levé pour aller discuter avec les chefs pour demander s’il peut aller chercher des clopes, dans l’autre bloc. Il parle tout simplement avec les chefs et y en a un qui arrive par derrière et il lui met une petite claque avec le coude. Alors lui il croyait qu’il allait se faire taper donc il se met en mode défense légitime. Et l’autre il commence directement à essayer de le maîtriser pour le mettre à terre. 
 
 Pote : Après je suis rentré en isolement et y a une flic qui est venue qui m’a dit « tu cherches la merde encore » et je lui ai dit « laissez moi sortir svp » et ils ont dit « non c’est nous qui décidons ». Après j’ai tapé tapé la porte, après ils sont rentrés, ils m’ont attachés 12 heures. Et après l’autre groupe qui arrive dans la nuit ils m’ont enlevé de l’isolement. 
 
Attends si ça te va je repète pour être sûre d’avoir bien compris. Ils t’ont attaché pendant 2h ou pendant 12h ?
 
 M. : Mais c’est à dire, c’est dans les droits de l’homme, c’est possible tu penses? 
 
 Pote : J’ai rien fait madame, j’ai rien fait. 
 
Oui oui je sais, c’est pour comprendre, c’est pas pour le droit parce que j’entends pas très bien. Je pense que c’est pas normal de se faire attacher dans tous les cas. 
 
 M. : En fait ils essayaient tout simplement de le maîtriser. Je le connais, il est avec nous dans le groupe, c’est pas quelqu’un d’agressif. Si un jour tu vas l’apercevoir, tu verras sa corpulence, tu verras que c’est que pas quelqu’un qui mérite. 
 
 Pote : Ca fait 70 jours qui je suis là au centre de rétention. Avec toute la police ça se passe bien. Y a une seule elle est méchante. 
 
Tu veux dire qu’ya une personne dans la police, une dame qui est pas sympa avec toi ? 
 
 M. : Une équipe, en fait. Elle est du soir. C’est à dire que si elle est là, ta soirée c’est mort ! J’oserais même pas leur demander d’aller chercher des clopes car tu connais déjà la réponse, c’est négatif. Ils veulent la faire à la zeub. (…) Un jour y avait cette équipe là et une autre équipe avec eux. Et j’ai fait exprès de me précipiter de manger, je vais voir la cheffe qui écrit qui va s’inscrire pour le lendemain pour aller voir Forum et l’infirmerie. J’y ai été, je leur ai demandé car ils savent que j’ai été un élève aide-soignant, que je suis gentil avec eux, que je parle bien avec eux et je me suis dit vas-y je vais leur demander car ils savent que j’ai une bonne image et que je suis toujours respectueux envers eux. Et pour te dire, ils ont fait exprès de nous bloquer et ils nous ont dit non. Et un autre jour, y a eu le même groupe. La cheffe elle était là comme d’habitude, à écrire qui va à l’infirmerie et tout. Et en sortant je me suis dit vas-y je demande même si la cheffe elle m’a dit non et le flic il m’a dit : « non moi personnellement je l’aime pas ». Je vous jure c’est vrai, il l’a sorti de sa propre bouche. Ils s’entendent même pas entre eux. 
 
C’est quelqu’un d’une autre équipe ? 
 
 M. : Oui c’est quelqu’un qui venait en renfort. 
 
Et du coup quand y a des équipes qui sont ultra violentes, qui mettent des gens à l’isolement et tout, les autres équipes elles font quoi ? 
 
 M. : Les autres équipes elles font pas grand chose… Après moi j’ai jamais fait d’isolement.
 
Pote : Moi aussi c’était la première fois. Ca fait 70 jours que je suis là et j’étais jamais rentré à l’isolement. Ils ont fait exprès parce qu’ils ont un problème avec mon pote d’avant, ils ont sorti mon pote et toujours ils cherchent la merde avec moi. Alors que je fais rien,  j’ai rien fait. 
 
C’était pendant 2 jours l’isolement ? 
 
