M. est en danger au CRA de Lyon alors qu’il a besoin de soins. Il risque une expulsion en Guinée où il serait encore plus en danger. Il faut le libérer immédiatement !

[Nous relayons ce communiqué du Collectif Solidarité Entre Femmes à la Rue]

      M. a 20 ans. Il grandit en Guinée, avant de rejoindre sa mère en Pologne où elle vit avec son mari et ses enfants depuis plus de 10 ans. Mais la famille subit trop de racisme et la santé de M. nécessite des soins particuliers, c’est pourquoi la famille décide de partir s’installer en France. M. souffre en effet d’une maladie mentale, pour laquelle il veut se soigner.

      Une fois en France, M. est pris en charge par l’hôpital le Vinatier puis à Saint Jean de Dieu. Fin 2023, il est arrêté par la police lors d’une crise ; considéré en situation irrégulière, il reçoit une Obligation de Quitter le Territoire, puis est hospitalisé pendant plusieurs mois. Jugé « radicalisé » sur seule base des témoignages des policiers qui ont procédé à son interpellation, il commence à être traqué par la préfecture.

     Malgré son état de santé, la Police Aux Frontières recherche M. pour le faire enfermer et expulser : début mars 2024, la PAF sollicite les soignant·es, demande d’être informée de sa présence à l’hôpital pour pouvoir l’arrêter. Le mardi 5 mars, l’accueil de l’hôpital appelle la police pour signaler la présence de M., puis son départ avec un ami en voiture ; la plaque d’immatriculation est relevée. La police aux frontières sort complètement de ses prérogatives administratives, suit M., retrouve la trace de la voiture et l’attend pour l’arrêter. En sortant de chez son ami, M. est interpellé, menotté, puis placé au centre de rétention administrative de Lyon.

     Le jeudi 7 mars, après 48 heures au CRA, M. a une première audience au tribunal pour décider de la légalité de son placement en rétention. La juge des libertés et de la détention reconnaît l’irrégularité de la procédure et le besoin de soins de M., et annule le placement en rétention. M. devrait donc être libéré. Mais le procureur fait appel, et une nouvelle audience a lieu le dimanche matin. L‘appel est rejeté et le placement en CRA de M. est définitivement maintenu pour 28 jours, au terme desquels sa rétention pourra être à nouveau prolongée, dans l’objectif de l’expulser en Guinée.

      Cette situation est extrêmement choquante et injuste. La police est allée jusqu’à traquer M. en sollicitant le personnel médical pour obtenir des informations sur lui. Au-delà des irrégularités dans la procédure démontrées par son avocate, qui suffisaient légalement à faire libérer M., les risques auxquels il est exposé en cas de prolongation de sa rétention et d’expulsion en Guinée sont réels. Sa famille est ici, sa mère a des papiers, ses frères et son beau-père sont européens, ce sont elles et eux qui prennent soin de lui. M. n’a personne en Guinée, il n’y aura pas accès aux soins dont il a besoin, il y sera en danger de mort. De plus ses proches et ses soignant·es constatent que son état de santé s’améliore grâce aux soins, des avancées mises en péril par la violence de la répression en cours.

      L’avocate a bien expliqué à l’audience que « L’arrêté de placement en rétention a été pris sans que son état de vulnérabilité n’ait été examiné par un médecin et que son état de santé ait été déclaré compatible avec la rétention. » Au CRA, « Rien ne garantit que le médecin sera là pour lui administrer ses soins le jour et l’heure imposé par la Préfecture elle-même. D’autre part la violence exercée en rétention, la violence de la privation de liberté et l’angoisse engendrés par l’ambiance du centre de rétention sont de nature à amplifier les troubles qu’il subit. »

     Or, les violences que subissent les personnes enfermées dans les CRA ne sont plus à démontrer. Elles sont dénoncées par les personnes retenues dans de nombreux témoignages mais également par des associations [1] et par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté [2]. L’accès à la santé n’y est non seulement impossible, mais surtout pas souhaité par l’État qui utilise la dégradation des conditions de santé des personnes retenues comme un moyen pour les réprimer et les contrôler. Le « soin » dans les CRA se résume au mieux aux Dolipranes, au pire à la distribution massive et inconsidérée d’anxiolytiques forts, au refus de traitement et de soins urgents. Les suicides et les tentatives de suicide y sont malheureusement fréquents.

