Appel au secours de l’intérieur du CRA

« -Ok donc y a deux jours y en a qui ont essayé de faire une tentative de s ’évader. Il y en a trois qui ont réussi et trois qui se sont fait attrapés, ont été grave blessés. Ils ont été quarante-huit heures en garde à vue et ils ont passé en quarante-huit heures et aujourd’hui ils rentrent au centre, et aujourd’hui il y a quelqu’un tout à l’heure qui a monté sur la porte où il y a le barbelé. Et il s’est suicidé avec le barbelé. Et il s’est étranglé avec le barbelé. Et la police ils on rien fait c’est nous qu’on l’a descendu. La police ils ont mis à peu près 25 minutes juste pour ramener une échelle. Ils étaient même pas loin à 200 ou 300 mètres. Nous on a voulu le récupérer malgré tout y a les portes entre nous, donc on s’est grimpé tout le monde et on a essayé de descendre mais sauf que eux ils nous a gazé ils nous a frappé ils nous a violé, laisse tomber. Ici tout le monde ils ont pété un plomb, tout l’monde ils ont commencé à brûler, brûler les chambres, à brûler les matelas, à brûler tout. Donc ici les gens ils sont traités comme des chiens, si il y a moyen de nous aider, ici on est des êtres humains on est pas des animaux, voilà notre seul délit qu’on a pas de papiers, c’est notre seul délit notre seul problème dans cette vie. Vous pouvez appeler les associations, ou appeler les médias ou appeler les journalistes, ou toutes les personnes qui sont là pour l’humanitaire, pour de vrai, il faut qu’ils soient là pour nous, pas de cinéma, pas de spectacle, pas de théâtre, ici c’est des êtres humains, on n’a pas besoin de théâtre, on n’a pas besoin de spectacle, on a besoin des gens qui luttent pour nous. C’est un message d’au secours.

-D’accord

-Voilà c’que j’veux dire, et c’est pour ça que aujourd’hui, vraiment, y en a un qui s’est suicidé, y a même pas 20 minutes ou 25 minutes, y a du sang partout, y a des gens ici qui sont prêts à faire même plus que ça parce qu’on est traité comme des chiens. C’est pour ça on fait appel à tout l’monde, c’est un appel au secours ça.

-D’accord et là qu’est-ce que vous faites en ce moment ?

-Là en ce moment on essaie de se calmer mais malheureusement il nous a fermé mais c’est brûlé, y a des chambres qu’ont déjà brûlé, malheureusement y a rien on n’a pas le choix, si on reste ici on va mourir brûler, ou on va s’étouffer avec la fumée. Les gens ici ils peuvent plus enfaite c’est, c’est, c’est… pire que la prison ici c’est la prison politique c’est pas la prison humanitaire ici, c’est pas un centre de rétention, c’est la prison, c’est même pas la prison je sais pas c’que c’est. Faut aider ces gens-là, aujourd’hui on est des êtres humains, des étrangers, il faut les aider. J’peux plus trop parler là« 

[Ceci est une image du CRA de Vincennes où en 2008, des détenu.es ont mis le feu]

Témoignage d’Ani, détenu au CRA de Lyon Saint-Exupéry, février 2019

[…]

Q : Donc tu veux parler de quand tu as voulu appeler ton avocat ?

A : Non, moi j’ai pas appelé l’avocat. Ils m’ont dit que eux-mêmes ils vont appeler l’avocat. Donc j’ai dit « ok, pas de souci ». Donc ils ont appelé l’avocat et l’avocat est venu quelques minutes après. Et l’avocat il a dit [inaudible], donc on s’est vus, on a parlé. Moi j’ai parlé de ma situation à l’avocat. L’avocat m’a demandé si j’ai une adresse. J’ai tout donné. J’ai une adresse où je vis, s’ils veulent appeler ma copine pour vérifier, quelque chose que les policiers n’ont pas accepté de faire, ils n’ont pas fait. J’ai dit « s’ils veulent appeler leurs policiers [inaudible], ils peuvent aller regarder, moi j’ai mon nom sur la boîte d’adresse, et même les factures que ce soit Engie Gaz, le courant, il y a mon nom dessus, avec celui de ma copine. » Ils peuvent tout vérifier, moi j’ai l’adresse. L’avocat il m’a dit « c’est difficile, on verra. » Et jusqu’au soir, rien.

