Témoignage de L., enfermé depuis plus de 75 jours au CRA 1 de Lyon

L.: Bonjour je m’appelle L., je viens d’arriver.. Ca fait une vingtaine d’années que je suis en France, ma mère elle a la nationalité française. Je sors de prison, je me retrouve ici, ils veulent m’expulser.. J’ai pas compris, ils mélangent tout le monde, ils me traitent comme si j’étais un sans papier alors que j’ai fait mes études ici, j’ai travaillé. J’ai été jusqu’ en BEP deuxième année, voilà quoi. L’hygiène elle est pas bien, on nous parle comme des sauvages, comme des animaux. Ils te réveillent toutes les secondes, c’est sale. Les avocats essayent de rien comprendre, tu leur dis bonjour ils te mettent 30 jours, le juge : au revoir 45 jours. C’est la merde. Ils sont pas avec nous, ils sont pas compréhensifs, c’est pas ça la liberté, c’est.. c’est pas comme ça. Franchement, il faudrait faire un truc.. On a pas le droit d’avoir des tels avec des caméra, rien du tout..
Tu disais que toi c’était pas la première fois que t’étais au CRA ?
L. : J’ai été là-bas en 2017, je suis sorti. C’était pas comme ça, ils m’avaient mis une OQTF et ils m’ont sauté l’OQTF. Mais là c’est.. Quand tu sors d’ici ils te mettent l’assignation à domicile, après tu dois signer, tu dois signer, des fois c’est 40 jours et ça se trouve des fois le dernier jour que tu signes ils te ramènent encore ici [au CRA].. En fait t’es pas libre quoi.
Et en 2017, t’étais pas au CRA de Lyon ? 
L. : Nan j’étais dans l’ouest, c’était mieux déjà dans l’ouest.
Ah ouais,  qu’est-ce que tu vois comme différence avec Lyon ?
L. : Là bas les juges sont compréhensifs, ils écoutent. J’ai fait un mois là bas, ils ont vu un vice de procédure. Ca fait longtemps que je suis venu en France, j’ai pas le droit de.. je dois pas être là ici, ils m’ont libéré. Mais à Lyon, laisse tomber à Lyon, ils comprennent pas, ils s’en foutent. Ce qu’ils veulent comprendre c’est t’as le vol t’as le vol, c’est tout.
– La dernière fois tu me parlais de violences psychologiques?
L.: Ils te réveillent à 6-7 heures, ils appellent y’a une [inaudible] psychologique, après ils viennent pour le ménage alors tu dois faire le ménage. Ils mettent 4 balais pour le faire.. Même en prison t’es mieux, t’es mieux ils ont pas [inaudible] pour moi. Les gens ils pètent les plombs en plus en plein mois de Ramadan comme ça c’est pas sain.
Depuis que t’es là les équipes elles ont changées? Tu vois des différences?
L. : Franchement ils ont changés l’équipe depuis hier, il y a rien qui change. La première équipe, elle était plus cool, plus compréhensive, mais là ils viennent de Perpignan, ils veulent rien comprendre. En plus ils ont niqués des mecs. Pour cogner des gens,[inaudible] pas compréhensifs. On est là dans la merde, on mange pas, on mange des surgelés.. C’est psychologique, c’est pas sain. On a pas le droit de se faire ramener de la bouffe, rien du tout.. Moi je sors de prison même là bas c’était 5 étoiles. Je te jure j’avais tout. Là je comprend rien, les bouffes surgelées, comme j‘ai travaille en cuisine je sais c’est quoi ça. Ils mettent dans des barquettes et voilà hein..  Psychologiquement j’en peux plus moi, il faut faire un truc. [Inaudible]
Tiens mon collègue il va témoigner aussi.
Ok toi tu veux dire un dernier truc?
L. : Non j’ai rien d’autre à dire franchement. C’est pas sain, ils nous font que de la merde, psychologiquement on a plus le moral on a plus rien. Moi je suis sorti de 2 ans de prison j’ai même pas vu ma mère, ils veulent rien comprendre. Là ça va j’ai appelé le consulat pour pas qu’ils leur donne des laisser passer mais voilà, laisse tomber..
– A Lyon toi en plus tu connais personne, t’es hyper isolé non?
L : Ben oui ils ont fait exprès, je connais personne. J’ai pas de famille, j’ai personne. Moi ils m’ont dit quoi quand je suis passé au tribunal ? j’ai envoyé la quittance de loyer, j’ai envoyé les papiers de ma mère, j’ai envoyé les fiches de paie. J’ai tout envoyé, mais ils veulent pas, ils m’ont dit non. Parce que quand ils m’ont arrêté j’étais à Annemasse, ils savent pas où je dors, nanani je sais pas.
– Toi t’avais demandé une assignation à résidence chez ta mère en région parisienne et à ton JLD ils ont dit non.
L : Ma mère ouais.. Et ils m’ont dit non, ils ont dit non parce qu‘ »on vous a attrapé dans une ville à la frontière« , j’ai dit « Donc vous m’avez attrapé dans une ville à la frontière mais j’ai payé moi ma dette t’as vu. Normalement je sors, normalement vous m’accordez ça. Là ils commence à te sortir ce que t’as fait dans ta jeunesse, .. Ils sont là que pour t’enfoncer en fait, ils t’enfoncent.
A ton prochain JLD tu penses que ton avocat pourra redemander l’assignation?
L : Bah oui bah oui, sinon ma mère elle va déménager, elle va être dans le Nord. J’vais demander dans le Nord c’est mieux, comme ça il y a pas de galère. En soi j’ai pas le choix, je suis arrivé qu’avec ma mère ici moi ils ont assassiné mon père, j’étais tout petit. Ils l’ont assassiné devant mes yeux j’avais 8-9 ans et voilà ma mère m’a ramené ici. J’ai que ma mère.. J’ai que ma mère, j’ai personne d’autre moi ici. Mon pays de naissance, en Afrique Centrale, j‘y étais en 2012 ils ont voulu de m’assassiner ils m’ont empoisonné là bas, je peux pas y aller là bas moi.  C’est la guerre, tout ça. Mais ils mélangent tout là avec l’Ukraine, qu’est ce qui se passe, ils veulent expulser tout le monde mais je comprends plus rien. Je comprends plus rien.. Alors que tu vois l’équipe de France il y a que des noirs, tu... Vas comprendre. Il y a des noirs, des algériens, des marocains, des mélangés. En fait j’sais pas je comprend rien c’est un pays de facho. C’est devenu facho ici. Ils comprennent plus ils sont là « Bonjour » et ils te mettent 30 jours. Ils nous traitent comme des animaux.. Eh vas y c’est trop.. Franchement c’est trop. C’est des trucs tu pètes les plombs, tu sors dehors tu deviens fou. En fait il faut être fort mentalement, si t’es pas fort c’est mort. Wallah c’est mort si t’es pas fort. Je vous passe mon collège après au pire vous me reprenez.
–  Merci beaucoup
L : Ouais c’est normal, c’est normal et merci vous aussi parce que vous êtes compréhensifs. On est à l’abandon ici franchement. Je vous passe mon collègue.