 Pote : Oui c’était pendant 2 jours. 
 
 Et pendant 2 jours t’es tout seul dans une cellule ? 
 
 Pote : Oui, j’étais attaché et j’ai pas mangé. On m’a ramené à manger mais j’ai pas mangé. Là c’était un groupe pas gentil, c’est un groupe spécial, ils cherchent la merde. 
 
Et ils sont là tous les jours ? 
 
 M. : Malheureusement, ils sont là et y a d’autres collègues qui sont sympas avec nous qui viennent en renfort parce qu’ils disent qu’il manque du personnel et tout. Ils se retrouvent à deux, pendant que l’autre il fait son travail, tu vois ce que je veux dire? Ils se retrouvent à travailler ensemble. 
 
Mais les renforts ils sont en civils ou en uniforme ? 
 
 M. : En uniforme bien-sûr ! 
 
 Pote : Mais le chef civil il m’a libéré, il a dit « pourquoi t’es ici toi? » il m’a dit toi t’es gentil, sors. Il m’a libéré. Tout le monde sait que je suis gentil ici. 
 
 M. : Hésite pas à nous dire si t’arrives pas à comprendre hein ! 
 
Ouais en gros y a une équipe quand elle est là elle cherche trop la merde et c’est elle qui a mis… je sais pas comment tu t’appelles en fait…
 
 M. : Il s’appelle Monsieur A. Je vais t’expliquer ce qu’il s’est passé en fait. Du coup Monsieur A. il vient vers moi il me dit « ça sert à rien d’aller leur demander, tu sais très bien que c’est pas la bonne équipe, tu vas rien récupérer ». Et moi je me suis « ah ouais ben pourquoi pas, je vais aller leur demander ». Je vais finir plus vite que prévu, je me vais me précipiter le plus possible parce que je sais que c’est une question d’organisation, qu’y a des gens qui travaillent et qui ont envie d’aller voir les enfants, tu vois ce que je veux dire? 
 
Oui, et là tu voulais leur demander pour aller à Forum et à l’infirmerie ? 
 
 M. : Voilà et là j’y allais et ensuite en sortant y avait un de leur collègue qui était en renfort, qui travaille avec eux mais qui n’est pas de la même équipe. Lui il m’a dit  » personnellement moi je l’aime pas ». Et on leur avait parlé gentillement hein. Et en rentrant on lui avait bien expliqué que s’il nous avait pas aidé à faire ça, la vérité ils vont s’apercevoir que le bloc il va être fumé. C’est pas des menaces hein. C’est la vérité, je te mens pas mais quand tu te retrouves dans la zone, à 7 personnes, et personne a de cigarette, tout le monde est en train de gamberger sur est-ce qu’il y aura un laisser-passer, tu vois ou pas? 
 
Attends attends, t’as dit personne a de cigarettes et quoi ? 
 
 M. : C’est à dire du coup en rentrant le monsieur qui récupère les cigarettes et tout, on dit « merci c’est bien gentil » mais ils savent que si il allait pas les laisser, on lui disait qu’en gros ils vont bloquer la caméra, comme on fait d’habitude quoi. On bloque les caméras juste pour qu’ils viennent pour qu’ils récupèrent des cigarettes, tu vois c’est la mission.
 
Ah oui ok parfois vous bloquez les caméras quand ils veulent pas venir.
 
 M. : Voilà. Toute façon l’interphone il marche pas. 
 
Donc vous êtes un peu obligés de faire ça pour les appeler quoi ?
 
 M. : Donc de une, pour les appeler, on bloque les caméras, tu vois ou pas? Si on a fermé la caméra ils vont penser qu’on est en train de fuir donc ils vont venir au plus vite! T’as réussi à me comprendre j’espère. Hésite pas surtout.
 
Oui oui ça j’ai compris !
 
 M. : Et ça va t’as réussi à comprendre comment ça s’est passé pour lui l’isolement ou tu veux que je t’aide encore un peu plus? 
 
C’est plutôt lui s’il veut dire d’autre chose ? 
 
