Fermons les CRA, Covid ou pas

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 » Il y a un mois dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 qui déferlait en Europe, certains articles de presse ont rapidement évoqué la situation dans les lieux de privation de liberté : CRA, maisons d’arrêt, maisons centrales. Dans cet espace médiatique, quatre des associations qui gèrent les prisons pour étrangèrEs (CRA) et qui participent à la politique migratoire raciste et répressive et de l’État lançaient soudainement un appel à leur fermeture temporaire.

Elle n’est évidemment que temporaire. L’intervention dans les centre de rétention représente l’obtention de marchés publics s’élevant à plusieurs milliers d’euros. Pour ces associations la présence dans les CRA signifie des financements conséquents. L’objectif de cette fermeture temporaire est de préserver leurs salarieEs qui répriment et trient les migrantEs. Ce n’est clairement pas par souci des prisonnierEs qu’iels ont elleux-mêmes enfermé.

Le danger pour les PrisonnierEs est inhérent à l’enfermement.
Ce n’est pas le virus qui doit justifier la fermeture des centres de rétention mais bien l’existence même d’un système qui enferme, torture et déporte les sans-papiériséEs.
Cinq personnes sont mortes entre les murs des CRA en France depuis 2017 dont trois depuis août dernier. Des dizaines y sont actuellement malades. Ces associations assurent, organisent et protègent l’enfermement, les pires conditions de détentions, les violences policières, les vols, les tabassages, les humiliations, les viols, le refus de soin et la mise en danger médicale… tout ce qui structure les CRA.

Le droit à la santé (mentale ou physique) ne pourra jamais être assuré pour des personnes enferméEs, Covid19 ou pas. La violence est inhérente à l’enfermemement. Cette pandémie ajoute une violence supplémentaire pour les prisonnierEs.

Aucune valeur n’est à accorder à cet appel comme à tout appel provenant d’associations qui organisent la répression, le tri, le fichage, la déportation des migrantEs (Forum Réfugiés, Cimade, ASSFAM, France Terre d’Asile, Ordre de Malte…)

Depuis la publication de cet appel, de nombreuses associations sont retournées dans les CRA ou continuent leur répression par télétravail. Actuellement, de nombreuxses personnes continuent d’être enferméEs, dont minimum une trentaine à Lyon.

Personne ne peut se réjouir d’une fermeture provisoire, personne ne doit être enferméE ni sanspapiériséE, les CRA ne doivent tout simplement pas exister.

En tout temps, à bas les prisons et les frontières, et solidarité avec touxtes les prisonnierEs.  »

Contre la construction d’un nouveau centre de rétention administrative à Lyon, mobilisons nous !

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Le centre de rétention adminisrative (CRA) actuel de Lyon se trouve à Colombier Saugnieu, juste à côté de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. Il a été créé en 1995 dans un ancien hôtel Formule 1. Après un premier aggrandissement en 2019, il est prévu d’en ouvrir encore un autre en 2022…

Les centres de rétention administrative sont des prisons pour étrangèr·es. Bien qu’ils ne soient pas désignés comme tels officiellement, ce sont des lieux d’enfermement où les violences policières, les menaces et les humiliations sont quotidiennes. L’État y enferme les personnes qu’il considère comme en situation irrégulière sur le territoire français. Les prisonnièr·es peuvent y être détenu·es jusqu’à 90 jours, à l’issue desquels iels sont soit déporté·es soit incarcéré·es en maison d’arrêt, soit relâché·es (tout en restant sous la menace constante d’une nouvelle arrestation).

En 2018, plus de 45 000 personnes ont été enfermées dans les 24 centres de rétention de France métropolitaine et outre mer. Cette année-là, 480 nouvelles places ont été créées, en aménageant les CRA existants, mais aussi en les agrandissant comme à Nîmes, Vincennes, Coquelles ou Lyon. En novembre 2019, le gouvernement a annoncé la construction de trois nouveaux CRA à Olivet (proche d’Orléans), Bordeaux et Lyon, avec pour objectif d’augmenter toujours plus les capacités d’enfermement. Ce sont les premières constructions de CRA depuis près de dix ans. L’État s’emploie à enfermer, torturer et expulser toujours plus les étrangèr.es. Et il ne lésine pas dans la guerre qu’il mène contre les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers.

Le CRA actuel de Lyon se trouve à Colombier Saugnieu, juste à côté de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. Il a été créé en 1995 dans un ancien hôtel Formule 1. Il a été agrandi en 2019, pour arriver à une capacité de 140 places. Il est « géré » par la Police aux Frontières (PAF) et par Forum Réfugié, association à laquelle l’Etat sous-traite un prétendu « accompagnement juridique », mais dont le rôle réel est de collaborer à la machine à enfermer et à expulser. En 2018, 1 498 adultes et 2 enfants y ont été enfermés, dont 92 % d’hommes et 8 % de femmes, selon le rapport annuel des associations qui interviennent dans les centres de rétention.
 
Le début des travaux du nouveau CRA est annoncé pour mai 2020. L’ouverture est prévue pour 2022. Il devrait être construit à proximité immédiate du CRA actuel, sur un terrain appartenant à Vinci, comme toute la zone autour de l’aéroport. Le budget estimé est de 12,5 millions d’euros, sa surface de 3200 m2, et sa capacité de 140 places. 
 
Nombre d’entreprises privées collaborent avec l’État et travaillent à maintenir le système des CRA. Entre la réouverture des CRA de Hendaye et de Geispolsheim, l’extension des CRA de Nîmes et de Coquelles, et le lancement des nouvelles constructions, les appels à projets fleurissent sur les plateformes d’annonces de marchés publics, et les promoteurs immobiliers constructeurs de taules partent à la cueillette des contrats juteux. Une poignée d’entreprises se partagent le marché : Eiffage, Thémis – FM [filiale Bouygues], Gepsa [filiale d’Engie], Sodexo, Spie Batignolles. À Lyon, la “réalisation” du nouveau CRA a été attribuée à Eiffage, censée être assisté par l’entreprise ICAMO, qui sur son site internet place la construction d’un CRA dans la rubrique “Sureté”, et qui a déjà géré des chantiers pour la prison de Saint-Quentin Fallavier.
 
À Olivet, près d’Orléans, l’ouverture est prévue pour 2023, et le coût total estimé à treize millions d’euros. Un collectif s’est monté, et une mobilisation a d’ores et déjà commencé. Le 4 avril, une manifestation devait avoir lieu à Orléans. 
 
La pandémie de Covid-19 apporte de nouveaux éléments à la situation. Dans les centres de rétention, les conditions d’enfermement étaient déjà merdiques, elles se sont encore plus dégradées : aberration d’être enfermé·es – en temps normal – mais encore plus alors que les déportations ne peuvent plus avoir lieu (plus d’avions, frontières fermées) ; parloirs interdits accentuant l’isolement ; impossibilité de respecter les « gestes-barrières » quand les cellules sont bondées ; impossibilité de « se défendre » correctement face au système judiciaire répressif, audiences au tribunal se déroulant sans les prisonnièr·es ; inquiétudes face aux incertitudes et tensions ; flics de la PAF qui peuvent entrer/sortir et diffuser le virus…. La machine à expulser ne peut plus fonctionner le système CRA montre donc son vrai visage : celui d’enfermer/torturer les personnes qui n’ont pas les bons papiers, quand bien même l’Etat et la PAF ne peuvent plus les déporter. En clair, Il faut continuer à enfermer, tant pis pour elleux s’iels crèvent.