Témoignage de J., enfermé depuis plus de 30 jours au CRA 1 de Lyon

J. : Oui bonjour, ça va? 
– Salut ça va et toi?
J. : Non ça va pas, ça fait un mois ils nous traitent comme des chiens. Vous imaginez pas comment c’est la vie dedans. Par terre c’est sale, on a pas de couverture, les draps ils sont sales, il y a pas de nourriture.. C’est vraiment la merde, vous imaginez pas on vit comment ici. On a des enfants, on a des vies dehors, on a des familles, on a tout. A la fin ils ont [inaudible], ils nous traitent comme des chiens. Moi j’ai fait 1 an de prison à la fin je me trouve là.. 11 mois de prison après je finis là. On a des enfants, on a des familles, on a des maisons, on a des hébergements on a tout, mais ils veulent pas [faire d’assignations à résidence?].. Je dis à mon avocat [inaudible] j’suis encore là. C’est horrible, horrible. C’est vraiment horrible.  Chaque jour on est en train de souffrir
Ça fait combien de temps toi que t’es au CRA?
J. : Un mois, mais je peux plus. Je dors pas la nuit, je pense qu’à ma famille, je pense qu’à mes enfants. Mais vraiment c’est.. J’ai jamais [inaudible] Même en prison, c’était des vacances pour moi. Ça a rien à voir. De nourriture.. De nourriture on a pas, imaginez.. On a pas de nourriture. Nous ça va un peu on a nos familles, ils viennent nous voir des fois en parloir et tout. Mais il y a des gens vraiment ils ont pas de famille ils ont rien du tout. [inaudible]
– Tu dis ça parce qu‘aux visites ils peuvent faire passer de la bouffe aussi?
J. : La bouffe ils nous donnent de la merde. Une madeleine, et ils nous donnent quoi encore? On a le droit de rentrer par parloir trois paquets de gâteaux, et trois litres de jus ou de soda. On a pas le droit de rentrer plus. Ca veut dire moi j’habite à plus de 100km d’ici, ma famille ils viennent me voir ici pour 20 minutes, en plus ils peuvent pas poser ce qu’ils veulent. Une heure et demi de route pour poser 2 paquets de gâteaux et 2 litres de coca? C’est pour ça et t’sais ils font ça parce qu’ici il y a personne qui vient nous voir. Dedans il y a pas de caméra, ya pas de téléphone. Tu peux pas montrer à l’extérieur comment on vit ici. Ici, à l’extérieur, ils vont voir ce qu’il se passe dans les centres et tout, ils vont vrillé les gens. Jamais ils vont rentrer une caméra ici. [inaudible]
C’est grave, c’est la misère, c’est vraiment la misère. Après j’sais on parle pour rien du tout, ça va rien changer, ça va rien changer mais juste on parle. 
On essaie..
J. : Ouais mais avec ces lois, avec ces racistes là comment ça peut changer? Rien du tout. J’ai des enfants, j’ai une maison à mon nom et mon prénom, j’ai tout et à la fin je me trouve en centre de rétention? Pour quoi? Des petites conneries c’est pas grave, on est pas des terroristes ou.. C’était des petites choses, on a payé on a passé la prison et à la fin on se retrouve ici encore. Tu paies en trois fois. 
On est désolé et on essaie de diffuser pour que les gens en prennent conscience.
J. : Après les gens le savent, tout le monde sait. Tout le monde sait que c’est de la merde. Après frère ils peuvent rien faire. Ils ont pas BFMTV dit wAllah ils ont [inaudible] et tout frère. [BFM] ils sont en train de parler que de nous, que des étrangers, que des trucs comme ça, voilà. C’est grave. Moi depuis 2017 je suis en France, c’était pas comme ça. 2017,2018, 2019 rien, après ça a commencé à être la merde. 2020 ça a commencé à tout changer, oh c’est grave putain. 
– Toi t’as déjà été au CRA?
J. : C’est la première fois, j’étais en prison, j’ai fait des conneries, j’ai fait un an de prison, après je suis sorti de prison, j’ai mon avocate privée, j’ai tout et je me retrouve là. Direct transfert au CRA [en sortant], il y a ma famille devant, il y a tout, il y a la p’tite et la nourrice. Direct prison [CRA], ils ferment la porte et il y a les gendarmes ils vont me ramener là [inaudible]
Et ils ont pas accepté l’assignation à résidence avec ta femme et tes enfants ?
J. : Oui, mais ça c’est risqué. Si je leur donne mon passeport c’est trop risqué. Là ils nous prennent pour des cons ils nous disent ramenez vos passeport et tout, après si je ramène mon passeport, je me retrouve au pays direct. C’est pour ça moi j’ai pas confiance, c’est trop risqué. Avec ces lois là..  Après on a pas le choix, on est là.
C’est bon ça suffit? Vous voulez autre chose?
–  Tout ce que tu veux dire tu peux le dire
J. : On peut parler d’un autre sujet. Là on dort pas bien, on dort pas bien. Moi ça fait bientôt 13 mois que j’ai pas profité de ma fille, je suis en train de souffrir, ça fait 13 mois, je suis en train de souffrir et personne comprend. C’est vraiment grave. Là ils nous traitent comme des chiens, tu fais tout ce qu’ils veulent, comme ils veulent