 M. : La deuxième journée il a voulu faire la grève de la faim, c’est à dire vu qu’ils ont pas voulu lui ramener des cigarettes il a essayé de trouver d’autres solutions parce que le corps il a besoin de nicotine. Il savait que le corps il avait besoin de son petit plaisir, soit c’est de la nicotine soit il va manger du coup il est parti se nourrir, c’est le ventre qui passe avant quoi. Surtout dans des conditions comme ça j’ai envie de te dire. 
 
Parce que du coup à l’isolement t’as pas le droit aux cigarettes, t’as pas le téléphone t’as rien ? 
 
 M. : Oui. Après lui il est en situation régulière. 
 
 Pote : Moi j’ai un titre de séjour italien qui est disponible maintenant. Mais le préfet il veut pas me libérer. 
 
Et ça fait plus de 70 jours que t’es au CRA? 
 
 Pote : Ouais 70 jours parce que mon avocat en Italie il m’a dit de venir en Italie mais la France elle accepte pas. J’ai une situation régulière en Italie, j’ai même pas fait une GAV en Italie. Forum il est d’accord avec moi. J’ai mon prochain jugement le 4 ou le 5. 
 
Ben j’espère que tu vas sortir et que tout le monde va sortir !
 
 
 
 
 
 
 
 

Double programme contre les frontières sur Radio Canut

À l’occasion de la semaine de lutte contre l’agence Frontex et les frontières, les émissions Minuit Décousu et Mayday vous proposent deux émissions qui vous font entendre celles et ceux qui vivent ici sans papiers et leurs soutiens.

Le 6 octobre 2024 marque les 20 ans d’existence de l’agence mortifère Frontex, chargée de surveiller les frontières externes de l’Europe et de réprimer l’immigration dite illégale. A cette occasion, de nombreux collectifs en Europe et autour de la Méditerranée ont lancé une semaine d’action ayant pour mot d’ordre l’abolition de Frontex et du système des frontières.

A Radio Canut, Minuit Décousu et Mayday ont sorti les micros et fait chauffer les platines pour vous proposer deux émissions sur les frontières, avec celles et ceux qui vivent sans papiers et leurs soutiens. Deux émissions dans lesquelles vous pourrez notamment entendre des membres du réseau Alarmphone, la lutte contre la construction du CRA2 à Lyon et la voix d’un de ses prisonniers.

Les deux émission s’écoutent par ici ou sur toutes les applis de podcast. Bonne écoute ! 🎧

#191 No borders (émission du 1er octobre)

#201 Avec les exilé·es (émission du 2 octobre)

L’anticra fait son anti-rentrée!

Samedi 5 octobre 2024 de 16h30 à 1h30, évènement d’infos et de soutien aux luttes contre les CRA au Grrrnd Zero (60 av de Bohlen, Vaulx-en-Velin)

Lyon Anticra, c’est un collectif de soutien aux prisonnièr·xs des centres de rétention administrative de Lyon et de lutte pour la fermeture de tous les centres de rétention (les prisons où l’État enferme les personnes sans-papiers pour les expulser). Il y a deux CRA à Lyon, près de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry. Plus de 2000 personnes y sont emprisonnées chaque année et subissent une répression très violente. La loi Darmanin et les décrets qui sont passés depuis n’ont fait qu’empirer cette situation, et de nombreux chantiers de nouveaux « centres » sont prévus en France.

Pour pouvoir soutenir les luttes à l’intérieur, on a besoin de savoir ce qui s’y passe, c’est pourquoi on essaye d’être le plus possible en contact téléphonique avec les gens et de leur rendre visite. Parfois on apporte des choses. Tout coûte cher dans les CRA, et avoir de l’argent est un des seuls moyens de rendre le quotidien un peu plus supportable (besoin de recharges mobiles et téléphones sans caméra pour rester en contact avec l’extérieur, nourriture, tabac, vêtements, produits d’hygiène…). Priver de ces besoins vitaux les personnes enfermées fait partie de la répression et de la violence exercées par l’État. Pour les soutenir, le soutien matériel est donc plus que nécessaire.