Dans de nombreux centres, des prisonnièr·es se sont mobilisé·es, parfois en entrant en grève de la faim, pour exiger leur libération immédiate ; en faisant sortir leurs paroles à l’extérieur ; en bloquant les cours et les promenades. Bien que des détenu·es aient été libéré·es au cas par cas, les arrestations ont continué et de nombreuses personnes ont continué d’être incarcérées.

Le confinement et les politiques répressives et sécuritaires qui l’accompagnent rendent très difficile toute forme de mobilisation collective. De nombreux chantiers sont à l’arrêt, mais d’autres continuent coûte que coûte, au mépris de la protection de le santé des travailleur·euses, et il y a de fortes chances que ce soit le cas pour la construction du nouveau CRA. Il nous faut donc informer au maximum sur la construction qui se prépare, commencer dès maintenant à nous organiser collectivement, et nous tenir prêt·es à nous mobiliser rapidement, dès que ce sera possible, pour que cette nouvelle prison ne voie par le jour.

À bas les cra, à bas les frontières, soutien à tous·tes les prisonnièr·es !

« Ok, y’a pas de problème. » Témoignage de A., prisonnier du Centre de rétention administrative de Lyon.

« Comment ça s’est passé pour moi, je suis allé en prison, je suis venu jusqu’ici, et ce que je suis en train de vivre… là pour moi, tout est important.

Pour commencer, je suis venu le 15 juin 2019 en France. Donc du coup, le 18 je suis parti à la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, l’ADA1 de Grenoble. Je suis parti là-bas pour me présenter, c’est-à-dire pour prendre un rendez-vous à la préfecture pour ma demande d’asile. Le 18, arrivé là bas, j’ai fait un entretien avec les gens de l’ADA, ils m’ont pris un rendez-vous pour la préfecture de Grenoble. Je devais me présenter là bas le 27 juin. Le 27, je me suis présenté au GUDA2 de Grenoble, l’agent de la préfecture a relevé mes empreintes, après elle m’a dit : « Bon, Monsieur, on va vous placer en procédure qu’on appelle la procédure Dublin ». Comme moi je ne comprenais pas trop cela, je n’arrivais pas à me comprendre avec l’agent de la préfecture, je lui ai dit : « Je vais demander des conseils à mon avocat. » Je lui ai demandé de me donner le document, elle m’a dit non, elle va garder la convocation, et ils vont garder aussi mes photos, et garder aussi mes empreintes. Alors je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème, donc je vais retourner à l’assoc’, je vais parler avec eux comme ça ils vont m’orienter vers une avocate pour demander conseil. » Elle a dit : « Ok, y’a pas de problème », du coup je suis sorti de la préfecture.

Je suis parti à l’association, l’association m’a orienté vers une avocate. Donc je suis allé, je lui ai demandé, je lui ai expliqué quand je suis allé à la préfecture comment ça s’est passé là-bas. Elle m’a fait comprendre que bon y’avait pas de problème, que je pouvais repartir prendre un nouveau rendez-vous à la préfecture. Elle m’a demandé quel était mon projet en France, je lui ai expliqué, que j’étais en France pour continuer à faire mes études, et pouvoir rester ici pour vivre quoi, faire ma vie ici, pouvoir travailler et faire ma vie ici quoi. Donc elle m’a dit : « Ok y’a pas de problème, voilà ce qu’on va faire : vous allez partir Monsieur, vous allez essayer de prendre un autre rendez-vous, comme ça même si on arrive à vous placer sous la loi qu’on appelle Dublin, on va essayer de voir si le juge va vous maintenir ici. On va essayer de faire un recours, pour voir si on va pouvoir vous maintenir ici pour que la France puisse s’occuper de votre demande d’asile. » Je lui ai dit : « Ok y’a pas de problème ». Du coup le 5, je suis retourné à l’ADA, ça c’était le 5 juillet, je suis parti là-bas, donc on m’a dit de revenir le 11. Le 11, je devais retourner là-bas pour reprendre les entretiens et prendre un rendez-vous pour la préfecture encore. Quand je suis parti le 5, on m’a dit de revenir le 11.

Sauf que la nuit du 8 juillet, j’étais avec un collègue à moi, on partait dans une épicerie de nuit, on s’est fait arrêter par une voiture, qui dit que c’était des policiers. Ils nous ont dit : « Messieurs, police » et du coup on s’est arrêtés et on a demandé si y’avait un problème et ils ont dit oui, ils ont dit : « Vers 23 heures, il y a un couple qui s’est fait agresser par des personnes de type africain. » Nous, on leur a dit : « Là il est 2 heures du matin, nous on veut juste aller chercher des bières, on sait pas ce qui s’est passé là-bas, si y a un problème, peut-être vous pouvez appeler les gens qui ont été victimes, voir s’ils peuvent dire si c’est nous ou pas. » Donc ils ont dit : « Messieurs, on va aller au poste de police. C’est comme on vous a dit, il y a un couple qui s’est fait agresser. » « Ben non, vu qu’on vous a dit plusieurs fois que c’était pas nous ! » Ils ont insisté une seconde fois, finalement on est montés dans la voiture et on est partis. Donc ils nous ont ramenés là-bas, on y a passé la nuit.

Le lendemain, moi j’ai été appelé par l’OPJ3 pour mon audition. Quand je suis arrivé là-bas, il m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé. Je lui ai expliqué comment ça s’est passé la nuit, je lui ai dit que moi j’étais avec un copain, à 2 heures du matin je partais dans une épicerie de nuit pour essayer d’acheter des bières, et du coup y’a une voiture de police qui nous a arrêtés, sous prétexte qu’il y a un couple qui s’est fait agresser par deux personnes de type africain dans le parc. Donc après il m’a demandé : « Où vous étiez à 23 heures ? » Je lui ai expliqué, donc, que j’étais avec des amis, je lui ai expliqué la même chose que je vous ai dit. Il a dit : « Ok Monsieur, y’a pas de problème, on comprend que c’est pas vous, mais alors du coup vous êtes en situation irrégulière sur le territoire français. » Je lui ai dit : « Non Monsieur, je ne suis pas en situation irrégulière. Quand je suis arrivé ici le 15, le 18 je me suis présenté directement à la la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, on m’a dit que j’avais 45 jours pour poser ma demande d’asile sur le territoire français. Donc du coup j’ai automatiquement pris un rendez-vous pour le 27. » Je lui ai même montré la convocation et tout ça, je lui ai dit : « Vous voyez les documents, le 27 j’étais là-bas, le 27 juin. Donc là, le 5 juillet je suis parti là-bas pour prendre rendez-vous, et je dois partir le 11 juillet pour aller prendre le rendez-vous pour la préfecture. Donc je suis en train de faire ma démarche administrative. » Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. Depuis combien de temps vous êtes sur le territoire français ? » Je lui ai expliqué ce que j’ai dit, ça fait trois semaines, bientôt un mois, que je suis là. Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. » Il a dit : « Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter votre pays ? » Je lui ai expliqué les raisons qui m’ont fait quitter le pays. Après il a mentionné ça, il m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va continuer à vous garder là-bas, et après on viendra vous chercher, et on va emmener le dossier chez le juge, et le juge va décider qu’est-ce qu’il va faire. »