Témoignage de M. enfermé à plusieurs reprises en CRA

Nous publions le témoignage de M. enfermé à deux reprises en CRA.
TW: violence physique – violences policières
A. : Est-ce que tu veux nous raconter ton parcours et comment tu es arrivé au CRA ?
M. : Oui. En fait moi je suis né en Guinée. J’ai quitté mon pays à 14 ans avec mon oncle. Ma mère est tombée malade, elle est partie dans son village natal et du coup je partais plus à l’école. Je me débrouillais en faisant de la mécanique avec mon oncle, il faisait aussi du commerce. On partait dans les pays à coté, au  Mali, au Sénégal, pour acheter des trucs. A la fin, j’étais tout gamin, il a décidé de nous faire sortir, moi je savais pas. Je l’ai suivi parce que c’était mon oncle. Il m’a dit, viens on va bouger. Je suis parti avec lui, il m’a dit on va aller acheter des affaires, des objets. Je l’ai suivi, on est passés par le Mali, après on est passés par le Niger et on est rentrés en Algérie. Mais avant tout ça sur le parcours, on a été condamné, on a vu les Touaregs comme on les appelle. Ils ont frappé mon oncle, ils l’ont torturé et il a payé. Même moi, ils m’ont un petit peu frappé vite fait. Mais comme, j’étais jeune ils m’ont laissé un petit peu. Il a payé les passeurs jusqu’à ce qu’on rentre au Maroc. Au Maroc, je lui demandais ce qu’il se passait, je savais pas où on allait. Il m’a dit qu’on allait aller en Europe pour que j’aie une vie stable, que je puisse aller à l’école, étudier et jouer au foot. J’ai dit, je sais pas, je veux retourner chez moi. Mais bon, on était dans un centre où ils font passer les gens, on était enfermés, on pouvait pas sortir de là-bas. Et moi je pouvais pas faire la route pour retourner chez moi, j’avais 14 ans. Du coup, je suis resté.  Un jour, une voiture noire est arrivée, ils nous ont mis dans la voiture et ils nous ont envoyé vers la mer. On est sortis, je vois la mer, j’ai peur, je vois les vagues et tout. J’ai dit, je monterai pas dans le zodiac. Les passeurs de là-bas, ils ont sorti des kalachnikovs, ils m’ont dit soit tu montes , soit on te tue. Mon oncle il était déjà dans le bateau. Il a dit viens vite, les flics arrivent, sinon on va te faire je sais pas quoi. J’étais obligé de monter dans le bateau, dans le zodiac. On était plus de je sais pas combien j’ai oublié. Et je suis monté. On a fait 11h-12h sur la mer. La Croix Rouge et les secours espagnols nous ont récupéré.es. Il y a eu un hélicoptère car a un moment on s’est perdu.e.s. Ils ont appelé les secours en Espagne, en Allemagne,  ils sont sortis nous chercher jusqu’à ce qu’ils nous retrouvent. Quand je suis arrivé en Espagne, ils m’ont tout de suite envoyé dans un centre pour mineur.e.s. Ils ont séparé les majeur.es d’un côté et les mineur.e.s de l’autre. Ils m’ont séparé de mon oncle, je l’ai pas revu. Ils m’ont envoyé à Bilbao. Quand j’étais à Bilbao, j’étais dans un centre pour mineur.e.s. Comme je parlais un peu français, j’ai décidé de venir en France. Avec le collègue avec qui j’étais dans le centre, on a pris la route, on est passés par Gérone , Bayonne. A Bayonne, on est restés dehors, il faisait froid. On a pris le train et on est arrivés à Paris. A Paris, je savais pas me repérer. J’ai dormi dehors et je savais rien de ce qu’il se passait. J’ai décidé de prendre le train pour être au chaud et j’ai atteri à Grenoble et de Grenoble je suis sorti à la gare et j’ai vu les flics qui m’ont expliqué un petit peu et ils m’ont montré le département pour les jeunes et je suis allé là bas et j’ai été reconnu en tant que mineur. Et y a un monsieur qui s’appelle… je vais pas dire, mais il s’est occupé vraiment de moi. J’ai passé le diplôme en langue française et j’ai eu le diplôme et du coup j’ai décidé de faire une formation en mécanique en aviation. J’ai pas trouvé d’école du coup ils m’ont affecté dans une école à Annecy en carrosserie. J’étais dans l’école, j’ai passé 2 ans en CAP, j’ai eu mon diplôme et quand j’ai fini j’ai pas trouvé de travail en carrosserie à Annecy. Du coup je suis allé à la Mission locale et là en gros ils se sont occupés de moi, ils m’ont trouvé un travail en tant que serveur. J’étais serveur là bas en CDI, j’ai travaillé pendant 4 mois, 5 mois je crois. D’un coup après à la sortie du travail, je rentrais chez moi, je me suis posé avec des collègues un petit peu et on a picolé et c’est parti en couilles, on s’est bagarrés. Les flics sont arrivés et tout de suite c’était… j’avais 19 ans, 20 ans… et tout de suite ils m’ont envoyé au tribunal. Comme j’avais un CDI ils ont pas pu me mettre en prison pour ça. Alors que c’était juste une petite bagarre, ils m’ont mis 8 mois de sursis. Là tout de suite après ça, j’ai fait juste un petit délit et ils m’ont condamné direct, ils m’ont mis en prison alors que j’avais un récepissé, demande de titre de séjour mais travailleur. J’avais un titre de séjour étudiant on va dire. Depuis 2022, ils entendaient pas parler de moi et du coup en 2024… moi je savais même pas que j’étais condamné