Témoignage de X. du nouveau CRA le 24/01 : « Donc lorsque l’avion est en train de décoller vous êtes dans votre chambre, vous sentez le mur qui est en train de bouger »

Le lundi 17 janvier, le nouveau CRA de Lyon-St Exupéry est ouvert. Il double le nombre de place en rétention pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis des semaines, les flics promettent des conditions de vie amélioriées… Pourtant, les premiers témoignages qui nous parviennent sont sans ambigüité : si pour l’instant les locaux sont plus salubres, les prisonni.ères doivent désormais supporter le vacarme assourdissant des pistes de décollage et, privé.es du réseau mobile, iels subissent encore plus l’isolement. Amélioration des conditions ou pas, l’enfermement reste inhumain.

Par rapport à l’ancien emplacement, c’était dégradé, mais ici c’est neuf, c’est flambant neuf, c’est bien, c’est tranquille, mais le problème qu’on a ici…  Si tu as le Sfr, tu n’as pas de problème. Mais la plupart des personnes qui sont ici, ils ont le réseau lycamobile, et ça pose problème pour que tu puisses avoir la possibilité de te communiquer avec tes proches à l’extérieur. Tu vois ? Alors il faut déplacer, il y a des moments il fait très froid dehors, il faut que tu sortes vers la cours de promenade.

Là bas, c’est barricadé avec du béton bien sûr, c’est muré avec du béton bien sûr, au dessus il y a le grillage, c’est ouvert et l’air pénètre, vous voyez. Ici on est à peu près à 60m de l’aéroport, des trucs, des pistes d’atterrissage, vous voyez là où les avions atterissent, là ou les avions décollent. Donc lorsque l’avion est en train de décoller vous êtes dans votre chambre, vous sentez le mur qui est en train de bouger, même le train, tu vois le train, lorsque le train passe, le tgv le inoui là tout ça, qui s’arrête à l’aéroport de Saint-Exupéry, lorsque le train là passe, vous sentez vraiment, le mur qui est en train de bouger.
On a pas de problème covid, personne va mourir.

C’est comme ça ici, les gens qui sont ici, ils sont dans des moments ils sont dépassés tu peux pas discuter avec, comme c’était là bas ! ici aussi ça rebelotte, mais bon chacun fait ce qu’il veut dans sa vie hein, moi je suis là j’attends demain je vais passer, bon ; on verra, on verra ce que la la préfecture dira, comme ce juge qui détient le baton de mon avenir, qui decide si je vais mourir ou si je vais avoir un travail, ou je sais pas quoi. Moi j’attends.

Les locaux sont propres, la chambre est bonne, mais ça commence à déborder déjà –  si je veux prendre la douche, y a plus le passage de l’eau;  les égouts sont bouchés, je sais pas si quelqu’un a jeté quelque chose dans le chiotte, après ça a bouché les égouts, donc ça je comprends je l’ai déjà signalé mais bon ils font rien, je fais à l’ancienne, j’ai coupé une bouteille, dès que j’ai fini de me laver, je commence à récupérer la bouteille que j’ai coupé, et je le verse sur la toilette, ouais, après je tire bon.

Dans le centre, pour ceux qui veulent manger, des fois ils donnent ratatouille. La restauration n’a pas changé, la restauration est toujours le même, lemeilleur qu’ils donnent c’est le pain.

  • – Le pain ?
  • – ça se vend 20 centimes ou 25 centimes, tu as ça le matin au déjeuner, tu as ça à midi tu as ça le soir. Voilà. C’est ça que j’ai mangé. La nourriture des hommes tu veux manger un tout petit, comme nos enfants à la crèche, un petit morceau de viande, un morceau, des fois une cuisse de poulet, une cuisse de poulet un gabarti, d’un vieux comme moi j’ai 60 ans je veux manger la nourriture pour résister jusqu’à demain matinn j’ai pas le temps.

