Solidarité aux prisonnièr·es des centres de rétention : appel à saturer de mails les préfectures en ces temps de confinement !

Article initial : https://rebellyon.info/Solidarite-aux-prisonnier-es-des-centres-22098

Nous relayons un appel lancé par le collectif À bas les CRA (Paris) à saturer de mails les préfectures pour obtenir la libération des prisonnièr·es et la fermeture des Centres de rétention administrative. À partir de vendredi 3 avril, chaque jour à 11h !

 » Le 30 mars au matin tous les prisonniers du bâtiment 9 et 10 et quelques prisonniers du bâtiment 11 du CRA du Mesnil Amelot ont entamé une grève de la faim pour exiger leurs libération immédiate; les prisonniers de Vincennes sont également mobilisés.

La situation dans ces prisons pour sans papiers, comme dans toutes les autres en France, est très dure : parloirs fermés, dégradation des problèmes sanitaires, aucune mesure sanitaire prise.

Nous devons manifester notre solidarité aux personnes enfermées. Le confinement nous empêche de nous rassembler devant les CRA pour manifester cette solidarité, mais en envoyant massivement des mails aux adresses des préfectures on peut montrer qu’on est au courant de ce qui se passe à l’intérieur des CRA et qu’on est toujours là; c’est aussi une manière de ralentir leur sale travail en saturant leurs boites mails et, si on est vraiment nombreux.euses, qui sait, en faisait bugger leur système?

On vous propose d’à partir du VENDREDIAVRIL À 11H, de participer collectivement à l’envoi d’un e-mail (texte plus bas) aux adresses ci-dessous :

pref-eloignement@seine-saint-denis.gouv.fr
pref-eloignement@val-de-marne.gouv.fr
pref-eloignement@hauts-de-seine.gouv.fr
pref-astreinte-eloignement@seine-et-marne.gouv.fr

Il faut envoyer le texte à chaque adresse séparément. Les envois collectifs finissent directement dans les spams. Copiez le texte dans le corps du message. Changer l’objet du mail peut être également une bonne technique.

L’idée est de reproduire l’envoi de ces mails TOUS LES JOURS de 11H à 12H!

Brisons le silence, ne laissons pas isolés les prisonniers en lutte!

Texte à envoyer:

“Au CRA du Mesnil Amelot, les retenus ont entamé une grève de la faim depuis le 30 mars pour protester contre l’enfermement et les conditions qui empirent avec le coronavirus; les retenus de Vincennes restent également mobilisés. A l’intérieur comme à l’extérieur, on continuera à lutter contre vos politiques racistes et contre les CRA qui tuent, torturent, tabassent.

On demande la libération immédiate de tous les retenus et la fermeture du CRA. »

Le communiqué des retenus :

Y a tous le bâtiment 9, 10 qui fait grève de la faim, et quelques
personnes du bâtiment 11.
On demande notre libération immédiate et la fermeture du centre. On a peur de la contamination du coronavirus. Il y a encore de nouvelles arrivées Ici il n’y a pas d’hygiène, donc c’est plus risqué que dans d’autre endroit.
On a contacté la CIMADE, et on lui demande de faire une DML pour tout le monde (demande de remise liberté).
Y a pas de vol, y a rien ici. Pourquoi on est là encore ?
Y a des gens qui se coupent pour sortir d’ici. La police est encore violente avec nous. Depuis qu’on est en grève de faim les policiers n’ont toujours pas répondu.
On veut que des journalistes nous contacte, et que la préfecture décidé de nous libérer le plus rapidement possible.

Les retenus de Mesnil-Amelot le 30 mars 2020

Article complet sur : https://abaslescra.noblogs.org/solidarite-aux-prisonniers-du-mesnil-amelot-et-de-vincennes-appel-a-harceler-les-prefectures-en-ces-temps-de-confinement/

 

À Lyon aussi, des personnes continuent d’être enfermées dans le centre de rétention de Lyon-Saint Exupéry.

Beaucoup de prisonnièr·es ont été libérées, au cas par cas. Mais des personnes continuent d’y être amenées. Vendredi 27 mars, le Conseil d’État a rejeté la demande de fermeture (provisoire…) des CRA le temps de la crise liée au coronavirus, portée par des associations. Actuellement, il semble que les prisonnièr·es soient des personnes qui sortent de maison d’arrêt, c’est-à-dire qui purgent une peine de prison, puis vont être expulsées faute de papiers. Ici aussi, harcelons la préfecture du Rhône pour qu’elle ferme le CRA !

À partir du vendredi 3 avril, et tous les jours de 11h à 12h, soyons nombreux·ses à envoyer un message à la préf via ce formulaire : http://www.rhone.gouv.fr/Contactez-nous

Proposition de texte :

« Au Centre de rétention de Lyon-Saint Exupéry, les prisonnièr·es voient leurs conditions de détention empirer avec le coronavirus. Quelles que soient les circonstances, l’enfermement des étrangèr·es est une politique répressive raciste et injustifiable. Nous exigeons la libération immédiate de tous·tes les prisonnièr·es, ainsi que la fermeture du centre.À l’intérieur comme à l’extérieur, on continuera à lutter contre vos politiques racistes et contre les CRA qui tuent, torturent, tabassent. »

À bas les CRA, à bas les frontières, soutien à tous·tes les prisonnièr·es !

« Ok, y’a pas de problème. » Témoignage de A., prisonnier du Centre de rétention administrative de Lyon.

« Comment ça s’est passé pour moi, je suis allé en prison, je suis venu jusqu’ici, et ce que je suis en train de vivre… là pour moi, tout est important.

Pour commencer, je suis venu le 15 juin 2019 en France. Donc du coup, le 18 je suis parti à la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, l’ADA1 de Grenoble. Je suis parti là-bas pour me présenter, c’est-à-dire pour prendre un rendez-vous à la préfecture pour ma demande d’asile. Le 18, arrivé là bas, j’ai fait un entretien avec les gens de l’ADA, ils m’ont pris un rendez-vous pour la préfecture de Grenoble. Je devais me présenter là bas le 27 juin. Le 27, je me suis présenté au GUDA2 de Grenoble, l’agent de la préfecture a relevé mes empreintes, après elle m’a dit : « Bon, Monsieur, on va vous placer en procédure qu’on appelle la procédure Dublin ». Comme moi je ne comprenais pas trop cela, je n’arrivais pas à me comprendre avec l’agent de la préfecture, je lui ai dit : « Je vais demander des conseils à mon avocat. » Je lui ai demandé de me donner le document, elle m’a dit non, elle va garder la convocation, et ils vont garder aussi mes photos, et garder aussi mes empreintes. Alors je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème, donc je vais retourner à l’assoc’, je vais parler avec eux comme ça ils vont m’orienter vers une avocate pour demander conseil. » Elle a dit : « Ok, y’a pas de problème », du coup je suis sorti de la préfecture.

Je suis parti à l’association, l’association m’a orienté vers une avocate. Donc je suis allé, je lui ai demandé, je lui ai expliqué quand je suis allé à la préfecture comment ça s’est passé là-bas. Elle m’a fait comprendre que bon y’avait pas de problème, que je pouvais repartir prendre un nouveau rendez-vous à la préfecture. Elle m’a demandé quel était mon projet en France, je lui ai expliqué, que j’étais en France pour continuer à faire mes études, et pouvoir rester ici pour vivre quoi, faire ma vie ici, pouvoir travailler et faire ma vie ici quoi. Donc elle m’a dit : « Ok y’a pas de problème, voilà ce qu’on va faire : vous allez partir Monsieur, vous allez essayer de prendre un autre rendez-vous, comme ça même si on arrive à vous placer sous la loi qu’on appelle Dublin, on va essayer de voir si le juge va vous maintenir ici. On va essayer de faire un recours, pour voir si on va pouvoir vous maintenir ici pour que la France puisse s’occuper de votre demande d’asile. » Je lui ai dit : « Ok y’a pas de problème ». Du coup le 5, je suis retourné à l’ADA, ça c’était le 5 juillet, je suis parti là-bas, donc on m’a dit de revenir le 11. Le 11, je devais retourner là-bas pour reprendre les entretiens et prendre un rendez-vous pour la préfecture encore. Quand je suis parti le 5, on m’a dit de revenir le 11.

Sauf que la nuit du 8 juillet, j’étais avec un collègue à moi, on partait dans une épicerie de nuit, on s’est fait arrêter par une voiture, qui dit que c’était des policiers. Ils nous ont dit : « Messieurs, police » et du coup on s’est arrêtés et on a demandé si y’avait un problème et ils ont dit oui, ils ont dit : « Vers 23 heures, il y a un couple qui s’est fait agresser par des personnes de type africain. » Nous, on leur a dit : « Là il est 2 heures du matin, nous on veut juste aller chercher des bières, on sait pas ce qui s’est passé là-bas, si y a un problème, peut-être vous pouvez appeler les gens qui ont été victimes, voir s’ils peuvent dire si c’est nous ou pas. » Donc ils ont dit : « Messieurs, on va aller au poste de police. C’est comme on vous a dit, il y a un couple qui s’est fait agresser. » « Ben non, vu qu’on vous a dit plusieurs fois que c’était pas nous ! » Ils ont insisté une seconde fois, finalement on est montés dans la voiture et on est partis. Donc ils nous ont ramenés là-bas, on y a passé la nuit.

Le lendemain, moi j’ai été appelé par l’OPJ3 pour mon audition. Quand je suis arrivé là-bas, il m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé. Je lui ai expliqué comment ça s’est passé la nuit, je lui ai dit que moi j’étais avec un copain, à 2 heures du matin je partais dans une épicerie de nuit pour essayer d’acheter des bières, et du coup y’a une voiture de police qui nous a arrêtés, sous prétexte qu’il y a un couple qui s’est fait agresser par deux personnes de type africain dans le parc. Donc après il m’a demandé : « Où vous étiez à 23 heures ? » Je lui ai expliqué, donc, que j’étais avec des amis, je lui ai expliqué la même chose que je vous ai dit. Il a dit : « Ok Monsieur, y’a pas de problème, on comprend que c’est pas vous, mais alors du coup vous êtes en situation irrégulière sur le territoire français. » Je lui ai dit : « Non Monsieur, je ne suis pas en situation irrégulière. Quand je suis arrivé ici le 15, le 18 je me suis présenté directement à la la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, on m’a dit que j’avais 45 jours pour poser ma demande d’asile sur le territoire français. Donc du coup j’ai automatiquement pris un rendez-vous pour le 27. » Je lui ai même montré la convocation et tout ça, je lui ai dit : « Vous voyez les documents, le 27 j’étais là-bas, le 27 juin. Donc là, le 5 juillet je suis parti là-bas pour prendre rendez-vous, et je dois partir le 11 juillet pour aller prendre le rendez-vous pour la préfecture. Donc je suis en train de faire ma démarche administrative. » Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. Depuis combien de temps vous êtes sur le territoire français ? » Je lui ai expliqué ce que j’ai dit, ça fait trois semaines, bientôt un mois, que je suis là. Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. » Il a dit : « Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter votre pays ? » Je lui ai expliqué les raisons qui m’ont fait quitter le pays. Après il a mentionné ça, il m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va continuer à vous garder là-bas, et après on viendra vous chercher, et on va emmener le dossier chez le juge, et le juge va décider qu’est-ce qu’il va faire. »

Donc du coup on m’a retourné dans la préfecture4 et on a continué à me garder là-bas. À 18 heures, on m’a appelé, on m’a dit : « Monsieur, on va vous notifier la fin de votre garde-à-vue. Vous avez une convocation au tribunal pour cette affaire de la nuit là », et il dit : « Mais à côté aussi vous avez une OQTF5 et une Interdiction de retour sur le territoire français pendant 2 ans. Mais si vous voulez contester cette mesure, vous pouvez aller voir un avocat, pour dire que vous n’êtes pas d’accord, et l’avocat va faire un appel. » Je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème », parce que moi je ne comprenais pas trop ce que cela voulait dire. J’ai dit :  « D’accord, y’a pas de problème », j’ai pris le dossier, je suis parti à l’association qui s’occupe de notre demande d’asile, je leur ai montré, j’ai dit : « Vous savez, le 11 je devais venir ici pour prendre mon rendez-vous pour la préfecture. Mais du coup on m’a donné une obligation de quitter le territoire, sans délai de départ volontaire, avec une Interdiction de retour pendant une durée de 2 ans. » J’ai dit : « Mais je comprends pas. » Après, on m’a dit d’aller chez l’avocate pour faire l’appel pour les 48 heures.