Ils sont venus me voir à 18 heures, ils m’ont dit que si la police n’a pas accepté de me libérer, c’est parce que je n’ai pas fourni de passeport. Si je donnais un passeport, peut-être la police allait m’assigner à résidence. J’ai pas donné de garanties, donc du coup on ne me relâche pas parce qu’ils jugent que je vais partir. Mais moi je lui dis, je vous ai donné une adresse et vous l’avez et le numéro de ma copine, vous l’appelez ou vous me demandez, quelque chose que vous ne voulez pas faire. Donc je ne sais pas quelles garanties je dois vous donner encore. Parce que les informations que je vous donne, vous ne les vérifiez même pas. Et vous voulez une garantie, je vous donne quelle garantie ? Moi, j’ai pas mon passeport, j’ai perdu mon passeport.

Donc ils me disent qu’ils vont m’envoyer en Centre de rétention. J’ai dit « ok, pas de souci. » Donc ils m’ont donné des papiers à signer, je ne voulais pas signer. La dame, elle m’a dit « c’est juste pour dire que la garde à vue est finie chez nous, c’est les gens du Centre de rétention maintenant qui vont t’emmener. » J’ai été naïf, j’ai signé. Et le procès-verbal, j’ai signé sans le lire. J’ai été naïf, ça même aujourd’hui, je le regrette. Et ils m’ont donné une OQTF – obligation de quitter le territoire. Et quand j’ai vu que c’est l’obligation de quitter le territoire, j’ai dit « je signe pas. » Elle m’a dit « ça dépend de vous, si vous voulez pas signer. » J’ai dit « oui, mais j’ai dit je signe pas donc vous n’avez même pas à me répéter. » Donc j’ai pas signé.

Et là, ils m’ont ramené ici. Et quand je viens ici, on me confisque mon téléphone. Je comprends pas. Je regarde leurs lois, leurs conditions de détention, je n’ai jamais vu où c’est écrit quelque part qu’on n’a pas droit aux Smartphones, je n’ai pas vu. Je regarde la loi du Centre de rétention et j’ai pas vu quelque part où c’est écrit qu’on n’a pas le droit aux Smartphones. J’essaie de leur faire comprendre mais ils m’écoutent pas.

Et là, je prends le temps, quand j’ai pu rentrer dans la chambre, je prends le temps de lire le procès-verbal. Ils me disent, dans le procès-verbal, c’est écrit non et j’ai eu le temps de parler avec ma copine au téléphone comme je voulais. J’ai appelé une personne. Ils m’ont demandé si je veux faire venir quelqu’un quand j’étais en garde à vue, j’ai dit non, que je ne voulais. Alors que c’est eux qui m’ont dit non, personne ne peut venir me voir quand j’étais en garde à vue. Maintenant, ils me disent non, dans le procès-verbal, ils écrivent, non, c’est moi qui ai refusé de recevoir la visite. Ça m’a choqué, mais j’ai pas pris en considération.

Donc on est allés devant la juge qui m’a reproché la même chose, parce que je ne donne pas de garanties. Pour eux je dois donner mon passeport qui serait une garantie que je vais partir, parce qu’à chaque moment qu’ils auront besoin de m’expulser, ils peuvent venir me prendre chez moi en sécurité parce qu’ils ont mon passeport. Donc, du coup, ils n’ont pas besoin du laissez-passer de mon Ambassade. Moi j’ai dit « j’ai pas de passeport. » Rien que pour ça, je suis pas libéré donc ils me ramènent en Centre de rétention. On me donne 28 jours et je suis ici depuis le 6 février, donc j’attends.

Q : Et tu es encore en contact avec ton avocat ?