     Cet acharnement envers M. s’inscrit dans un contexte plus large decriminalisation et de répression croissantes des personnes exilées, qui ont encore été renforcées par la loi Darmanin. Le gouvernement diffuse une propagande raciste qui vise à montrer les immigré·es et les sans-papiers, en particulier les hommes jeunes, comme des gens dangereux qu’il faut expulser. La situation de M. témoigne de la stigmatisation des hommes étrangers, qui croise celle des personnes souffrant de troubles psychiatriques.

     M. n’est pas dangereux. C’est une personne malade, qui a besoin de soins, et dont la situation est aggravée par la précarité et le racisme que toute sa famille subit en France. Il est engagé dans un parcours de soins, se rend à ses rendez-vous, et veut se soigner, ce qui est courageux quand on connaît les difficultés liées aux maladies mentales. En tant que personne vulnérable ayant besoin d’un suivi médical spécifique, il est en danger au CRA de Lyon. Sa place est auprès de ses proches, avec un accès aux traitements et au suivi que nécessitent sa maladie ; pas dans un centre de rétention, ni en Guinée.

      Aujourd’hui la police et la préfecture sollicitent de plus en plus les hôpitaux, les services sociaux, les lieux d’hébergement pour arrêter les personnes en situation irrégulière, les rendant complices de la répression. Ces pratiques vont éloigner les personnes concernées de leurs espaces de soins, de vie, d’accès aux droits, les précariser, les mettre en danger. Nous appelons les soignant.es, personnels administratifs, travailleur·ses sociales, à s’opposer à ces pratiques et à ne pas collaborer.

      La mère de M. est membre du collectif Solidarité entre femmes à la rue. En plus du soutien à son fils, elle a dû se battre pour obtenir un logement, qui est un droit fondamental, tout comme le droit à la santé. Nos combats sont liés : comment se soigner lorsqu’on est à la rue, lorsqu’on est traqué·e par la police ? Nous appelons tous les soutiens du Collectif, et plus globalement toutes les personnes et organisations qui se sentent concernées par cette situation, à se mobiliser pour obtenir la libération de M. !

Pour dénoncer l’enfermement et la menace d’expulsion de M., les conditions de rétention des CRA et l’entrave aux soins, les pratiques de la PAF et la criminalisation des personnes sans-papiers, nous appelons à un rassemblement le mercredi 20 Mars à 17h

(lieu à venir)

Contact : solidaritefemmesrue@proton.me

Signataires : Collectif Solidarité entre femmes à la rue,

[1] voir les témoignages recueillis par la Cimade : https://www.lacimade.org/category/temoignage/

[2] https://www.cglpl.fr/2023/recommandations-relatives-aux-centres-de-retention-administrative-de-lyon-2-rhone-du-mesnil-amelot-seine-et-marne-de-metz-moselle-et-de-sete-herault/

Cantine de Rentrée de Lyon AntiCRA

Nous devons lutter contre les CRA* !

Si vous souhaitez nous soutenir, nous rencontrer, rejoindre le collectif, ou simplement en apprendre davantage sur les CRA, venez partager un repas collectif à prix libre le vendredi 29 septembre de 19h à minuit, place Mazagran !

À bas les CRA, à bas les frontières, soutien à tous·tes les prisonnièr·es !

 

*Les centres de rétention administrative (CRA) sont des prisons ou l’État enferme les personnes sans-papiers. Il y en a 2 à Lyon, et 25 en tout France. 50 000 personnes y sont enfermées chaque année, dans des conditions inhumaines, sans aucun droit. Augmenter toujours plus l’enfermement et la répression des personnes sans-papiers fait partie des objectifs de l’État français raciste, et notamment du ministre de l’intérieur Darmanin et son projet de loi anti immigration.

Lyon Anticra à Lyon Info Migrations le jeudi 29 juin

Le collectif Lyon Anti-Cra sera présent pour la dernière rencontre de l’année du cycle Lyon Info Migrations consacrée à la répression des personnes migrant.es
  • Qu’est-ce qu’un centre de rétention administrative ? 
  • Comment ça se passe quand on est à l’intérieur ? 
  • Que peut-on faire pour soutenir une personne depuis l’extérieur ?
Venez nombreux.se.s 
 
JEUDI 29 JUIN à 18h30 
au Casse Dalle, 221 rue de Créqui, Lyon 3
Ce cycle de rencontres prévoit à chaque séance l’écoute d’un collectif et de témoignages, puis un temps convivial d’appropriation et de partage des connaissances, pour ça on compte sur vous! 
pensez bien à apporter à manger pour partager !
 