 

– C’était à Lyon l’association ?

Non c’était à Grenoble. C’est quand tu descends la rue de Stalingrad. L’association se trouve là bas. C’est l’ADA. Tout le monde connaît l’ADA, c’est la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Tous les demandeurs d’asile majeurs sur Grenoble, ils passent à l’ADA, c’est l’ADA qui fait les entretiens, après ils prennent tout de suite un rendez-vous pour nous à la préfecture. Donc on se rend après à la préfecture. Le lendemain, quand on prend le dossier, le récépissé, on revient encore à l’ADA pour faire une domiciliation, comme ça tous les courriers de la préfecture, on vient les récupérer là-bas. Donc je suis parti, on m’a orienté vers une avocate. L’avocate m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va faire le recours, mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la préfecture vous a donné une interdiction, alors que vous venez d’arriver, vous avez à peine fait 3 semaines, vous n’avez même pas encore fait un mois, alors que vous avez 45 jours pour déposer votre demande d’asile. » Elle a dit : « On comprend pas mais on va essayer de faire une demande d’asile. »

Et vous savez, le lendemain, il y a un article qui est sorti dans le Dauphiné, c’est-à-dire deux heures après, la même nuit, des personnes de type africain ont été arrêtées suite à une agression à l’encontre d’un couple. En fait les personnes ont fait une comparution immédiate et ont été directement condamnées pour des peines de six et huit mois de prison. Donc du coup je lui ai montré, je lui ai dit : « Maître, vous voyez, ce sont les mêmes faits qui m’ont été reprochés hier nuit », je lui ai dit : « Vous voyez, tout de suite après qu’on nous a emmenés en garde-à-vue, ils ont attrapé des personnes pour les mêmes faits. Alors qu’on leur avait expliqué que nous on ne connaissait pas, on ne savait même pas qu’est-ce qu’ils étaient là à expliquer quoi, on leur a dit que nous on partait juste dans une épicerie de nuit pour essayer de prendre des boissons. » Elle a dit : « Oui mais c’est pas possible qu’il y ait une même condamnation pour des personnes différentes. » Je lui ai dit : « Oui, c’est ce que je ne comprend pas. » Elle a dit : « Bon, là il faudra que l’on voie nous-mêmes et le préfet va vous expliquer qu’est-ce qu’il se passe pour ça. » Donc on a fait le recours dans les délais de 48 heures, donc l’audience devait se tenir le 25 septembre. Donc moi je ne pouvais plus faire une demande d’asile, j’avais une OQTF qui était là sans délai de départ volontaire, je ne pouvais plus poser une demande d’asile, donc j’étais bloqué quoi. Il fallait attendre l’audience pour pouvoir faire une nouvelle demande d’asile. Et par ailleurs, je ne pouvais pas être éloigné tant que je n’avais pas encore la décision du tribunal administratif par rapport à ce recours-là. Donc je suis resté comme ça à Grenoble, je suis resté à attendre le jugement pour le 25 septembre.

Au mois de septembre, c’était le 8 septembre, j’étais avec mes collègues, nous étions venus prendre le tram, pour rentrer à la maison pour essayer de se faire à manger, il était 21 heures, et il y a eu des disputes dans le tram. Comme il y a eu des disputes dans le tram, ils ont appelé les policiers. Les policiers sont venus, ils nous ont trouvés dans le tram. J’étais avec mes amis, mes collègues, nous étions trois personnes. Ils ont demandé les papiers, mes collègues c’étaient des demandeurs d’asile, ils ont montré les récépissés, la police les a laissés partir. Ils m’ont demandé si j’avais des papiers, je leur ai donné la convocation du mois de juillet qui m’avait été notifiée. Je leur ai montré les papiers que j’avais, les papiers de l’ADA et tout ça, je leur ai dit que j’attends l’audience, que je suis en train de faire mes démarches administratives. Mais là pour l’instant, j’attends d’abord la décision du tribunal pour faire quoi que ce soit. Ils ont dit : « Monsieur, là, on va essayer de vous ramener au poste », ils ont dit : « Embarquez-le ». Ils m’ont embarqué, ils m’ont envoyé au poste et ils ont libéré mes amis, parce que moi, à défaut de récépissé, à défaut de papiers, on m’a embarqué, ils ont libéré les autres.

On m’a envoyé au poste de police, on m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé dans le tram, j’ai expliqué. Après, ils m’ont dit que les policiers ont ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, c’était un petit couteau. Et ils ont dit que ouais, que comme moi j’étais à l’arrêt de tram avec mes collègues, donc le petit couteau là nous appartenait. Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? J’ai dit : « Moi je ne mange même pas avec un petit couteau, qu’est-ce que je vais faire avec ça ? Un petit couteau comme ça, ça m’appartient pas. » Ils ont dit : « Monsieur, vous savez que le port d’arme blanche est interdit ? » J’ai dit : « Mais ça ne m’appartient pas ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est pas pour moi ! Si  la police a ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, comment vous voulez dire que ça, ça m’appartient ou ça appartient à un ami à moi ou quoi que ce soit ? Il y a plein de monde qui va dans les arrêts de tram ! » Ils peuvent pas ramasser quelque chose là-bas en disant que ça, ça m’appartient ou appartient à quelqu’un d’autre. J’ai dit : « Moi je connais pas ce qu’ils sont en train d’expliquer ». Ils ont dit : « Ben Monsieur, c’est le magistrat qui va déterminer votre situation. » J’ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Du coup, on m’a gardé là-bas, 48 heures de garde-à-vue. Je suis parti pour une comparution immédiate. Je suis venu là-bas [au tribunal], vous savez, pour les faits du 8 juillet, vous vous souvenez ? Pour ma première garde-à-vue. Et pour la deuxième là. Donc j’ai été jugé et condamné pour six mois de prison, alors que y’avait des personnes qui sont encore en prison pour le premier fait, là, pour ma première garde-à-vue. Des personnes qui ont causé ces affaires, des personnes dont les termes ont été reprochés, sont en prison pour les mêmes faits quoi. J’ai été condamné pour six mois. Pour ces faits-là, et pour port illégal d’armes. Le petit couteau qui a été retrouvé par les policiers à l’arrêt de tram, qu’ils ont pris, qu’ils ont ramené à la police en disant qu’ils ont ramassé ça à l’arrêt de tram où moi j’étais là-bas.

Donc je suis parti en prison le 10, à partir du 10 septembre 2019 j’étais incarcéré. Le 25, je devais attendre mon audience. Donc je suis resté en prison, j’attendais toujours le jugement pour le 25. On m’a orienté vers ma conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation. Je leur ai demandé, j’ai dit : « J’attends une audience pour le 25, par rapport à ma situation administrative. » J’ai dit : « Moi je suis demandeur d’asile, comment ça va se passer ? Et est-ce que je peux faire une demande d’asile après l’audience ? » Elle m’a dit : « Non, tant qu’on ne connaît pas encore votre situation par rapport au jugement, Monsieur, malheureusement, on ne peut rien faire. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Donc le 25 septembre, l’audience s’est tenue, la requête a été rejetée. Lorsque la requête a été rejetée, j’ai appelé mon avocate, je lui ai demandé, j’ai dit : « C’est comment le jugement ? » Elle m’a dit : « Malheureusement, le jugement a été rejeté. Mais on va faire un recours, on va interjeter l’appel pour faire un recours au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » Elle a dit : « Tu vas essayer de voir la SPIP6, elle va te faire signer un dossier d’aide juridictionnelle. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. » Donc j’ai signé le dossier d’aide juridictionnelle, elle a fait le recours pour moi. Actuellement, le recours il est toujours là, au niveau du Tribunal, y’a pas encore eu de jugement là-dessus. Donc je suis resté comme ça en prison, je ne pouvais pas faire de demande d’asile. J’ai demandé à la SPIP qui disait que c’était pas possible, il faut attendre pour voir où en est ma situation administrative.

Donc le 17 octobre, j’ai été transféré de la Maison d’arrêt de Varces pour le Centre pénitentiaire de Villefranche. Je suis resté au Centre pénitentiaire de Villefranche du mois d’octobre jusqu’au 25 janvier 2020. Mais le 9 janvier 2020, j’ai reçu un parloir avocats, un agent de la préfecture qui est venu me voir. Elle m’a trouvé et elle m’a dit : « Monsieur, en fait je travaille pour la préfecture du Rhône. C’est eux qui m’ont envoyé, ils voulaient vous entendre pour vous écouter, quoi, parce que le Préfet, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée le 9 juillet par le Préfet de l’Isère, il veut vous éloigner, il veut vous mettre en centre de rétention pour pouvoir vous éloigner. » Elle dit : « Qu’est-ce que vous en dites ? » Donc je lui ai expliqué, je lui ai dit : « Madame, moi je suis venu ici pour faire une demande d’asile. » J’ai dit : « Dès que je suis venu, on m’a donné une OQTF, et j’ai fait le recours pour pouvoir toujours continuer à faire ma demande d’asile. » J’ai dit : « Actuellement, le recours il est au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » J’ai dit : « Moi je vous ai dit que je ne peux pas rentrer au pays, car ma vie elle est menacée, elle est en danger là-bas. Je peux pas retourner dans ce pays là. » J’ai dit : « Mais si toutefois, après ces recours-là, si Monsieur le Préfet ne souhaite pas que je pose une demande d’asile ici, je peux retourner en Espagne, ou lui-même il peut me mettre dans un vol ou je ne sais quoi, pour que je retourne en Espagne, il y a pas de problème. Pour que je puisse continuer ma demande d’asile là-bas, parce que je suis venu par là-bas. Mais pouvoir dire que je vais aller au pays, je peux pas rentrer dans mon pays. Je peux pas retourner, je peux pas me mettre dans un vol, aller en direction d’un pays où je vais perdre tout de suite ma vie à l’arrivée à l’aéroport. Je peux pas faire ça. » Donc il a écrit ça, j’ai signé. Il m’a demandé si j’étais malade et tout ça. On m’a fait le point sur mon état de santé, elle a mentionné ça aussi. Elle est repartie.

Le 25 à ma levée d’écrous, l’agent de la préfecture est venu me voir, il a dit : « Monsieur, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée, Monsieur le Préfet a décidé de vous mettre en rétention. Il dit : « Vous avez 48 heures pour faire appel à cette décision. » J’ai dit : « Mais je ne sais pas dans quelle langue je vais décider de parler. Le 9 j’ai reçu au parloir avocats un agent de la préfecture. Je vous ai dit que je suis en situation de demande d’asile. Je ne peux pas retourner dans mon pays. Si Monsieur le Préfet veut me mettre en rétention y a pas de problème, je vais retourner en Espagne. Je ne suis pas contre sa décision. C’est normal, c’est lui qui sait. Mais si toutefois il veut pas que je sois dans une situation de demande d’asile moi je vais partir, c’est pas un problème. Mais ce que je dis c’est que je ne peux pas partir en Guinée. Je ne peux pas retourner dans ce pays-là où ma vie est menacée, où ma vie est en danger, où je peux perdre ma vie tout de suite là, dès mon arrivée à l’aéroport. C’est pas possible quoi. » Il a dit : « Mais Monsieur vous pouvez contester cette décision-là, arrivé au centre de rétention. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Comme je le connais pas, j’étais là y avait les gendarmes et tout ça, je suis monté, on m’a menotté, je suis venu en centre de rétention.