A : Moi, je vais changer d’avocat parce que les avocats commis d’office, c’est pas la peine. Ils ne font rien pour te défendre. Les associations qui sont au Centre de rétention, c’est pareil, même ils te disent « ça sert à rien de faire appel, parce que, que tu fasses appel ou pas, tout compte fait, ça n’empêche pas ton expulsion. » Ça a l’air que c’est un système, ils travaillent tous ensemble, en fait. Ils disent toujours « non, on peut vous aider » mais ils font rien pour aider, donc l’avocat commis d’office, je ne l’appelle pas. Rien du tout. La dernière fois que j’ai fait appel, après, j’ai regretté. Pourquoi ? Parce que je ne veux plus que ce soit l’avocate qui s’occupe de mon cas. Parce que la dernière fois quand on est allé au commissariat, elle nous a demandé tous les documents pour montrer que je vis vraiment avec ma copine. On a tout envoyé. Elle a même demandé à ce que ma copine fasse une attestation d’hébergement sur l’honneur. Elle a tout fait, elle m’a envoyé sa pièce d’identité, elle a même envoyé son passeport qui prouve qu’elle allait me voir à Abidjan des fois. Et on arrive et j’ai dit aux gens de l’association : « dites à l’avocate que quand on va arriver, qu’elle appelle ma copine à la barre pour qu’elle puisse témoigner. » Et on arrive, l’avocate ne fait rien du tout. Moi-même, je vais à la barre pour parler et je me défends contre l’avocate qui est censée me défendre. Du coup moi, je vois ça comme une farce. Je me dis que ça sert à rien d’avoir un avocat, je ne vois pas l’importance .

Q : Oui, mais tu peux changer d’avocat, c’est vrai que les avocats commis d’office sont nuls.

A : Oui, j’ai parlé avec X. X. m’a trouvé une avocate, du coup, j’aimerais que ça soit elle qui s’occupe de mon cas. Je pense que mercredi, elle va croiser X. Elle a donné rendez-vous à X. pour prendre le dossier. Elle, au moins, elle a pris son temps, au téléphone, de m’expliquer la situation. Même quand quelqu’un ne peut pas te faire sortir de là où tu es, mais quand la personne prend le temps de t’expliquer les choses, « voilà comment, ça sera dur, mais voilà… » Ça donne un peu de réconfort !

Tu as une avocate qui te reçoit vingt minutes avant le procès et quand vous finissez le jugement, elle ne prend même pas le temps de t’appeler. Elle attend encore que tu reviennes devant le juge pour te recevoir encore vingt minutes avant que tu passes devant le juge. Elle prend quel temps pour lire mon dossier ? Elle prend quel temps pour me défendre ? Rien ! Vingt minutes ! En vingt minutes, on peut défendre ? On peut être au courant de tout un tas de trucs ? Non !

Q : Et est-ce que tu veux me parler de comment ça se passe dans le Centre de rétention ?

A : C’est ce que je dis à mes amis : pour moi, j’appelle pas ça « Centre de rétention ». Pour moi, c’est une prison. Parce que j’ai déjà rendu une visite à des gens en prison. Et je pense en prison, c’est même mieux qu’ici, voilà. Ici, c’est un semblant de… je ne sais pas comment dire… un semblant de liberté mais qui n’en est pas, voilà. Parce qu’on nous dit qu’on n’est pas en prison, mais ici on est en prison. On n’a même pas de place pour… tu sors de la chambre et tu as l’espace qui est là … je sais pas comment dire…  souvent t’as …  [passages inaudibles] les gens sont tellement sur leurs nerfs que c’est toujours la bagarre entre eux, parce qu’il y a pas d’endroit où… je ne sais pas comment dire… Pour moi, je dirais même qu’en prison, il y a plus d’espace. Et puis tu ne manges pas ce que tu veux. Tu manges des choses que tu n’as jamais vues. C’est pas de la nourriture préparée ici, c’est de la nourriture payée dans les trucs en plastique de supermarché qui sont passés au chauffage, qu’ils chauffent au micro-onde. Si tu veux tu manges, si tu veux pas tu manges pas, c’est pas leur problème, ça n’engage que toi.

Q : Et comment ils sont les gardiens, avec vous ?