Donc du coup on m’a retourné dans la préfecture4 et on a continué à me garder là-bas. À 18 heures, on m’a appelé, on m’a dit : « Monsieur, on va vous notifier la fin de votre garde-à-vue. Vous avez une convocation au tribunal pour cette affaire de la nuit là », et il dit : « Mais à côté aussi vous avez une OQTF5 et une Interdiction de retour sur le territoire français pendant 2 ans. Mais si vous voulez contester cette mesure, vous pouvez aller voir un avocat, pour dire que vous n’êtes pas d’accord, et l’avocat va faire un appel. » Je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème », parce que moi je ne comprenais pas trop ce que cela voulait dire. J’ai dit :  « D’accord, y’a pas de problème », j’ai pris le dossier, je suis parti à l’association qui s’occupe de notre demande d’asile, je leur ai montré, j’ai dit : « Vous savez, le 11 je devais venir ici pour prendre mon rendez-vous pour la préfecture. Mais du coup on m’a donné une obligation de quitter le territoire, sans délai de départ volontaire, avec une Interdiction de retour pendant une durée de 2 ans. » J’ai dit : « Mais je comprends pas. » Après, on m’a dit d’aller chez l’avocate pour faire l’appel pour les 48 heures.

 

– C’était à Lyon l’association ?

Non c’était à Grenoble. C’est quand tu descends la rue de Stalingrad. L’association se trouve là bas. C’est l’ADA. Tout le monde connaît l’ADA, c’est la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Tous les demandeurs d’asile majeurs sur Grenoble, ils passent à l’ADA, c’est l’ADA qui fait les entretiens, après ils prennent tout de suite un rendez-vous pour nous à la préfecture. Donc on se rend après à la préfecture. Le lendemain, quand on prend le dossier, le récépissé, on revient encore à l’ADA pour faire une domiciliation, comme ça tous les courriers de la préfecture, on vient les récupérer là-bas. Donc je suis parti, on m’a orienté vers une avocate. L’avocate m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va faire le recours, mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la préfecture vous a donné une interdiction, alors que vous venez d’arriver, vous avez à peine fait 3 semaines, vous n’avez même pas encore fait un mois, alors que vous avez 45 jours pour déposer votre demande d’asile. » Elle a dit : « On comprend pas mais on va essayer de faire une demande d’asile. »

Et vous savez, le lendemain, il y a un article qui est sorti dans le Dauphiné, c’est-à-dire deux heures après, la même nuit, des personnes de type africain ont été arrêtées suite à une agression à l’encontre d’un couple. En fait les personnes ont fait une comparution immédiate et ont été directement condamnées pour des peines de six et huit mois de prison. Donc du coup je lui ai montré, je lui ai dit : « Maître, vous voyez, ce sont les mêmes faits qui m’ont été reprochés hier nuit », je lui ai dit : « Vous voyez, tout de suite après qu’on nous a emmenés en garde-à-vue, ils ont attrapé des personnes pour les mêmes faits. Alors qu’on leur avait expliqué que nous on ne connaissait pas, on ne savait même pas qu’est-ce qu’ils étaient là à expliquer quoi, on leur a dit que nous on partait juste dans une épicerie de nuit pour essayer de prendre des boissons. » Elle a dit : « Oui mais c’est pas possible qu’il y ait une même condamnation pour des personnes différentes. » Je lui ai dit : « Oui, c’est ce que je ne comprend pas. » Elle a dit : « Bon, là il faudra que l’on voie nous-mêmes et le préfet va vous expliquer qu’est-ce qu’il se passe pour ça. » Donc on a fait le recours dans les délais de 48 heures, donc l’audience devait se tenir le 25 septembre. Donc moi je ne pouvais plus faire une demande d’asile, j’avais une OQTF qui était là sans délai de départ volontaire, je ne pouvais plus poser une demande d’asile, donc j’étais bloqué quoi. Il fallait attendre l’audience pour pouvoir faire une nouvelle demande d’asile. Et par ailleurs, je ne pouvais pas être éloigné tant que je n’avais pas encore la décision du tribunal administratif par rapport à ce recours-là. Donc je suis resté comme ça à Grenoble, je suis resté à attendre le jugement pour le 25 septembre.

Au mois de septembre, c’était le 8 septembre, j’étais avec mes collègues, nous étions venus prendre le tram, pour rentrer à la maison pour essayer de se faire à manger, il était 21 heures, et il y a eu des disputes dans le tram. Comme il y a eu des disputes dans le tram, ils ont appelé les policiers. Les policiers sont venus, ils nous ont trouvés dans le tram. J’étais avec mes amis, mes collègues, nous étions trois personnes. Ils ont demandé les papiers, mes collègues c’étaient des demandeurs d’asile, ils ont montré les récépissés, la police les a laissés partir. Ils m’ont demandé si j’avais des papiers, je leur ai donné la convocation du mois de juillet qui m’avait été notifiée. Je leur ai montré les papiers que j’avais, les papiers de l’ADA et tout ça, je leur ai dit que j’attends l’audience, que je suis en train de faire mes démarches administratives. Mais là pour l’instant, j’attends d’abord la décision du tribunal pour faire quoi que ce soit. Ils ont dit : « Monsieur, là, on va essayer de vous ramener au poste », ils ont dit : « Embarquez-le ». Ils m’ont embarqué, ils m’ont envoyé au poste et ils ont libéré mes amis, parce que moi, à défaut de récépissé, à défaut de papiers, on m’a embarqué, ils ont libéré les autres.

On m’a envoyé au poste de police, on m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé dans le tram, j’ai expliqué. Après, ils m’ont dit que les policiers ont ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, c’était un petit couteau. Et ils ont dit que ouais, que comme moi j’étais à l’arrêt de tram avec mes collègues, donc le petit couteau là nous appartenait. Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? J’ai dit : « Moi je ne mange même pas avec un petit couteau, qu’est-ce que je vais faire avec ça ? Un petit couteau comme ça, ça m’appartient pas. » Ils ont dit : « Monsieur, vous savez que le port d’arme blanche est interdit ? » J’ai dit : « Mais ça ne m’appartient pas ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est pas pour moi ! Si  la police a ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, comment vous voulez dire que ça, ça m’appartient ou ça appartient à un ami à moi ou quoi que ce soit ? Il y a plein de monde qui va dans les arrêts de tram ! » Ils peuvent pas ramasser quelque chose là-bas en disant que ça, ça m’appartient ou appartient à quelqu’un d’autre. J’ai dit : « Moi je connais pas ce qu’ils sont en train d’expliquer ». Ils ont dit : « Ben Monsieur, c’est le magistrat qui va déterminer votre situation. » J’ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Du coup, on m’a gardé là-bas, 48 heures de garde-à-vue. Je suis parti pour une comparution immédiate. Je suis venu là-bas [au tribunal], vous savez, pour les faits du 8 juillet, vous vous souvenez ? Pour ma première garde-à-vue. Et pour la deuxième là. Donc j’ai été jugé et condamné pour six mois de prison, alors que y’avait des personnes qui sont encore en prison pour le premier fait, là, pour ma première garde-à-vue. Des personnes qui ont causé ces affaires, des personnes dont les termes ont été reprochés, sont en prison pour les mêmes faits quoi. J’ai été condamné pour six mois. Pour ces faits-là, et pour port illégal d’armes. Le petit couteau qui a été retrouvé par les policiers à l’arrêt de tram, qu’ils ont pris, qu’ils ont ramené à la police en disant qu’ils ont ramassé ça à l’arrêt de tram où moi j’étais là-bas.

