[Article initialement publié le 17.03.2019 sur Rebellyon.info]
Pour dénoncer l’enfermement et les conditions de leurs détentions (violence policière, pas d’accès aux soins…), les détenus du CRA ont entamé collectivement une nouvelle grève de la faim depuis le 16 mars.
On est au centre les choses mal faites on a aucun droit avec ni les policiers ni forum réfugiés on est comme des animaux y a pas télé y a plus de promenades la nourriture elle périmée les gens rattrappent des boutons comme des chiens ils nous laissent bagarrer avec des lames.
on est là y a pas de nouvelles 3 mois c’est trop on n’a pas de papiers on est pas des criminels
ils nous donnent des médicaments donnés pour les gens vraiment fous sans ordonnance sans rien (comme Diazépam, Lyrica, Valium, Prazépam, Tercian, Zopiclone, Théralène, Subutex) et même les infirmières elles sont courant de tout les gens ils font la grève mais elles leur donnent des médicaments pour les intoxiquer même y en a des pères de famille ils se charclent ici il a des points de suture ils l’ont laissé comme ça au confinement sans qu’on le soigne y a quelqu’un aussi il a une maladie du foie il obligé qui soigne
et bah nan comme on a pas de papiers on a pas de droits mais on est des êtres humains comme tous
merci de passer nous voir Communiqué du 16 mars 2019 écrit par des détenus en grève de la faim au Centre de Rétention Administratrif de Saint-Exupéry (Lyon)
[Article initialement publié le 09.03.2019 sur Rebellyon.info]
Depuis plus d’un mois, O. est une femme d’origine nigériane enfermée au CRA (Centre de Rétention Administrative) de Lyon. Dimanche 10 mars, elle passe en audience au TGI de Lyon pour la seconde fois et risque d’être expulsée au Nigéria alors même qu’elle est enceinte de cinq mois.
Nous appelons à venir soutenir Mme O., nigériane de 25 ans et enceinte de plus de cinq mois, actuellement enfermée au CRA de Saint-Exupéry, à Lyon, comme tant d’autres étranger.e.s, en attendant leur expulsion du territoire français. Mme O. est enceinte de 5 mois et quelques et risque d’être déportée dans son pays d’origine, le Nigéria, qu’elle a fui. Cette expulsion signifierait pour elle le retour dans un pays où elle était dans une situation de dangers, où elle a connu de nombreuses violences qu’elle a fui, en prenant de nombreux risques quant à son parcours migratoire.
Dimanche 10 mars, à 10h, le Juge des Libertés et de la Détention doit décider du prolongement de la détention de Mme O. pour une durée de 30 jours, laissant ainsi le temps aux autorités consulaires nigérianes de donner leur accord quand à son expulsion.
Il n’est ni tolérable ni acceptable qu’une femme enceinte de cinq mois soit enfermée en CRA, dans des conditions psycho-médico-sociales qui la mettent clairement en danger (négation des droits humains, pas de suivi de grossesse, anxiété, incertitudes liées à son futur…). Pas plus qu’il n’est acceptable qu’elle se fasse déporter dans son pays d’origine.
Nous appelons à un soutien large, dimanche 10 mars à 10h devant le TGI de Lyon (67 Rue Servient, 69003 Lyon), pour Mme O., pour exiger sa remise en liberté et pour dénoncer le système d’enfermement et de répression des CRA.
[Article initialement publié le 04.03.2019 sur Rebellyon.info]
Vendredi et samedi, les détenus du CRA de Lyon St-Exupéry ont entamé une grève de la faim pour protester contre le système des CRA, les conditions de détention et la répression policière qu’ils subissent au quotidien.
Pour rappel, la police a gazé et matraqué les détenus mardi soir, conduisant 6 personnes aux urgences et 5 en garde à vue. Dans les jours qui ont suivi, la répression inhérente au CRA n’a fait que s’intensifier : la semaine a notamment été marquée par des évacuations de cellules réalisées par des flics armés de boucliers, pour procéder à des fouilles systématiques.
Vendredi matin, des flics prennent pour cible des détenus, les tabassent, et laissent notamment à l’un un œil au beurre noir. Il fera partie des deux personnes envoyées en garde à vue. Ce jour-là, les flics infligent également une punition collective à tous.tes les détenu.e.s en interdisant les visites, en empêchant les personnes d’accéder à l’infirmerie et en refusant de leur délivrer des certificats médicaux attestant de leurs blessures, et en suspendant l’achat de cigarettes. Dans ce contexte, une soixantaine de détenus entament une grève de la faim dès vendredi matin. Ils exigent la libération des personnes placées en gardes à vue, et dénoncent :
L’enfermement et l’isolement (séparation des familles et destruction des liens…)
Les violences policières et la répression (tabassages, gazages, gardes à vue…)
Le racisme et l’animalisation
La criminalisation des sans-papiers
La bouffe dégueulasse et non adaptée aux régimes alimentaires (pas de nourriture halal, privant ainsi de repas de nombreuses personnes détenues)
La non-prise en charge médicale
La falsification d’identité pour expulser des personnes vers des pays qui ne sont pas les leurs (par exemple, des congolais.es sont déporté.es en Angola), favorisée par un contexte de collaboration entre États et alimentée par la corruption.