On publie parfois des témoignages sur notre blog et sur les réseaux, car lutter contre les CRA c’est aussi s’en parler, s’informer, diffuser et partager un maximum la parole des personnes prisonnières ou directement concernées par le risque d’arrestation, d’enfermement et d’expulsion.

On revendique la fermeture des centres de rétention, la fin de l’enfermement et des expulsions, l’ouverture des frontières et la régularisation sans conditions.

Pour tout ça nous avons besoin de monde, de soutien et de tunes ! Alors venez nombreuxses danser, chanter, manger, vous informer et papoter pour soutenir la lutte.

Programme:

17h : projection de  « Je ne sais pas où vous serez demain » d’Emmanuel Roy (2023, 1h03), un fim sur l’incompatibilité entre le soin et l’enfermement au CRA de Marseille. La projection sera suivie d’un temps d’échange autour du film et des CRA en général.
https://blogs.mediapart.fr/cinema-du-reel/blog/280323/entretien-avec-emmanuel-roy-realisateur-de-je-ne-sais-pas-ou-vous-serez-demain

A partir de 19h30 : repas prix libre par nos camarades de Rouille Tambouille

20h : ball room de Lyon

22h30 : Djsets:
-Mimi géniale
-Djinn Arezki

Entrée prix libre, pas de CB

On a aussi besoin de bénévoles pour l’évènement, écrivez-nous!

A bas les CRA
A bas les frontières
Soutien à toustes les prisonnièr·xs

 

SAMEDI 1ER JUIN 13H GUILLOTIERE – LYON – Manifestation contre l’Europe forteresse et pour un monde sans frontières

Contre les politiques européennes de gestion de la migration, l’enfermement, les frontières, les politiques néocoloniales, le racisme systémique.

À travers toute l’Europe, les États cherchent à renforcer leurs frontières. Cette logique répond aux intérêts impérialistes et néo-coloniaux des pays européens. Concrétement, la politique raciste et xénophobe menée à l’échelle européenne se traduit par des législations et des pratiques mortifères : systématisation à l’échelle européenne des refoulements, déploiement de dispositifs « anti-migrants » le long des frontières et littoraux (murs et clôtures), canons sonores, barrages flottants, barbelés à lames de rasoir, conditionnement de l’aide au développement à la lutte contre les migrations, criminalisation du sauvetage civil… Cette militarisation des frontières est coordonnée par l’agence européenne FRONTEX dont le budget de près d’un milliard d’euros en fait l’agence européenne la mieux dotée. Les objectifs de FRONTEX sont clairs : rendre inaccessible l’accès à l’Europe pour celleux qui n’auraient pas les bons papiers. Les voies de migration sont toujours plus surveillées, plus violentes, plus dangereuses et plus meurtrières. L’Europe et ses Etats membres assassinent en toute impunité : c’est plusieurs millers de personnes qui sont tuées chaque année au nom de la protection des frontières, dans l’indifférence quasi générale. 

En plus de faire de l’Europe, une forteresse infranchissable, les États membres de l’Union européenne votent des lois répressives et néocoloniales qui rendent la vie impossible aux personnes exilées, racisées et/ou qui n’ont pas les bons papiers sur « leur territoire ». 

Les Centres de Rétention Administrative (CRA) sont un des éléments-clés de ce système raciste et servent à enfermer et réprimer les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers. En 2022, le nombre de places d’enfermement pour la région Auvergne-Rhône-Alpes est passé de 140 à 280 avec l’ouverture d’un deuxième CRA à Lyon. En france, la loi Darmanin votée en 2024 va intensifier la répression contre les personnes immigrées /sans-papiers en facilitant les arrestations, l’enfermement et les expulsions. Cette politique raciste ne sera pas applicable sans plus de moyens pour enfermer et remplir les objectifs repressifs de l’Etat. Darmanin a annoncé la construction d’une dizaine de CRA dans les années à venir, faisant passer les capacités d’enfermement de 1500 à 3000 places.  Il y a déjà 25 CRA en France et dans les territoires d’outre-mer qui enferment plus de 50 000 personnes par an, dont 3349 enfants en 2023.

