CRA de St-Exupéry : peines de prison ferme pour avoir voulu manger son yaourt dans sa cellule

[Article initialement publié sur Rebellyon.info]

Le 28 avril au soir, au CRA de Lyon-St-Exupéry, les flics refusent une fois de plus qu’un détenu mange son yaourt dans sa cellule, ce qui entraine la révolte de plusieurs détenus. Quatre d’entre eux sont interpellés et passent en procès le mardi 30 avril : ils écopent de peines de 2 et 3 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

Le 28 avril, un détenu du CRA de Lyon-St-Exupéry souhaite sortir du réfectoire avec un yaourt pour le manger dans sa cellule. Les flics de la PAF refusent. Plusieurs détenus se rebellent et sont accusés d’avoir dégradé le bureau de l’OFII situé dans le CRA. Des camions de CRS arrivent, les keufs sont armés de tasers. Ils s’en servent sur un détenu qu’ils placent ensuite à l’isolement (cette personne a depuis été déportée), et envoient quatre personnes en garde à vue.

Celles-ci sont donc passées en comparution immédiate le mardi 30 avril, devant une cour puante de mépris et une salle ricanante.

Il leur est reproché d’avoir lancé une fontaine à eau ainsi qu’un clavier d’ordinateur, le tout appartenant à l’OFII, d’avoir dégradé la porte et des objets du bureau, ainsi qu’un « refus de soumission à la signalétique ».

La juge raconte qu’à la fin du repas au CRA, une personne aurait souhaité emporter de la nourriture avec elle. Elle serait devenue « agressive » face au refus, se serait déshabillée, puis qu’elle ou d’autres seraient montées sur la table. Les flics auraient alors évacué le réfectoire et parqué tout le monde dans la petite cour. Là, le bureau de l’OFII aurait été dégradé : les dossiers auraient été vidés – oulala -, les tiroirs renversés – rhôoo -.

En s’appuyant sur la vidéosurveillance, la juge accuse quelqu’un d’avoir dégradé un panneau d’affichage. Une vitre ayant été brisée, et une personne ayant récupéré le verre, elle ajoute « on peut se demander pour en faire quoi ? », laissant entrouverte la boite à fantasmes – déjà bien fracturée – de la justice.

Elle demande ensuite aux détenus de s’expliquer sur ce qui leur est « reproché ». L’un d’entre eux dit qu’il n’a pas eu le traitement auquel il a normalement accès. Un deuxième explique avoir donné deux coups de pied dans la porte, et avoir été relaxé après un an et demi de prison, puis amené directement au CRA ; il dit qu’il n’en peut plus, et montre son corps et ses bras lacérés de coupures. Un troisième déclare être rentré et sorti, et avoir cassé le téléphone mais que sinon il n’a rien fait. Un quatrième conteste être entré dans le bureau.

La juge rappelle qu’à la suite des faits, deux des accusés ont été amenés à l’hôpital : l’un au CHU et l’autre en psychiatrie.

Là, le procureur poursuit le taf et s’en réfère, bien sûr, au procès-verbal d’exploitation de la vidéo-surveillance – parce que dans ces cas-là, les vidéos, elles marchent bien, t’inquiète ! Il commente en précisant qu’on voit quelqu’un mettre deux coups de pied dans la porte puis dans le tableau. Il justifie l’intervention des flics par la « fébrilité du CRA en ce moment » arguant qu’ils ne peuvent laisser ce genre de scène se produire.

Il requiert – tranquille – 5 mois de prison pour les deux détenus qui ont déjà un casier, et 3 mois pour les deux autres.

Il termine de façon abjecte et requiert une peine d’emprisonnement pour les quatre détenus « afin de maintenir le calme dans le CRA, parce que c’est quand même un lieu où il peut y avoir des familles ».

Et là, l’avocate de la défense prend la parole et parle d’un contexte de rébellion et d’affolement dans le CRA qui a impliqué plusieurs individus, « chacun avec son histoire, chacun avec son destin ». Un détenu intervient pour parler et montrer ses cicatrices. L’avocate se retourne et, sans même le regarder, lance un « Par contre, ne m’interrompez pas ! », puis enchaîne.

