« voilà comment on traite les gens. on est isolés. c’est vrai qu’il y a des caméras mais dans les chambres il y en a pas. dans les chambres il y a que des agressions ». Témoignage de X, prisonnier au CRA de Lyon

Je raconte en détail depuis le début. Ils m’ont emmené à l’isolement à cause du monsieur qu’ils disent qu’il a le corona, il est positif. ce monsieur il est venu de prison. il a passé une semaine avec moi dans le centre, avec tout le monde. et là du coup ce monsieur il a une grippe ou quoi. après il est parti faire le test. ils disent qu’il faut mettre ce monsieur à l’isolement. ils font exprès de me mettre avec lui pour me mettre aussi à l’isolement.

ils m’ont emmené à l’isolement hier, j’ai demandé le matin des cigarettes comme tout le monde. j’ai donné 20 euros au guichet pour qu’ils m’achètent un paquet. ça coûte 10,40 euros, j’ai pas de monnaie j’ai donné 20 euros. du coup après quand ils m’ont emmené à l’isolement j’ai parlé à la personne, « j’ai besoin de cigarettes ». normalement à 11 heures ils emmènent les cigarettes. j’ai appelé à 11 heures, midi, midi trente… il vient pas. Le gars il fait exprès pour que je fume pas. moi je suis en colère, je dis « comment, ils m’emmènent quelqu’un qui a le virus corona, il habite avec moi, après ils m’emmènent à l’isolement, il n’y a aucune protection dans cette chambre… ». Voilà. Et quand ils m’ont emmené les cigarettes, j’ai vu la monnaie, il m’a rendu que 5 euros. 5 euros et un paquet. J’ai dit « comment ça se fait, normalement c’est 10,40 euros ». Là il m’a dit « Ferme ta gueule », je sais pas quoi. Il m’a parlé méchamment. J’ai dit « on s’en fout », j’ai fumé une cigarette. Et là ils sont partis.

Après j’ai appelé pour mes vêtements. ils sont venus avec tout, les masques, les protections. ils sont entrés dans ma chambre, ils m’ont fait tomber par terre. ils ont cassé la puce de mon téléphone. moi j’ai rien compris. Pourquoi ils ont fait ça ? j’ai rien compris. après quand j’ai pensé dans ma tête je me suis dis c’est à cause de la préfecture. j’ai la pression sur moi pour que je fasse un test. parce que ce jour-là quand on m’a demandé de faire un test j’ai refusé (1). et voilà. et  quand ils sont partis j’ai cassé la poignée de la porte et j’ai bloqué la porte à l’intérieur et j’ai dormi. j’ai dit je vais faire la grève de la faim, on s’en fout, l’essentiel c’est que ça se passe pas encore. et ils sont revenus, à 10 personnes, comme si ils avaient trouvé un terroriste ou quoi. ils sont entrés dans ma chambre, par terre, avec les bottes, ils me frappent… c’est pas la peine. J’ai demandé le médecin, ils veulent pas. le médecin il est venu me voir parce que comme j’ai un accident, une fracture au niveau du cou, ils m’ont bandé sur un tabouret fixe (?). c’est la même chose, la fracture elle est comme avant. j’ai demandé le médecin, il n’y a pas. j’ai demandé les secours, il n’y a rien. j’ai appelé la police, ils ont dit « tu peux pas te déplacer, tu es au centre de rétention ». j’ai appelé les pompiers et là… je sens qu’ils m’écoutent.

après ils m’ont emmené au mitard. parce que j’ai cassé cette poignée, ils m’ont foutu au mitard. j’ai passé la nuit, ils voulaient me mettre des ceintures sur le lit mais comme le garde du soir il me connaît car ça fait 75 jours que je suis là et j’ai aucun problème, je suis quelqu’un de correct, il leur a dit de me laisser libre. franchement je suis dégoûté. j’ai tapé ma tête sur la vitre incassable. je l’ai cassée. ils ont fait des photos comme quoi je suis un voyou. c’est toujours moi la victime et c’est toujours moi le voyou. demain normalement j’ai le tribunal. ils m’ont dit non tu vas pas voir le tribunal, dans trois ou quatre jours tu vas voir directement le procureur il t’envoie directement au tribunal. normalement moi demain matin c’est fini, 75 jours. comme je vais dépasser les 75 jours, après je vais voir le tribunal. c’est un peu bizarre, j’ai rien compris franchement. soit ils appliquent la loi correctement, soit ils l’appliquent pas… mais eux ils sont pas en train d’appliquer la loi.

comme il y a du terrorisme dehors, surtout à cause du Tunisien qui a fait l’attentat à Nice, un terroriste ou je sais pas c’est qui même, moi je paie la facture, parce que je suis Tunisien. Mais moi je dis non, je dis que j’ai rien fait, en France je vis tranquille. Au contraire, je suis professionnel de construction de bâtiment. et là aujourd’hui je paie la facture d’un fou, d’un terroriste. […] ils lâchent les terroristes et ils m’attrapent moi parce que j’ai la nationalité tunisienne.

moi tout ce qui m’inquiète c’est mon fils. quand je réfléchis, j’ai quitté mon fils, j’arrive pas à trouver une solution. je suis depuis dix ans ans en France, j’ai jamais fait de garde à vue. aujourd’hui ça fait 75 jours de prison, pire que la prison, parce que j’ai pas de carte de séjour. c’est pas ma faute si j’ai pas de carte de séjour. c’est la préfecture qui me donne pas de carte de séjour. c’est pas ma faute si je suis pas marié avec une Française pour avoir une carte de séjour, je suis marié avec une Italienne, c’est le destin. et là je peux rien changer. moi j’ai pas pensé aux papiers. J’ai pas cherché les moyens pour faire un mariage blanc et avoir des papiers, je cherche une femme pour avoir une famille.