Donc je suis parti en prison le 10, à partir du 10 septembre 2019 j’étais incarcéré. Le 25, je devais attendre mon audience. Donc je suis resté en prison, j’attendais toujours le jugement pour le 25. On m’a orienté vers ma conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation. Je leur ai demandé, j’ai dit : « J’attends une audience pour le 25, par rapport à ma situation administrative. » J’ai dit : « Moi je suis demandeur d’asile, comment ça va se passer ? Et est-ce que je peux faire une demande d’asile après l’audience ? » Elle m’a dit : « Non, tant qu’on ne connaît pas encore votre situation par rapport au jugement, Monsieur, malheureusement, on ne peut rien faire. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Donc le 25 septembre, l’audience s’est tenue, la requête a été rejetée. Lorsque la requête a été rejetée, j’ai appelé mon avocate, je lui ai demandé, j’ai dit : « C’est comment le jugement ? » Elle m’a dit : « Malheureusement, le jugement a été rejeté. Mais on va faire un recours, on va interjeter l’appel pour faire un recours au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » Elle a dit : « Tu vas essayer de voir la SPIP6, elle va te faire signer un dossier d’aide juridictionnelle. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. » Donc j’ai signé le dossier d’aide juridictionnelle, elle a fait le recours pour moi. Actuellement, le recours il est toujours là, au niveau du Tribunal, y’a pas encore eu de jugement là-dessus. Donc je suis resté comme ça en prison, je ne pouvais pas faire de demande d’asile. J’ai demandé à la SPIP qui disait que c’était pas possible, il faut attendre pour voir où en est ma situation administrative.

Donc le 17 octobre, j’ai été transféré de la Maison d’arrêt de Varces pour le Centre pénitentiaire de Villefranche. Je suis resté au Centre pénitentiaire de Villefranche du mois d’octobre jusqu’au 25 janvier 2020. Mais le 9 janvier 2020, j’ai reçu un parloir avocats, un agent de la préfecture qui est venu me voir. Elle m’a trouvé et elle m’a dit : « Monsieur, en fait je travaille pour la préfecture du Rhône. C’est eux qui m’ont envoyé, ils voulaient vous entendre pour vous écouter, quoi, parce que le Préfet, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée le 9 juillet par le Préfet de l’Isère, il veut vous éloigner, il veut vous mettre en centre de rétention pour pouvoir vous éloigner. » Elle dit : « Qu’est-ce que vous en dites ? » Donc je lui ai expliqué, je lui ai dit : « Madame, moi je suis venu ici pour faire une demande d’asile. » J’ai dit : « Dès que je suis venu, on m’a donné une OQTF, et j’ai fait le recours pour pouvoir toujours continuer à faire ma demande d’asile. » J’ai dit : « Actuellement, le recours il est au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » J’ai dit : « Moi je vous ai dit que je ne peux pas rentrer au pays, car ma vie elle est menacée, elle est en danger là-bas. Je peux pas retourner dans ce pays là. » J’ai dit : « Mais si toutefois, après ces recours-là, si Monsieur le Préfet ne souhaite pas que je pose une demande d’asile ici, je peux retourner en Espagne, ou lui-même il peut me mettre dans un vol ou je ne sais quoi, pour que je retourne en Espagne, il y a pas de problème. Pour que je puisse continuer ma demande d’asile là-bas, parce que je suis venu par là-bas. Mais pouvoir dire que je vais aller au pays, je peux pas rentrer dans mon pays. Je peux pas retourner, je peux pas me mettre dans un vol, aller en direction d’un pays où je vais perdre tout de suite ma vie à l’arrivée à l’aéroport. Je peux pas faire ça. » Donc il a écrit ça, j’ai signé. Il m’a demandé si j’étais malade et tout ça. On m’a fait le point sur mon état de santé, elle a mentionné ça aussi. Elle est repartie.

Le 25 à ma levée d’écrous, l’agent de la préfecture est venu me voir, il a dit : « Monsieur, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée, Monsieur le Préfet a décidé de vous mettre en rétention. Il dit : « Vous avez 48 heures pour faire appel à cette décision. » J’ai dit : « Mais je ne sais pas dans quelle langue je vais décider de parler. Le 9 j’ai reçu au parloir avocats un agent de la préfecture. Je vous ai dit que je suis en situation de demande d’asile. Je ne peux pas retourner dans mon pays. Si Monsieur le Préfet veut me mettre en rétention y a pas de problème, je vais retourner en Espagne. Je ne suis pas contre sa décision. C’est normal, c’est lui qui sait. Mais si toutefois il veut pas que je sois dans une situation de demande d’asile moi je vais partir, c’est pas un problème. Mais ce que je dis c’est que je ne peux pas partir en Guinée. Je ne peux pas retourner dans ce pays-là où ma vie est menacée, où ma vie est en danger, où je peux perdre ma vie tout de suite là, dès mon arrivée à l’aéroport. C’est pas possible quoi. » Il a dit : « Mais Monsieur vous pouvez contester cette décision-là, arrivé au centre de rétention. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Comme je le connais pas, j’étais là y avait les gendarmes et tout ça, je suis monté, on m’a menotté, je suis venu en centre de rétention.

Arrivé au centre, tout de suite je suis parti voir Forum7 pour essayer de contester cette décision. Donc Forum a fait une requête pour moi. Deux jours après je suis parti au Juge des Libertés et de la Détention. Le Juge des Libertés m’a dit : « Monsieur, malheureusement les avocats sont en grève. Vous ne pouvez pas avoir d’avocat, et si vous ne souhaitez pas être jugé aujourd’hui, on peut renvoyer à demain, mais ça n’aura changé à rien, demain de toute façon vous serez jugé de la même façon. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Je lui ai dit : « Je souhaite le renvoi du jugement jusqu’à demain, comme ça, comme il n’y a pas d’avocat, que je puisse voir mes dossiers bien, pour regarder mes dossiers. » Donc on m’a rendu mes dossiers et je suis venu ici, regarder mes dossiers. Je suis parti à Forum, j’ai regardé avec eux. J’ai lu et regardé le dossier. J’ai dit : « Il y a plein d’erreurs dans mes dossiers, on me juge, mais c’est-à-dire c’est comme si c’est pas la personne là qui est en face qu’on est en train de juger. Vous imaginez ? Regardez tout ce qui est écrit. “Monsieur tel, il a fait un an sur le territoire français, il ne peut pas justifier ses moyens de subsistance. Donc suite à ça on lui met une OQTF. Le comportement de Monsieur est une menace à l’ordre public.” » J’ai dit : « Mais attendez, c’est quoi ça. » J’ai dit : « Mais attendez c’est pas ma personne qu’ils sont en train de juger dans ce document-là. » Je parle comme ça avec les gens de Forum. Je dis : « Ils sont totalement à côté de la plaque ! C’est pas ma personne ! » Ils m’envoient en prison pour défaut de papiers. C’est-à-dire je fais la prison de personnes déjà qui sont encore en prison. On me renvoie en centre, on met plein d’erreurs dans mes dossiers, pour me juger avec ça. Mais je dis : « C’est pas possible. »