Arrivé au centre, tout de suite je suis parti voir Forum7 pour essayer de contester cette décision. Donc Forum a fait une requête pour moi. Deux jours après je suis parti au Juge des Libertés et de la Détention. Le Juge des Libertés m’a dit : « Monsieur, malheureusement les avocats sont en grève. Vous ne pouvez pas avoir d’avocat, et si vous ne souhaitez pas être jugé aujourd’hui, on peut renvoyer à demain, mais ça n’aura changé à rien, demain de toute façon vous serez jugé de la même façon. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Je lui ai dit : « Je souhaite le renvoi du jugement jusqu’à demain, comme ça, comme il n’y a pas d’avocat, que je puisse voir mes dossiers bien, pour regarder mes dossiers. » Donc on m’a rendu mes dossiers et je suis venu ici, regarder mes dossiers. Je suis parti à Forum, j’ai regardé avec eux. J’ai lu et regardé le dossier. J’ai dit : « Il y a plein d’erreurs dans mes dossiers, on me juge, mais c’est-à-dire c’est comme si c’est pas la personne là qui est en face qu’on est en train de juger. Vous imaginez ? Regardez tout ce qui est écrit. “Monsieur tel, il a fait un an sur le territoire français, il ne peut pas justifier ses moyens de subsistance. Donc suite à ça on lui met une OQTF. Le comportement de Monsieur est une menace à l’ordre public.” » J’ai dit : « Mais attendez, c’est quoi ça. » J’ai dit : « Mais attendez c’est pas ma personne qu’ils sont en train de juger dans ce document-là. » Je parle comme ça avec les gens de Forum. Je dis : « Ils sont totalement à côté de la plaque ! C’est pas ma personne ! » Ils m’envoient en prison pour défaut de papiers. C’est-à-dire je fais la prison de personnes déjà qui sont encore en prison. On me renvoie en centre, on met plein d’erreurs dans mes dossiers, pour me juger avec ça. Mais je dis : « C’est pas possible. »

Donc j’ai appelé les associations qui sont dehors, les associations qui s’occupent de nos demandes d’asile et tout ça quand on vient sur Grenoble. J’ai appelé l’ADA. La maison des associations ça s’appelle ADA. L’Accueil des demandeurs d’asile. Ça se trouve à la caserne de Bonne. Donc j’ai appelé, il y a une femme là-bas qui s’appelle Sophie8, je l’ai appelée, j’ai discuté avec elle. Elle m’a dit : « Mais la préfecture te connaît bien. C’est la mauvaise foi de la préfecture pour pouvoir te garder là-bas et continuer vraiment à te faire chier. » J’ai dit : « Oui, mais moi je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder, à vouloir me bloquer par rapport à ma demande d’asile et autres choses. » Après elle m’a ramené tous les documents que j’avais quand j’avais fait des démarches là-bas. J’ai appelé aussi l’ADA, qu’ils me prennent des rendez-vous, ils m’ont ramené les convocations et tout ça à la préfecture. C’est-à-dire pour aller faire ma carte vitale, pour ma domiciliation et tout ça. On m’a envoyé tout ça.

Donc le lendemain je suis parti [au tribunal], on m’a prolongé de 28 jours. J’ai essayé de parler mais le juge m’a pas écouté. J’ai fait un appel pour aller à la Cour d’appel. À la Cour d’appel, la décision a été maintenue. Ils ont dit qu’il n’y a pas d’irrégularité dans la décision qui a été rendue par le Juge des Libertés et de la Détention. Donc quand je suis revenu, je leur ai dit : « Ok, est-ce que je peux continuer alors à faire ma demande d’asile ? Parce que j’étais en train de faire ma demande d’asile dehors. » Ils m’ont dit : « Oui y a pas de problème c’est votre droit de faire la demande d’asile. » Du coup j’ai fait la demande d’asile. Le cinquième ou sixième jour, j’ai été convoqué par l’OFPRA9.

L’OFPRA c’est dans une petite chambre ici. C’est en vidéoconférence. C’est direct, c’est une caméra, je suis là, y a un officier de l’OFPRA qui me pose des questions. Je lui explique ma situation et tout ça. Donc on a fait une vidéoconférence. Donc après, ils m’ont dit d’attendre trois ou quatre jours. En principe on m’avait dit c’est 96 heures la réponse. Donc j’ai attendu. Après la requête a été rejetée. Donc j’ai fait un recours au niveau de la CNDA10 parce qu’on m’avait dit que j’avais un mois pour pouvoir faire un recours par rapport à cette décision de l’OFPRA. Du coup j’ai fait un recours au niveau de la CNDA. Mais quand j’ai fait la demande d’asile, Monsieur le Préfet m’a notifié que malgré que j’aie fait une demande d’asile, qu’il va continuer toujours à me maintenir en rétention. L’examen de ma demande d’asile et tout ça, à faire ici. Que j’ai fait la demande d’asile juste pour faire un obstacle à la demande d’éloignement. Donc j’ai contesté cette décision. Parce que c’est une situation qui n’était pas tout à fait… C’est pas fondé, c’est pas motivé, c’était pas vrai ! Donc je leur ai amené tout le dossier, j’ai mis tout le dossier, j’ai contesté cette décision, nous sommes allés au Tribunal Administratif. Le juge il a vu tout. Il a vu toutes les preuves. Toutes les preuves qui étaient là, que vraiment le Préfet lui-même en personne était dans des erreurs. Il est dans les erreurs. Sincèrement quoi ! C’est pas parce que c’était Monsieur le Préfet… oui il a le pouvoir. Mais c’est un être humain comme tout le monde ! Il fait des erreurs, il était dans des erreurs. Et ma requête a été rejetée. Donc je leur ai dit : « Mais je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder en rétention. » Du coup le recours que j’ai fait au niveau de la CNDA, j’ai reçu ma lettre d’enregistrement de la CNDA. Donc là j’attends une nouvelle date d’audience.

Quand j’ai récupéré la lettre d’enregistrement je suis allé directement voir l’association Forum. Je leur ai expliqué, il y a un travailleur là-bas qui m’a dit, même avec cette lettre d’enregistrement ça n’empêche pas la préfecture de m’éloigner. Je leur dis : « Mais si toutefois la préfecture m’éloigne, le jour de l’audience, qui est-ce qui va me représenter ? » Il m’a dit c’est un avocat. C’est mon avocat qui s’est occupé du recours. J’ai dit : « Et si l’avocat qui me représente est là-bas, et si ce jour-là ils arrivent à me donner le statut de réfugié, ils m’accordent la protection, alors que moi je ne suis pas là, que je suis… éloigné dans un pays qui est en guerre. Où ma vie elle est en danger. Où… j’ai tout expliqué. Comment moi je vais faire à ce moment-là ? » Il a dit : « Vous reprenez un visa, vous revenez. » J’ai dit : « Arrêtez de prendre les gens pour des fous ! » J’ai dit : « Vous, travailleur de Forum, qui êtes là à m’expliquer des choses comme ça ? Mais tu imagines ce que tu m’expliques ? Hein ? Aller dans un pays qui est à la limite de la guerre civile là, où il y a la guerre ethnique, où ma vie elle est menacée, elle est en danger, je vais là-bas et je dois être représenté par un avocat, et si je suis reconnu réfugié comme ça, moi je vais prendre un visa pour revenir ? Mais attendez ? Vous prenez les gens pour des personnes qui ne connaissent rien ? C’est pas possible. » Du coup je suis sorti là-bas, je suis revenu. Du coup je suis dans cette situation jusqu’à présent. J’attends encore, je ne sais pas… ce que la préfecture va dire par rapport au recours que je dois faire. Parce que je suis en attente d’une date d’audience. Pour voir comment ça va se passer quoi.

Voilà pour l’instant je suis au centre de rétention. Maintenant je vois qu’ici bon, les droits des personnes sont violés. Pour moi ici le droit, on dit que juste les gens ils ont des droits mais c’est pas possible, c’est pas vrai. C’est qu’ici, quand la préfecture elle a décidé vraiment quelque chose, même si tu es dans la vérité, même si tu es dans la raison, en fait t’as pas raison. C’est Monsieur le Préfet, c’est lui qui a le pouvoir. Il a la force. C’est lui qui décide en fait. C’est que pour toi, t’as pas la parole quoi. C’est-à-dire il faut que tu acceptes ce qui est là. C’est ce que je vois.

 

– Tu veux nous parler de comment c’est dans le centre, la vie là-bas, les conditions ?

En fait le centre c’est n’importe quoi. C’est-à-dire que ici, c’est pire que la prison. Ils ont juste dit un centre de rétention, mais c’est comme une déchetterie ici. C’est… En fait les gens sont retenus dans des conditions vraiment bizarres. Quelle que soit la façon dont tu expliques ça à quelqu’un, tant que la personne n’a pas l’accès pour venir voir… Si vous comprenez bien, il faut essayer de tout faire pour que vous-mêmes, les associations qui sont là, qui veulent vraiment voir ce qui se passe dans le centre, puissent avoir l’accès pour pouvoir venir à l’intérieur. Pour voir ce qui se passe. C’est tellement bizarre, c’est tellement inhumain les conditions de rétention. C’est… comme on peut même pas expliquer à une personne. C’est-à-dire c’est des tortures psychologiques… C’est pire que la prison ce qui est là. C’est pire que la prison. Disons que c’est du racisme quoi. Je le dis en un mot. C’est quelque chose comme ça. On n’a pas droit à la parole. Il faut s’écraser. Il faut se taire. Tes droits sont bafoués, tes droits sont violés. T’as droit à rien donc tu restes là. Et les policiers quant à eux, ils n’ont qu’un seul mot d’ordre : l’expulsion. Donc t’as droit à rien, t’es qu’un sans-papiers, t’es pire qu’un criminel. T’es vu comme… comme le mal. En fait tout ce qu’on voit en toi c’est le mal. On ne voit pas en toi un être humain qui peut parler. T’as droit à rien. Tu prendras rien. Tu es là vraiment comme étant le pire mal que les gens n’ont jamais connu. On se demande des fois même, tu te demandes : « Je vis dans quel pays ? Je suis dans quel pays ? » C’est comme ça. Est-ce que c’est vraiment la France quand on dit voilà, c’est un pays de libertés, de droits, où la démocratie elle est réelle. Tu te dis, tu te poses même la question. Tu te dis : « Mais c’est vraiment… c’est totalement… c’est paradoxe quoi ! » Ce que tu entends, ce qu’on te dit… Mais c’est pas la France comme ça. Ça c’est pas la France. Ça c’est… c’est complètement, c’est autre chose. C’est comme si on vivait dans un autre pays quoi, ou dans une autre planète. C’est totalement opposé par rapport à ce qu’on dit, comme si on vivait pas en Europe quoi, ou en France. En fin de compte.

 

– Et l’association, elle essaie des trucs pour aider les prisonnièr·es ?