à aller en prison… je vais à la préfecture et ils me disent que je suis en OQTF, comment ça OQTF? Ils me disent « ouais vous avez été condamné, on vous a enlevé les papiers, on peut pas renouveller donc OQTF ». Ils m’ont attrapé et ils m’ont mis en prison en 2024 là et je suis sorti parce qu’en fait j’ai ma famille en France, j’ai mes frères ici, je les ai retrouvés en France. J’ai 3 frères et une soeur. J’ai un grand frère lui, il a la nationalité française, y a l’autre il a un titre de séjour et y a l’autre aussi il a un titre de séjour. Et je suis sorti, ils m’ont assigné à résidence chez mon frère. Et là bas je me suis disputé avec mon grand frère et ils l’ont obligé à porter plainte et mon frère, il voulait pas porter plainte, la vie de moi, il était en mode c’est mon petit frère je vais pas porter plainte contre lui. Et de là bas, d’un coup je me suis retrouvé au CRA, alors que j’avais une assignation à résidence que je respectais, j’allais signer et tout et tout de suite ils ont annulé tout et mes papiers, j’ai essayé de renouveller, renouveller mais j’ai l’interdiction d’aller en administratif pour renouveller mes papiers. Et de là bas, ben je me suis retrouvé ici, au CRA. Et au CRA premier jour quand je suis rentré ils m’ont fait dormir dans une cellule en isolement, alors que moi je me suis dit, si je suis au CRA c’est pour être ramené chez moi ou être en sécurité. Ils m’ont mis à l’isolement, y avait pas le chauffage, y avait rien du tout, je suis resté dans le froid. Le lendemain ils m’ont envoyé dans une cellule sans télé, j’ai dit « comment, c’est quoi ce truc? ». En fait c’est pire que la prison, ils nous font manger des trucs pas possible qui sont périmés, les dates sont périmées. Moi j’ai fait l’école, je sais comment faire tous les trucs et tout. Et après ils m’ont changé de bloc ils m’ont envoyé dans un autre bloc. J’ai demandé ce qu’il se passe, je leur ai expliqué, ils ont rien compris, ils veulent rien savoir. Et là ils me font me réveiller le matin pour le petit-dej, mais le petit déj en fait quand ils arrivent ils ont pas le temps. Ils appellent « petit-dej ? » et en gros si tu bouges pas ils ferment. Même si tu fais grève de faim ou même si toi t’as envie de manger ils t’obligent à faire la grève de la faim. Et en gros moi j’appelle ça de la maltraitance. On a pas de droits. Y a des gens ici qui disent qu’ils nous aident mais c’est pas une aide pour nous. Après je suis passé au tribunal administratif et eux aussi ils ont confirmé les 26 jours, pour que je reste ici au CRA, pour me ramener chez moi. Et chez moi en ce moment ils peuvent pas me renvoyer parce que la Guinée donne pas de laisser-passer, parce que moi je suis Guinéen. Et normalement quand on est au CRA, c’est pour nous renvoyer chez nous. Ils m’ont privé de ma liberté pendant 90 jours, parce que pendant 90 jours j’étais assigné à résidence et la préfecture faisait son boulot pour me ramener mais ils ont pas pu. Et là ils me ramènent au CRA alors que j’ai une adresse, j’ai une attestation d’hébergement, j’ai les fiches de paie, j’ai mes fiches de paie à moi, j’ai toutes les affaires de mes parents et tout, je leur ai tout envoyé. Je suis passé en appel et cet appel aussi ils ont décidé de mettre 26 jours plus les 4 jours que j’ai fait avant de passer au tribunal, ça fait 30 jours en fait. Et là ça fait 9 jours que je suis là et je comprends pas ce qu’il se passe dans ma vie. Normalement je devrais passer au tribunal pour être libéré avec une assignation à résidence mais ils me disent quoi « monsieur on est désolés, on va renouveler ». Et voilà encore 3 mois, 90 jours. 
A. : Quand tu dis y a des gens qui vous aident à l’intérieur du CRA, tu parles de forum réfugiés? 
M. : Ouais je parle de forum réfugiés. Mais forum réfugiés aussi… je sais pas si c’est vraiment pour nous aider… si on leur demande ils peuvent pas nous expliquer comment on fait. Ils nous demandent des pièces. Ils m’ont demandé ma confirmation à la préfecture, j’ai envoyé ça, j’ai envoyé mon acte de naissance, j’ai envoyé tout ce qu’ils m’ont demandé en gros pour que je puisse prouver que j’ai eu un titre de séjour en France, que j’ai été arrêté. C’est juste que j’ai fait des trucs qui m’ont enlevé ma pièce d’identité alors qu’on va dire que j’ai risqué ma vie pour être ici, pour pouvoir vivre une meilleure vie, fonder une famille et rester dans la société, payer des impôts et tout. Et là j’ai pas de droits, ils m’ont couper mes droits. Normalement la mission locale jeunes ils me donnaient de l’argent, ils m’ont coupé tout ça. Et là j‘en sais rien, je suis enfermé, j’attends, j’attends. C’est pire que la prison en fait. Là ils m’ont coupé mes droits ils m’ont coupé tout, normalement la Mission Locale Jeunes ils me donnaient de l’argent ils ont coupé tout ça, et du coup j’en sais rien en fait bah je suis là j’attends j’attends j’attends en gros je suis enfermé et c’est pire que la prison en fait voilà moi je dis c’est pire que la prison parce