La rencontre sera suivie d’une fête proposée par les habitant.es du Casse-Dalle à partir de 21h.
>>> pour être sûr que tout le monde ait un siège, veuillez vous inscrire ici
 
 
On compte sur vous pour partager avec tout votre collectif et toute personne qui pourrait-être intéressée ! (Surtout les personnes concernées,  pour qu’elles soient informées…)
 
Via Facebook  ou le site de Terre d’ancrages 

Rassemblement contre la loi Darmanin, les frontières et les CRA

RDV le 21 janvier 2023 à 17h devant le CRA 2 en soutien aux prisonnièr.x.s

Le gouvernement s’apprête à faire passer une nouvelle loi raciste et xénophobe, dite « loi Darmanin ». Celle-ci prévoit d’augmenter fortement les expulsions d’étranger-es et de systématiser le recours à leur enfermement, avec le projet déjà lancé de créer 3000 nouvelles places en CRA (« centres de rétention administrative », des prisons pour expulser les étranger-es) d’ici 2027.

Pour faire passer ses projets, Darmanin a notamment utilisé Lyon comme un terrain d’expérimentation. Ses visites-spectacles l’été dernier à la Guillotière, suite à un emballement politico-médiatique raciste, ont permis d’intensifier les rafles et la répression sur les personnes étrangères ou sans-papiers dans le quartier. Instrumentalisant la situation du quartier pour promouvoir son discours sécuritaire, il en a profité pour « inaugurer » le nouveau CRA ouvert à Lyon St-Exupéry depuis janvier 2022, marquant sa volonté d’en construire de nombreux autres.

La situation dans les CRA est déjà extrêmement violente. Les mauvais traitements infligés aux prisonnier-es y sont quotidiens et systématiques. Ils font partie de la répression. Ce n’est pas de nouvelles places en CRA dont il y a besoin, mais de mettre un terme à ce système d’enfermement et de discrimination selon les origines, la situation administrative ou la couleur de peau.

Dans le cadre de l’appel à mobilisation nationale « CONTRE LA LOI DARMANIN : 3 mois pour monter en puissance » lancé par les collectifs de la Marche des Solidarités,

Rendez-vous samedi 21 janvier 2023 à 17h devant le CRA 2 de Lyon-Saint-Exupéry, rue de Chypre à Colombier-Saugnieu, à côté de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry (accès en transport : bus TCL 47 – depuis Meyzieu ZI – arrêt « Aéroport Saint-Exupéry gare routière » / Rhône Express).

À bas les frontières et les CRA !
Liberté de circulation et papiers pour toustes !

Enfermement et soin sont incompatibles. Réponse à la lettre ouverte du médecin du CRA de Lyon Saint Exupéry.

TW : violence médicales, tentatives de suicide.

 

Il y a quelques semaines, le médecin du CRA de Lyon a démissionné en publiant une lettre ouverte (https://www.rue89lyon.fr/2022/12/20/demission-medecin-centre-retention-lyon-fabrique-violence/) expliquant qu’il ne pouvait plus exercer son métier à cause des « conditions dégradées » dans le centre ces derniers mois. Pourtant cela fait des années que des prisonnier-es du CRA de Lyon témoignent de violences de la part du corps médical. En dénonçant uniquement un manque de moyen et une dégradation de ses conditions de travail, il masque le véritable problème : soin et enfermement sont incompatibles.

Ce témoignage a été beaucoup diffusé par les associations et les médias. De nombreux autres récits – qui contredisent celui-ci – ont été publiés par le passé, sans retenir la même attention, parce que c’étaient ceux des prisonnier-es elleux-mêmes, dont la parole est systématiquement délégitimée ou ignorée par rapport à celle des institutions, dont le corps médical. Accorder plus d’importance à ce témoignage d’un médecin qu’à celle des premier-es concerné-es participe à l’invisibilisation des prisonnier-es, de leur parole et de leurs luttes.