voilà comment on traite les gens. on est isolés. c’est vrai qu’il y a des caméras mais dans les chambres il y en a pas. dans les chambres il y a que des agressions, ils parlent méchamment. Bon c’est pas tous, franchement. y’a des policiers qui comprennent. mais y’a des policiers qui travaillent avec la préfecture. Comme m’a dit un civil, « le préfet il gagne 30 000 euros, tu peux rien lui faire. Il peut t’envoyer même sans test en Tunisie ». Je me suis dit bah voilà, c’est pas la fin du monde. si je rentre, je rentre. je prends la mer et je reviens au moins en Italie, je vais voir ma femme et mon fils. j’ai pas le choix. j’ai travaillé 10 ans en France, je mérite pas ça moi. si j’ai un casier judiciaire sale ou si je suis un voyou ou quoi que ce soit, oui. mais là, j’ai des fiches de payes, je cotise chaque mois, j’ai eu aucune aide depuis que je suis venu sur le territoire français. ils m’ont pas payé la formation. et là aujourd’hui je suis professionnel.

moi je sais bien que la loi française est pas comme ça. j’ai un enfant, je connais bien la loi, c’est pour ça que j’attends, je vais me présenter devant un juge, je vais parler avec lui. si il me comprend il va me libérer, si il applique la loi … je sais pas d’après quelle loi c’est, je suis contre cette loi. comment un père de famille peut être emmené en prison parce qu’il rentre pas chez lui. si ils veulent m’expulser, j’ai l’Italie, j’ai mes papiers en Italie. pourquoi ils m’emmènent pas en Italie ? Normalement je devrais aller avec ma femme en Italie, pas en Tunisie. Parce qu’ils sont en colère contre les terroristes tunisiens ou je sais pas quoi… Mais c’est pas ma faute, le terrorisme. c’est partout le terrorisme ! même en Tunisie on a des terroristes.

dans ma chambre il y a un gars ils disent qu’il est positif et il est toujours avec moi. ça veut dire quoi ? ils veulent m’emmener le virus ? j’ai rien compris franchement. on est deux personnes victimes d’une autre personne qui a fait le test, elle est positive et elle est toujours avec nous. il y a des personnes positives qui sont à l’isolement de l’autre côté. et il y a une personne positive qu’ils ont emmenée avec nous. ça se voit, le mec il tousse, il a le corona, c’est vrai. il a la gorge, la respiration, ça va pas… j’ai parlé avec le médecin il m’a dit bon on n’est pas sûr, on attend 7 jours après on va voir si il l’a ou il l’a pas. mais c’est quoi ça ? moi je prends le risque d’être là avec quelqu’un peut-être il l’a, peut-être il l’a pas. et après moi je vais être victime de qui ? de lui ! victime de la loi française ! c’est pas la loi française, c’est la loi administrative de la préfecture. Ils m’ont dit « le préfet il est responsable ». comment il a le pouvoir ce préfet qu’il m’emmène le corona, il détruit ma vie ? Mon travail ils m’appellent ils m’envoient des messages chaque jour, « viens travailler ». moi pendant le confinement quand toute la France ils étaient chez eux moi je travaillais sur le chantier. et maintenant ils m’emmènent ici.

c’est pas la peine, je raconte ma vie… de toute façon moi je vois que c’est le destin. même ma femme elle a dit, « tu demandes, on va y aller en Italie. Y’a pas beaucoup de travail mais ça va aller. » Mon fils chaque jour il m’appelle, « papa tu viens quand ? ». ça me fait mal. y’a une loi qui protège les enfants aussi en France, mais ils l’appliquent pas. […]

moi de quoi j’ai besoin? De ma femme, de mon fils, de ma vie tranquille. Soit riche, soit pauvre, on s’en fout, l’essentiel c’est qu’il y a une loi qui me protège moi, ma femme et mon fils.

 

(1) il souhaite refuser le test car légalement c’est une condition préalable à l’expulsion. Refuser le test est un moyen d’éviter l’expulsion. Mais le refus de test est considéré comme un refus d’embarquer, et donc passible de prison ferme.

Grève de la faim au CRA de Lyon ! Les prisonniers dénoncent leur situation alors que 11 personnes ont été testées positives au Covid-19. Témoignage

Bonjour. Moi je m’appelle X. ça fait 25 jours que je suis au centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. le truc là, ça va être mal tous les jours. Les gens qui ont attrapé le coronavirus ici, déjà y’a 11 personnes positives. Et aujourd’hui ce matin on s’est réveillés, ils ont amené deux personnes en isolement. Ils ont dormi à côté de nous et tout. Et là on demande le droit à parler avec la police, parler avec les gens, lancer à l’extérieur comme quoi il y a le coronavirus ici. Y’a pas de moyens sanitaires, rien, et la liberté, rien. Le policier il m’a dit nous on s’en fout. Il m’a dit « moi je travaille, mon travail ici 8 heures, après je pars je m’en bats les couilles de ce qu’il se passe ici ». La grève de la faim, ça fait trois jours, y’a personne qui est venu nous voir, y’a personne qui a parlé sur nous, ya personne qui a… du tout.

y’a quelqu’un, mon copain, il a mal au dos, ça fait quatre jours, je sais pas combien de temps. y’a personne qui l’a cherché. y’a mon copain, il a une opération de l’épaule, avec les papiers de l’hôpital comme quoi il a un rendez-vous pour l’opérer à l’épaule. il voulaient pas le sortir pour opérer.

moi personnellement j’ai trois gamins français, ma femme française, je travaille. je suis en CDI et tout. et là ils me ramènent ici au centre de rétention, ils m’ont pas libéré, je sais pas pourquoi.

