Le lundi 17 janvier, le nouveau CRA de Lyon-St Exupéry est ouvert. Il double le nombre de place en rétention pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis des semaines, les flics promettent des conditions de vie amélioriées… Pourtant, les premiers témoignages qui nous parviennent sont sans ambigüité : si pour l’instant les locaux sont plus salubres, les prisonni.ères doivent désormais supporter le vacarme assourdissant des pistes de décollage et, privé.es du réseau mobile, iels subissent encore plus l’isolement. Amélioration des conditions ou pas, l’enfermement reste inhumain.
Par rapport à l’ancien emplacement, c’était dégradé, mais ici c’est neuf, c’est flambant neuf, c’est bien, c’est tranquille, mais le problème qu’on a ici… Si tu as le Sfr, tu n’as pas de problème. Mais la plupart des personnes qui sont ici, ils ont le réseau lycamobile, et ça pose problème pour que tu puisses avoir la possibilité de te communiquer avec tes proches à l’extérieur. Tu vois ? Alors il faut déplacer, il y a des moments il fait très froid dehors, il faut que tu sortes vers la cours de promenade.
Là bas, c’est barricadé avec du béton bien sûr, c’est muré avec du béton bien sûr, au dessus il y a le grillage, c’est ouvert et l’air pénètre, vous voyez. Ici on est à peu près à 60m de l’aéroport, des trucs, des pistes d’atterrissage, vous voyez là où les avions atterissent, là ou les avions décollent. Donc lorsque l’avion est en train de décoller vous êtes dans votre chambre, vous sentez le mur qui est en train de bouger, même le train, tu vois le train, lorsque le train passe, le tgv le inoui là tout ça, qui s’arrête à l’aéroport de Saint-Exupéry, lorsque le train là passe, vous sentez vraiment, le mur qui est en train de bouger.
On a pas de problème covid, personne va mourir.C’est comme ça ici, les gens qui sont ici, ils sont dans des moments ils sont dépassés tu peux pas discuter avec, comme c’était là bas ! ici aussi ça rebelotte, mais bon chacun fait ce qu’il veut dans sa vie hein, moi je suis là j’attends demain je vais passer, bon ; on verra, on verra ce que la la préfecture dira, comme ce juge qui détient le baton de mon avenir, qui decide si je vais mourir ou si je vais avoir un travail, ou je sais pas quoi. Moi j’attends.
Les locaux sont propres, la chambre est bonne, mais ça commence à déborder déjà – si je veux prendre la douche, y a plus le passage de l’eau; les égouts sont bouchés, je sais pas si quelqu’un a jeté quelque chose dans le chiotte, après ça a bouché les égouts, donc ça je comprends je l’ai déjà signalé mais bon ils font rien, je fais à l’ancienne, j’ai coupé une bouteille, dès que j’ai fini de me laver, je commence à récupérer la bouteille que j’ai coupé, et je le verse sur la toilette, ouais, après je tire bon.
Dans le centre, pour ceux qui veulent manger, des fois ils donnent ratatouille. La restauration n’a pas changé, la restauration est toujours le même, lemeilleur qu’ils donnent c’est le pain.
- – Le pain ?
- – ça se vend 20 centimes ou 25 centimes, tu as ça le matin au déjeuner, tu as ça à midi tu as ça le soir. Voilà. C’est ça que j’ai mangé. La nourriture des hommes tu veux manger un tout petit, comme nos enfants à la crèche, un petit morceau de viande, un morceau, des fois une cuisse de poulet, une cuisse de poulet un gabarti, d’un vieux comme moi j’ai 60 ans je veux manger la nourriture pour résister jusqu’à demain matinn j’ai pas le temps.