L’association Forum c’est la pire merde qu’ils ont mis ici pour les détenus. Moi quand on me pose la question c’est ce que je vais dire. Ces gens-là, pour moi eux, ce n’est pas une association qui est là, c’est-à-dire pour essayer d’aider les gens dans leurs différentes démarches. Pour moi Forum ici, même les policiers ils vous le disent. Même quand vous discutez avec des policiers eux mêmes ils vous disent, « Forum ne fait rien. » Forum, ils sont là juste, ils ont des mots d’ordre. Ils ont des consignes. C’est-à-dire ils doivent respecter ces consignes-là, ou alors ils vont perdre leur boulot. Ils font rien. Ce sont des gens qui travaillent en quelque sorte pour la préfecture. C’est-à-dire ils font absolument rien. Ils sont là juste pour la forme. Pour ne pas qu’on dise que les gens sont retenus dans des conditions où ils ne peuvent même pas parler. C’est juste une mise en scène, c’est juste de la comédie, c’est rien, c’est pour la forme. On voit, c’est pas une association qui est là. Parce que moi j’ai connu les associations dont je vous parle par exemple, comme l’ADA, l’association des demandeurs d’asile, comme la Cimade, et les autres associations, ça n’a rien à voir avec Forum ! Pour moi Forum c’est pas une association. C’est juste des gens qui sont là pour la forme. C’est des gens qui travaillent pour la préfecture. Ils jouent avec les gens, ils te forcent à faire des requêtes pour te plonger encore plus dans des problèmes. C’est-à-dire ils t’écrivent des requêtes, c’est-à-dire toi tu viens tu te présentes devant le juge. Après le juge t’explique, tu viens tu dis : « Mais attends je n’ai jamais parlé de ça avec Forum. » Tu viens tu demandes : « Monsieur, comment est-ce que vous avez pu écrire des choses comme ça, moi à aucun moment donné je n’ai expliqué ça. » Il dit : « Mais c’est tout ce qu’on peut faire pour vous, y a pas autre chose monsieur. » À un moment donné vous voyez même c’est lui qui vous dit : « Monsieur rentrez dans votre pays. » Mais attendez qu’est-ce que vous dites. Pourquoi vous venez me dire : « Monsieur pourquoi vous ne voulez pas rentrer dans votre pays. » Mais attendez vous êtes qui ? C’est une association ou c’est la préfecture en personne qui est là ? Il dit : « Ah Monsieur nous on peut rien hein, on vous dit ce qu’on peut faire… » Mais si vous ne voulez rien faire, mais il faut partir ! Alors nous on peut pas, vous commencez à discuter, automatiquement c’est la police pour vous dégager. C’est la merde. En fait c’est la merde quoi. Pour moi ici on vit pas en France, ça c’est pas la France. C’est pas vraiment l’image de la France, c’est pas vraiment l’image de la France qui se trouve ici. Ici c’est… C’est bizarre quoi. Pour moi ici c’est autre chose quoi. »

 

* * * * * * * * * * * * * * * *

Quelques jours avant ce témoignage, A. avait été conduit à l’aéroport par les policiers du centre de rétention. Entre 4 heures et 8 heures du matin, il avait attendu seul dans une cellule. Il n’avait ni billet, ni bagages enregistrés. Vers 8 heures, les policiers étaient venus le chercher en lui disant qu’il avait « raté son vol », et que, maintenant qu’il avait refusé une première fois l’expulsion, il serait conduit à son prochain vol sous escorte policière, c’est-à-dire entravé, menotté. Un second refus, quand il est possible, est passible de prison ferme. Une dizaine de jours plus tard, il a été déporté, alors même que ses démarches en justice pour contester son Interdiction de retour sur le territoire français de 2 ans, délivrée illégalement, sont toujours en cours, et qu’il est toujours en procédure de demande d’asile, en attente d’une audience à laquelle il ne pourra pas se rendre.

 

Article paru sur Rebellyon : https://rebellyon.info/Ok-y-a-pas-de-probleme-Temoignage-de-A-22083

 

1. Association Accueil Demandeurs d’Asile.

2. Guichet unique pour demandeurs d’asile, à la Préfecture.

3. Officier de police judiciaire.

4. Il parle peut-être plutôt du commissariat.

5. Obligation de quitter le territoire français.

6. Service pénitentiaire d’insertion et de probation.

7. Forum Réfugiés.

8. Les prénoms ont été modifiés.

9. Office français de protection des réfugiés et apatrides.

10. Cours nationale du droit d’asile.

Témoignage de Nizar sur la lutte collective au sein du CRA de Lyon Saint-Exupéry face aux vols, menaces et insultes de la PAF