Donc j’ai appelé les associations qui sont dehors, les associations qui s’occupent de nos demandes d’asile et tout ça quand on vient sur Grenoble. J’ai appelé l’ADA. La maison des associations ça s’appelle ADA. L’Accueil des demandeurs d’asile. Ça se trouve à la caserne de Bonne. Donc j’ai appelé, il y a une femme là-bas qui s’appelle Sophie8, je l’ai appelée, j’ai discuté avec elle. Elle m’a dit : « Mais la préfecture te connaît bien. C’est la mauvaise foi de la préfecture pour pouvoir te garder là-bas et continuer vraiment à te faire chier. » J’ai dit : « Oui, mais moi je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder, à vouloir me bloquer par rapport à ma demande d’asile et autres choses. » Après elle m’a ramené tous les documents que j’avais quand j’avais fait des démarches là-bas. J’ai appelé aussi l’ADA, qu’ils me prennent des rendez-vous, ils m’ont ramené les convocations et tout ça à la préfecture. C’est-à-dire pour aller faire ma carte vitale, pour ma domiciliation et tout ça. On m’a envoyé tout ça.

Donc le lendemain je suis parti [au tribunal], on m’a prolongé de 28 jours. J’ai essayé de parler mais le juge m’a pas écouté. J’ai fait un appel pour aller à la Cour d’appel. À la Cour d’appel, la décision a été maintenue. Ils ont dit qu’il n’y a pas d’irrégularité dans la décision qui a été rendue par le Juge des Libertés et de la Détention. Donc quand je suis revenu, je leur ai dit : « Ok, est-ce que je peux continuer alors à faire ma demande d’asile ? Parce que j’étais en train de faire ma demande d’asile dehors. » Ils m’ont dit : « Oui y a pas de problème c’est votre droit de faire la demande d’asile. » Du coup j’ai fait la demande d’asile. Le cinquième ou sixième jour, j’ai été convoqué par l’OFPRA9.

L’OFPRA c’est dans une petite chambre ici. C’est en vidéoconférence. C’est direct, c’est une caméra, je suis là, y a un officier de l’OFPRA qui me pose des questions. Je lui explique ma situation et tout ça. Donc on a fait une vidéoconférence. Donc après, ils m’ont dit d’attendre trois ou quatre jours. En principe on m’avait dit c’est 96 heures la réponse. Donc j’ai attendu. Après la requête a été rejetée. Donc j’ai fait un recours au niveau de la CNDA10 parce qu’on m’avait dit que j’avais un mois pour pouvoir faire un recours par rapport à cette décision de l’OFPRA. Du coup j’ai fait un recours au niveau de la CNDA. Mais quand j’ai fait la demande d’asile, Monsieur le Préfet m’a notifié que malgré que j’aie fait une demande d’asile, qu’il va continuer toujours à me maintenir en rétention. L’examen de ma demande d’asile et tout ça, à faire ici. Que j’ai fait la demande d’asile juste pour faire un obstacle à la demande d’éloignement. Donc j’ai contesté cette décision. Parce que c’est une situation qui n’était pas tout à fait… C’est pas fondé, c’est pas motivé, c’était pas vrai ! Donc je leur ai amené tout le dossier, j’ai mis tout le dossier, j’ai contesté cette décision, nous sommes allés au Tribunal Administratif. Le juge il a vu tout. Il a vu toutes les preuves. Toutes les preuves qui étaient là, que vraiment le Préfet lui-même en personne était dans des erreurs. Il est dans les erreurs. Sincèrement quoi ! C’est pas parce que c’était Monsieur le Préfet… oui il a le pouvoir. Mais c’est un être humain comme tout le monde ! Il fait des erreurs, il était dans des erreurs. Et ma requête a été rejetée. Donc je leur ai dit : « Mais je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder en rétention. » Du coup le recours que j’ai fait au niveau de la CNDA, j’ai reçu ma lettre d’enregistrement de la CNDA. Donc là j’attends une nouvelle date d’audience.

Quand j’ai récupéré la lettre d’enregistrement je suis allé directement voir l’association Forum. Je leur ai expliqué, il y a un travailleur là-bas qui m’a dit, même avec cette lettre d’enregistrement ça n’empêche pas la préfecture de m’éloigner. Je leur dis : « Mais si toutefois la préfecture m’éloigne, le jour de l’audience, qui est-ce qui va me représenter ? » Il m’a dit c’est un avocat. C’est mon avocat qui s’est occupé du recours. J’ai dit : « Et si l’avocat qui me représente est là-bas, et si ce jour-là ils arrivent à me donner le statut de réfugié, ils m’accordent la protection, alors que moi je ne suis pas là, que je suis… éloigné dans un pays qui est en guerre. Où ma vie elle est en danger. Où… j’ai tout expliqué. Comment moi je vais faire à ce moment-là ? » Il a dit : « Vous reprenez un visa, vous revenez. » J’ai dit : « Arrêtez de prendre les gens pour des fous ! » J’ai dit : « Vous, travailleur de Forum, qui êtes là à m’expliquer des choses comme ça ? Mais tu imagines ce que tu m’expliques ? Hein ? Aller dans un pays qui est à la limite de la guerre civile là, où il y a la guerre ethnique, où ma vie elle est menacée, elle est en danger, je vais là-bas et je dois être représenté par un avocat, et si je suis reconnu réfugié comme ça, moi je vais prendre un visa pour revenir ? Mais attendez ? Vous prenez les gens pour des personnes qui ne connaissent rien ? C’est pas possible. » Du coup je suis sorti là-bas, je suis revenu. Du coup je suis dans cette situation jusqu’à présent. J’attends encore, je ne sais pas… ce que la préfecture va dire par rapport au recours que je dois faire. Parce que je suis en attente d’une date d’audience. Pour voir comment ça va se passer quoi.

Voilà pour l’instant je suis au centre de rétention. Maintenant je vois qu’ici bon, les droits des personnes sont violés. Pour moi ici le droit, on dit que juste les gens ils ont des droits mais c’est pas possible, c’est pas vrai. C’est qu’ici, quand la préfecture elle a décidé vraiment quelque chose, même si tu es dans la vérité, même si tu es dans la raison, en fait t’as pas raison. C’est Monsieur le Préfet, c’est lui qui a le pouvoir. Il a la force. C’est lui qui décide en fait. C’est que pour toi, t’as pas la parole quoi. C’est-à-dire il faut que tu acceptes ce qui est là. C’est ce que je vois.

 

– Tu veux nous parler de comment c’est dans le centre, la vie là-bas, les conditions ?