que ils font péter des câbles aux gens, même si t’as mal à la tête tu peux pas aller à l’infirmerie, il faut attendre pendant je sais pas combien de temps pour qu’ils viennent te chercher et ils te disent c’est pas toi qui décide c’est nous qui décidons et je dis ouais monsieur c’est parce que vous avez l’autorité je sais que c’est vous qui décidez mais si j’ai mal j’ai envie de voir un médecin et j’ai le droit de voir un médecin j’ai le droit de voir ça mais en fait voilà et quand eux ils veulent tu le vois si ils veulent pas tu vas pas le voir et je demande à voir un psy [problème de son]. Parce qu’en fait j’suis là je te jure que en fait euh en fait on dirait je me sens un peu fou on va dire j’ai perdu l’espoir j’ai plus d’espoir j’ai mal à la tête je commence à parler tout seul et ils me matrixent vraiment et même quand on est dans la salle en train de manger alors que c’est fermé ils sont là ils nous regardent ils nous chab et tout et en fait ils nous mettent la pression tu vois même si on veut pas faire des conneries ils t’obligent à faire des conneries tu vois et après entre eux ils rigolent, ils rigolent sur nous voilà c’est ça.
A. : Ouais c’est ce que tu me disais la dernière fois qu’ils essayent de vous faire vriller pour faire des problèmes.
M. : Ouais 
A. : Et euh on est pas obligés d’en parler mais si t’as envie enfin la dernière fois qu’on avait parlé au tel tu m’avais parlé des médicaments, est-ce que t’as envie d’en parler ou pas ? On est pas obligés hein.
M. : Ouais euh j’ai pas compris tu peux répéter.
A. : Ouais euh tu me parlais que la dernière fois tu m’avais dit que ils vous donnaient des médicaments genre des anxiolytiques et tout et que toi t’en prenais pas avant de venir au CRA mais que maintenant ils t’en donnent ?
[problème de son, question répétée]
M. : Ouais ouais ouais ouais voilà ouais voilà oui oui oui bien sûr bien sûr ils m’ont donné des médicaments et j’ai demandé c’est quoi ces médicaments et eux mêmes ils peuvent pas nous expliquer c’est quoi le médicament et quand tu leur demandes ils disent ah c’est pour que tu dormes ou pour que je sais pas quoi alors que moi ces médicaments ils nous obligent à les prendre, et moi ça me dégrade, ça me dégrade parce que moi de base, je prends pas de médicaments moi, dehors je fume pas de stups et tout moi j’ai rien à foutre de tout ça, tu vois je buvais que l’alcool vite fait et je fumais juste des cigarettes pendant les soirées, je buvais l’alcool et tout mais euh ils nous donnent des médicaments eux-mêmes, ils nous disent pas c’est quoi, ils disent juste prends et bah je me sens bizarre, j’ai perdu du poids, j’ai je sais pas j’ai des hallucinations, je me vois deux on dirait y a deux personnes dans ma tête qui me disent bah suicide toi, suicide toi ou fais ça fais ça et je sais pas en fait je sais pas ce qui m’arrive.
[problème de son, question répétée]
A : Tu disais que t’étais enfin, que vous étiez obligés de les prendre les médicaments ? 
M. : Ah oui oui ils t’obligent ils t’obligent à les prendre ou ils te convainquent que ça va t’enlever du stress où je sais pas quoi, pour que tu les prennes tu vois comment? Voilà c’est ça. Alors que moi dans mon truc, moi j’ai pas de trucs de psy ou je sais pas quoi, moi j’ai pas ça. Ici ça me rappelle des moments quand j’étais tout petit. Parce qu’en gros quand je suis arrivé en France, j’avais 15 ans et demi. Du coup bah même chez moi, là où ils veulent m’envoyer, je reconnais plus parce que j’ai quitté quand j’étais jeune. J’ai plus de famille là bas, ma mère elle est morte et mon père, je sais plus où il est. Moi je connais même pas bien, je connais juste là où j’ai grandi un petit peu mais si je retourne vers là bas je vais aller où? Et mes affaires même, ils me laissent même pas avoir mes affaires, c’est vous que j’appelle pour avoir quelques trucs, pour que je puisse avoir quelques habits… Ici ils me donnent pas un truc chaud, rien du tout. Et j’ai des collègues qui me dépannent quelques trucs chauds
A : Quand ils t’ont arrêté t’étais en t-shirt et depuis t’as pas eu de pull, c’est ça que tu disais? 
M : Ouais ils m’ont arrêté en bas de chez moi, en bas de chez mon grand frère, là où j’étais assigné. J’étais en t-shirt, j’avais mon téléphone là bas, j’avais ma veste, j’avais toutes mes affaires et je voulais prendre et c’est juste à côté normalement j‘devais aller prendre mes habits, mes trucs. Et ils veulent me ramener chez moi et ça fait je sais pas combien d’années que j’habite ici en France et avec un complet de nuit que j’ai là bas pour dormir en gros… Pendant toutes ces années… Et comme ça renvoyé voilà… Et moi je vais me retrouver là-bas, je sais même pas où aller, je sais même pas quoi faire. Ils veulent niquer ma vie en fait, moi je le vois comme ça.
A : Est ce que ça te va si on arrête le témoignage ici juste pour qu’on arrête d’enregistrer mais on peut continuer à parler ?
M : Ouais on peut arrêter tout de suite l’enregistrement…
(Certains lieux ont été modifiés.)