Là ça devient compliqué trop trop. y’a des gens ici… moi personnellement si j’avais pas mes enfants je penserais à me suicider ici. y’a beaucoup de gens aussi ici ils pensent à ça. y’a quelqu’un avant-hier il a bu la javel pour se suicider. on l’a sauvé. on l’a pas laissé boire la javel.

ici y’a pas de droits de l’homme, y’a personne qui a parlé sur nous, ils parlent avec nous comme des chiens. on a des habits sales. y’a pas de nettoyage dans la chambre. on est 5 personnes dans une chambre de quatre mètres sur deux. La police vient, elle parle mal, elle dit « ferme ta gueule, ferme ta gueule la pute, ferme ta gueule sale pute ». Ils taillent, ils respectent pas le comportement des gens, ils respectent rien.

Et là ça va compliquer, c’est compliqué. ça fait trois jours qu’on est en grève de la faim, y’a des gens ils sont quatre dans leur chambre. y’a des gens qui sortent pas de leur chambre. On a attendu qu’il y ait des gens de l’extérieur qui nous aident. S’il vous plaît. Et personne ne nous a aidés, à part les journalistes, à part vous, à part les journaux, à part ça y’a personne. Et y’a pas de droits pour voir la famille, y’a pas de visites. On n’a pas de visites, on n’a pas le droit de voir la famille, on n’a pas le droit pour voir les gens de l’extérieur, y’a personne. Et en plus on fait les papiers ici pour faire l’appel, pour appeler l’avocat, ils voulaient pas. La cabine de téléphone, le fixe. Quand y’a des gens ils ont pas de téléphone ici pour appeler l’extérieur ou les gens de leur famille, y’a pas la cabine de fixe. Elle marche pas la cabine. Et voilà, s’il vous plaît, aidez-nous.

On est 127 personnes dans le centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. Il y a des gens handicapés. Il y a des gens qui ont attrapé le coronavirus depuis une semaine ils sont là ici avec nous. Ils les ont amenés en isolement, ils sont sortis positifs, ils les laissent dans notre chambre, avec nous. Y’a pas le moyens sanitaires. Y’a pas de masques, ils donnent pas de masques. Ils donnent pas les produits sanitaires pour se laver les mains, pour ça y’a rien. Les shampoings ils donnent des tubes, ils donnent des sachets de shampoing, des petits sachets comme ça. tu les mets sur tes cheveux, tu sais pas si t’as mis du shampoing ou si t’as mis de l’eau. En plus on n’a pas de droits de rien. on sent qu’on est… c’est pas la France… c’est la France qui dit liberté égalité fraternité ? Nous on voit pas ça. En vérité on voit pas ça.

L’association, à part Forum le jour quand tu rentres ils te donnent le papier, les règles de là-bas, il dit ramène moi le papier parce que demain tu passes au juge nanana. Après demain, après je sais pas quoi, y’a rien, c’est bon. Ils nous aident pas. Même faire une photocopie on n’a pas le droit.

ça fait quatre jours que je demande un rendez-vous au médecin, y’a pas de place. Ils me disent le médecin accepte que les gens qui sont rentrés aujourd’hui, les nouveaux. Il accepte pas les anciens. J’ai dit moi je suis ancien je suis nouveau c’est pareil ! je suis malade. il me dit non, on n’a pas le droit, on n’a pas ça. J’ai dit je suis malade je tousse, ça fait trois jours j’ai la gorge… les gens qui ont le coronavirus ils étaient avec moi, je suis malade. Ils me donnent pas de rendez-vous, non. Ils me parlent mal, même le médecin ici il parle mal, il me dit on n’a pas ça, on n’a pas ça. Si tu parles mal avec lui il va appeler la police. La police va t’amener à l’isolement.

Les assistantes sociales ici elles font rien. Y’a pas d’assistantes sociales ici du tout. Y’a que Forum pour faire les papiers. Pour envoyer les papiers au juge et c’est tout.

J’ai la toux ça fait trois jours. Ils donnent pas de médicaments. Moi j’ai dit je passe pas chez le médecin mais donne moi juste des sachets pour la toux. Que j’achète moi. Ils me disent non, t’es pas dehors, t’es au centre.

Normalement on a le droit à la visite une demi-heure par jour, chaque personne. Et les policiers ils disent non on fait pas les visites comme ça eux ils travaillent pas beaucoup. Ils disent qu’il y a un papier, du juge je sais pas quoi, qui dit qu’ils ont arrêté les visites. J’ai dit montre nous le papier! montre nous le papier qui interdit les visites, on va regarder. on va lire, moi je lis je crois mes yeux, donne moi le papier, je regarde. si y’a pas de visite ok. si vous me dites le juge a envoyé les papiers comme quoi y’a pas de visites par rapport au covid 19, vous nous montrez pas le papier, comment ça se fait. Il dit « non je te montre pas les papiers ». Tu sais en fait y’a un groupe de la police ils laissent la visite, et l’autre groupe il laisse pas la visite. Un groupe laisse la visite, un groupe il laisse pas. C’est comme ils veulent. ça veut dire si ils sont pas contents y’a pas de visite, si ils sont bien dans leur tête et tout ils laissent la visite.