A : Il y a des gardiens qui sont sympas. Pour moi, parce que les gardiens ils ne traitent pas tout le monde de la même manière, ça aussi, il faut le dire, voilà ! Donc, je ne peux pas parler pour tout le monde. Pour moi, à 80% la majorité des gardiens sont sympas. La majorité. Par contre, il y a d’autres, quand ils vous voient, ils ont l’impression qu’ils voient des animaux devant eux. Et pour eux, c’est des personnes sans importance, ou sont un petit peu plus qu’un prisonnier. Sinon, il y a des gardiens qui parlent avec nous, qui nous donnent des conseils, des choses à faire. Souvent même, il y en a qui n’aiment pas que leurs collègues parlent  «  Fais confiance à telle association ; à telle association ». [passage inaudible] Souvent on fait comme ça. Souvent les gardiens ils sanctionnent pas. Comme un qui vient d’arriver, il y a même un gardien qui lui a pris des habits parce qu’il n’en avait pas. Il lui a envoyé des habits le vendredi ou jeudi, encore, il lui a ramené des habits, c’est des habits qu’il a pris au magasin pour le lui amener, voilà. Il y a des gardiens qui sont sympas, ils lui donnent sans que ses amis le sachent. Il y a des gardiens qui sont sympas, mais par contre, il y a d’autres, c’est pas  la peine.

Au Centre, les gens viennent nous voir, ils nous amènent souvent des gâteaux, des biscuits chauds. Ils refusent souvent. Ils refusent que ça rentre et je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi on n’a pas droit aux choses qu’on veut ? On n’envoie pas des choses pour se tuer, on n’envoie pas des choses pour, non. C’est de la nourriture qu’on envoie. Pourquoi on nous dit pas qu’on nous ramène de la nourriture ? Ça, j’arrive pas à comprendre. Il y a des choses que j’arrive pas à comprendre. Pourquoi on nous dit pas qu’on nous ramène de la nourriture ?

Pourquoi on ne veut pas qu’on ait accès à l’internet ? Ça, je n’arrive pas à comprendre parce que moi, ma copine, elle a payé un téléphone et le problème avec le Smartphone il dit que c’est la caméra, ok, donc elle a payé un téléphone, elle est allée chez un réparateur, elle a enlevé la caméra, devant comme derrière, elle a tout enlevé. Elle a envoyé le téléphone mais ils ont refusé que ça rentre parce que c’était un Smartphone. Vous refusez que ça passe, maintenant, nous on fait comment pour communiquer avec les parents ? Vous voulez nous ramener au pays et on ne peut pas communiquer avec les parents au pays. On fait comment ? Aujourd’hui tout le monde avec Messenger ou Whatsapp, on communique avec les parents au pays. Comment on fait pour communiquer avec les parents ? Tu peux pas prendre les unités prépayées, ça coûte cher, quoi ! Si tu prends du crédit pour appeler en Afrique, ça coûte très cher ! Du coup, c’est par internet qu’on communique. Et là, vous nous refusez ça ! On fait comment avec les parents ? On dit comment qu’on arrive ? Voilà !

Moi je dis  » si vous me ramenez pas, pourquoi vous nous entassez là les uns sur les autres « . Souvent il y en a qui dorment par terre, ou d’autres qui sont cinq dans les chambres. Ça sert à quoi ? Si vous n’avez pas les moyens de vous occuper de nous en Centre de rétention, envoyez-nous chez nous ou laissez-nous en liberté. Moi, j’ai juste demandé qu’on me laisse trente jours, que moi-même, j’organise mon voyage, moi-même, je paie mon voyage, je rentre. Qu’on me donne l’obligation de quitter le territoire, ok il y a pas souci, mais qu’on me donne juste au moins le temps que je réunisse mes affaires, parce que j’ai des affaires à Paris, que je n’ai pas pu faire venir ici, et moi-même je prends mon billet et je quitte le territoire. C’est pas un souci. Mais on refuse et on m’amène là. Vous m’amenez là, c’est que vous avez les moyens de vous occuper de moi. Je mange pas ce que je veux, je fais pas ce que je veux, ça c’est une prison ! Du coup, c’est quoi la définition du mot « prison » ? C’est une punition ! Donc là, c’est une punition.

Q : Tu me disais que vous étiez nombreux à l’intérieur ?

A : Quand ils ramènent une autre personne, nous on refuse, parce qu’on ne veut pas être plus de quatre dans la chambre. Il y a des gens qui sont cinq avec deux qui dorment par terre. C’est quatre lits dans les chambres. Donc s’il sont cinq, il y en a qui sont obligés de dormir par terre.