Ce témoignage sert un discours qui légitime l’incarcération en affirmant que les problèmes dans les centres de rétention (et autres prisons) seraient dus uniquement à de mauvaises conditions d’enfermement ou à un manque de moyens et non à l’enfermement en lui-même. Dans les CRA, les médecins n’ont pas vocation à améliorer les conditions de vie des détenu-es, ils font partie du système de maintien de l’ordre. La dégradation des conditions de santé des prisonnier-es est un outil de l’État pour réprimer et contrôler les personnes étranger-es, et les médecins à l’intérieur des CRA en sont l’instrument (voir l’article : https://abaslescra.noblogs.org/le-juge-le-flic-et-le-medecin/).

*

Au CRA de Lyon, que ce soit dans l’ancien CRA ou dans le nouveau ouvert en 2022, les prisonnier-es ont toujours dénoncé de mauvais traitements par les médecins. Ces derniers n’ont jamais réagi pendant des années et ont participé activement aux violences qui y ont lieu quotidiennement.

Le 16 mars 2019, des détenu-es en grève de la faim écrivaient dans un communiqué (https://crametoncralyon.noblogs.org/nouvelle-greve-de-la-faim-au-centre-de-retention-de-lyon-et-appel-a-soutien-17-03-2019/) :

« ils nous donnent des médicaments donnés pour les gens vraiment fous sans ordonnance sans rien (comme Diazépam, Lyrica, Valium, Prazépam, Tercian, Zopiclone, Théralène, Subutex) et même les infirmières elles sont courant de tout. Les gens ils font la grève mais elles leur donnent des médicaments pour les intoxiquer même y en a des pères de famille ils se charclent ici il a des points de suture ils l’ont laissé comme ça au confinement sans qu’on le soigne y a quelqu’un aussi il a une maladie du foie il obligé qui soigne »

En avril 2019, Yanis, détenu au CRA, dénonçait aussi le recours systématique à des traitements lourds pour mieux contrôler les prsionnier-es (https://crametoncralyon.noblogs.org/temoignage-de-yanis-detenu-au-cra-de-st-exupery-avril-2019/) :

« Concernant les soins, il n’y a pas de soins ici, c’est … C’est de la merde. Ya que du Diazepam et tout. Yen a, jsais pas moi, concernant… moi j’ai consulté le médecin l’autre jour, elle m’a donné du Diazepam, moi j’ai, je suis un peu stressé, elle m’a dit « deux Diazepam ».
Et deux Diazepam je sais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là parce que c’est … C’est un anti-dépresseur ou quelque chose comme ça. Moi c’est pas une dépression c’est un petit stress passagère. Mais c’est…
Mais je savais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là, mais du coup ya une euh… une grande euh… Une grande euh… C’est la majorité qui prend ces médicaments là… C’est parce que c’est… C’est exprès qu’ils font ça ou je sais pas… […] Je sais pas pour calmer les gens peut-être, je sais pas… »

À l’automne 2020, un prisonnier tabassé par les flics racontait comment le médecin avait minimisé ses blessures pour couvrir ses agresseurs (https://crametoncralyon.noblogs.org/jai-peur-franchement-vous-me-faites-peur-je-pense-il-suffit-quon-vous-donne-quelques-droits-la-et-vous-allez-commencer-a-tuer-des-gens-vous-temoignage-de-x-tabass/) :

« Pour moi, c’est pas un médecin. C’est pas un médecin. Il m’a dit « ouais, je vois, t’as une cicatrice sur ton front, t’as des bleus sur la tête », mais  il y avait le policier à côté de lui, mais franchement, vous prenez les gens pour quoi ? Je lui ai dit, « toi t’es pas un médecin en fait, tu viens me voir au mitard, tu me dis montre tes bras, montre tes jambes, mais déjà, quand tu viens me voir, devrait pas y avoir la police à côté de toi là, et la vérité, je lui ai dit, t’es pas un médecin toi, t’es un policier, t’es plus qu’un policier ». C’est plus qu’un policier lui, je sais, je suis parti à l’infirmerie le lendemain, je suis allé voir l’infirmière pour porter plainte, tout ça, ils m’ont donné 0 jours d’ITT, j’ai montré à l’infirmière, regarde, hier j’étais pas bleu comme ça, j’étais pas gonflé comme ça ». Elle m’a dit, « ouais, c’est vrai, je vais parler avec le médecin ». Ils m’ont pas appelé. »