Elle va même jusqu’à dire : « De plus, ils ont avoué leur participation, madame la juge, vous voyez bien, c’est tout à leur honneur ». Elle rajoute que ce qu’ils ont tous en commun c’est d’être en situation irrégulière sur le territoire. Elle base sa défense d’une part sur l’effet de groupe pour dire que les détenus se seraient montés la tête les uns les autres, et d’autre part sur l’attroupement pour dire que ses clients n’étaient pas les seuls responsables. Elle met en avant que deux des quatre accusés n’ont pas d’antécédents judiciaires. Tant pis pour les deux autres. Pour eux, elle se contente d’évoquer un « sentiment d’injustice, de désarroi, de colère qui peut être vu comme une manière de s’exprimer ».

Pas UN mot sur le CRA, pas UN mot sur les violences générées par l’Etat. RIEN. Son angle de défense individuel invisibilise totalement les conditions d’enfermement dans lesquelles l’État maintient les personnes sanspapiérisées. L’avocate s’est donc contentée de résumer cette révolte à un pétage de plomb général.

Les détenus ont la parole en dernier : l’un d’eux souhaite repartir en Espagne dès que possible ; un deuxième a « envie de voir le jour » ; un troisième a « besoin de liberté » et le quatrième dit qu’il a « confiance en la justice ».

Verdict :
2 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour les deux détenus sans casier
3 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour les deux détenus avec casier

Alors que l’Etat rafle les étranger.es pour les enfermer, toute tentative de révolte pour protester contre les conditions déshumanisantes est systématiquement réprimée, aussi bien sous les coups de matraque de la police que sous les coups de maillet de la justice. Ces deux institutions bossent main dans la main : l’une tabasse les indésirables pendant que l’autre s’assure de les maintenir en position de se faire tabasser. Tant qu’il y aura des avocat.es pour suivre la ligne des proc’, tant qu’il y aura des juges pour appliquer un droit répressif et raciste, alors les sans-papier.es continueront de croupir dans les geôles de l’Etat dans l’attente de l’organisation de leur déportation.

A bas les CRA, à bas les frontières et soutien à tous.tes les prisonnier.es !

Emission de l’Envolée contre les CRA du 26 avril

Emmission de l’Envolée contre les CRA, contre toutes les prisons. Témoignages de personnes au sein de Vincennes et de Lyon.

« Lettre : communiqué du CRA 2B de Vincennes

Appel : des prisonniers du CRA 2B de Vincennes

Appel : des prisonniers du CRA de Lyon

Appel : un soutien extérieur à la lutte contre les CRA. Blog : crametoncralyon.noblogs.org

Brèves : Vendin-le-Vieil ; rassemblement contre les CRA dimanche 28/04″

 

http://lenvolee.net/emission-du-26-avril-2019-contre-les-cra/

Tentatives d’évasion, interpellations et répression au CRA de Lyon : appel à un rassemblement de soutien le vendredi 3 mai

Des tentatives d’évasion ont eu lieu au CRA de St-Exupéry le samedi 13 avril. Les flics ont interpellé 4 personnes et les ont tabassées, certaines ont dû aller à l’hôpital et ont été mises en garde à vue.
En soutien aux prisonnier.es qui subissent la répression des flics, de l’Etat et de la justice, appel à rassemblement devant le TGI de Lyon (67 rue Servient, 69003) ce vendredi 3 mai à 13h45.

Ces personnes sont aujourd’hui accusées de tentative d’évasion et de dégradation de biens publics. Elles ont été déférées au TGI le jeudi 18 avril. L’audience a été reportée au vendredi 3 mai, car l’une des personnes n’avait pas d’avocat. Alors que les personnes sont déjà enfermées depuis plusieurs semaines au CRA, la juge a décidé de les enfermer (!) à la prison de Villefranche jusqu’au procès.

Ce procès est strictement politique : il participe pleinement au système CRA. Il cherche à punir les personnes sans-papiérisées qui essaient d’échapper à une mesure juridique raciste et répressive. En effet, la mise en rétention est actée par le JLD sous demande de la préfecture, et toute personne qui tente de s’y soustraire se retrouve à nouveau criminalisée par ce même système judiciaire. Ce dernier déplace alors le lieu d’enfermement du CRA à une maison d’arrêt, pour ensuite les réemprisonner immédiatement au CRA.

Le but de ces procès est de maintenir l’enfermement des étranger.es pour lesquel.les toute tentative d’y échapper est réprimée.

En soutien aux prisonnier.es qui subissent la répression des flics, de l’Etat et de la justice, appel à rassemblement devant le TGI de Lyon (67 rue Servient, 69003) ce vendredi 3 mai à 13h45.