Les différents témoignages apportés de l’intérieur démontrent que les violences au CRA font partie intégrante d’un système tortionnaire, destiné à broyer des vies humaines et à perpétuer une politique raciste et colonialiste. Parce que l’Etat enferme, l’Etat et la police s’octroient le droit de disposer des corps, de les matraquer, de les laisser mourir de faim, de les isoler, de les laisser crever. L’absence de soins médicaux appropriés est alarmante, mettant la vie des détenu.es en danger. Elle influe aussi sur leur force de résistance : la vulnérabilisation des personnes et le shootage aux médocs impactent la grève de la faim, qui s’est temporairement arrêtée ce dimanche.
Alors que la situation dans les CRA est affolante, Forum Réfugiés se targue d’être le garant du respect des droits à l’intérieur, mais ne fait que perpétuer une logique de business et de gestion raciste des centres de rétention. En effet, de qui Forum entend-il faire respecter les droits ? Ceux de la PAF ou ceux des étranger.es ?
Rendons cette grève de la faim publique ! A bas les CRA, à bas les frontières et soutien à tous.tes les prisonnier.es !
[Article initialement publié le 28.02.2019 sur Rebellyon.info]
Le soir du 26 février, des violences policières provoquant hospitalisations, blessures ainsi que gardes à vue, ont éclaté contre les détenus au centre de rétention administrative de Saint-Exupéry à Lyon.
Les Centres de Rétention Administrative (CRA) sont utilisés pour emprisonner les étranger.e.s [jusqu’à 90 jours], à qui on ne reconnaît pas le droit de séjourner en France, dans l’optique de les expulser de force du territoire français. A Lyon, le CRA le plus proche se trouve à St-Exupéry. Cette proximité avec l’aéroport témoigne de la volonté de ces centres de procéder à une expulsion expéditive des détenu.e.s. Le CRA est composé de 2 sections : hommes (séparés dans 2 blocs jaune et bleu) et femmes/familles. Il est co-géré par la Police Aux Frontières et Forum Réfugiés.
Résumé de la soirée à travers quelques témoignages de l’intérieur :
A 19h, au moment où les hommes du bloc bleu sont dans le réfectoire pour le repas, une dispute éclate entre détenus. Les agent.es de la P.A.F. font alors preuve, conformément à leur mission et à leur fonction, d’une violence extrême. En effet, la police gaze au poivre et tabasse l’ensemble des personnes présentes, évacue le réfectoire et repousse les détenus dans le couloir des cellules, où les violences se poursuivent. Profitant du désordre général, au moins trois détenus tentent de s’évader ; le prétexte est suffisant pour la police pour redoubler la répression.
Les flics gazent un détenu à bout portant avec une bombe au poivre, lui provoquant une crise d’épilepsie. D’autres détenus tentent de l’aider en demandant au poste de police du CRA une prise en charge médicale. La P.A.F. les envoie chier et les gaze à bout portant. Les flics évacuent le couloir et les envoient dans la cour de promenade, toujours sous les gaz et les coups. Par la suite, les flics les parquent dans une salle commune, pour mieux fouiller les cellules et les affaires personnelles ; gazage et tabassage continuent pendant ce temps dans la salle. Privés de repas, les détenus bouffent toute la soirée coups et gaz au poivre. Pris.es dans l’automatisme de leurs violences, les flics s’en prennent même à l’une des leurs. En effet, alors qu’iels lynchaient un détenu, iels ne remarquent pas qu’une de leurs collègues trébuche, et la tabassent donc (cheh !).
Ce soir-là, 5 personnes ont été embarquées en gav. L’une d’elles cherchait initialement de l’aide médicale auprès des flics. 6 personnes ont été emmenées aux urgences. Parmi elles, une personne qui a fait une crise d’épilepsie, une autre qui a eu un problème cardiaque suite à un coup de taser, une avec le nez cassé et une aux yeux brûlés. Sans compter les personnes qui ont perdu connaissance à cause des gaz et des coups, ainsi que le traumatisme psychologique causé par les violences inhérentes au quotidien des personnes prisonnières dans les CRA.
Merci Forum de ne donner aucune suite à cet événement. Sans doute cela fait-il partie de vos missions de « garantie des droits » que de laisser les détenu.es se faire violenter, sans autre réponse juridique et médicale que votre indifférence.
Cet épisode s’inscrit dans la logique répressive des centres de rétention, comme elle a été dénoncée par les détenu.es de Mesnil-Amelot, Vincennes ou encore Oissel.
Les CRA sont l’un des dispositifs qui participent à l’enfermement des migrant.es, indésirables, et à leur invisibilisation. Pensés pour expulser, les CRA sont l’un des visages des politiques racistes, anti-migratoires et répressives.
A bas les CRA, à bas les frontières, et soutien à toutes les personnes enfermées !