Je te jure, j’ai trois enfants, je pense à mes enfants ici. mes enfants français, ma femme française. Je pense à eux. sinon je vais être suicidé ici. je suicide ici, je te jure je suicide ici. J’ai pas pu faire de test, ils voulaient pas me ramener au médecin, ils voulaient pas me proposer de test ni rien. Ils veulent pas. j’ai demandé le médecin, ça fait trois jours, ils voulaient pas. si j’ai le coronavirus, je suis déclaré à personne. Les gens qui sont positifs ils sont ramenés de l’isolement après ils sont ramenés avec nous. Nous on a parlé on a dit monsieur ils ont le coronavirus, ils ont dit non non y’a pas de place. Là-bas c’est le quartier des femmes, on peut pas laisser les gens à l’isolement là-bas. Ils ont dit « débrouillez-vous, marchez pas à côté d’eux c’est tout ».

y’a pas d’expulsions en ce moment. Les frontières algériennes, tunisiennes, marocaines : fermées. les frontières fermées. Ici y’a que les gens albanais qui sont expulsés. Mais nous, les frontières sont fermées. J’ai le droit de sortir. j’ai tous les papiers pour sortir. j’ai ma carte de séjour qui est valable. j’ai tout ça. Pourquoi ils nous libèrent pas ? ils te ramènent ici pour ouvrir le centre, pour faire travailler les policiers et pour donner à manger, pour payer les autres pays. parce que c’est les étrangers qui payent les habits, les serviettes, c’est eux qui payent. Eux ici ils disent que si on ferme le centre on va tomber dans la galère ou… les marchandises marchent pas nanana… c’est politique. C’est politique. […]

On va compter sur vous pour le moment. y’a 11 personnes qui sont positives ici. si ils ramènent des gens de l’extérieur, je te jure le centre il va être fermé. Parce qu’ils ont pas le droit de nous garder comme ça. Sur la tête de mes enfants, y’a plein de gens qui sont positifs ici. je te jure. Je jure pas sur la tête de mes enfants pour rien. […]

Marié avec une Française, trois gamins français. Mes enfants, tous français. J’ai des fiches de paye, je travaille dans une usine. Et je suis là. y’a des gens qui ont des papiers et ils sont là. Ils ont fait n’importe quoi, je sais pas qu’est-ce qu’ils cherchent. […]

On fait la grève de la faim depuis trois jours on n’a pas mangé, y’a des gens qui sont tombés dans les pommes et tout.  La police leur a dit va manger va manger, ils ont dit « je préfère la mort je mange pas. » « je préfère la mort. » Ils te taillent, ils te frappent, ils te parlent mal. si tu parles mal, si tu réponds, la police taille mais toi t’as pas le droit de répondre. si tu réponds tu vas à l’isolement. C’est pas tous, même le monde, c’est pas tous méchants, c’est pas tous bien. mais ici 98% des gens de ce centre c’est tout le travail qu’ils font, ils sont méchants avec nous.  imagine, je suis dans mon lit,  je pense à mes enfants, ma femme, pour les voir, pour sortir, pour au moins la visite. y’a un policier le soir il vient me voir il me dit « donne moi ta carte sale pute ».

y’a des copains normalement ils ont une opération. ils doivent être opérés. y’en a un c’est la police qui a cassé son bras. ils ont serré les menottes, il a pas dit au médecin comme quoi c’est la police qui a cassé son bras. et le médecin quand il a fait la radio il a dit « normalement tu vas sortir en urgence pour faire une opération de l’épaule ». après quand il a dit à la police « je vais sortir le monsieur pour faire une opération de l’épaule » la police elle a dit « non on n’a pas le droit d’amener les gens à l’hôpital ».

« J’ai peur, franchement vous me faites peur, je pense il suffit qu’on vous donne quelques droits là, et vous allez commencer à tuer des gens vous ».Témoignage de X., tabassé par la PAF, le 02.11.2020

Salut, comment ça se passe à l’intérieur pour toi ?

Franchement, moi depuis que je suis là, comme je t’avais dit, j’ai fait le Centre de rétention quatre fois dans ma vie, bah celui de Lyon, c’est le pire, les policiers, je veux pas tout mélanger, pas tout le monde, mais les policiers qui ont frappé Mr. Bokoko la dernière fois, ils m’ont frappé avant-hier moi aussi, pour rien, ils m’ont mis en garde à vue 24h, attaché, scotché sur un lit où il y a même pas de matelas, il y a rien, je sais même pas pourquoi, parce que je suis rentré quand ils sont sortis, j’ai rien fait en fait. Il y’a rien, il y avait rien du tout, je suis resté 24 heures. Ils m’ont coupé le chauffage la nuit, ils ont ouvert la fenêtre, il y avait pas de matelas, pas de draps, pas de couverture, rien. Le policier là qui m’a frappé, il fait plus que 45 ans, il est métisse, peut-être Indien, je sais pas, il a une tâche noire sur son front. Lui il n’arrête pas de frapper les gens, surtout dans les chambres.

C’est pas la première fois qu’il frappe des gens, c’est ça ?

Nan, c’est pas la première fois. Hier, il est passé devant moi, il y avait presque 8 personnes à côté de moi. Heureusement, il y avait des civils. Il est passé, j’ai dit aux gens : « Regardez, c’est lui le policier qui frappe tout le monde, il m’a frappé sur la tête, c’est lui qui a frappé Mr. Bokoko la dernière-fois ». Il l’avait démonté. Après, le policier a marché un peu, il s’est retourné et il a dit « écoute, écoute, j’ai entendu que tu m’as dit sale fils de pute ». Alors que j’ai rien dit. J’ai même pas commencé à parler, les 8 personnes à côté de moi elles ont commencé à crier : « Arrête de mentir, on a jamais entendu ça ». Moi j’insulte personne ici, j’ai jamais insulté.

Et Forum Réfugié et le médecin, ils t’ont dit quelque chose ?