Q : Donc il y a plus de monde dans le Centre de rétention que ce qu’il y a de places ?

A : Ah oui !

Q : Et toi, tu es déjà allé à l’infirmerie ?

A : Ah oui ! Même hier, je suis allé à l’infirmerie. L’infirmerie, c’est rien du tout. C’est juste un nom. Si tu as besoin de paracétamol, oui, tu peux aller à l’infirmerie. Si tu as besoin de soins, vraiment, de soins qu’il faut, alors ça ne vaut pas la peine d’aller à l’infirmerie parce qu’il y a rien du tout. Même le médecin et les infirmières n’ont rien comme matériel pour s’occuper de nous. Moi, j’ai mal à l’orteil, j’ai mon orteil du pied qui me fait mal, je sais pas pourquoi. Voilà, actuellement je n’arrive même pas à porter la chaussure fermée. Donc je suis allé à l’infirmerie et la dame elle m’a vu quarante secondes et elle m’a donné une pommade avec le pansement, c’est tout. J’ai dit j’ai mal. Et ce qu’elle m’a donné, ça m’a rien fait.

Q : Il y a d’autres choses que tu voudrais raconter ?

A : Oui, je ne sais pas si vous avez parlé avec elle, il y a une fille, je ne sais pas pourquoi, elle est du Congo et on veut l’envoyer en Angola. Ça c’est des choses, on comprend pas, ici. On a l’impression qu’ils font du business avec les Ambassades. Parce que moi, depuis que je suis arrivé, il y a deux ans, qu’ils sont venus me trouver là, qu’ils sont allés à l’Ambassade et moi depuis, on ne m’amène pas à l’Ambassade. On me dit « on va t’amener à l’Ambassade pour aller parler avec ton Ambassade pour ton laissez-passer. » Et est-ce je suis envoyé à l’Ambassade depuis que je suis là ? Non ! Rien du tout ! On m’a pas encore envoyé à l’Ambassade. Il y a des gens qui sont arrivés qui ne sont même pas allés à l’Ambassade et du jour au lendemain, on leur dit l’Ambassade a donné le laissez-passer.

Q : Ah oui, ils sont pas allés à l’Ambassade et ont quand même reçu un laissez-passer.

A : Oui, on n’arrive pas à comprendre. Depuis le départ, on nous coupe du monde, on ne sait pas ce qui se passe dehors et nous on est là, c’est pas facile, on est enfermés.

Retour sur le rassemblement anti-PAF du 1er avril

[Article initialement publié sur le site Rebellyon.info]

Retour sur le rassemblement anti-PAF place Guichard le 1er avril à 18 heures.

La police aux frontières (P.A.F.) traque et rafle les sans-papiers. Gestionnaire des Centres de Rétention Administrative (C.R.A.), elle les enferme, les torture et les déporte.

Il y a quelques semaines, les détenu.e.s du CRA de Saint-Exupéry ont dénoncé les conditions de rétention et les violences subies au quotidien dans un communiqué. En soutien, une centaine de personnes s’est rassemblée place Guichard derrière la banderole « Ni PAF, ni rafle, ni prison, ni expulsion ». Rythmé par les slogans anti-CRA, anti-frontières et anti-PAF, la manif prend joyeusement la rue de la Part-Dieu en direction des bureaux de la PAF. Très rapidement un cordon de CRS se dresse face au cortège. Quelques slogans plus tard, les manifestant.e.s bifurquent pour rejoindre les voies du tram et redescendent jusqu’à la PAF en empruntant la rue Garibaldi. La circulation est momentanément bloquée. Devant le bâtiment de la PAF, les CRS préparent leur matos : ils sortent matraques, spray au poivre et une grenade de désencerclement. La manif continue dans le quartier jusqu’à revenir sur la place Guichard. Suite à une intervention à l’AG du lundi soir, des gilets jaunes se joignent au cortège en scandant : « Gilets jaunes, sans-papiers, solidarité ! » Tout le monde repart en direction de la PAF, rejoint le cours Servient. Affolée, une dizaine de keufs se place devant le tribunal de grande instance. Le cortège déambule en direction de l’avenue de Saxe avant de se disperser vers 19h50. Les flics et la BAC rôdent dans le quartier, contrôlent une personne et en interpellent une autre.