Voici un extrait de l’émission de radio L’Envolée du 5 juillet 2019 avec le témoignage de Nizar, prisonnier au CRA de Lyon Saint-Exupéry, déporté le lendemain même de l’émission.
Il y parle de la lutte collective des prisonnier-e-s du CRA, de la grève de la faim et de leur solidarité ; face aux techniques d’intimidation, aux tabassages et vols de la PAF, et à l’abandon de soins du médecin …
Besoin de relayer ces expérience de luttes le plus possible.
A bas les CRA ! Feu aux frontières ! Soutien aux prisonnier-e-es !
Envolée : Du coup toi t’appels du centre de rétention de Lyon ?
Oui, exactement, alors je me présente je m’appelle Nizar. Je suis en centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry depuis deux semaines. Et en fait ici pour vous dire très simplement c’est la jungle.
C’est la jungle où les policiers de la PAF sont les fauves et où on est l’appât, où on est euh voilà… On est des animaux en fait !
On a pas de droits ici. Ils sont en train de faire n’importe quoi avec nous. Ils refusent des soins pour des gens, ils enlèvent du matériel médical pour certains. Ils refusent de simple choses.
Et aujourd’hui il y a eu un incident qui est très très grave. En fait parmi nous ya une personne qui est malade d’accord ?
Elle s’appelle euh, elle m’a autorisée à donner son nom, elle s’appelle Mouhamed Ali né le 1.06.1987. C’est une personne qui est venue ici juste après avoir fait une chute de 6 mètres sur un rocher, ou il a eu plusieurs fractures et c’est une personne qui est épileptique donc elle est là avec ses béquilles, détruite et qui fait beaucoup de crises d’épilepsie et en fait on le laisse pas accéder au soin.
Aujourd’hui ce qui s’est passé c’est que il voudrait accéder à son bagage qui est dans la consigne en fait, et c’est tout à fait son droit puisqu’il le fesait à 17h alors qu’on a plus le droit à partir de 18h30. Donc ce monsieur demande à accéder à son bagage et on lui refuse ça !
On lui refuse ça parce que, je ne sais pas pourquoi, parce qu’ils prennent des décisions arbitraires.
– Envolée : Attends excuse-moi. C’est juste pour expliquer ce bagage en fait. En fait, juste pour euh dire quand vous vous êtes en cellule vous avez pas le droit de ramener toutes les affaires c’est ça ?
Exactement. On a pas le droit. Ouais on a comme une bagagerie à l’intérieur du poste de police
– Envolée : Une salle de coffre quoi.
Voilà. Donc on leur donne notre carte. On va là-bas sous la surveillance prendre ce qui est à nous et revenir.
Donc monsieur on lui a refusé d’accéder à son bagage et l’autre, le policier qui lui a refusé ça, ben il lui a mis un coup dans l’épaule, un bon coup dans l’épaule. Sachant qu’il est épileptique et qu’il a ses béquilles sur lui au moment des faits et il lui dit « écoute moi jsuis un boxeur ».
Et là qu’est-ce qu’il se passe ? Et bien il fait une crise d’épilepsie et c’était vraiment très très grave et c’est la troisième de la journée qu’il fait.
Et comment vous dire en fait ils s’en foutent, ils s’en foutent de tout ça, passez moi le terme mais pour eux on existe pas, on est pas là et depuis quelques jours en fait parce qu’on a fait une grève de faim.
On a envoyé la lettre, ce qu’on a fait, tout le monde a signé, a mis son nom et prénom pour indiquer que allo ?
– Envolée : Ouais excuse moi, la lettre dont tu parles c’est la lettre qu’on a lu juste avant ton coup de file ?
Exactement
– Envolée : Et est-ce que tu crois que avant de partir la dessus, est-ce que tu peux expliquer de comment vous avez décidez ensemble de vous mettre en grève de la faim parce qu’en gros là ya nous ya des copains dans d’autres centres de rétention en Île-de-France qui écoutent et c’est important aussi tu vois que les infos elles s’échangent un peu.
Alors en fait ce qu’il s’est passé c’est qu’un monsieur est partit pour voir, enfin pour récupérer quelque chose dans son bagage. Quand il a ouvert son bagage il a trouvé que les meilleures choses, les meilleurs objets qu’il possédait ont disparus !
Et ces bagages là, personne n’a accès à ces bagages sauf les policiers et la personne concernée puisque chaque personne doit présenter sa carte et on prend son bagage ou il y a son nom et prénom devant la surveillance d’un policier et on nous donne ça et on remet ça devant nous.
Si quelque chose manque c’est les policiers qui les ont prisent, je sais que c’est très très grave ce que je viens de dire, et je pèse mes mots et j’en porte la responsabilité. Donc les policiers en fait ils sont en train de nous délester dans la bagagerie des meilleurs objets qu’ont possède, à savoir des montres, de beaux parfum, de belles pièces de… Enfin soit des gourmettes en or, des gourmettes en argent…
– Envolée : Ouais ils volent quoi !
Ils volent exactement ! LES POLICIERS DE LA PAF DE SAINT-EXUPERY VOLENT DANS NOS BAGAGES voilà.
– Envolée : Là on parlait juste avant dans l’émission en fait de la, d’une des prisons les plus sécuritaire de france qui s’appelle Condé-Sur-Sarthe et ou en fait comme dans toutes les prisons les matons il vont aussi pas mal de…
Voilà il se sucrent sur euh exactement ! Voilà ! Ça a commencé comme ça. Le monsieur comme forcément il va pas être content, il a réclamé qu’il revisionne avec eux les caméras, ils ont refusé et donc ça a commencé à se chauffer parce que la même journée ya eu une personne a qui on a volé quatre cartouches de cigarettes, une autre personne un parfum Armani qui coûte 200€ et quelque. Euh… D’autres personnes ont perdues des montres, beaucoup de choses en fait le même jour ! Donc c’était un petit peu la goutte d’eau qui fait débordé le vase.
Toute fois on a pas fait de bordel ! Pardon excusez moi le terme
– Envolée : T’as droit de dire « bordel » t’inquiète !
C’était pas une contestation très très vive.
– Envolée : Ouais vous avez juste demandé vos droits, de voir la vidéo euh de savoir ce qui se passe quoi parce que ça devient chelou quand même.
Et bien quand ils ont vu que tout le monde avait les mêmes revendications parce que presque tout le monde avait perdu des affaires ce qu’ils ont fait c’est que maladroitement ils ont essayé de rattraper le truc. Et ils ont dit « ah bah écoutez ce qu’il s’est passé c’est qu’on a retouvé vos affaires dans un autre bagage ».
– Envolée : Mais non ! Et toutes les affaires de plein de gens différents ?
Enfin non juste les bagage du monsieur de ce jour là. Et ce qui est impossible parce à chaque, comment dire, casier il y a un numéro et ça commerspond au numero du retenu et donc c’est IMPOSSIBLE qu’on lui ai donné deux casiers. Et d’ailleurs lui-même la dernière fois qu’il avait pris son bagage avait toutes ses affaires dans le même bagage. Et les poliiers n’ont pas le droit de remettre ça dans un autre bagage, de remettre ça dans un autre casier. Donc soit ils ont pris son bagage, il l’ont mis dans un autre casier, une partie de son bagage et ils l’ont mis dans un autre casier. Ce qui est interdit !
Soit ils les ont volés ! Et c’est ce qui est le plus probable et d’ailleurs ce qui s’est passé. Ils ont volé ça et à un moment donné ils se sont dit « oh c’est partit trop loin, là ils sont pas bête quand même et donc on va remettre ça ». Et maladroitement ils ont fait ça et nous on avait compris, en fait c’est juste la goutte d’eau qui fait débordé le vase ! On a décidé de faire une grève de faim pour que les policiers soient plus, comment dire, attentifs à ce qu’on veut, à nos droits quoi ! Et donc on a demandé à voir un responsable, ça n’a pas été fait donc on a fait une grève de faim pendant…
– Envolée : Ah ouais, on vous refusé euh… Là vous avez toujours pas vu votre responsable ?
Non, toujours pas vu de responsables.
– Envolée : Le responsable tu veux dire c’est le, le chef, le chef du CRA ?
Le chef du CRA exactement ou au moins un sous-chef du CRA enfin pas un…
– Envolée : Ouais pas les flics lambda qui…
Exactement pas un policier qui exécute seulement les ordres qu’on lui donne donc euh…
– Envolée : Parce que c’est dans vos droits en plus !
Exactement, donc voilà, il ont pas donné euh, ils n’ontt pas accédé à ce droit. Euh donc la grève a durée 4 jours quasiment , le quatrième jour on a quand même mangé, c’était aujourd’hui euh…
Et aujourd’hui ce qu’il s’est passé c’est que .suite à la crise d’épilepsie de … Qu’a fait monsieur Mouhamed Ali et ben on a demandé à ce qu’il soit pris en charge.
D’ailleurs c’est pas sa place en centre de rétention. Une personne comme ça sa place, c’est une prise en charge soit dans un hopital soit…
– Envolée : D’ailleurs c’est la place pour personne mais particulièrement pour lui on est d’accord.
Exactement mais voilà.
– Envolée : Mais toi et tous les autres potos ils ont rien à faire en centre de rétention. Vous devez rester vivre à ou vous avez envie de vivre et c’est tout.
Exactement mais voilà je dirai à plus forte raison pour une personne voilà. Et bien écoutez donc on m’a… Les policiers sont venus en bon nombre, ils ont créés des bagarres entre nous parce que en fait ils sont très au fait et très euh.. il connaissent très très bien les affinités qui peuvent exister entre certaines ethnies, et ils jouent sur ça vous voyez.
Donc ils créént un peu de bagarres, et à ce moment là, moi personnellement j’étais en train de parler au téléphone pendant 1h30 donc j’ai même pas vu la crise devant ma vue, j’ai même pas vu la bagarre.
En sortant ya le policier qui vient et qui me choppe qui me dit « toi tu viens avec moi ». Voilà pour je ne sais pas quoi, faire de moi une leçon ou… Il voulait m’emmener dans le poste certainement pour me tabasser. c’est une chose qui a été déjà faite et il y a d’autres personnes qui ont déjà été tabasser par les policiers qui peuvent témoigner.
Et donc dans ce même jour ya mr Mehdi Galkaoui qui était en train de donner les premiers secours à monsieur Mouhamed Ali qui a fait la crise.
Et à ce moment là ya les policiers qui sont venus et ils lui ont dit de dégager, en fait il pouvait pas dégager parce que le monsieur qui a fait une crise a avalé sa langue vous voyez ce que je veux dire ?
Il était en train d’être asphyxié, et il pouvait pas, c’était un truc d’urgence !
Ce qui s’est passé c’est que le monsieur qui était en train de la sauver, un retenu, et bien on l’a, on lui a fait une euh … Je sais pas comment on dit ça, une clef de bras.
– Envolée : Une clef de bras oui
Exactement, une clef de bras. C’est vraiment, il a serré il a asphyxié, étouffé et ils l’ont tiré euh sur la terre pour l’emmener voilà enfin ils ont tirés comme un animal euh… ils l’ont emmené chez eux. Je sais pas ce qu’ils en ont fait, ils l’ont maltraités sûrement.
– Envolée : Parceque là t’as pas de nouvelles du poto qui a aidé le…
Si si si il est sortit plus tard mais voilà il est dans un état psychologique pas très très bien, il veut pas parler aux autres.
Et en fait moi ils m’ont dit, enfin je sais que c’est quelque chose de grave ce que je dis quand même si il y a des gens qui entendent mais voilà on m’a dit clairement, très très clairement « tu vas le payer cher ». Parce qu’ils pensent que je suis le meneur ou je sais pas quoi de ce mouvement alors que en fait c’est juste que je suis.. Enfin je suis la personne qui parle mieux français. Donc je suis quelqe part leur porte parole des choses qu’ils disent en arabe ou en d’autres langues moi je suis l’interprète et en même temps je suis avec eux dans le mouvement.
Et donc ils me prennent pour le meneur, ou c’est le rôle qu’ils vont me donner ils me l’ont dit texto « on va t’accuser d’incitation à l’émeute » et je vais vous dire mon nom et prénom comme ça se suis quelque part un peu protégé, je m’appelle Nizar Hamriti, je suis né le 25.10.1994 à Casablanca.
Donc ils m’ont « dit toi tu vas le payer cher. Tu es le meneur tu vas le payer cher ».
– Envolée : ouais parce qu’en fait tout ce que tu racontes c’est des trucs quon a entendu là récemment dans les, enfin au CRA de Mesnil-Amelot, ou a CRA de rennes ou en fait les flic parviennent à dresser les gens les uns contre les autres, à organiser des bagarres et après en profiter pour foutre des gens à l’isolement, les tapper, les transférer, désigner des meneurs et compagnie. En fait c’est le fonctionnement normal des CRA que tu décris quoi.
Exactement, en fait ce qu’ils font aussi les policiers c’est que en fait à un moment donné de la journée entre 10h et 14h faut qu’on évacue les cellules et le couloir ou on habite. Qund on les évacue, et bien généralement l’après-midi il y a des bagarres qui se créent, pourquoi ?
Parce que comme je vous ai dit en faite comme ils osnt très au fait des affinités entre éthnies et bien ils prennent des affaires d’une chambre et ils le mettent dans une autre chambre bien dissimulée avec laquelle peut-etre il y a quelque…
– Envolée : Comme ils ont fait avec les affaires au coffre du coup ?
Voilà exactement, enfin sauf que pour le coffre c’était pour eux, ils se le mettaient dans les poches mais quand ils sont dans les couloirs pendant l’évacuation ils planquent ça pour que les autres découvrent ce qui a été volé dans la chambre d’autres ethnies enfin ça peut etre des blacks, des arabes, des tunisien, des marocains, des algériens, des albanais, pour que la bagarre se créé. Vous voyez ce que je veux dire ?
Donc maintenant nous on est au courant de ce qui se passe, de leur manipulation et tout et voilà..
On ne se fait plus avoir et ils nous ont dit clairement « yavait toujours des tensions ici mais c’est la première fois que ça arrive comme ça vous allez voir, on va vous punir ».
– Envolée : Ouais ils sont pas content de ne pas réussir à vous diviser quoi !
Exactement. On connaît bien le dicton « pour régner il faut diviser », ce qu’ils faisaient depuis longtemps euh maintenant ils ont plus ce pouvoir quelque part donc euh… Ca les emmerde au plus haut point et ils commencent à devenir très très agressifs envers nous, très très malpolis.
Moi je fumais une cigarette tout à l’heure en venant au réfectoire, il me dit le policier il me dit « tu approches avec ta cigarette moi je t’écrase ». Alors que dans cet endroit on a le droit de fumer. c’est pas dans le réfectoire c’est dans une allée pour aller au réfectoire qui est à l’air libre et nous on fume.
Il me dit « toi tu t’approche avec ta cigarette, je te l’écrase ».
Ya autre chose qui a été fait et j’ai remarqué c’est que au fait ils ont tous un numéro de matricule, les policiers de la PAF, comme tout autre policier.
Là euh, cette après-midi ils ont enlevés tous les matricules de manière ce qu’on enregistre pas le matricule de chacun pour pas pouvoir se plaindre de telle ou telle personne en particulier quoi.
– Envolée : C’est ce que font les flics quand ils se mettent à tapper les gens.
Ya beaucoup d’autres choses parce que voilà j’ai beaucoup d’idée hein, moi ça fait que deux semaines que je suis ici, mais j’ai été témoin de tellement de choses dégueulasses, inhumaines que voilà j’arrive même pas à canaliser tout ça et vous le dire. Ya des idées qui me viennent au fur et à mesure euh par exemple des provocations psychologiques de la police et de la PAF ils n’hésitent pas à te dire « nique ta mère, trace ta route », pardon pour le mot. Euh ils n’hésitent ps à te dire devant les autres policiers, et moi ça m’est arrivé aujourd’hui, « toi tu verras on va te mettre un raclée », « tu aura ton compte », « tu le payera cher », mais il n’hésitent pas en fait à le faire !
Parce que je pense que du moment qu’on est sans papiers dans ce centre de rétention on a pas le droit ! C’est comme si le droit français ne s’exerçait plus sur nous ! c’est comme si on était pas des sujets à ce.. Enfin voilà à ce droit là ! Comme si ça ne nous concernait plus et c’est la jungle.
C’est comme ça que j’ai commencé ma discussion, c’est vraiment la jungle ! Les policiers contre nous euh voilà
– Envolée : Oui et puis ils vous traitent comme des animaux quoi…
C’est vraiment des animaux et là je parle même pas du lieu en lui même ! En fait là ce qu’ils sont en train de faire sur un coté des cellules, à un mètre des cellules ils sont en train de bâtir enfin, ils sont pas en train de bâtir, ils l’ont déjà bâtit, un mur de fer euh massif…
Vous voyez le mur en béton ben sauf que c’est vraiment en fer.
– Envolée : Genre ya plus de lumière ya plus de soleil ya plus rien ?
Au fait ce qu’il y a c’est qu’il y a plus de lumière naturelle qui rentre. Ya un effet lentille euh convergente qui est fait.
– Envolée : Oh vous devez avoir trop chaud…
Exactement, ça tappe sur le, sur le mur de fer et ça le réfléchit sur une seul zone dans le, dans la chambre, ça fait un effet micro-onde.
Et après la nuit ce qu’il se passe, c’est comme le fer il est chaud avec l’échange thermique, la nuit il fait un peu plus froid, et bien ça chauffe ! Ça chauffe, ça chauffe énormément !
Et ça, ça dur toute la journée, alors à part les cellules et le couloir ou on subit ça, ya la cour. Sauf que la cour, ya aucune cour ombragée ! Ya pas d’ombre dans les cours ! Ça veut dire que grosso-modo dans le centre de rétention de Lyon c’est soit une cour qui n’est pas ombragée dans le contexte de la canicule ou tu es dans un habitat qui fait office de four quoi !
– Envolée : Mais toi t’es arrivé dans le contexte de la canicule pile en plus.
Exactement, et pas que pour moi. Ya des gens qui sont vraiment malades ! A qui on refuse le soin ! On leur refuse le soin ! On est tous en train de se gratter euh, de se gratter la peau monsieur. Vous voyez c’est euh, c’est grave !
Le monsieur qui est cassé, qu’on a cassé la main, un monsieur a été cassé de la main par les policier de la PAF ! c’est très grave tout ça !
– Envolée : Et qu’est-ce qui s’est passé ouais ? Comment ça s’est passé ?
Alors bah attendez il est devant moi. Ah en fait ce qu’il s’est passé c’est que il s’appelle Miled Qualifa, né le 9.9.1999, en fait il était sous médicaments, il était souffrant, il était sous médicament. Il dormait.
Et comme je vous ai dit tout à l’heure à 10h on fait l’évacuation donc il dormait, euh on lui a dit sans ménagement « bon tu te réveil ! », lui il dormait, il était dans un état de somnolence, il les a même pas entendu et bah là directement, deuxième, troisième fois on lui demande et la quatrième fois c’est coup de matraque à la main et il a été cassé emmené à l’hôpital avec platre et puis et puis tout…
– Envolée : Tu euh… C’est une manière de réveiller les gens quoi !
Oui exactement c’est une des manières de réveiller les gens oui !
– Envolée : Mais ils sont fou ! Ouais pardon je fais des blagues qui sont peut-être pas bonnes mais des fois c’est notre manière de, parce qu’on en entend tellement des histoires que on a envie de de casser des murs. C’est pas du tout pour minimiser en tout cas.
Ouais non mais je vous comprends, même nous on essaye de faire un petit peu des blague pour euh détendre un p’tit peu l’atmosphère parce que autrement euh, autrement c’est très très grave, c’est insupportable !
Là en ce moment on est tous en train de se gratter la peau ! Ya des sauterelles qui rentre monsieur dans nos chambres, ya des puces ! Ya des insectes que j’avais jamais vu de toute ma vie.
– Envolée : bah ouvrez un zoo, jsuis désolé je continue sur les blagues.
Ouais c’est a en fait, on se disait entre nous que dans quelque temps yaura des créatures qui vont apparaître. L’évolution des espèces et bien au CRA de Lyon les biologistes vont [passage inaudible].
Euh voilà euh, je sais pas franchement je sais pas.
On a écrit, au fit, la lettre qu’on a envoyée, tout le monde l’a signée ça veut dire que forcément ya un problème si tout un dépôt fait une grève de faim et que tout le monde signe sur un papier ou on atteste de ce qu’on a attesté ça veut dire que c’est très grave et je peux vous dire aussi qu’on l’a envoyé à beaucoup d’institutions et beaucoup de groupe officiel :
On l’a envoyé au ministère de l’intérieur, on l’a envoyé au ministère de la justice, on l’a également envoyé à matignon – parce que c’est de leur ressort aussi quelque part – on l’a également envoyé au bâtonnier de la cour de là ou on voit le juge des liberté et des détention histoire que le juge quand il décide de remettre 30 jours à quelqu’un ben qu’il sache un peu où il l’envoi.
Euh voilà on a envoyé à beaucoup de personnes, à la ligue des droits de l’Homme, à la cour européenne des droits de l’Homme également parce que ben ya pas de respect des droits de l’Homme.
– Envolée : Vous avez fait aussi la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ? Le défenseur des droits ?
Ouais exactement, on a même pris en photo les lettres recommandées qui contenaient les documents voilà comme quoi ça prouve qu’on a bien fait les lettres et …
– Envolée : Et après juste pour reprendre là dessus, nous quand même enfin ce qu’on disait c’est que ce que vous vivez c’est ce que vivent les gens dans tous les CRA de France et que du coup cette lettre elle devrit partir de tous les CRA enfin dans le sens. En fait c’est pas la rénovation du CRA de Lyon qu’il faut, on est d’accord, enfin c’est bien la fermeture de tous les CRA. Ya pas de bonne manière d’enfermer les gens.
Exactement, mais pour arriver à un résultat global à un moment donné faut partir du spécifique euh…
– Envolée : non c’est sur, c’est sur…
Et comment dire aussi, ce qu’ils ont fait parce que ça c’est très très important.
En fait ce qu’on a fait nous c’est qu’on a fait grève de faim, on a également pris toutes nos cartes parce qu’il y a deux cotés, coté bleu et coté jaune, on a donné de son propre plein gré ces cartes et on les a remis au policiers histoires de dire que voilà, on est pas des noms et des prénoms et des dossiers que vous traitez pour envoyer rapidement au pays d’origine pour exécuter les mesures d’éloignement ON EST D’ABORD DES ÊTRES HUMAINS ! Qui même en attendant cette mesure d’éloignement, devraient être soit libres – c’est ce que l’on veut dans l’idéal – soit au moins traité comme des être humains. Euh comment vous dire…
– Envolée : C’est cool hein franchement refuser les cartes…
On a refusé les cartes et ce qu’il s’est passé c’est que on a voulu récupérer les carte après parce que avec les cartes on récupère certaines choses dans nos bagages et pour les visites. Mais ce qu’ils ont fait c’est que en fait en demandant les cartes ils nous ont dit « vous mangez, on vous donne les cartes ; vous mangez pas, on vous donne pas les cartes ».
– Envolée : Ils ont voulu vous interdire de visite ?
Ouais en fait, ils ont fait un chantage. Ils ont fait un chantage. Si vous mangez on vous donne les cartes, et donc vous aurez, vous pourrez avoir des visites, si vous mangez pas, vous aurez pas de visites ! Et vous n’aurez pas accès à votre bagage, et même ce qui est très très grave, on vous donne pas de linge, de nouveau linge en fait, linge propre.
Et quand j’ai parlé aux policiers un petit peu le chef qui sort un petit peu dans la cour, et ben il m’a dit «  c’est les consignes du directeur du CRA ».
– Envolée : Qui refuse de vous voir ?
Voilà cette même personne qui refuse de nous voir donne des consignes comme quoi pour donner les cartes qui nous confèrent d’autres droits et ben faut faire.
– Envolée : Faut arrêté de protester euh…
Exactement, donc moi qu’est-ce que je dis à la dame ? Je lui dit madame, ma carte qui me confère d’autres droit, je dois décider de ne pas jouir d’un droit. C’est à dire le fait de manger ou pas.
Et c’est exactement ça, je lui dit « est-ce que c’est logique ? », elle me dit « Nan, c’est les directives, c’est le directeur du centre de rétention de Lyon qui fait ça ».
Autre chose, la lettre que vous avez vu hein que vous avez lu, ils me l’ont volé. Donc moi je ne sais pas depuis quand la France confisque enfin le système euh administratif ou pénitencier confisque un papier quoi
– Envolée : Depuis assez longtemps je crois.. Ouais c’est pas un truc qui arrive cette année quoi, enfin malheureusement comme dans les prisons, dans les centres de rétention, la volonté de l’état c’est qu’il n’y ai rien qui sorte. Que les seuls trucs qui sorte c’est des communiqués mais après les communiqués bon [passage inaudible]. Du coup c’et hyper fort ce que ous avez fait et c’est hyper cool là que tu ai pris le temps de témoigner comme ça à la radio.
Nous l’émission elle va bientôt touchée à sa fin, on voulait savoir si yavait quelque chose que tu souhaitais rajouter ?
Euh oui bah ya en fait euh jsais pas, ya monsieur Taibi Omar, et surtout monsieur Mouhamed Ali, monsieur Mouhamed Ali surtout, surtout qui a besoin de soin. Et il peut pas rester dans cet état là parce qu’il fait trois, quatre crises par jour et c’est franchement euh, c’est invivable. C’est plus possible, on est des poules, on est pas des êtres humains et cette personne là je redis son nom, Mouhamed Ali il est dans un grave état de santé qui nécessite d’être hospitalisé !
– Envolée : Et on rappel que quand l’état enferme en fait il est responsable de la santé des gens qu’il enferme et que déjà il n’avait qu’à pas enfermer les gens quoi ! Et qu’à un moment faut arrêter de se foutre de la gueule du monde. Et du coup c’est hyper grave et c’est hyper important d’avoir dit son nom à l’antenne. On rappel qu’en ce moment il est en vie et que c’est de la faute de l’état que son état de santé se dégrade.
Je voulais juste préciser que cette personne là, quand même, tenez vous bien, il a été dé-choqué trois fois, il était mort trois fois, avant d’arriver dans le centre de rétention suite à sa chute qu’il a fait son cœur s’est arrêté de battre pendant trois fois et il y a des papiers qui prouvent ça. On l’a amené en déchoquage trois fois, enfin, c’est à dire que son cœur s’est arrêté trois fois à cette personnes avant qu’on l’amène en centre de rétention.
Et il commence à manifester des symptômes qui sont quand même grave. Très très grave ! Surtout avec les antécédents qui a. Et ils font toujours rien, ya même le médecin du CRA qui l’interdit de donner ce certificat là pour pouvoir le présenter dans le tribunal alors que il a d’autres papiers, avant durant sa liberté qui prouvent qu’il est épileptique. Et le comble, le comble dans tout ça c’est qu’il lui donne le traitement d’épilepsie mais il veut pas lui donner l’attestation prouvant qu’il est épileptique.
– Envolée : Comme quoi ils se foutent bien ouvertement de la gueule des gens, ils jouent avec la vie des gens. Du coup c’est très important de relayer, ya le site de l’envolee.net ou on va relayer votre lettre et continuer de relayer les informations.
Et aussi pour préciser que à cette date c’est vraiment la taule qui est en train de faire le truc et que toi par exemple tu as donné ton nom tout à l’heure, euh vu toute les menaces qu’il ont fait on rappel que tu es en parfaite intégrité morale et physique et que voilà ils on pas intérêt à te toucher en tout cas on sait exactement
Exactement parce que tout à l’heure je voudrais juste le redire, tout à l’heure ils voulaient m’emmener, ils allaient me tabasser hein. D’ailleurs tout le monde a protester, ils ont criés et tout parce qu’ils savaient vraiment ce qu’il allait se passer. Ils savaient ce qu’il allait se passer, il y a surtout une personne qui m’a soutenue c’est Taibi Omar, il a crié, protesté, « vous l’emmenez pas, vous l’emmenez pas ! ». Et on l’a tappé lui aussi.
– Envolée :Bon en tout cas toutes ces personnes sont en parfaite intégrité morale et physique et si ya des trucs qui se passent on saura que ça viendra de la part des keufs. »
Lien vers l’émission de radio : http://lenvolee.net/emission-du-5-juillet-2019/