Le médecin, il est venu me voir après qu’ils m’ont détaché. Parce que je t’ai dit, ils m’avaient attaché en fait, je frappais derrière la porte, parce que je ne comprenais pas ce que je faisais là, ils m’ont menotté et ils m’ont scotché. Ils m’ont menotté derrière le dos et ils m’ont mis du scotch en haut de mes bras et ils m’ont scotché les pieds en bas, et les jambes. 3 heures après, ils sont revenus, ils m’ont détaché parce que j’avais trop mal aux épaules, elles étaient toutes gonflées, jusqu’à maintenant j’ai mal. Ça veut dire que si je vais voir un vrai médecin maintenant, il va me donner au moins une semaine d’arrêt maladie ou plus, parce que j’ai des cicatrices bleues tout ça, bref. Il y a une chose que je n’ai pas comprise, parce que Mme. Elodie, elle, c’est la cheffe de Forum, elle était là quand ils m’ont pris pour rien et j’ai rien fait. Mais attends, je finis d’abord au mitard. Dès qu’ils m’ont détaché, le médecin est venu me voir 10 minutes après. Pour moi, c’est pas un médecin. C’est pas un médecin. Il m’a dit « ouais, je vois, t’as une cicatrice sur ton front, t’as des bleus sur la tête », mais  il y avait le policier à côté de lui, mais franchement, vous prenez les gens pour quoi ? Je lui ai dit, « toi t’es pas un médecin en fait, tu viens me voir au mitard, tu me dis montre tes bras, montre tes jambes, mais déjà, quand tu viens me voir, devrait pas y avoir la police à côté de toi là,  et la vérité, je lui ai dit, t’es pas un médecin toi, t’es un policier, t’es plus qu’un policier ». C’est plus qu’un policier lui, je sais, je suis parti à l’infirmerie le lendemain, je suis allé voir l’infirmière pour porter plainte, tout ça, ils m’ont donné 0 jours d’ITT, j’ai montré à l’infirmière, regarde, hier j’étais pas bleu comme ça, j’étais pas gonflé comme ça ». Elle m’a dit, « ouais, c’est vrai, je vais parler avec le médecin ». Ils m’ont pas appelé. Et Mme Elodie, elle, la cheffe là, moi je voulais bien que ça soit elle qui prenne la plainte, je sais pas, elle a assisté, je voulais bien que ça soit elle qui prenne la plainte, elle était comme un témoin quand ils m’ont pris pour rien. J’ai rien fait, j’ai pas insulté, rien. Les gens qui les insultent, je vois, ils sont là, tous les jours : « nique ta mère », mais les policiers ils les amènent pas. Et moi, j’ai rien fait, ils m’ont amené 24h dans le froid.

Pourquoi tu penses qu’ils t’ont fait ça à toi ?

Bah parce que c’est lui le flic contre qui j’ai témoigné [en septembre]. C’est lui qui m’a frappé. Ça se voit comment il est, comment il parle, je suis désolé de dire ça, mais il m’a pris les couilles et il m’a pincé, j’ai jamais vu ça de ma vie, et quand j’ai bougé, il m’a pris ma tête contre le mur, je sais pas, contre un coin, il y a une cicatrice, et en fait, il a eu peur quand il a vu qu’il y avait un peu de sang et tout ça, et à partir de là, dès qu’il a vu que j’ai saigné un peu, je l’ai plus vu, il a disparu. Je l’ai juste vu hier soir, il est venu dans notre truc, j’ai dit « regardez, c’est lui qui frappe tout le monde, pourquoi tu frappes tout le monde ? ». Il a marché un peu […] avec son collègue, et puis il s’est retourné et il a dit « Ecoute, écoute, Mr. X, j’ai entendu que tu as dis sale fils de pute ». Moi, j’ai pas parlé, les gens ont dit « arrête, arrête, il a pas dit, on a jamais entendu qu’il a dit ça ». Après, je suis allé voir les civils, ils m’ont dit, « oui, on a entendu pas mal de choses à propos de lui [du flic] ». La vérité, lui, la dernière fois, il a failli tuer le mec, il l’a défoncé,  il a mis son pied sur son cou, il arrivait plus à respirer, comme moi avant-hier, j’arrivais plus à respirer, parce qu’ils m’ont trop attaché, ils m’ont trop scotché, j’arrivais plus à respirer. Je bougeais trop, je me suis fait mal.

 

Tu veux parler un peu de la situation dans le CRA avec le nouveau confinement ?

Ça change rien. Il y a plus de visites, ça c’est normal. Je te dis, depuis qu’il m’a frappé, je vais plus à la cantine, je vais plus manger. Franchement, je vais pas à la cuisine. Sinon, dans le CRA, il y a 80 personnes. C’est tout dégueulasse. Ils ont libéré deux Algériens.

Mais vous avez pas d’informations précises ?

Nan. Il y a 80 personnes. Les 20 plus anciens,  ceux qui ont passé le plus de temps, il y a moi et un autre gars qu’ils ont emmené en GAV, parce qu’il a refusé un test. Il y a deux mecs on sait pas où ils sont, leurs parents ils appellent, mais on sait pas où ils sont.

Tu veux rajouter quelque chose ?