 

https://rebellyon.info/Appel-a-rassemblement-pour-le-proces-des-20608

Retour du rassemblement devant le CRA de St-Exupéry

[Article initialement publié sur le site Rebellyon.info]

En réponse à l’appel au secours diffusé le lundi 15 avril et en soutien à tous.tes les prisonnier.es, un rassemblement a été organisé devant le CRA de St-Exupéry réunissant plus d’une soixantaine de personnes. Voici un retour du rassemblement du mardi 23 avril.

Samedi 13 avril, des personnes détenues ont tenté de s’évader du CRA de St-Exupéry. Suite à ces tentatives d’évasion, les flics se sont vengé.es en réprimant les personnes emprisonnées au CRA. Iels ont infligé des punitions collectives : gazages, tabassages, maintien en cellule… Lundi 15 avril, une personne détenue a tenté de se suicider. Les personnes à l’intérieur se sont révoltées et l’une d’elles a lancé un appel au secours et à mobilisation qui a été diffusé le lendemain.
En réponse à cet appel et en soutien à tous.tes les prisonnier.es, un rassemblement a été organisé et une soixantaine de personnes ont répondu par leur présence.

Déroulé du rassemblement
18h15 : les flics se mettent en place, ils sont une dizaine à l’entrée principale et 6-8 devant l’entrée du cargoport qui longe le CRA.

19h : Arrivée du cortège composé d’une soixantaine de personnes. Les banderoles sont déployées (« Ni PAF, ni Rafle, Ni Prison, Ni Expulsion »), des slogans sont scandés (« Freedom, Houliya, Liberta », « Tout le monde déteste la police », « No border, No Nation, Stop Deportation », « Carte de séjour, carté d’identité, ce ne sont que des papiers, il faut les brûler ») sous le bruit des casseroles et des tambours. On lit l’appel à rassemblement, les prisonnier.es nous entendent et répondent en criant.

19h45 – 20h15 : On appelle des personnes enfermées, plusieurs personnes prennent la parole dans différentes langues (italien, portugais, allemand, anglais, français, arabe…). Ils parlent des conditions d’enfermement, de leur parcours et de toutes les violences qu’ils ont subi et subissent.

Après 20h15 : A l’intérieur, ils chantent des slogans « Liberté, liberté », que l’on reprend ensemble. Ils essaient de se rassembler mais les flics les gazent et les enferment en cellule collective. Ils les ont privé de repas.

20h45 : on bouge devant l’entrée principale à leur demande. Les flics nous suivent. D’autres keufs de la paf et de la nationale sortent du CRA, ils s’équipent. Iels sont en tout une vingtaine.
On se rapproche des grillages, on reprend « liberté liberté », ça dure quelques minutes puis les flics arrachent les banderoles et nous aspergent de spray de gel lacrymo poivre et piment. Iels nous chassent à coups de tonfa et d’insultes sur 400m.

Témoignage d’un prisonnier du CRA de Lyon Saint-Exupéry, mars 2019

Je sais pas si tes copains t’ont expliqué mais j’ai entendu dire que tu t’étais ouvert les mains et je voulais savoir si tu voulais expliquer pourquoi tu avais fait ça et pour qu’on le passe à la radio.

Bah j’ai fait ça parce que j’ai des enfants ici et qu’ils veulent m’expulser au pays. Je comprends pas pourquoi ils veulent m’expulser au pays, j’ai un enfant de quatre ans et un enfant de cinq ans et ils veulent m’expulser au pays. Ils m’ont fait un premier vol et le deuxième vol, je l’ai refusé et voilà ! Et là, je me suis charclé et j’attends, j’attends pour mon jugement et je regarde, quoi.

D’accord et tu as fait ça quand ?

Bah j’ai fait ça, enfaite c’était vendredi dernier. Au lieu de me ramener faire des points de suture, ils m’ont foutu là, ils m’ont ramené à l’isolement, ils m’ont gardé toute la nuit là-bas.

Ils t’ont amené à l’infirmerie quand même ou pas ?

Bah rien du tout, ils m’ont nettoyé juste le truc, et j’ai au moins treize points de suture, ils m’ont rien fait.

D’accord tu t’étais ouvert où ? Les poignets ?

Bah j’ai neuf points à peu près dans la main et treize points dans les pieds.

Donc ils t’ont quand même fait des points ?