Appel au rassemblement contre la PAF lundi 1er avril [29.03.2019]

[Article initialement publié le 29.03.2019 sur Rebellyon.info]

Lundi 1er avril, à 18h, rassemblement contre la Police aux Frontières (PAF) sur la place Guichard en soutien aux détenu.es du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry qui ont entamés une grève de la faim le dimanche 17 mars.

Ce rassemblement a pour but de dénoncer la Police aux Frontières (PAF), il fait suite à un début de mobilisation initié par une grève de la faim entamée par des détenu.es du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry et soutenue par une soixantaine de personnes depuis le dimanche 17 mars.

Principal outil et actrice d’une politique raciste de tri des étranger.es, la PAF constitue le bras armé d’une politique de criminalisation, de persécution et d’enfermement des personnes sans-papiers : elle réalise un grand nombre des interpellations à aux frontières, dans les lieux de transit (gares, aéroports…), devant les écoles, à l’intérieur des préfectures.

Actrice de la répression à tous les maillons de la chaîne, la PAF est également la gestionnaire des centres de rétention dans lesquels sont enfermé.es les étranger.es après avoir été arrété.es et criminalisé.es par la justice. C’est ainsi la PAF qui organise, gère et maintient l’exclusion et l’isolement inhérents aux CRA. Celle-ci exerce des stratégies d’humiliation et d’intimidation des détenu.es : tabassages, mises à l’isolement, privations de visites, menaces, insultes sont responsables de plusieurs tentatives de suicide. A ceci s’ajoute des conditions de survie matérielles désastreuses, la privation de soins adaptés, une nourriture infecte.

Les CRA sont conçus pour permettre la déportation des personnes étrangères sans papiers. La PAF assure également les déportations jusque dans les avions, à travers des escortes qui menottent, bâillonnent, et droguent les sans-papiers lors de l’expulsion pour empêcher toute résistance. Ainsi, ce rassemblement a d’abord pour objectif de briser ce système qui invisibilité et orchestres les violences policières dans des centres de rétention.

C’est l’occasion de dénoncer l’existence d’une institution et d’acteurs.rices qui détruisent, persécutent, criminalisent, enferment et déportent les personnes sans papiers, et, surtout, de donner voix aux témoignages accablants récoltés.

Soyons nombreux.ses pour dénoncer les pratiques inacceptables de la PAF, de la machine politique, juridique et carcérale.

Retour sur le rassemblement en soutien à la grève de la faim au CRA de Lyon Saint Exupéry [18.03.2019]

[Article initialement publié le 18.03.2019 sur Rebellyon.info]

Le dimanche 17 mars à 19h15, une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant le Centre de Rétention Administrative (une prison pour les étranger.e.s en attente d’expulsion) de Lyon St Exupéry pour soutenir la grève de la faim entamée collectivement par des détenus depuis le 16 mars.

Ceux-ci se révoltent contre l’enfermement et les outils de répression qui lui sont associé. Dans leur communiqué ils déclarent n’avoir « aucun droit avec ni les policiers ni forum réfugiés [association mandatée pour gérer le CRA] on est comme des animaux ». En effet ils dénoncent les violences physiques et psychologiques exercées par la PAF (police aux frontières, en charge du maintien de l’ordre du centre de rétention) ; l’absence de soins de première nécessité tout en étant surmédicamentés (distributions abusives d’anxiolitiques comme le valium, le tercian…) ; la nourriture infecte et périmée …

Pour briser l’isolement et soutenir la mobilisation des détenus, leurs proches, des familles et des militant.es contre les CRA se sont rassemblé.es devant le centre de rétention. Il leur semble impératif de rendre visible et de dénoncer la violence qui structure ces lieux d’enfermement. Ils et elles manifestent contre la criminalisation, l’enfermement et la déportation des étranger.es organisées par les politiques migratoires de l’Etat français.