Franchement, on comprend rien. L’équipe de nuit, il y en a deux ou trois c’est des racistes pire que lui je pense. Hier, il y en a un, il m’a poussé dans la chambre… Parce qu’avant-hier, en fait, quand j’étais en GAV, il y avait une caméra. Il m’a dit quoi ? « J’ai envie de te défoncer, vas-y j’ai envie de t’éclater la gueule, dommage je peux pas faire ça ». C’est un gros avec un crâne rasé. Hier, dans la chambre, il me dit « T’attends quoi pour faire une autre carte ». Je lui dis « Bah, demande à tes collègues ». Il me dit, « Toi, tu fermes ta gueule ». je lui ai  dit « nan, moi je ferme pas ma gueule ». Il est venu, il m’a poussé,  je suis tombé. C’était dans la chambre, hein. Il m’a dit : « Quand je parle, toi tu fermes ta gueule ». J’ai rigolé, ça m’a fait rire, j’ai dit, « j’ai peur, franchement vous me faîtes peur, je pense il suffit qu’on vous donne quelques droits là, et vous allez commencer à tuer des gens vous ». C’est un truc de fou. Il y a deux équipes, en fait. Dans celle de la nuit là, il y en a quelques uns, ils sont dégueulasses, c’est des dégueulasses, ils ouvrent la porte la nuit, ils prennent ta carte, ils ferment la porte sur la gueule. Quand t’essayes de l’ouvrir, ils poussent, ils disent « ferme ta gueule, sinon je t’éclate la gueule ». Hier, j’essaye d’ouvrir la porte, il a tiré la porte, il m’a poussé, il m’a dit : « Là je peux t’éclater la gueule, mais j’ai pas trop le temps ». Parce qu’il y a pas les caméras dans la chambre en fait. Il me dit : « toi, je vais pas t’oublier ». Mais je fais rien […]. Là, j’arrive pas vraiment à marcher, ni à lever les bras.

 

« Parce qu’ici c’est la… pas bien du tout. On est en prison ici. » Témoignage d’E, prisonnier au CRA de Saint-Exupéry, 23/05/20

Je vous disais parce qu’ici c’est la… pas bien du tout.
On est en prison ici.
Ça se passe pas du tout ici. Avec les surveillants avec les.. la bouffe. Avec les… C’est tout sale. Tout est sali ici [non audible] tu prendre une infection là.
Ils mettent les personnes yen a pas de masques yen a pas aucune chose par rapport le covid19.
Il y a un directeur, toutes les personnes ils les mettent ensemble. Trois quatre personnes par chambre. Normalement la loi elle dit il faudrait être une personne par chambre.
Ça se passe pas du tout ! Ils nous considèrent comme des chiens ici.
Et ya combien de personnes là en ce moment ?
En ce moment ya… Ma section c’est 10 personnes là. Et l’autre coté jpense yen a 15.
(…)
Et du coup tu disais qu’avec la police et la nourriture… Tu parlais de la police et de la nourriture avant.
Ouais la police en fait, à partir du grand chef qui est là. Parce que je vais te dire un exemple qu’il m’a fait moi le plus grand chef avant-hier.
J’avais un copain à moi il était très mal parce qu’il fait mal aux dents.
[passage inaudible] Lui tape à la porte, mon copain, et nous on approchait aussi un peu à coté là-bas. Et moi j’ai pas dit aucun mot, il est sorti lui le grand chef. En civil, c’était un civil. Parlé avec moi lui juste à approcher à coté de lui.
Et il dit « toi qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu regardes? » Bouge ton cul ! » Il me dit. Il tapait les grilles comme ça vite, pour menacer t’as compris. Voilà.
Moi après je suis descendu, j’ai pas parlé avec lui, il était très énervé.
On peut pas faire rien avec eux parce qu’ils sont la police. Ils font comme ils veulent.
Et du coup tu parlais de la nourriture, est-ce que tu veux en parler là ?
Oui la nourriture c’est pas bon du tout. La nourriture c’est pas bon. Ils nous filent des choses qui sont terminées et des choses que ça se mange pas. Nous on mange pas ça. On mange parce qu’on a pas de manger. Yen a des fois ou on mange juste pain avec de la mayonnaise. Parce que autre chose que eux ils font là ils sont pas bon. Nous on mange pas ça. Et on jette.
Par exemple, aujourdhui on a mangé des gateaux petits et ils étaient terminés ça fait, la date de terminaison c’était 5 jours avant.
Et ça se passe comment au niveau des audiences en ce moment du coup ?
Ils nous appelent, on part en audience, on part pas au juge. Ya pas de juge. On voit pas le juge.  On voit pas l’avocate. On voit pas rien du tout.
Du coup t’es face à un ordinateur encore ?
Ouais c’est avec un ordinateur.
Et.. du coup est-ce que vous vous organisez au sein du centre de rétention un petit peu ?
Nous ouais on reste tous ensemble à discuter pour passer le temps un petit peu. Parce que on a pas d’autre choix. On a pas d’activité ici. On a pas aucune chose euh pour faire une activité. Pour passer le stress ou les choses.
Normalement on n’est pas prisonniers nous, parce qu’on n’est pas en prison ici.
Est-ce que tu veux parler d’autre chose ?
Oui jveux parler jveux parler que la justice par exemple.. Jveux dire que la justice elle doit pareil, pour tout le monde pareil. Pas comme euh.. Par exemple yen a des personnes qui viennent ici comme il y avait des Albanais il avait condamné 90 jours pour qu’ils organisent l’expulsion. Moi par exemple j’avais l’adresse j’avais tout et garantie des personnes qui sont avec moi ici j’avais OQTF juste un an et demi, et le juge il m’a refusé. Et lui il est sorti. Il y a pleins de gens qui sortent d’ici.
Ça veut dire il s’en fout le juge ! Ça veut dire la justice c’est pas pareil ! Nan ils font comment ils veulent.
Et en plus j’vais parlé de ça, de la santé, des infirmières, du docteur. Ici ya juste une infirmière ici. Le docteur ont le voit pas. Quand les personnes elles sont mal, elle dit il faut que on attend le docteur.
Quand il vient le docteur enfin après quatre jours il donne par exemple si nous sommes mal, juste doliprane quelque chose comme ça. Il s’en fout ! Ya pas de dentiste ya pas… Par exemple si tu veux mourir ici dans la nuit, tu peux mourir là. Dans la nuit ya pas de docteur ya pas d’infirmière, ya pas de rien du tout ! T’es enfermé là.
Par exemple, mon pote, mon ami, il était très mal  à cause des dents il était presque pour mourir. Il tape à la porte, arrivé le chef et on a appelé même nous même on a appelé l’ambulance aussi, extérieur. Et et elle nous a dit « on peut pas faire rien parce que ya pas de … Ya pas de dentiste »
Comment ya pas de dentiste ? Lui, il est très mal il faut, il faut donner un, comment ça s’appelle ça, un calmant pour calmer le douleur non ?
Voilà et ils laissent tout comme ça.
D’accord, ya d’autres personnes qui sont trop mal à l’interieur du centre de rétention ?
Yen a lui qui a très mal aux dents, maintenant il commence euh parce que il a fait trop de bruit ! Ça fait une semaine il a fait du bruit, une embrouille avec la police avec les infirmièr-es et tout ça. Maintenant il doit donner les calmants ça pour calmer les douleurs et [passage inaudible]. Après une semaine !
Il est gonfflé de les… du visage.
Les personnes qui sont… Les personnes qui sont libérées là, est-ce que c’est suite à des demande de remises en liberté collectives ?
Ouais ici qui s’occupe de ça yen a le forum là, forum qui fait les papiers et le juge. Forum il fait les papiers et on va au juge. Après les juge ils font le jugement.
Ok d’accord, tu veux rajouter quelque chose ?
Non juste ce que je disais tout à l’heure. J’espère que ça va améliorer les choses ici. Qu’ils vont mettre comme il faut nos droits. Pour avoir nos droits comme il faut.
Traiter nous comme comme euh… Nous on n’est pas comme ils veulent. On n’est pas des chiens on n’est pas… Même les chiens normalement il sont traités, il sont traités mieux ! C’est c’est c’est un animal. « 