À l’intérieur des CRA et depuis qu’ils existent, les prisonnièr·es luttent pour leur liberté, pour faire entendre leur voix au dehors des murs. De l’extérieur, les luttes et les solidarités se construisent pour enrayer ces politiques de terreur. 

Continuons de soutenir toutes les personnes enfermées et de lutter contre les politiques migratoires meurtières nationales et européennes !

On se retrouve le samedi 1er juin, à 13h au métro Guillotière (place Gabriel Péri) pour une journée de mobilisation contre la criminalisation de la migration et des personnes sans-papiers, racisé·es et/ou immigré·es ; contre les politique européennes de gestion de la migration, l’enfermement, les frontières et leur militarisation, les politiques néocoloniales, le racisme systémique.

Pour la liberté de circulation et d’installation !
À bas les frontières !
À bas Frontex !
À bas les CRA !

Nouveau rassemblement pour demander la liberté pour Moustapha !

Le Collectif Solidarité Entre Femmes à la Rue organise un nouveau rassemblement pour demander la liberté pour Moustapha, ce jeudi 2 mai 2024 à 13h devant la Préfecture du Rhône, rue Dunoir. Retour ligne automatique
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Moustapha est enfermé au Centre de Rétention Administrative 1 de Lyon- Saint- Exupéry depuis le 6 mars 2024. Il est atteint de schizophrénie et son placement en CRA ainsi que la menace d’expulsion vers la Guinée le mettent en grave danger.

Moustapha suit un traitement par injectons régulières. Il est suivi pour cela par l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu depuis plusieurs mois. Son médicament n’est pas disponible en Guinée, où la Préfecture souhaite l’expulser. Il n’a personne là-bas pour l’entourer et l’accompagner dans son parcours de soins. Au contraire, sa maladie y est particulièrement stigmatisée. Ce sont précisément ces raisons qui l’avaient poussé à partir. De plus, sa détention ne permet pas la continuité et la régularité de ses soins : la possibilité de se rendre à l’hôpital pour recevoir son traitement ne dépendant que du bon vouloir de la police, sa dernière injection a eu lieu avec deux jours de retard. Si les conditions de vie au CRA sont inhumaines et génératrices de vives angoisses pour toutes les personnes retenues, les troubles psychiatriques de Moustapha sont particulièrement incompatibles avec l’enfermement.

Nous sommes très inquièt·es et constatons la dégradation de son état de santé à chaque nouvelle visite.

Nous rappelons que toute la famille de Moustapha est en France, en situation régulière, et l’accompagne dans ses soins. Moustapha a déposé une demande de titre de séjour pour « étranger malade » dont il attend la réponse, ainsi qu’un recours à la Cour Nationale du Droit d’Asile pour sa demande d’asile.

Nous avions déjà fait un rassemblement le 20 mars dernier, à l’occasion duquel nous avions été reçu·es par la préfecture, mais il n’y a toujours aucune perspective de libération pour Moustapha, même après un nouveau rassemblement qui a eu lieu le 3 avril. Pourtant la préfecture a le pouvoir d’abroger toutes les décisions administratives le concernant, en premier lieu l’OQTF dont découlent toutes les autres décisions. Nous le rappelons : Moustapha n’est pas une personne dangereuse, c’est une personne malade, qui a besoin de soins. Le soin et l’enfermement sont incompatibles.

Début mai, Moustapha passera de nouveau devant le Juge des Libertés et de la Détention, qui décidera de prolonger ou non sa rétention au CRA. Pour exiger sa libération immédiate ainsi que la levée de son OQTF, au nom de la protection contre l’éloignement pour raison de santé et droit au séjour comme membre de famille d’un citoyen de L’UE ayant droit au séjour en France,
et face à l’urgence de la situation,

nous appelons à un rassemblement le jeudi 2 mai 2024 à 13h devant la Préfecture du Rhône, rue Dunoir. Retour ligne automatique
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N’hésitez pas à faire circuler l’appel dans vos réseaux !

tract à récupérer ici :

Liberté pour M

Contre le business de l’enfermement et les centres de rétention, en mai, fais ce qu’il te plaît !