Debrief d’audience devant le JLD n°1

C’est une audience de JLD (Juge liberté détention) un matin froid de décembre au tribunal à Lyon.  9 hommes enfermés au CRA de Lyon sont présentés devant une juge, experte pour lever les yeux au ciel.

Leur enfermement « administratif » (C’est à dire lié à leur situation irrégulière et non à une infraction) doit être réévalué lors de cette audience pour en confirmer la légalité. À priori, il s’agit avant tout d’examiner les aspects pratiques et administratifs de la détention au CRA de Lyon. 

Entourés de gendarmes impassibles chaque personne passe devant cette juge méprisante environ 5 petites minutes.  En quelques minutes, chaque prisonnier reçoit une charge de violence symbolique et raciste à travers cette magistrate.

Pendant toute l’audience, elle s’irrite, questionne de manière très agressive et sarcastique, elle veut connaître tous les détails de la vie des gens. Elle hurle « silence » en direction de deux prisonniers qui échangent 3 mots discrètement. On sent bien que cette juge considère qu’elle n’a devant elle que des coupables menteurs.

– Un jeune homme tente d’expliquer son parcours entre plusieurs villes françaises, la juge s’irrite de ne pas comprendre à la semaine près où il a été. Elle lui reproche d’avoir été chez des amis en banlieue lyonnaise alors qu’il était censé être à Saint Etienne. Le rapport avec son enfermement ? on le cherche toujours, en attendant ce qui ressort de ce passage c’est que le jeune homme est coupable d’avoir été chez des amis, de s’être déplacé entre quelques villes.

– Autre histoire, le traitement est classique, l’homme dit à la fin de l’examen de sa situation qu’il ne comprend pas son enfermement, qu’il travaille avec des fiches de paye, qu’il a un logement… la juge lui coupe la parole :  » mais vous avez bien été interpellé ?  » lui répond calmemement qu’il a eu un différend mais que cette personne peut venir témoigner qu’il ne s’agit pas d’un vrai problème, il raconte sa santé mentale fragile.