Ouais. Bah ils ont vu, la CIMADE. Ils sont passés, une association aussi, ils sont passés. Bah ils ont pris l’ouverture, à deux millimètres et quelques. Il y a une ouverture, à peu près, elle est à treize millimètres. Normalement, c’est des points de suture, c’est ce qu’ils m’ont dit, mais, l’infirmière, elle m’a rien dit. C’est le docteur qui a dit : « ouais, ben mettez-le à l’isolement. »

 Donc tu as été mis à l’isolement, et là tu es sorti de l’isolement ?

Ouais.

Bah, je te remercie pour ton explication.

Il y a pas de souci. Mais à part ça, c’est le bordel aussi, là. L’infirmière ici, ils font n’importe quoi aussi, pareil. Et comme à le Forum, ils aident pas les gens, ici, ils expliquent rien aux gens, les gens, ils appellent la CIMADE et les gens de la CIMADE qui passent ici, ils aident un petit peu. Mais le Forum, il y a un bureau de le Forum, c’est pour aider les étrangers. Ils aident rien du tout. Il y a une infirmière aussi, ils font pas leur boulot comme il faut, c’est comme le médecin, c’est comme tout le monde. Les gens, ils ont attrapé des maladies, ils ont la gale et tout, ici, l’infirmière elle s’en fout. Il y en a un la dernière fois qui a fait une crise ici, aussi, pareil. Ils s’en foutent aussi. Ils leur donnent des médicaments, n’importe quoi, vraiment, ça sert à rien du tout.

Soirée de soutien contre les frontières et leurs prisons ! Discussions et projection le dimanche 21 Avril

« Dimanche 21 Avril à l’Amicale du Futur, de 18h à 23h, des interventions, une projection du court métrage « l’Autre côté », des témoignages écrits, des tables de presse et une cantine végane de Libération Animale Solidaire… Bref, toutes les infos pour rejoindre concrètement les luttes contre les frontières et leurs prisons.

Pour les exilé.es racisé.es, la frontière se matérialise dans la forme la plus cruelle, incarnant un racisme systémique : chasses à l’homme dans les montagnes causant la mort de plusieurs d’entre elleux, rackets, ratonnades… Loin des privilèges blancs, les frontières sont une réalité absurde et mortelle que les gouvernements européens infligent aux populations souvent issues de leur colonisation. Leur existence est combattue par celleux qui les traversent à leurs périls, et par des militant·es qui les soutiennent.

Mais une fois les montagnes franchies, le harcèlement continue, et l’état enferme dans les CRA « les illégaux », ces humain·es peu à peu déshumanisé.es par l’arsenal répressif judiciarisé. Le harcèlement continue à travers la traque des flics, la criminalisation des étranger.es par la justice, et leur enfermement dans les CRA.

Le CRA c’est quoi ? C’est “pire que la prison” selon les témoignages. Les Centres de Rétention Administrative sont les lieux où l’on enferme des hommes des femmes, des enfants, au seul motif qu’ielles n’ont ni la bonne nationalité, ni les bons papiers pour avoir le droit de vivre là où ielles le souhaitent. “On n’est pas des criminels”.
En 2016, 1189 personnes ont été incarcérées au CRA de Saint-Exupéry, 211 en sont sorti·e·s. Les autres ? Déporté·e·s ou envoyé·e·s en prison pour plus tard… les déporter.

Dimanche 21 Avril à l’Amicale, de 18h à 23h, des interventions, une projection du court métrage « l’Autre côté », des témoignages écrits, des tables de presse, et une cantine végane de Libération Animale Solidaire…. Bref, toutes les infos pour rejoindre la lutte concrètement.

En soutien aux personnes détenu.es au CRA de Saint Exupéry, une boîte à dons sera à votre disposition, et vous pouvez dès maintenant prévoir de ramener à cette soirée :

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- URGENT : des téléphones sans appareil photo (avec chargeur, surtout si ce n’est pas un chargeur universel)
- ballon de foot
- dentifrice
- gel douche
- shampooing
- sous-vêtements neufs (homme ou femme du 36 au 44)
- chaussettes chaudes
- chaussures homme 42/43
- pulls
- biscuits
- magazines (à l’intérieur il n’y a rien à faire d’autre que de
regarder la télé)
- thunes en liquide »

 

Liens vers les sites :

https://amicale.online/2019/04/09/soiree-soutien-contre-les-frontieres-et-leurs-prisons/

https://rebellyon.info/Contre-les-frontieres-et-leurs-prisons-20527