En novembre 2020, en pleine épidémie de covid (plusieurs dizaines de prisonnier-es testé-es positifs), les détenu-es dénonçaient l’absence totale de mesures sanitaires, face à quoi le médecin n’a rien fait :

« J’ai dit je suis malade je tousse, ça fait trois jours j’ai la gorge… les gens qui ont le coronavirus ils étaient avec moi, je suis malade. Ils me donnent pas de rendez-vous, non. Ils me parlent mal, même le médecin ici il parle mal, il me dit on n’a pas ça, on n’a pas ça. Si tu parles mal avec lui il va appeler la police. La police va t’amener à l’isolement. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/greve-de-la-faim-au-cra-de-lyon-les-prisonniers-denoncent-leur-situation-alors-que-11-personnes-ont-ete-testees-positives-au-covid-19-temoignage/)

« J’ai demandé le médecin, ils veulent pas. le médecin il est venu me voir parce que comme j’ai un accident, une fracture au niveau du cou, ils m’ont bandé sur un tabouret fixe (?). c’est la même chose, la fracture elle est comme avant. j’ai demandé le médecin, il n’y a pas. j’ai demandé les secours, il n’y a rien. j’ai appelé la police, ils ont dit « tu peux pas te déplacer, tu es au centre de rétention ». j’ai appelé les pompiers et là… je sens qu’ils m’écoutent. après ils m’ont emmené au mitard. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/voila-comment-on-traite-les-gens-on-est-isoles-cest-vrai-quil-y-a-des-cameras-mais-dans-les-chambres-il-y-en-a-pas-dans-les-chambres-il-y-a-que-des-agressions-temoignage-de-x/)

« Ceux qui ont envie de faire le test, il faut qu’ils aillent demander. C’est pas tout le monde qui le demande ; le médecin, il demande rien lui. Nous, on a demandé au médecin qu’est ce qui se passe, pourquoi ils font pas quelque chose pour nous sortir de cette situation. Ils disent que pour le moment, ils peuvent rien faire et qu’ils vont réfléchir s’il y a plus de cas. Mais là, les cas ils augmentent tout les jours. Ça veut dire que nous tout le monde va être contaminé. Parce qu’en plus, on est 4-5 personnes dans les chambres, c’est pas possible. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/parce-que-nous-on-est-la-on-est-dans-la-realite-du-virus-le-virus-il-circule-on-est-la-dedans-et-personne-ne-nous-aide-personne-ne-fait-rien-pour-nous-aider-temoignage-de-d-enferme-au-cra-de/)

Ou encore ce témoignage d’un prisonnier dénonçant la réaction du médecin suite à la tentative de suicide d’un co-détenu :

« Le médecin il s’en bat les couilles ! je lui ai dit t’es payé pour ça, il m’a dit « tu me parles pas comme ça. moi suis pas payé pour ça, je suis pas payé pour la merde pour le covid et tout. il m’a dit j’ai mon salaire normal je me casse pas les couilles ». je l’appelle il me dit comme ça « tu me casses pas les couilles ». la dernière fois j’ai appelé la police, j’ai appelé le médecin, « ramène moi un médicament ». ils ont appelé, il était chez lui, il a dit quoi ? il a dit « lui il casse les couilles tous les jours, ramène-le à l’isolement ». ils m’ont ramené à l’isolement. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/on-compte-sur-vous-pour-fermer-ce-centre-cest-catastrophe-on-est-trop-touches-temoignage-de-x-prisonnier-au-cra-de-lyon-14-11-20/)

En plus des risques sur la santé physique liés au covid, l’inaction et le mépris des médecins face à l’épidémie dans le CRA ont eu un impact très violent sur la santé mentale des personnes enfermées (stress, peur d’attraper le virus, isolement…).

Si à l’époque les nombreux cas de covid au CRA avaient attiré l’attention des médias et des associations pour quelques temps, ensuite les violences médicales ont continué, dans l’indifférence totale.