Partage d’un article paru sur Paris-luttes.infos

Contres les frontières et l’enfermement, nous appelons à un mois d’actions décentralisées et autonomes contre le business des Centres de rétentions administrative (CRA).
Nous invitons toustes celleux qui se reconnaissent dans cet appel à attaquer à leur manière les cibles de leur choix !

À travers toute l’Europe, les États cherchent à renforcer leurs frontières. Cette logique répond aux intérêts impérialistes et néo-coloniaux des pays européens. Les Centres de Rétention Administrative (CRA) sont un des élément-clés de ce système raciste et servent à enfermer les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers.

En france, la loi Darmanin votée en 2024 va intensifier la répression contre les personnes immigrées / sans papiers en facilitant les arrestations, l’enfermement et les expulsions. Cette politique raciste ne sera pas applicable sans plus de moyens pour enfermer et remplir leurs objectifs repressifs. L’État prévoit de construire 10 nouveaux CRA dans les années à venir, faisant passer les capacités d’enfermement de 1500 à 3000 places.

À l’intérieur des CRA et depuis qu’ils existent, les prisonnièr·es luttent pour leur liberté, pour faire entendre leur voix au dehors des murs. De l’extérieur, les luttes et les solidarités se construisent pour enrayer ces politiques de terreur. Intensifions-les !

Nous appelons en mai à un mois d’actions décentralisées et autonomes contre le business des CRA. Nous invitons toustes celleux qui se reconnaissent dans cet appel à attaquer à leur manière les cibles de leur choix.

Et les cibles, c’est pas ça qui manque !
Derrière les constructions de CRA, il y a tout un tas de profiteur·euses qui bénéficient de ce business et rendent ces lois applicables :

  • les entreprises qui font du business : boîtes de BTP, d’architectes, compagnies aériennes…
  • celleux qui servent de caution humanitaire à l’enfermement  : avocat·es, associations et organismes qui interviennent dans les CRA, unités médicales et de restauration…
  • les secteurs publics qui servent les intérêts racistes de l’État  : police, justice, administrations…

En appelant à agir « Contre le business de la construction et de la gestion des CRA », c’est contre la logique même d’enfermement et de privation de liberté que nous luttons. Car à travers les différentes formes qu’il prend (taules, CRA, hôpitaux psychiatriques…), l’enfermement est toujours un instrument de l’État pour protéger l’ordre établi, et il cible souvent les mêmes groupes de personnes, que ce soit parce qu’iels n’ont pas les bons papiers ou parce qu’iels enfreignent des lois racistes et anti-pauvres, de toute façon faites contre elleux.

Nous ne réclamons pas seulement la liberté pour les prisonnier·es en CRA qui n’auraient « rien fait de mal » en opposition avec d’autres type de prisonnier·es : nous voulons la liberté pour toustes et la fin de cet ordre raciste. CRA et prisons sont les 2 faces d’une même pièce et se renforcent mutuellement. Les sanctions pénales sont de plus en plus la cause de l’enfermement en CRA, cette position clairement assumée est mise en avant par Darmanin : 27% des personnes enfermées en CRA sortaient de prison en 2022, contre 8% en 2017. Les placements en CRA pour « menace à l’ordre publique » ont également été multipliés.

Lutter contre les CRA, c’est donc bien lutter contre les frontières mais aussi contre le système judiciaro-carcéral raciste. Soutenir les prisonnier.es des CRA c’est soutenir tout.es les prisonnier·es.

Contre le business de la construction et de la gestion des CRA,
Contre les boîtes collabos et les institutions racistes,

En mai, fais ce qu’il te plaît !