« On veut être comme tout le monde à coté de nos proches, notre famille. » – témoignage d’un prisonnier au CRA de Lyon, 11/04/2020

Le CRA de Lyon est loin d’être « fermé » comme le prétendait Forum réfugiés au début du confinement et après de nombreuses libérations. Aujourd’hui une trentaine de personnes y sont enfermées encore, des personnes arrivent tous les jours, d’autres sont libérées. Voici le témoignage d’un prisonnier au CRA de Lyon.


En tout temps, à bas les CRA, les frontieres, les prisons et soutien à tous.x.tes les prisonnier.x.es

 

 » Bonjour tout le monde,

Je suis un retenu au centre adminsitratif à Lyon, ça fait une semaine que je suis là. Ici yen a une trentaine de personnes, de tous les âges.

Ici ya rien, ya rien qui marche.
On peut pas reçu de l’argent. On peut pas reçu des habits. On … on a pas le droit de crier. On a pas le droit de demander une chose. On vit pareil comme les années 1800.
L’hygiene est catastrophe, on a meme pas un shampooing.
On a rien là.

Et après avec le personnel qui travaille ici, il dit que tout ya pas de chambre pour les gens qui sont restés ici plus que 4 jours. Parce que toujours du monde il sort d’ici. Yen a des gens qui sortent, yen a des gens qui restent pendant 28 jours, pareil que moi par exemple.
Il dit que ya pas de chambre. C’est la même. C’est un jeu de casino, avec notre vie.

Si on risque et on est touchés par la maladie c’est dégueulasse partout. Si quelqu’un a la possibilité pour faire un reportage, avec des médias ou… Parce que nous si on a… Si on a la possibilité on envoie et tout le monde va voir comment on vive ici.

On a essayé pour faire la grève, pour demander notre droit et on a rien gagné. Comme ça on a arrêté.
Avec le personnel, avec le forum, avec les infirmier-es, avec tout le monde qui travaille ici on pense qu’ils fait rien pour nous. Parce que c’est ça la vérité.
Ya rien fait. Et nous on est désespérés, ici. On a peur.

On a meme pas de télé.Yen a des chambres qui en a la télé. Yen a des chambres qui ont pas de télé.

On a pas d’argent pour boire un café chaud le matin. Pour acheter un chocolat. C’est le pire du pire, c’est le pire. J’espère ça ça va bientôt finir. Que les autres gens ils souffrent pas comme nous.

Et je sais pas qu’est-ce que je peux vous raconter plus…

– Est-ce que tu veux parler des audiences?

Oui. Les juges marchent comme ça. Quand on est venus ici il a dit que pour 48h vous allez voir le juge. Mais on ne voit personne!

Le premier jugement, on reçu juste un papier, avec le verdict : si tu vas rester ici ou si tu vas être libéré.
Après on a – s’ils te laisse ici dedans, s’ils te condamnent par exemple avec 28 jours – tu as le droit de faire l’appel.
L’appel ca se passe dans… pfff il est même pas en chambre. Jsais pas qu’est-ce qui est.
Et la bas tu es devant une télé? pour entendre mal, pour rien compris! C’est grave.
Et après il te dit que tu vas attendre la réponse par exemple vers 16h – 17h… C’est comme ça l’ambiance des jugements. Il fait comme il veut! Il écoute personne! Et c’est pas les mêmes droits pour tout le monde. Quelqu’un sort, quelqu’un sort pas.
Et quand on demande ils nous disent «t’as pas de chance». «T’as pas de chance de sortir»…

Vous avez une autre question?