[BROCHURE] Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? – 2021

La nouvelle version de la brochure « Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation? » est parue.

La brochure est téléchargeable en cliquant ici.

La brochure Sanspapiers: s’organiser contre l’expulsion. Que faire en cas d’arrestation? avait été révisée pour la dernière fois en mai 2012. Depuis, les lois ont profondément changé et elle était devenue inutilisable. La présente version, terminée en octobre 2021, tient donc compte de ces modifications.

Nous avons tenté de rendre le contenu du texte accessible malgré la complexité du vocabulaire et des démarches juridiques.
Nous avons choisi, dans la formulation du texte, de nous adresser aux personnes concernées, et cela par le vouvoiement.

Également, nous avons fait le choix d’opter, au lieu d’une écriture inclusive qui nous tenait à cœur, pour une féminisation du texte favorisant sa lisibilité. Féminisation totale du texte sauf pour les personnes représentant une institution
: flics, matons, juges, préfets…


Cette brochure vise à fournir des outils pour pouvoir au mieux anticiper et réagir en cas d’arrestation et d’expulsion. Par ailleurs, elle vous donne des informations sur la réalité législative et sa pratique répressive à chaque étape du processus de rétention et d’expulsion ainsi que sur les outils juridiques et sur vos droits afin de pouvoir mieux vous défendre.
Elle a été réactualisée à partir d’anciennes brochures, de lectures de textes de loi actuels et de retours d’expériences. Elle n’est pas complète et les pratiques évoluent rapidement, varient en fonction des préfectures et sont arbitraires. La justice de classe est aussi une loterie. Cette brochure s’inscrit dans notre combat de fond contre l’enfermement et les frontières, et reste avant tout un outil pour tenter d’échapper à l’État raciste et à sa machine à expulser. Pendant que les lois défilent, la chasse aux personnes sans-papiers s’intensifie, d’autant plus qu’en ce temps de crise les boucs émissaires sont de plus en plus nécessaires. Aussi faudra-t-il envisager de nouveaux moyens de lutte et se les communiquer.

Si vous avez des commentaires et surtout des expériences à nous transmettre, vous pouvez écrire à : anticrabrochure@riseup.net

APPEL A MANIFESTER CONTRE LES CRA ET LES PRISONS

MANIFESTATION
CONTRE LES CRA ET TOUTES  LES PRISONS
EN SOUTIEN AUX            PRISONNIÈRXS

Samedi 12/02
14h aux Palais de Justice des  24 colonnes

Le contexte électoral actuel, saturé par les mots d’ordre des extrêmes droites, renforce et légitime encore plus que d’habitude les discours sécuritaires. La répression policière et les violences d’Etat ne cessent d’augmenter; notamment envers les classes populaires,  les personnes racisé.es, et les personnes sans-papiers.
L’Etat dépense des millions  pour le surarmement de sa police, la multiplication des contrôles et des rafles, la répression des mouvements sociaux, le développement des technologies de surveillance et la construction de nouveaux lieux d’enfermement.

En prison, un.e détenu.e meurt tous les trois jours en France pour des causes multiples : suicide, passage à tabac, refus d’assistance médicale…
Les prisons sont au coeur d’un système pénal injuste, classiste et raciste. Sous prétexte d’assurer la protection de la population, isolent et traumatisent ceux et celles qui y sont condamnées, sans visée transformatrice. Bien au contraire,  elles répètent et perpétuent les inégalités et marginalisations de nos sociétés

Le maintien de l’ordre et le système punitif sont tous deux fermement ancrés dans le racisme comme le démontrent les récentes lois islamophobes, la gestion néocolonialiste des quartiers populaires, la surreprésentation des personnes racisées dans les prisons et la criminalisation des sans-papiers, dans et hors des CRA.