En fait le centre c’est n’importe quoi. C’est-à-dire que ici, c’est pire que la prison. Ils ont juste dit un centre de rétention, mais c’est comme une déchetterie ici. C’est… En fait les gens sont retenus dans des conditions vraiment bizarres. Quelle que soit la façon dont tu expliques ça à quelqu’un, tant que la personne n’a pas l’accès pour venir voir… Si vous comprenez bien, il faut essayer de tout faire pour que vous-mêmes, les associations qui sont là, qui veulent vraiment voir ce qui se passe dans le centre, puissent avoir l’accès pour pouvoir venir à l’intérieur. Pour voir ce qui se passe. C’est tellement bizarre, c’est tellement inhumain les conditions de rétention. C’est… comme on peut même pas expliquer à une personne. C’est-à-dire c’est des tortures psychologiques… C’est pire que la prison ce qui est là. C’est pire que la prison. Disons que c’est du racisme quoi. Je le dis en un mot. C’est quelque chose comme ça. On n’a pas droit à la parole. Il faut s’écraser. Il faut se taire. Tes droits sont bafoués, tes droits sont violés. T’as droit à rien donc tu restes là. Et les policiers quant à eux, ils n’ont qu’un seul mot d’ordre : l’expulsion. Donc t’as droit à rien, t’es qu’un sans-papiers, t’es pire qu’un criminel. T’es vu comme… comme le mal. En fait tout ce qu’on voit en toi c’est le mal. On ne voit pas en toi un être humain qui peut parler. T’as droit à rien. Tu prendras rien. Tu es là vraiment comme étant le pire mal que les gens n’ont jamais connu. On se demande des fois même, tu te demandes : « Je vis dans quel pays ? Je suis dans quel pays ? » C’est comme ça. Est-ce que c’est vraiment la France quand on dit voilà, c’est un pays de libertés, de droits, où la démocratie elle est réelle. Tu te dis, tu te poses même la question. Tu te dis : « Mais c’est vraiment… c’est totalement… c’est paradoxe quoi ! » Ce que tu entends, ce qu’on te dit… Mais c’est pas la France comme ça. Ça c’est pas la France. Ça c’est… c’est complètement, c’est autre chose. C’est comme si on vivait dans un autre pays quoi, ou dans une autre planète. C’est totalement opposé par rapport à ce qu’on dit, comme si on vivait pas en Europe quoi, ou en France. En fin de compte.

 

– Et l’association, elle essaie des trucs pour aider les prisonnièr·es ?

L’association Forum c’est la pire merde qu’ils ont mis ici pour les détenus. Moi quand on me pose la question c’est ce que je vais dire. Ces gens-là, pour moi eux, ce n’est pas une association qui est là, c’est-à-dire pour essayer d’aider les gens dans leurs différentes démarches. Pour moi Forum ici, même les policiers ils vous le disent. Même quand vous discutez avec des policiers eux mêmes ils vous disent, « Forum ne fait rien. » Forum, ils sont là juste, ils ont des mots d’ordre. Ils ont des consignes. C’est-à-dire ils doivent respecter ces consignes-là, ou alors ils vont perdre leur boulot. Ils font rien. Ce sont des gens qui travaillent en quelque sorte pour la préfecture. C’est-à-dire ils font absolument rien. Ils sont là juste pour la forme. Pour ne pas qu’on dise que les gens sont retenus dans des conditions où ils ne peuvent même pas parler. C’est juste une mise en scène, c’est juste de la comédie, c’est rien, c’est pour la forme. On voit, c’est pas une association qui est là. Parce que moi j’ai connu les associations dont je vous parle par exemple, comme l’ADA, l’association des demandeurs d’asile, comme la Cimade, et les autres associations, ça n’a rien à voir avec Forum ! Pour moi Forum c’est pas une association. C’est juste des gens qui sont là pour la forme. C’est des gens qui travaillent pour la préfecture. Ils jouent avec les gens, ils te forcent à faire des requêtes pour te plonger encore plus dans des problèmes. C’est-à-dire ils t’écrivent des requêtes, c’est-à-dire toi tu viens tu te présentes devant le juge. Après le juge t’explique, tu viens tu dis : « Mais attends je n’ai jamais parlé de ça avec Forum. » Tu viens tu demandes : « Monsieur, comment est-ce que vous avez pu écrire des choses comme ça, moi à aucun moment donné je n’ai expliqué ça. » Il dit : « Mais c’est tout ce qu’on peut faire pour vous, y a pas autre chose monsieur. » À un moment donné vous voyez même c’est lui qui vous dit : « Monsieur rentrez dans votre pays. » Mais attendez qu’est-ce que vous dites. Pourquoi vous venez me dire : « Monsieur pourquoi vous ne voulez pas rentrer dans votre pays. » Mais attendez vous êtes qui ? C’est une association ou c’est la préfecture en personne qui est là ? Il dit : « Ah Monsieur nous on peut rien hein, on vous dit ce qu’on peut faire… » Mais si vous ne voulez rien faire, mais il faut partir ! Alors nous on peut pas, vous commencez à discuter, automatiquement c’est la police pour vous dégager. C’est la merde. En fait c’est la merde quoi. Pour moi ici on vit pas en France, ça c’est pas la France. C’est pas vraiment l’image de la France, c’est pas vraiment l’image de la France qui se trouve ici. Ici c’est… C’est bizarre quoi. Pour moi ici c’est autre chose quoi. »

 

* * * * * * * * * * * * * * * *

Quelques jours avant ce témoignage, A. avait été conduit à l’aéroport par les policiers du centre de rétention. Entre 4 heures et 8 heures du matin, il avait attendu seul dans une cellule. Il n’avait ni billet, ni bagages enregistrés. Vers 8 heures, les policiers étaient venus le chercher en lui disant qu’il avait « raté son vol », et que, maintenant qu’il avait refusé une première fois l’expulsion, il serait conduit à son prochain vol sous escorte policière, c’est-à-dire entravé, menotté. Un second refus, quand il est possible, est passible de prison ferme. Une dizaine de jours plus tard, il a été déporté, alors même que ses démarches en justice pour contester son Interdiction de retour sur le territoire français de 2 ans, délivrée illégalement, sont toujours en cours, et qu’il est toujours en procédure de demande d’asile, en attente d’une audience à laquelle il ne pourra pas se rendre.

 

Article paru sur Rebellyon : https://rebellyon.info/Ok-y-a-pas-de-probleme-Temoignage-de-A-22083

 

1. Association Accueil Demandeurs d’Asile.

2. Guichet unique pour demandeurs d’asile, à la Préfecture.

3. Officier de police judiciaire.

4. Il parle peut-être plutôt du commissariat.

5. Obligation de quitter le territoire français.

6. Service pénitentiaire d’insertion et de probation.

7. Forum Réfugiés.

8. Les prénoms ont été modifiés.

9. Office français de protection des réfugiés et apatrides.

10. Cours nationale du droit d’asile.

TEMOIGNAGE AU CRA DE LYON ST EX : GREVE DE LA FAIM FACE A LA SUPPRESSION DES VISITES ET DES AUDIENCES ET LA CRAINTE DES PRISONNIER-ES FACE AU CORONAVIRUS.

Plusieures grèves de la faim ont lieu dans d’autres CRA (Lesquin, Vincennes, Mesnil-Amelot notamment) en ce moment même.
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-e-s !!!!

 » Bonjour,

En fait nous on est au centre de rétention de Lyon.

On est en train de faire une grève de faim parceque ils nous a enlevé nos visites. Ya plus les tribunaux qui travaillent.