LA GREVE DE LA FAIM CONTINUE AU CRA : TEMOIGNAGE DE LA LUTTE AU SEIN DU CRA

Les détenus du CRA de Lyon Saint-Exupéry sont toujours en grève de la faim depuis le 2 juillet afin de dénoncer leurs enfermement.

Omar raconte le début de la grève jusqu’à aujourd’hui. Ils sont déter’ et motivés face aux multiples techniques de démobilisation et aux menaces de la PAF.

Les détenu-e-s souhaitent que leur lutte et leurs dénonciations se diffusent un maximum. Un témoignage à diffuser largement !

Force et soutien à tou-te-s ! A bas les CRA ! A bas les frontières !

 » Du coup en ce moment là au CRA depuis euh mardi soir, là on est jeudi, ya une grève de la faim. Est-ce que t’as envie de raconter comment a commencé la grève de la faim ? Et contre quoi vous êtes en train de lutter ?

On a commencé la grève de la faim parce qu’ils ont volé à quequ’un ses vêtements, ses propres vêtements dans le coffre. Chez les policiers il a pas trouvé ses vêtements. Il a réclamé, il a réclamé, il a parlé avec tous les policiers qui étaient là-bas mais rien !

Il était énervé, il est rentré dans le couloir il a allumé une couverture.

Le nom de la personne je le dit pas pour lui protéger à lui.

Mais, nous on commence à chaque fois on se fait voler notre argent, nos affaires, nos trucs personnels et vous vous dites « on ne sait pas ».

Mais ya des caméras, il y a tout ce qu’il faut là bas !

En fait ils nous donnent pas les bonnes réponses. Ils essayent à chaque fois d’esquiver notre question en fait.

Et nous on a commencé la grève de faim. Personne qui mange jusqu’à ce qu’on récupère nos sacs, nos affaires.

Si on se fait pas voler nos affaires, si on enlève les trucs de métal là qu’ils nous ont mis derrière les fenêtres, qu’ils arrêtent de prendre les gens chez eux dans les bureaux et frapper .