Elle lui répond d’autant plus sèchement « non on ne va pas en garde à vue pour un différend vous avez commis une infraction, quel est le motif de votre garde à vue ? ». le prisonnier répète ce qu’il a dit. L’avocat de la préfecture dit que ce motif n’a pas été retenu comme menace à l’ordre public, qu’en gros le motif de cette GAV ne tient pas (et pour que la pref dise ça alors qu’elle adore mettre le motif d’ordre à l’ordre public pour tout et n’importe quoi, c’est que vraiment que ce n’est pas valable…). La juge s’en fiche, elle insiste « je vous demande le motif de votre GAV ». Le prisonnier ne répond rien, la juge lève les yeux au ciel.

– Une autre personne a un désistement de la prefecture et devra repasser le lendemain devant le tribunal. La juge le convoque à la barre pour lui indiquer ce désistement, en lui demandant son identité, son lieu de naissance. Il répond, et la juge lui indique « moi j’ai pas ça sur vos papiers ». L’avocate commis d’office répond « ah oui je me suis trompée sur les papiers ». La situation est très peu claire, le prisonnier tente de prendre la parole, tout le monde l‘en empêche. Personne ne lui explique clairement ce que signifie désistement, il reprend quand même la parole pour tenter de comprendre ce qui se passe pour lui. La juge le coupe en lui disant « vous repasserez demain, stop ça suffit ».

– Un autre homme s’adresse à elle avec respect « avec tout mon respect madame la présidente » hop elle lève les yeux au ciel et pousse un « hmmm hmmm » de réprobation. Quelle que soit la manière dont les détenus s’adresseront à elle, elle les méprisera et leur montrera de l’irrespect.

– Elle débute le nouveau passage d’un homme en disant « alors quelle identité vous allez nous donner aujourd’hui ? » et un autre  » vous allez nous redonner votre identité de soit-disant mineur Monsieur ? « 

À une autre elle dit « vous avez été malade mais le médecin du CRA n’a rien vu de particulier ». Le jeune homme ayant des difficultés à se tenir debout à bout de souffle tente de dire qu’il a été opéré récemment, il galère à dire quand. Un de ses co-détenus dit haut « 6 jours » pour lui venir en aide. L’avocat du jeune homme précise que forum réfugié(association qui intervient en CRA), confirme qu’il a bien été opéré il y a 6 jours,  sans fournir aucun document. La juge ne semble pas du tout intéressée par ces éléments médicaux, elle lui dit « vous allez accepter votre vol dans une semaine cette fois ?  » le prisonnier lui répond qu’il n’est pas de la nationalité du pays dans lequel il risque d’être renvoyé.

La juge répond « oui oui ok ».

On pourrait se moquer de la sévérité et l’autoritarisme absurde de cette juge si jamais il ne s’agissait pas de la vie des gens. Là on ressort de l’audience avec la nausée, et les potes restent enfermés au CRA. 

Témoignage de Y.

Nous diffusons ce témoignage de Y. détenu en CRA qui a été déporté depuis.

Ce témoignage a été fait en novembre en Russe et il s’agit d’une traduction. Malheureusement, nous avons perdu quelques passages entre la mauvaise qualité de l’appel et certains moments que nous n’avons pas su traduire.

Le début de la discussion manque.
Y : Ils m’ont mis avec d’autres gens qui m’ont attaqué, qui me forcent à acheter de la cocaïne. Ici, ils vendent partout de la cocaïne de la marijuana. J’ ai écrit une plainte, ils l’ont pris et n’ont rien fait de plus.
Je ne vois personne, ne rencontre personne, personne ne me parle. Il y en a un qui est venu me voir.
Je lui demande: tu peux écrire ça au directeur? il dit non. Tu peux écrire aux droits humains? Non.
Sans tramadol je peux pas, ça fait 7 jours que j’ai pas mangé parce que je peux pas aller aux toilettes parce que la douleur me rend fou. J’ai dit, demandez à mon médecin.
Ils sont venus hier et ils ont pris ma tension, ça ne va pas mais ils ont dit qu’ils ne peuvent rien faire de plus. Ils attendent que je meure. Parce que je suis un mauvais témoin: je leur dis qu’ils vendent de la drogue partout ici et ils font rien de plus. Ils cachent tout. Mon médecin leur a écrit que je suis malade et ils cachent tout.
Le médecin a écrit que je suis malade, que j’ai besoin de médicaments. J’ai tellement mal.
Je suis juste un cadavre. Ici, je suis un cadavre qui marche, c’est tout.
L : Je suis vraiment désolée pour vous, je vous soutiens… Est-ce que les médecins vous ont donné d’autre médicaments ? Ils disent qu’ils vous ont donné un générique, c’est-à-dire le même médicament mais d’une autre marque. Est-ce que c’est ça ?
Y : Je suis invalide, avant, je prenais du tramadol et ça m’aidait. J’ai des douleurs à la tête, du bruit dans l’oreille. Si on me frappe à le tête je ne le sens pas parce que la douleur est déjà tellement grande. Ils m’ont dit de boire ça j’ai dit d’accord je vais boire ce qu’ils proposent. Mais en fait la seule chose que ça me fait c’est que j’ai envie de dormir, c’est juste un somnifère ce qu’ils me donnent. Mais je peux quand même pas dormir tellement j’ai mal. Je bois ce médicaments qu’ils me donnent, mais ça fait rien. Je leur dis j’ai le nez qui saigne et, eux, tout ce qu’ils font c’est mesurer ma tension puis ils s’en vont. Ils se moquent de moi !
Je leur ai dit, écrivez à mon médecin il vous dira c’est le seul médicament qui m’aide au moins un peu. Je leur ai écrit une plainte : donnez moi le seul médicament qui m’aide ou relâchez moi. Je leur ai écrit qu’on m’a empêché de dormir toute la nuit et on a essayé de me forcer à acheter de la cocaïne. J’ai signé la feuille qui dit que je vais collaborer. Ils me donnent pas de tramadol ils veulent que j’achète de la cocaïne. Ils attendent que je meure.
J’ai une vidéo où on me menace de mort j’ai demandé à un procureur de venir voir cette vidéo et rien ils font rien. Je veux parler à un procureur, à une personne qui me poserait des questions. Je veux répondre, il y a une personne qui voulait me tuer et ici tout se vend.