Et voilà, nous aussi euh on essaye de faire notre mouvement parce que nous aussi on a peur pour nos vies. Que le virus il rentre ici voilà. Nous on est enfermés ici et ya pas de mesures de sécurité ! Ya pas de médecins qui font on va dire des controles et tout ça.

Alors du coup tout le monde il a peur. Du coté retenu-e-s et du coté policier aussi. Tout le monde il a peur. Et voilà.

Jusque là on mange pas. Cet après-midi ils vont faire une réunion pour euh… décider qu’est-ce qu’ils vont faire avec nous quoi. Parce que même les policiers ils ont plus envie de venir travailler.
C’est ça le problème aussi.
Et voilà là on est en mouvement et on attend la réponse de l’après-midi.

C’est à peu près tout ce qui se passe ici. Et en plus ils nous ont enfermé tout le monde dans les promenades. On peut pas descendre ya rien du tout.

T’as dit ils nous ont enfermé dans quoi ?

En promenade, dehors. Ya pa un échange c’est fermé. Eux-même ils ont peur.

– Et quand tu parles des audiences, tu dis ya pas d’audiences ça veut dire quoi ?

Ca veut dire les tribunaux ils ferment. Ya plus de juges, ya plus d’avocats, ya plus rien du tout.
Aujourd’hui il y a des gens qui ont été labas. Yavait des juges mais ils ont dit qu’ils vont fermer. A partir de demain tout va fermer.
Aujourdhui yavait des gens qui ont été labas mais ya pas eu d’audiences.

Et en plus les visites elles ont étées coupées, ya plus de visites parce qu’ils ont peur. J’sais pas nous on est [passage inaudible] ont sait pas quoi faire quoi. »

Au CRA de Lyon tabassage de la police et prisonnièr-es en lutte à l’interieur du CRA

Aujourd’hui, lundi 24 fevrier, les prionnier-e-s du CRA de Lyon St Exupery témoignent de la violence de la PAF en ce moment même.

Ils demandent à publier ce témoignage. A diffuser largement pour les soutenir !!

A bas les CRA, A bas les frontières, soutien aux prisonnie-r-es

Ca a commencé comme ça euh, après le repas de midi on est rentré dans notre coté, coté orange.

Alors yavait un gars albanais qui a demandé à ouvrir la porte et voilà ya un policier qui a répondu très agressivement.
Lui il lui a dit pourquoi tu me parle comme ça, agressif.

Alors ils sont venu tous. Ils ont [passage inaudible] tout le monde.
Ils ont attrappé le gars, ils ont étranglés face à la mort tu vois qui a enlevé la main des des des policiers. Et voilà ils l’ont tabassé à mort tu vois.

Il vont le ramener à l’hopital quoi. Et voilà nous on va commencer aussi a faire notre grève.

Et ça va commencer dans tout le centre c’est pas juste un coté. Ca va commencer dans tout le centre.


[Autre témoignage ]

Ils sont là avec leur plastique là, avec leur casque, avec le gaz, avec tout ce qu’il faut. Ils sont venu là pour nous tapper quoi. Comme ça…

(…) Ils sont venu avec leur plastique là qu’ils prennent devant eux. Tu vois ils étaient avec le gaz là tout le materiel là tu vois. Ils sont venu pour nous tapper mais heureusement il s’est rien passé. Mais ils nous a menacé « vous allez voir ce qui va se passer », « vous allez voir », jsais pas.

Voilà ça a commencé à l’autre coté. Ca va passer dans tous les cotés, ils courent maintenant toute la journée.

Ce qu’ils font là c’est pas bien, ils vont trop trop loin franchement.

Voilà de tous les cotés c’est comme ça mais chez nous on a cassé toutes les portes tu vois. Bah ouais ça fait réagir tu vois quand ils viennent et ils tappent les gens comme ça pour rien du tout tu vois.

Pour l’instant, 9 personnes sont misent à l’isolement. Tous les prisonnier-e-s sont enfermés dans la cour à l’interieur du CRA.

VINCENNES : GREVE DE LA FAIM, REPRESSION ET CRA EN FEU !!

Autour de Paris, les prisonier-es du CRA de Vincennes sont en lutte depuis plusieurs jours. Ils subissent la répression que les keuf-es font peser sur elleux au quotidien. Hier soir deux unités du CRA de Vincennes étaient en feu. Force et soutien à elleux ! A bas les CRA !

 

Article du site : https://abaslescra.noblogs.org/greve-de-la-faim-et-repression-au-cra-de-vincennes/

 » Depuis samedi dernier, les prisonniers du batiment 2A du CRA de Vincennes sont en lutte : pendant 3 jours, ils ont réfusé de manger à la cantine, ils sont restés soudés et solidaires, mais ont dû faire face à la répression violente de la part des keufs.

Les flics ont tout fait pour faire craquer les gens et casser la lutte : samedi soir, au début de la grève de la faim, les prisonniers sont renfermés dans le batiment et ils sont fouillés dans toutes les chambres ; dimanche, un prisonnier est tabassé par les keufs, qui refusent aussi l’accès à l’infermerie pour les prisonniers malades ; lundi, les prisonniers se font réveiller par des douches incendie, d’autres tabassages ont lieu, les keufs avec les chiens ; mardi, l’eau du batiment est coupée, pas de douches ni rien.

Un prisonnier du batiment 2A raconte des conditions de vie à l’intérieur, et de ces derniers jours de luttes et de répression (à partir de la minute 35) :

Et voici, le témoignage écrit d’un prisonnier :

On veut juste des conditions de vie normale parce que nous on vit ici c’est trois mois c’est une vraie peine de prison. Une peine mais nous on veut juste sortir, on a des enfants ici. Le CRA c’est invivable surtout à cause de la violence des policiers et aussi parce qu’il essaient de nous faire craquer. Les gens qui sortent d’ici certains deviennent fous.

Ils nous rendent fous. À l’intérieur on les voit devenir fous petit à petit. Il y a quelqu’un la dernière fois ils lui l’ont appelés pour une prise de sang, et quand il est revenu il s’est écroulé en tremblant et tout, on comprend pas si ils essaient de nous tuer parfois.

Il y a un mec qui a le bras cassé à cause de flics qui lui sont tombés dessus. On essaie de l’aider comme on peut mais le soir il crie, il peut pas dormir.

On savait pas que c’était comme ça a France, tant de racisme. Il y a même un policier qui a craqué quand il a réalisé ce qu’il se passait dans le centre. Les policiers c’est tous des stagiaires donc ils font de la merde. Ils essaient de nous faire craquer avec des fouilles tous les jours, des tabassages de gens avec les jambes et les mains scotchées…

Nous on craque ici on a envie de sortir d’ici le plus vite possible.

Samedi soir on a commencé une grève de la faim on était 28 je pense. Les policiers sont venus pour nous foutre la pression on leur a dit que la nourriture c’est immangeable. L’entreprise qui fait la nourriture c’est GEPSA ils donnent pas de sel, pas d’eau, les plats sont immangeables, c’est GEPSA on peut lire sur leurs gilets. On leur a dit aussi il y a pas de porte dans les toilettes et des toilettes sales avec des gens malades partout.