En juin 2021, des prisonnier-es en grève de la faim témoignaient (https://crametoncralyon.noblogs.org/ils-shootent-la-plupart-des-personnes-covid-maltraitance-et-violences-policieres-au-cra-de-lyon-temoignages-des-prisonnier%c2%b7es-3-7-06/) :

«  Bah le médecin vous savez, ils sont pas avec nous. Donc du coup, eux ils sont dans leur bureau, ils savent vraiment pas ce qui se passe, ils sont dans leur coin. sauf quand quelqu’un est malade, mal aux dents, n’importe quoi, c’est doliprane quoi. Après ils essaient de donner aussi des… je vais pas vous mentir hein, ils donnent aussi beaucoup des… ce qu’ils prescrivent aussi beaucoup c’est des… comment ils appellent ça déjà? des calmants, anxiolytiques, voilà. Ils shootent la plupart des personnes. »

«  ça se passe mal, ils nous traitent comme des animaux. Ils nous mettent la pression, ils nous narguent, ils nous disent : comme mon ami il a la dent cassée, il est dans sa chambre dans l’isolement [car il est positif au covid], il va mourir, il a parlé avec les flics ils ont dit : « prend un doliprane et allonge toi », il a parlé avec le médecin il a dit « prend un doliprane ». On est malmenés quoi ! on est pas des êtres humains, on est du bétail, on est du bétail voilà. Y’a un copain aussi là il est malade, il est trop malade, il est au mitard ça fait cinq jours.
– Pourquoi il est au mitard depuis 5 jours?
– Parce que il est tombé de son lit, il s’est cassé le bras et y’a eu du sang, ils ont dit : « t’as fait exprès », et ils l’ont mis au mitard. »

Le déménagement dans le nouveau CRA neuf en janvier 2022 n’a amélioré en rien la santé des prisonnier-es, comme avait témoigné l’un d’eux en mai dernier (https://crametoncralyon.noblogs.org/temoignage-de-x-on-dit-le-pays-des-droits-de-lhomme-quand-on-se-donne-cette-etiquette-il-y-a-un-degre-de-respecter-les-humains/) :

« Au niveau médical, j’ai eu un début de, je sais pas, parce que je l’avais jamais eu dehors, un début de problème cardiaque. Je faisais déjà de la tension, a plus de 17° de tension, déjà ce n’était pas très bon, pendant plus de 2 semaines. […] Dejà même si c’est dehors, pour un être humain, faire de la tension à plus de 17° pendant 2 semaines, c’est un risque de danger, ça peut causer un problème cardiaque. Et pour celà, au moins on doit avoir un suivi médical, un peu ordonné. Et là, sans toutefois me faire des examens, on me propose de me mettre sous traitement. Et quand je demande pour voir le traitement, c’est des somnifères qu’on me donne ! Et quand tu refuses ça devient un problème ! (inaudible). Tu dois au moins me faire des examens,  me mettre sous traitement, avec un suivi médical bien ordonné qu’on peut défendre. Mais pas me dire directement on va te mettre sous traitement et quand tu regarde ce que tu m’as donné c’est ce que tu donnes, le même traitement, à tout le monde qui est au centre. On retrouve particulièrement les mêmes problèmes, parce que quand tu regardes les comprimés qu’on donne à d’autre gars, tu reviens avec quelque chose qu’il a eu, c’est pratiquement les mêmes comprimés qui sont donnés chaque fois. »

En mai 2021, notre collectif avait déjà alerté de nombreuses structures et associations  (https://crametoncralyon.noblogs.org/il-est-impossible-de-soigner-dans-les-lieux-denfermement/) sur ces pratiques médicales abusives, tout en rappelant l’incompatibilité entre soin et enfermement :

« Au lieu de les accompagner et de leur apporter les soins nécessaires, par définition incompatibles avec l’enfermement, les unités médicales au sein des CRA minimisent les souffrances psychiques et physiques exprimées, et participent ainsi à renforcer la vulnérabilité des personnes concernées. Déjà soumises à la violence administrative et policière inhérente à l’enfermement, les prisonnièr-es sont donc également confronté-es à une violence médicale plus difficile à dénoncer. »

*

La lettre ouverte du médecin démissionnaire du CRA de Lyon n’apprend donc rien de nouveau sur les mauvais traitements subis par les prisonnier-es. En revanche, elle passe sous silence l’hypocrisie du corps médical qui s’est rendu complice et acteur de ces violences pendant des années.
Cette lettre est dégueulasse. Elle légitime en de nombreux points le discours étatique, par exemple en reprenant l’idée raciste et classiste que les prisonnier-es du CRA seraient des personnes dangereuses et violentes, et donc qu’iels seraient en partie responsables de leurs mauvaises conditions de détention.