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Passage du collectif au Canut Infos du lundi 4 novembre

Ce lundi 4 novembre, trois membres du collectif sont passé.es sur Canut Infos, l’emission de Radio Canut. On y parle des CRA, du rejet du référé liberté déposé par l’ordre des avocats demandant la fermeture administrive du CRA 2, de ce qui est à venir avec la circulaire Retailleau et leur projet d’une nouvelle loi immigration, et des perspectives de luttes à venir.

Notre intervention commence à 39 minutes 27, mais on recommande de tout écouter, c’est cool!

Bonne écoute!

Lien:  audioblog.arteradio.com/blog/212365/podcast/237996/canut-infos-du-lundi-4-novembre-2024

Témoignage de Mehdi au CRA 1 (25/09)

M. : Du coup peut être si y a un laisser-passer et que ma situation est publié ça me ferait plaisir. Que la personne qui va le lire va se dire « c’est un gars volontaire », tu vois ce que je veux dire ?

On a lancé l’enregistrement, du coup si tu veux un peu raconter ce qu’il se passe dans le CRA et ce que t’as envie de dire quoi, on t’écoute.

M. : Alors je vais commencer d’abord par ma situation… car ma situation… Si vous voulez je vais vous expliquer. Moi je suis issu de parents intelligents, c’est à dire d’une mère prof de philosophie dans une université en Algérie et d’un père qui est médecin. C’est à dire qu’ils m’ont bien éduqué et qui m’ont mis dans le droit chemin bien avant que je devienne mature si tu vois ce que je veux dire. Ensuite mon père est venu dans le but de développer ses compétences de diplome de médecin, c’est à dire d’avoir un équivalent du diplome de médecin français car il avait le diplome de médecin algérien. Mais sauf qu’il travaillait ici en tant que médecin interne car malheureusement il fallait passer ses concours pour pouvoir avoir le numéro avec lequel il peut exécuter dans les hopitaux normaux malheureusement. Je crois que c’est ce mois-ci d’ailleurs qu’il va avoir les résultats d’après ce qu’il m’a dit. Et moi ensuite je me suis inspiré de mon père, déjà depuis tout petit je m’inspire de lui, je le vois il est avec sa petite blouse et moi c’est quelque chose que j’aime bien. D’ailleurs je me suis inspiré de lui et je me suis orienté vers cette formation de services à la personne, parce qu’apparement en France il manque du personnel… Et quand j’entends à la télé, qu’il manque du personnel dans un hôpital ou dans un service, qu’ils vont fermer tout le service totalement, ils vont affecter le médecin aux urgences. D’apres ce que j’ai vu hein … C’est un exemple d’un député qui l’a cité sur CNews, si vous voulez la source, je l’ai entendu sur CNews. Apparement quand il manque un médecin dans un hôpital, c’est à dire dans un service, ils vont être obligés de fermer tout le service, d’affecter un médecin aux urgences, c’est à dire qu’il va y avoir des lits vides et le médecin il va se retrouver aux urgences tout seul, à accueillir tout le monde et il manque du personnel. Il y aura un médecin urgentiste pour… ça dépend si c’est une métropole, pour plus de 300 000 habitants. Ca dépend l’endroit. J’ai entendu ça tout à l’heure. Et c’est un métier en tension et moi malheureusement, certes j’ai fait des conneries et j’ai payé pour ces conneries là, et si je les ai faites c’était tout simplement j’étais dans la nécessité. Et pour mes papiers, j’avais carrément préparé un dossier pour que je puisse parler et répondre à Monsieur le préfet en train de m’attaquer, mais il avait pas de quoi m’attaquer car j’avais tous les éléments. Y avait que sur mon incarcération qu’il pouvait m’attaquer. 

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