Les Centres de Rétention Administrative sont des prisons où l’État enferme jusqu’à 90 jours les personnes qu’il considère comme irrégulières sur le territoire français parce qu’elles n’ont pas les « bons » papiers selon l’Etat français. Prisons et CRA s’entretiennent mutuellement; ils s’inscrivent dans la boucle infernale des rafles, des chasses à l’homme, des contrôles au faciès et des politiques migratoires.

A l’intérieur des 25 CRA et des 187 établissements pénitenciers en France, les violences sont quotidiennes : policières, médicales et administratives, elles sont invisibilisées et visent à marquer les corps et les esprits afin de les soumettre et de les discipliner.
Face à cette situation, les luttes à l’intérieur sont permanentes et prennent des formes multiples :  grèves de la faim, refus de promenade, blocages de chambres, automutilations, incendies… Ces derniers temps, de nombreux mouvements de révolte ont éclaté dans les CRA (Paris, Lyon et Lille) et les prisons (Uzerche, Longuenesse, Toul-Ecrouves et Grasse) pour dénoncer l’absence de mesures face à la crise sanitaire, et revendiquer ainsi la libération immédiate de tous.tes les prisonni.ères.

Avec les différents projets de construction, de rénovation et d’extension des CRA et des prisons, le nombre de places d’enfermement ne cesse d’augmenter, alimentant ainsi le business de beaucoup d’entreprises privées et d’associations qui se font du fric sur le dos des prisonni.ères.
A Lyon, un nouveau CRA,  situé près de l’aéroport de Saint-Exupéry,  a ouvert début janvier et a doublé la capacité d’enfermement dans la région Rhône-Alpes-Auvergne.

Les frontières tuent, les prisons tuent , les CRA tuent. Depuis septembre 2020  : Majid, suicidé le lundi 24 novembre au CRA de Oissel,  Wissem, enfermé dans le CPR de Rome et mort le 3 décembre, Fitim Uka,   suicidé dans le sous-sol du palais de justice de Bordeaux le 15 décembre, Idir Mederres, décédé le 9 Septembre 2020 au mitard de la prison de Lyon Corbas. Toufik Belrhitri, décédé à la prison de Perpignan le 18 Octobre 2020. Jules, décédé au mitard de la prison de Seysses dans la nuit du 5 au 6 Décembre 2020. Un homme, décédé au mitard de la prison de Rémire-Montjoly le 27 Avril 2020. Une femme, décédée au quartier d’isolement de la prison de Gradignan le 18 Juillet 2020. Alexis, décédé au quartier d’isolement de la prison de Roanne le 18 Juillet 2020. Un homme, décédé au mitard de la prison de Gradignan le 6 Janvier 2021. Jimony Rousseau, décédé le 2 Février 2021 dans la prison de Méaux-Chauconin. Sacha, décédé le 27 Avril 2021 au mitard de la prison de Saint-Brieuc. Un homme, décédé le 23 Juin 2021 à la prison de Villepinte. Un homme, décédé le 13 Août 2021 à la prison de Fleury-Mérogis. Un homme, décédé le 21 Novembre 2021 à la prison de Strasbourg. Une femme, décédée dans la nuit du Jeudi 10 au Vendredi 11 Décembre 2021 à la prison de Gradignan. Un homme, décédé le 30 Décembre 2021 à la prison de Brigue. Yassin Mebarkia est mort le lundi 3 janvier 2022 à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône. Tous⸱tes les autres, tué.es pendant leur enfermement.

L’Etat français est responsable de ces morts :  pas de justice, pas de paix.

Luttons et organisons nous :

contre les cra
contre l’enfermement
contre les violences policières, pénitentiaires et pénales
contre le racisme
contre les rafles et les controles d’identité
contre les expulsions
contre la construction du nouveau cra et les entreprises qui y collaborent
contre les frontières et pour la régularisation de toustes
contre les violences à l’égard des manifestantxs

RDV  samedi 12/02 à 14h au Palais de Justice   des  24 colonnes

 

 

Cet appel a été co-signé par les collectifs : AG des Gilets Jaunes de Lyon & Environs