En se focalisant davantage sur les supposées violences des détenu-es que sur celles structurelles de la détention, cela le conduit à remettre en question la relative « libre circulation » au sein du CRA et à déplorer le fait qu’il n’y ait pas de surveillants, comme en prison, pour « pacifier » la détention. En prenant pour exemple les prisons, il invisibilise et nie là encore la réalité vécue par de nombreuses personnes enfermées dans ces prisons, où, en plus de la violence des matons, les conditions médicales sont tout aussi violentes, comme le documente depuis des années le journal anticarcéral l’Envolée (https://lenvolee.net/).

L’enfermement en soi, ainsi que la menace de déportation, ont des conséquences désastreuses sur la santé des personnes, car ces institutions traumatisent, usent de violences physiques et psychologiques, torturent, sont la cause de tentatives de suicide.  Pour nous il ne peut pas y avoir de « relations normalisées » dans une institution raciste dont la raison d’être sont l’enfermement et l’expulsion, pas plus « qu’attendre sereinement son expulsion » n’est possible ou souhaitable. Les prisonnier-es ne cessent de résister et iels ont raison.

Sous couvert de critiquer le système carcéral, ce genre de discours ne fait que le renforcer, en prétendant qu’il pourrait y avoir une « bonne » manière d’enfermer.

Répétons-le encore une fois : soin et enfermement sont incompatibles. Les CRA et les prisons tuent.

Pour un droit à la santé pour toustes,
Abolition des CRA et de toutes les prisons !

Le collectif Lyon Anticra

Soirée de soutien à la lutte anticra SAMEDI 8 OCTOBRE 2022 + PROGRAMMATION DISPO!!

Samedi 8 octobre 2022 de 18h30 à 1h30, soirée de soutien à la lutte contre les CRA à Grrrnd Zero (60 av de Bohlen, Vaulx-en-Velin) !

Lyon Anticra, c’est un collectif de soutien aux prisonnièr.es du centre de rétention administrative de Lyon et de lutte pour la fermeture de tous les centres de rétention, les prisons pour les personnes sans-papiers.

Pour soutenir les prisonnier.e.s dans leur lutte, on fait des visites et des appels. Parfois on apporte des choses aux prisonnièr.e.s (affaires, nourriture, recharges mobile, clopes…). On publie leurs témoignages sur notre blog et sur les réseaux. On revendique la fermeture des centres de rétention, la fin de l’enfermement et des expulsions, la liberté de circulation et la régularisation pour tout.e.s.

 

Pour tout ça nous avons besoin de thunes !

il y aura plein de concerts (rap, trap, afropop, djset), des pizzas… et aussi de la documentation. on pourra prendre le temps de se rencontrer, discuter, échanger…

Alors venez danser, chanter, manger, boire et papoter pour soutenir la lutte.

Horraires: 18h30 – 01h30

Entrée: Prix Libre

Programmation:

-m4uv3
(musique cosmique et élémentaire, un flow comme cicatrisation, du rap transfem DIY 100% maison)
https://distrokid.com/hyperfollow/m4uv3/plutonienne-2

-Nogo
(rap/afropop)
insta: @nogo.y

-SPL 145
(influences rap (trap, boombap) et chants avec des textes engagés)
https://youtube.com/channel/UC6i6E5SNOvWpdoFa09yXbOg

-Jocker A7 et Ismail A50
(Rap de Villeurbanne)

-MC bandit mic pro du mic et DJ orlala
(Rap Croix-Rousse)

-Martial Pa’nucci
(Hip-Hop militant melant musiques traditionnelles africaines à celles du Rap)
https://youtu.be/FQWpWu–CkM

-Ameth Sissokho DJ Charles & Cheikh
(Blues de la Goutte d’Or à Paris)
https://www.youtube.com/watch?v=32tzzlUlDyw

-DJ Yanka
(sets rap, trap, drill, rnb, l’emo trap, hiphop alternatif, représentant les artistes femmes et lgbtq+ dans ces mix)
https://linkr.bio/yanka

 

A BAS LES CRA

A BAS LES FRONTIÈRES

SOUTIEN À TOUSTES LES PRISONNIÈR.ES