JPEG - 1.1 Mo

Les détenus et les soutiens ont pu communiquer à travers les murs du CRA. Le soutien avait des tambours, des darboukas, des casseroles et un mégaphone pour faire entendre leur solidarité. Des familles ont ainsi pu s’exprimer et faire passer des messages à leurs proches incarcérés. Le communiqué des grévistes a été lu, des slogans de soutiens ont été scandés. Les détenus ont répondu avec leur voix et en tambourinant contre les murs du centre de rétention. Face à ce soutien, la PAF a réprimé les détenus à coups de matraques et de gazage.

Le rassemblement s’est terminé vers 21h après que 4 camions de police aient débarqué pour mettre fin à la mobilisation. Avant de partir, les soutiens ont dénoncé la répression exercée par la police à l’intérieur du CRA.

Nouvelle Grève de la faim au centre de rétention de Lyon et appel à soutien [17.03.2019]

[Article initialement publié le 17.03.2019 sur Rebellyon.info]

Pour dénoncer l’enfermement et les conditions de leurs détentions (violence policière, pas d’accès aux soins…), les détenus du CRA ont entamé collectivement une nouvelle grève de la faim depuis le 16 mars.

On est au centre les choses mal faites on a aucun droit avec ni les policiers ni forum réfugiés on est comme des animaux y a pas télé y a plus de promenades la nourriture elle périmée les gens rattrappent des boutons comme des chiens ils nous laissent bagarrer avec des lames.

on est là y a pas de nouvelles 3 mois c’est trop on n’a pas de papiers on est pas des criminels

ils nous donnent des médicaments donnés pour les gens vraiment fous sans ordonnance sans rien (comme Diazépam, Lyrica, Valium, Prazépam, Tercian, Zopiclone, Théralène, Subutex) et même les infirmières elles sont courant de tout
les gens ils font la grève mais elles leur donnent des médicaments pour les intoxiquer même y en a des pères de famille ils se charclent ici il a des points de suture ils l’ont laissé comme ça au confinement sans qu’on le soigne y a quelqu’un aussi il a une maladie du foie il obligé qui soigne

et bah nan comme on a pas de papiers on a pas de droits mais on est des êtres humains comme tous

merci de passer nous voir

Communiqué du 16 mars 2019 écrit par des détenus en grève de la faim au Centre de Rétention Administratrif de Saint-Exupéry (Lyon)

Appel à venir soutenir O., enfermée au CRA de Saint Exupéry, le dimanche 10 mars [09.03.2019]

[Article initialement publié le 09.03.2019 sur Rebellyon.info]

Depuis plus d’un mois, O. est une femme d’origine nigériane enfermée au CRA (Centre de Rétention Administrative) de Lyon. Dimanche 10 mars, elle passe en audience au TGI de Lyon pour la seconde fois et risque d’être expulsée au Nigéria alors même qu’elle est enceinte de cinq mois.

Nous appelons à venir soutenir Mme O., nigériane de 25 ans et enceinte de plus de cinq mois, actuellement enfermée au CRA de Saint-Exupéry, à Lyon, comme tant d’autres étranger.e.s, en attendant leur expulsion du territoire français. Mme O. est enceinte de 5 mois et quelques et risque d’être déportée dans son pays d’origine, le Nigéria, qu’elle a fui. Cette expulsion signifierait pour elle le retour dans un pays où elle était dans une situation de dangers, où elle a connu de nombreuses violences qu’elle a fui, en prenant de nombreux risques quant à son parcours migratoire.

Dimanche 10 mars, à 10h, le Juge des Libertés et de la Détention doit décider du prolongement de la détention de Mme O. pour une durée de 30 jours, laissant ainsi le temps aux autorités consulaires nigérianes de donner leur accord quand à son expulsion.

Il n’est ni tolérable ni acceptable qu’une femme enceinte de cinq mois soit enfermée en CRA, dans des conditions psycho-médico-sociales qui la mettent clairement en danger (négation des droits humains, pas de suivi de grossesse, anxiété, incertitudes liées à son futur…). Pas plus qu’il n’est acceptable qu’elle se fasse déporter dans son pays d’origine.

Nous appelons à un soutien large, dimanche 10 mars à 10h devant le TGI de Lyon (67 Rue Servient, 69003 Lyon), pour Mme O., pour exiger sa remise en liberté et pour dénoncer le système d’enfermement et de répression des CRA.