L’infirmerie fait pas sont travail. Ici beaucoup on la gale. Dès que tu viens qui tu dis que t’es malade ils donnent juste des gros calmant, c’est une pharmacie pas une infirmerie. Les infirmières sont super méchantes. Pharmacie : Valium, Rivotril, Subutex, Tramadol… les gens qui prennent ça ont les voit devenir dingues.

Cette nuit là vers 4h ils nous ont arrosés avec les douches incendies. Ils ont arrosé tous le monde, toutes les chambres. Les vêtements, les matelas, les couvertures tout était mouillé. On tremblait on pouvait pas dormir dans ce froid. Au haut-parleur ils ont dit : « si vous mangez pas demain à midi ca va continuer » Ils voulaient nous faire craquer.

Heureusement que certains ont des chambres tellement sales qu’ils dorment dans les couloirs ou dans la salle commune. Eux ils avaient les couvertures sèches. Alors on s’est mis tous dans la même salle pour se réchauffer avec les couvertures sèches et essayer de dormir.

C’était horrible, le lendemain on était plus que 18 en grève de la faim. Ils nous ont notés et après ils sont venus nous taper, juste pour en découdre ?

Le lendemain donc hier, ils ont coupé l’eau. Ça a commencé hier soir certains étaient réveillés, mais nous on s’en est rendu compte que ce matin : d’un coup plus d’eau dans les douches, robinets, toilettes. Tout le monde est paniqué ou énervé. Même la machine pour boire elle est coupée. Quand on demande pourquoi, ils disent : « arrêtez de nous casser les couilles ».

On en a marre on en peut plus des fois on pense au suicide. Même aux USA les prison c’est pas comme ça.

Les CRA existent pour isoler les prisonniers-ères, pour leur faire croire qu’iels sont seul.e.s face aux flics, aux juges, aux avocats, aux associations. La solidarité depuis l’extérieur est une arme, ça permet aux prisonniers-ères de tenir le coup. Soyons solidaires avec les prisonniers du batiment 2A de Vincennes, et tou.te.s les autres. Par exemple, en appellant les cabines du CRA pour montrer notre soutien à la lutte, en faisant des parloirs et des parloirs sauvages… voici toutes les infos.
Numéros des cabines de Vincennes 2A :
01 48 93 69 47
01 48 93 69 62
01 48 93 90 42

PS Dimanche dernier, avant un parloir, des personnes de l’Assemblée contre les CRA ont assisté à une tentative d’évasion à Vincennes. Elles racontent ce qui s’est passé :
Vers 16h30, alors qu’on attend depuis pret de deux heures, une alarme retentit. Des flics se mettent à courrir, nous aussi. Un homme saute par dessus un portail qui l’améne à l’extétieur du CRA (côté batiment 1), traverse la route malheureusement face à lui un parking grillagé. Là une quinzaine de flics arrivant de toute part le rattrape sous nos cris et nos yeux impuissant alors qu’il est suspendu au grillage. Ils le transporteront allongé jusqu’à la voiture qui l’emmenera en garde à vu. Il ne se débatait même plus comme si il avait mis tout le reste de son énergie dans cette tentative d’évasion.

LIBERTE POUR TOU.TE.S
SOLIDARITÉ AVEC LES PRISONNIERS-ÈRES EN LUTTE
A BAS LES CRA ! »

 

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Article du site : https://abaslescra.noblogs.org/le-cra-de-vincennes-brule/

Vincennes brûle !

 » Après plusieurs jours de luttes et de répression violente, ce soir 4 février des prisonniers ont appelé pour raconter que des incendies sont en cours dans deux batiments du CRA de Vincennes. Les batiments ont été endommagés.

Tous les prisonniers sont dans la cours, encerclés par les keufs qui les empechent de bouger, en les laissant sous la pluie. Des prisonniers parlent d’une personne blessée mais les informations restent confuses.

Ne laissons pas les prisonniers isolés, soyons solidaires, soutenons les révoltes !

A bas les CRA !

 

Pour faire des parloirs avec les prisonniers, infos ici

Pour appeler les cabines :
Vincennes 1 : 01 45 18 59 70 – 01 45 18 12 40 – 01 45 18 02 50
Vincennes 2 : 01 48 93 69 47 – 01 48 93 69 62 – 01 48 93 90 42
Vincennes 3 : 01 48 93 99 80 – 01 43 76 50 87 – 01 48 93 91 12″

COMMUNIQUE DES PRISONNIER-E-S DU CRA DE OISSEL EN GREVE DE LA FAIM

Liberté pour tou.tes les prisonnier.es !

Force aux prisonnier-e-s en grève, en lutte à Oissel et partout ailleurs ! A bas les CRA, feu aux prisons, et fin à l’enfermement. 

Lien vers l’article et les affiches du communiqué à diffuser largement :

https://abaslescra.noblogs.org/communique-des-prisonniers-de-oissel-en-lutte/

 

« La prison pour étrangèr.e.s de Oissel (près de Rouen) est connue pour ses keufs violents et raciste, sa direction qui réprime tous les mouvements de lutte. Dans cette taule le mitard est régulièrement utilisé pour tabasser des prisonniers.

Cette prison a été en partie brulé à la fin du mois d’avril par des prisonniers après une grève de la faim violemment reprimée.

Samedi dernier des keufs tapent un prisonnier et l’amène au mitard ( il en est ressortit le mercredi 22 janvier) parce qu’il avait voulu se montrer solidaire d’un autre prisonnier.  Le soir des policiers cagoulés avec des chiens rentrent dans le centre pour foutre la pression aux prisonniers. Depuis les violences, coups de pressions, insultes racistes ne se sont pas arrêtés.

Ce mercredi 22 janvier au soir, les 42 prisonniers de la section homme du cra de Oissel se sont mis en grève de la faim. On relaye leurs communiqués:

Au centre de rétention de Oissel (près de Rouen) la police est violente et nous humilie tous les jours. Toujours ils provoquent, ils disent “Baisse les yeux !”. La nourriture est froide et n’est pas halal, alorsqu’il y a une majorité de prisonniers qui sont musulmans.
Même la prison c’est mieux qu’ici. Y en a ils ont 10 ou 20 ans ici et onles mets en centre de rétention.
Depuis samedi c’est encore pire. La police à encore voulu mettre unprisonnier à l’isolement. Son ami s’y est opposéet ils l’ont amené violemment aussi à l’isolement. Le soir y avait la police avec des chiens et des cagoules dans le centre pour nous faire peur.
Le prisonnier qui était à l’isolement il vient d’en sortir. Ils l’ont
tabassé, il peut pls parler, il a des bleus partout. Les yeux et les
oreilles sont gonflées.
Hier ils ont cassés le pied d’un autre prisonnier.
Tout ça va pas du tout. Tout le monde se plaint. Nous sommes plus de 42 prisonniers enfermés ici. Donc là on fait la grève commune. Ce soir personne ne mange.
On va essayer d’occuper le couloir parce que ce qui c’est passé depuissamedi dernier c’est encore pire que d’habitude.
Ici y a pas d’hygiène. Les chambres sont pas nettoyés tous les jours.

On revendique
-La fin des violences policières, de la xénophobie des policiers et de leurs racisme
-Un minimum d’hygiène et de dignité
-De la nourriture correcte
-Des soins corrects

Les prisonniers en grève de la faim de Oissel, le 22 janvier