Même tu peux pas frapper quelqu’un parce qu’il a insulté !

Si c’est physiquement ça c’est une autre chose, mais s’il te dit juste une insulte on a pas le droit de ça.
Alors chaque fois s’il y a quelqu’un qui rentre là-bas et les insultent et même quelqu’un il a des problèmes ils le tappent, ils l’emènent dans le mitard.

[passage inaudible]

Pour la bouffe qu’ils nous donne ici, toute il reste un jour, c’est du périmé comme on dit. Il reste un jour ou deux jours il faut que leur jette, ils nous le donne ici.

Et ils nous controlent partout.

Si vous rentrez ici vous voyez les cages qu’ils nous ont misent un peu partout ça c’est pas normal quoi on dirait que on est à Guantanamo quoi !

Alors que nous on est juste des personnes quon a pas des papiers, on est pas des criminels !

Tu parles de quoi en cages et en fenêtres tout à l’heure ? C’est quoi que tu veux dire ?

Une cage ! On est dans une cage ici ! Tout est fermé dehors, et dehors et de tout les cotés !

Ils ont mis un mur ! Une sorte de mur comme ça de métal vert, que on peu pas voir dehors, ont peu rien !

Et toute la journée le soleil il tape dedans et la chaleur elle rentre dans les chambres.

Là on est le 4, il fait très chaud! Ça veut dire si dehors il fait 40°, dans les chambres c’est 60°.

C’est ça en fait [passage inaudible] il vient ici quelqu’un dans ma chambre il a la maladie de l’épilepsie ! Il a la maladie de l’épilepsie. Il est tombé deux fois ici, c’est nous qui l’ont soigné et tout ça !

Ils veulent même pas lui donner des médicaments qu’il prenne dehors. Ils veulent même pas lui donner !! Même pas un certificat médical que lui il a la maladie de l’épilepsie !

Vous voyez ce que je veux dire ?

Alors tout tout.. Tout ce qu’ils amorcent ici ça marche à l’envers en fait !

Ils veulent nous faire chier comme comme ça on ramène nos passeports, on ramène tout ce qu’il faut pour partir d’ci le plus vite possible.

Ils nous font une sorte de presse, ils nous presse ! Pour qu’on parte d’ici, pour que… on ramène nos passeports qu’ils nous envoient dans nos pays .

Ca c’est pas normal !

Vous voyez ce que je veux dire ?

C’est ça en fait ! C’est ça ! C’est ça.

Est-ce que tu veux rajouter quelque chose par rapport à la grève de la faim et comment ça se passe depuis que vous avez commencé en fait ?

Depuis que la grève de faim a commencée ils sont venus, ils ont commencés à essayer de parler avec nous mais on a pas parlé avec eux.

Tout s’est passé en cage non ?

Et aujourd’hui ils nous ont dit, parce qu’on a donné tous nos cartes, si ya le problème, quelqu’un il a ses vêtements, il a son argent chez eux, il faut aller là-bas pour retirer avec la carte. Non ?

Alors nous on a dit donnez nous, donnez nous nos cartes comme ça on prend nos affaires et on vous les rend.

Ils nous disent « Non ! Il faut manger d’abord et boire de l’eau et après on va vous rendre vos cartes ».

Vous voyez ce que je veux dire ?

Ça c’est pas normal, ça c’est, ça c’est des [passage inaudible].

Alors si on refuse de manger, eux ils refusent de nous donner nos affaires. Nos propres affaires ! Notre propre argent !

Parce que sans la carte ça marche rien du tout, on peut même pas acheter du tabac. Rien ! Ils nous coupent tout comme ça, ils veulent nous couper tout !

Tout ce qu’il faut, tout ce qui vient de dehors comme ça on est obligé de manger ici chez eux alors comme ça « eux ils disent, ok, vous avez fini votre grève de la faim ». Ils veulent casser la grève de la faim !

Parce qu’ils savent bien que les policiers et la justice c’est foutu c’est pas nous !

Est-ce que t’as envie de parler de pourquoi vous avez décidé de donner tous vos cartes et c’est quoi les cartes ?

On a donné nous nos cartes parce que quand on rentre pour manger euh faut quon montre nos cartes. Alors si tout le monde il mange pas on a dit voilà nos cartes, nous on mange pas !

C’est pour ça, c’est ça la raison.

Pour leur dire que nous on veut pas manger, on fait la grève de la faim.

Et tout le monde a donner ça carte ?

Ouais tout le monde a donné sa carte. Mais eux premièrement ils nous on dit « ouais ok vous pouvez sortir ». Même les visites on peut pas sortir sans la carte.

Alors premièrement ils nous ont dit « oui on va vous donner vos affaires et tout ça » et après il ont vu le premier jour, le deuxième jour et maintenant le troisième jour qu’on fit vraiment grève de la faim. Alors ils essayent de nous couper de tout le monde. De tout ce qu’on peut rentrer de dehors.

Tout ce que eux… De tout ! Vous voyez ?

Estce que tu veux rajouter quelque chose ?

Ouais je veux rajouter un truc. Si il y a le moyen, s’il y a des journalistes qui viennent ici avec leur caméra et ils regardent eux même . Et après c’est eux qui disent est-ce que ça c’est humaine ou non ? La justice pourquoi ils nous prenne ici jusqu’à trois mois parce que pas de papiers ! Moi je fais une peine de trois mois pour des papiers !

Alors s’il vous plait règlez ça on est pas des animaux on est comme des êtres humains comme vous !

Juste qu’on est partit parce que on est pauvres !

On a même même pas le moyen de manger, c’est pour ça on essaye juste de vivre comme tout le monde. On est pas tous des criminels ou jsais pas quoi. C’est a mon message.

Témoignage d’Ani, détenu au CRA de Lyon Saint-Exupéry, février 2019

[…]

Q : Donc tu veux parler de quand tu as voulu appeler ton avocat ?

A : Non, moi j’ai pas appelé l’avocat. Ils m’ont dit que eux-mêmes ils vont appeler l’avocat. Donc j’ai dit « ok, pas de souci ». Donc ils ont appelé l’avocat et l’avocat est venu quelques minutes après. Et l’avocat il a dit [inaudible], donc on s’est vus, on a parlé. Moi j’ai parlé de ma situation à l’avocat. L’avocat m’a demandé si j’ai une adresse. J’ai tout donné. J’ai une adresse où je vis, s’ils veulent appeler ma copine pour vérifier, quelque chose que les policiers n’ont pas accepté de faire, ils n’ont pas fait. J’ai dit « s’ils veulent appeler leurs policiers [inaudible], ils peuvent aller regarder, moi j’ai mon nom sur la boîte d’adresse, et même les factures que ce soit Engie Gaz, le courant, il y a mon nom dessus, avec celui de ma copine. » Ils peuvent tout vérifier, moi j’ai l’adresse. L’avocat il m’a dit « c’est difficile, on verra. » Et jusqu’au soir, rien.

Ils sont venus me voir à 18 heures, ils m’ont dit que si la police n’a pas accepté de me libérer, c’est parce que je n’ai pas fourni de passeport. Si je donnais un passeport, peut-être la police allait m’assigner à résidence. J’ai pas donné de garanties, donc du coup on ne me relâche pas parce qu’ils jugent que je vais partir. Mais moi je lui dis, je vous ai donné une adresse et vous l’avez et le numéro de ma copine, vous l’appelez ou vous me demandez, quelque chose que vous ne voulez pas faire. Donc je ne sais pas quelles garanties je dois vous donner encore. Parce que les informations que je vous donne, vous ne les vérifiez même pas. Et vous voulez une garantie, je vous donne quelle garantie ? Moi, j’ai pas mon passeport, j’ai perdu mon passeport.

Donc ils me disent qu’ils vont m’envoyer en Centre de rétention. J’ai dit « ok, pas de souci. » Donc ils m’ont donné des papiers à signer, je ne voulais pas signer. La dame, elle m’a dit « c’est juste pour dire que la garde à vue est finie chez nous, c’est les gens du Centre de rétention maintenant qui vont t’emmener. » J’ai été naïf, j’ai signé. Et le procès-verbal, j’ai signé sans le lire. J’ai été naïf, ça même aujourd’hui, je le regrette. Et ils m’ont donné une OQTF – obligation de quitter le territoire. Et quand j’ai vu que c’est l’obligation de quitter le territoire, j’ai dit « je signe pas. » Elle m’a dit « ça dépend de vous, si vous voulez pas signer. » J’ai dit « oui, mais j’ai dit je signe pas donc vous n’avez même pas à me répéter. » Donc j’ai pas signé.

Et là, ils m’ont ramené ici. Et quand je viens ici, on me confisque mon téléphone. Je comprends pas. Je regarde leurs lois, leurs conditions de détention, je n’ai jamais vu où c’est écrit quelque part qu’on n’a pas droit aux Smartphones, je n’ai pas vu. Je regarde la loi du Centre de rétention et j’ai pas vu quelque part où c’est écrit qu’on n’a pas le droit aux Smartphones. J’essaie de leur faire comprendre mais ils m’écoutent pas.

Et là, je prends le temps, quand j’ai pu rentrer dans la chambre, je prends le temps de lire le procès-verbal. Ils me disent, dans le procès-verbal, c’est écrit non et j’ai eu le temps de parler avec ma copine au téléphone comme je voulais. J’ai appelé une personne. Ils m’ont demandé si je veux faire venir quelqu’un quand j’étais en garde à vue, j’ai dit non, que je ne voulais. Alors que c’est eux qui m’ont dit non, personne ne peut venir me voir quand j’étais en garde à vue. Maintenant, ils me disent non, dans le procès-verbal, ils écrivent, non, c’est moi qui ai refusé de recevoir la visite. Ça m’a choqué, mais j’ai pas pris en considération.

Donc on est allés devant la juge qui m’a reproché la même chose, parce que je ne donne pas de garanties. Pour eux je dois donner mon passeport qui serait une garantie que je vais partir, parce qu’à chaque moment qu’ils auront besoin de m’expulser, ils peuvent venir me prendre chez moi en sécurité parce qu’ils ont mon passeport. Donc, du coup, ils n’ont pas besoin du laissez-passer de mon Ambassade. Moi j’ai dit « j’ai pas de passeport. » Rien que pour ça, je suis pas libéré donc ils me ramènent en Centre de rétention. On me donne 28 jours et je suis ici depuis le 6 février, donc j’attends.

Q : Et tu es encore en contact avec ton avocat ?

A : Moi, je vais changer d’avocat parce que les avocats commis d’office, c’est pas la peine. Ils ne font rien pour te défendre. Les associations qui sont au Centre de rétention, c’est pareil, même ils te disent « ça sert à rien de faire appel, parce que, que tu fasses appel ou pas, tout compte fait, ça n’empêche pas ton expulsion. » Ça a l’air que c’est un système, ils travaillent tous ensemble, en fait. Ils disent toujours « non, on peut vous aider » mais ils font rien pour aider, donc l’avocat commis d’office, je ne l’appelle pas. Rien du tout. La dernière fois que j’ai fait appel, après, j’ai regretté. Pourquoi ? Parce que je ne veux plus que ce soit l’avocate qui s’occupe de mon cas. Parce que la dernière fois quand on est allé au commissariat, elle nous a demandé tous les documents pour montrer que je vis vraiment avec ma copine. On a tout envoyé. Elle a même demandé à ce que ma copine fasse une attestation d’hébergement sur l’honneur. Elle a tout fait, elle m’a envoyé sa pièce d’identité, elle a même envoyé son passeport qui prouve qu’elle allait me voir à Abidjan des fois. Et on arrive et j’ai dit aux gens de l’association : « dites à l’avocate que quand on va arriver, qu’elle appelle ma copine à la barre pour qu’elle puisse témoigner. » Et on arrive, l’avocate ne fait rien du tout. Moi-même, je vais à la barre pour parler et je me défends contre l’avocate qui est censée me défendre. Du coup moi, je vois ça comme une farce. Je me dis que ça sert à rien d’avoir un avocat, je ne vois pas l’importance .

Q : Oui, mais tu peux changer d’avocat, c’est vrai que les avocats commis d’office sont nuls.

A : Oui, j’ai parlé avec X. X. m’a trouvé une avocate, du coup, j’aimerais que ça soit elle qui s’occupe de mon cas. Je pense que mercredi, elle va croiser X. Elle a donné rendez-vous à X. pour prendre le dossier. Elle, au moins, elle a pris son temps, au téléphone, de m’expliquer la situation. Même quand quelqu’un ne peut pas te faire sortir de là où tu es, mais quand la personne prend le temps de t’expliquer les choses, « voilà comment, ça sera dur, mais voilà… » Ça donne un peu de réconfort !

Tu as une avocate qui te reçoit vingt minutes avant le procès et quand vous finissez le jugement, elle ne prend même pas le temps de t’appeler. Elle attend encore que tu reviennes devant le juge pour te recevoir encore vingt minutes avant que tu passes devant le juge. Elle prend quel temps pour lire mon dossier ? Elle prend quel temps pour me défendre ? Rien ! Vingt minutes ! En vingt minutes, on peut défendre ? On peut être au courant de tout un tas de trucs ? Non !

Q : Et est-ce que tu veux me parler de comment ça se passe dans le Centre de rétention ?

A : C’est ce que je dis à mes amis : pour moi, j’appelle pas ça « Centre de rétention ». Pour moi, c’est une prison. Parce que j’ai déjà rendu une visite à des gens en prison. Et je pense en prison, c’est même mieux qu’ici, voilà. Ici, c’est un semblant de… je ne sais pas comment dire… un semblant de liberté mais qui n’en est pas, voilà. Parce qu’on nous dit qu’on n’est pas en prison, mais ici on est en prison. On n’a même pas de place pour… tu sors de la chambre et tu as l’espace qui est là … je sais pas comment dire…  souvent t’as …  [passages inaudibles] les gens sont tellement sur leurs nerfs que c’est toujours la bagarre entre eux, parce qu’il y a pas d’endroit où… je ne sais pas comment dire… Pour moi, je dirais même qu’en prison, il y a plus d’espace. Et puis tu ne manges pas ce que tu veux. Tu manges des choses que tu n’as jamais vues. C’est pas de la nourriture préparée ici, c’est de la nourriture payée dans les trucs en plastique de supermarché qui sont passés au chauffage, qu’ils chauffent au micro-onde. Si tu veux tu manges, si tu veux pas tu manges pas, c’est pas leur problème, ça n’engage que toi.

Q : Et comment ils sont les gardiens, avec vous ?

A : Il y a des gardiens qui sont sympas. Pour moi, parce que les gardiens ils ne traitent pas tout le monde de la même manière, ça aussi, il faut le dire, voilà ! Donc, je ne peux pas parler pour tout le monde. Pour moi, à 80% la majorité des gardiens sont sympas. La majorité. Par contre, il y a d’autres, quand ils vous voient, ils ont l’impression qu’ils voient des animaux devant eux. Et pour eux, c’est des personnes sans importance, ou sont un petit peu plus qu’un prisonnier. Sinon, il y a des gardiens qui parlent avec nous, qui nous donnent des conseils, des choses à faire. Souvent même, il y en a qui n’aiment pas que leurs collègues parlent  «  Fais confiance à telle association ; à telle association ». [passage inaudible] Souvent on fait comme ça. Souvent les gardiens ils sanctionnent pas. Comme un qui vient d’arriver, il y a même un gardien qui lui a pris des habits parce qu’il n’en avait pas. Il lui a envoyé des habits le vendredi ou jeudi, encore, il lui a ramené des habits, c’est des habits qu’il a pris au magasin pour le lui amener, voilà. Il y a des gardiens qui sont sympas, ils lui donnent sans que ses amis le sachent. Il y a des gardiens qui sont sympas, mais par contre, il y a d’autres, c’est pas  la peine.

Au Centre, les gens viennent nous voir, ils nous amènent souvent des gâteaux, des biscuits chauds. Ils refusent souvent. Ils refusent que ça rentre et je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi on n’a pas droit aux choses qu’on veut ? On n’envoie pas des choses pour se tuer, on n’envoie pas des choses pour, non. C’est de la nourriture qu’on envoie. Pourquoi on nous dit pas qu’on nous ramène de la nourriture ? Ça, j’arrive pas à comprendre. Il y a des choses que j’arrive pas à comprendre. Pourquoi on nous dit pas qu’on nous ramène de la nourriture ?

Pourquoi on ne veut pas qu’on ait accès à l’internet ? Ça, je n’arrive pas à comprendre parce que moi, ma copine, elle a payé un téléphone et le problème avec le Smartphone il dit que c’est la caméra, ok, donc elle a payé un téléphone, elle est allée chez un réparateur, elle a enlevé la caméra, devant comme derrière, elle a tout enlevé. Elle a envoyé le téléphone mais ils ont refusé que ça rentre parce que c’était un Smartphone. Vous refusez que ça passe, maintenant, nous on fait comment pour communiquer avec les parents ? Vous voulez nous ramener au pays et on ne peut pas communiquer avec les parents au pays. On fait comment ? Aujourd’hui tout le monde avec Messenger ou Whatsapp, on communique avec les parents au pays. Comment on fait pour communiquer avec les parents ? Tu peux pas prendre les unités prépayées, ça coûte cher, quoi ! Si tu prends du crédit pour appeler en Afrique, ça coûte très cher ! Du coup, c’est par internet qu’on communique. Et là, vous nous refusez ça ! On fait comment avec les parents ? On dit comment qu’on arrive ? Voilà !

Moi je dis  » si vous me ramenez pas, pourquoi vous nous entassez là les uns sur les autres « . Souvent il y en a qui dorment par terre, ou d’autres qui sont cinq dans les chambres. Ça sert à quoi ? Si vous n’avez pas les moyens de vous occuper de nous en Centre de rétention, envoyez-nous chez nous ou laissez-nous en liberté. Moi, j’ai juste demandé qu’on me laisse trente jours, que moi-même, j’organise mon voyage, moi-même, je paie mon voyage, je rentre. Qu’on me donne l’obligation de quitter le territoire, ok il y a pas souci, mais qu’on me donne juste au moins le temps que je réunisse mes affaires, parce que j’ai des affaires à Paris, que je n’ai pas pu faire venir ici, et moi-même je prends mon billet et je quitte le territoire. C’est pas un souci. Mais on refuse et on m’amène là. Vous m’amenez là, c’est que vous avez les moyens de vous occuper de moi. Je mange pas ce que je veux, je fais pas ce que je veux, ça c’est une prison ! Du coup, c’est quoi la définition du mot « prison » ? C’est une punition ! Donc là, c’est une punition.

Q : Tu me disais que vous étiez nombreux à l’intérieur ?

A : Quand ils ramènent une autre personne, nous on refuse, parce qu’on ne veut pas être plus de quatre dans la chambre. Il y a des gens qui sont cinq avec deux qui dorment par terre. C’est quatre lits dans les chambres. Donc s’il sont cinq, il y en a qui sont obligés de dormir par terre.

Q : Donc il y a plus de monde dans le Centre de rétention que ce qu’il y a de places ?

A : Ah oui !

Q : Et toi, tu es déjà allé à l’infirmerie ?

A : Ah oui ! Même hier, je suis allé à l’infirmerie. L’infirmerie, c’est rien du tout. C’est juste un nom. Si tu as besoin de paracétamol, oui, tu peux aller à l’infirmerie. Si tu as besoin de soins, vraiment, de soins qu’il faut, alors ça ne vaut pas la peine d’aller à l’infirmerie parce qu’il y a rien du tout. Même le médecin et les infirmières n’ont rien comme matériel pour s’occuper de nous. Moi, j’ai mal à l’orteil, j’ai mon orteil du pied qui me fait mal, je sais pas pourquoi. Voilà, actuellement je n’arrive même pas à porter la chaussure fermée. Donc je suis allé à l’infirmerie et la dame elle m’a vu quarante secondes et elle m’a donné une pommade avec le pansement, c’est tout. J’ai dit j’ai mal. Et ce qu’elle m’a donné, ça m’a rien fait.

Q : Il y a d’autres choses que tu voudrais raconter ?

A : Oui, je ne sais pas si vous avez parlé avec elle, il y a une fille, je ne sais pas pourquoi, elle est du Congo et on veut l’envoyer en Angola. Ça c’est des choses, on comprend pas, ici. On a l’impression qu’ils font du business avec les Ambassades. Parce que moi, depuis que je suis arrivé, il y a deux ans, qu’ils sont venus me trouver là, qu’ils sont allés à l’Ambassade et moi depuis, on ne m’amène pas à l’Ambassade. On me dit « on va t’amener à l’Ambassade pour aller parler avec ton Ambassade pour ton laissez-passer. » Et est-ce je suis envoyé à l’Ambassade depuis que je suis là ? Non ! Rien du tout ! On m’a pas encore envoyé à l’Ambassade. Il y a des gens qui sont arrivés qui ne sont même pas allés à l’Ambassade et du jour au lendemain, on leur dit l’Ambassade a donné le laissez-passer.

Q : Ah oui, ils sont pas allés à l’Ambassade et ont quand même reçu un laissez-passer.

A : Oui, on n’arrive pas à comprendre. Depuis le départ, on nous coupe du monde, on ne sait pas ce qui se passe dehors et nous on est là, c’est pas facile, on est enfermés.

Retour sur le rassemblement anti-PAF du 1er avril

[Article initialement publié sur le site Rebellyon.info]

Retour sur le rassemblement anti-PAF place Guichard le 1er avril à 18 heures.

La police aux frontières (P.A.F.) traque et rafle les sans-papiers. Gestionnaire des Centres de Rétention Administrative (C.R.A.), elle les enferme, les torture et les déporte.

Il y a quelques semaines, les détenu.e.s du CRA de Saint-Exupéry ont dénoncé les conditions de rétention et les violences subies au quotidien dans un communiqué. En soutien, une centaine de personnes s’est rassemblée place Guichard derrière la banderole « Ni PAF, ni rafle, ni prison, ni expulsion ». Rythmé par les slogans anti-CRA, anti-frontières et anti-PAF, la manif prend joyeusement la rue de la Part-Dieu en direction des bureaux de la PAF. Très rapidement un cordon de CRS se dresse face au cortège. Quelques slogans plus tard, les manifestant.e.s bifurquent pour rejoindre les voies du tram et redescendent jusqu’à la PAF en empruntant la rue Garibaldi. La circulation est momentanément bloquée. Devant le bâtiment de la PAF, les CRS préparent leur matos : ils sortent matraques, spray au poivre et une grenade de désencerclement. La manif continue dans le quartier jusqu’à revenir sur la place Guichard. Suite à une intervention à l’AG du lundi soir, des gilets jaunes se joignent au cortège en scandant : « Gilets jaunes, sans-papiers, solidarité ! » Tout le monde repart en direction de la PAF, rejoint le cours Servient. Affolée, une dizaine de keufs se place devant le tribunal de grande instance. Le cortège déambule en direction de l’avenue de Saxe avant de se disperser vers 19h50. Les flics et la BAC rôdent dans le quartier, contrôlent une personne et en interpellent une autre.