– Non, est-ce que tu veux rajouter autre chose?

On a besoin que les gens nous aident!Retour ligne automatique
Ca suffit! On en peut plus! Ca suffit!

On veut être comme tout le monde à coté de nos proches, notre famille.
Parce que c’est, c’est, tout le monde, tout le monde souffre a ce moment, tout le monde! On a peur, quand on sort qu’on trouve pas notre famille, par exemple, notre père, notre mère.

Et personne écoute. Personne écoute.

C’est comme ça.

– Est-ce que tu veux t’arrêter là?

Ca suffit?

– T’en penses quoi?

Ca change quoi?
J’ai dit pour la grève. J’ai dit comment ça se passe.
Jpeux pas! Jpeux pas dire tout! Yen a plein de choses! Tout! Tout! Tout! Plein de choses!
Même pas les.. On a pas pour laver notre lit personnel! Rien qui marche ici! Rien qui marche ici, parce que les gens, c’est le confinement, les gens pfff… Ya pas! Ya rien!
Meme la femme de ménage elle elle vient pas.
On est obligés de rester ici dedans, enfermés.

C’est comme ça la vie.
On mange trois fois par jour. Le matin, le déjeuner et le dîner.
Après à 10h30 on est enfermés dedans. Et on a pas le droit de fumer dedans. Parce qu’on a pas de briquet dedans.

On a … Nous sommes libres! C’est vrai on n’a pas de papiers, on est réfugiés mais nous sommes libres!
On a commis aucune … On n’a pas volé.. On n’a rien fait. Juste parce qu’on n’a pas de papiers on n’a pas de droits. Ici en France il faut que nous on souffre comme ça. C’est la prison.

Et après on attend, on attend, on attend, on attend, que quelqu’un fait quelque chose pour nous mais personne. Personne vient. C’est la vérité.

 


PS : Un moyen de soutenir les personnes incarcérées est de leur téléphoner appeler via les cabines téléphoniques du CRA. En ce moment encore plus que d’habitude, il peut être important de les appeler pour témoigner de notre solidarité. À Lyon, le numéro qui fonctionne est le 04 72 22 09 19. Si vous ne l’avez jamais fait et que vous vous demandez quoi dire, quelques conseils ici.

« Ok, y’a pas de problème. » Témoignage de A., prisonnier du Centre de rétention administrative de Lyon.

« Comment ça s’est passé pour moi, je suis allé en prison, je suis venu jusqu’ici, et ce que je suis en train de vivre… là pour moi, tout est important.

Pour commencer, je suis venu le 15 juin 2019 en France. Donc du coup, le 18 je suis parti à la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, l’ADA1 de Grenoble. Je suis parti là-bas pour me présenter, c’est-à-dire pour prendre un rendez-vous à la préfecture pour ma demande d’asile. Le 18, arrivé là bas, j’ai fait un entretien avec les gens de l’ADA, ils m’ont pris un rendez-vous pour la préfecture de Grenoble. Je devais me présenter là bas le 27 juin. Le 27, je me suis présenté au GUDA2 de Grenoble, l’agent de la préfecture a relevé mes empreintes, après elle m’a dit : « Bon, Monsieur, on va vous placer en procédure qu’on appelle la procédure Dublin ». Comme moi je ne comprenais pas trop cela, je n’arrivais pas à me comprendre avec l’agent de la préfecture, je lui ai dit : « Je vais demander des conseils à mon avocat. » Je lui ai demandé de me donner le document, elle m’a dit non, elle va garder la convocation, et ils vont garder aussi mes photos, et garder aussi mes empreintes. Alors je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème, donc je vais retourner à l’assoc’, je vais parler avec eux comme ça ils vont m’orienter vers une avocate pour demander conseil. » Elle a dit : « Ok, y’a pas de problème », du coup je suis sorti de la préfecture.

Je suis parti à l’association, l’association m’a orienté vers une avocate. Donc je suis allé, je lui ai demandé, je lui ai expliqué quand je suis allé à la préfecture comment ça s’est passé là-bas. Elle m’a fait comprendre que bon y’avait pas de problème, que je pouvais repartir prendre un nouveau rendez-vous à la préfecture. Elle m’a demandé quel était mon projet en France, je lui ai expliqué, que j’étais en France pour continuer à faire mes études, et pouvoir rester ici pour vivre quoi, faire ma vie ici, pouvoir travailler et faire ma vie ici quoi. Donc elle m’a dit : « Ok y’a pas de problème, voilà ce qu’on va faire : vous allez partir Monsieur, vous allez essayer de prendre un autre rendez-vous, comme ça même si on arrive à vous placer sous la loi qu’on appelle Dublin, on va essayer de voir si le juge va vous maintenir ici. On va essayer de faire un recours, pour voir si on va pouvoir vous maintenir ici pour que la France puisse s’occuper de votre demande d’asile. » Je lui ai dit : « Ok y’a pas de problème ». Du coup le 5, je suis retourné à l’ADA, ça c’était le 5 juillet, je suis parti là-bas, donc on m’a dit de revenir le 11. Le 11, je devais retourner là-bas pour reprendre les entretiens et prendre un rendez-vous pour la préfecture encore. Quand je suis parti le 5, on m’a dit de revenir le 11.

Sauf que la nuit du 8 juillet, j’étais avec un collègue à moi, on partait dans une épicerie de nuit, on s’est fait arrêter par une voiture, qui dit que c’était des policiers. Ils nous ont dit : « Messieurs, police » et du coup on s’est arrêtés et on a demandé si y’avait un problème et ils ont dit oui, ils ont dit : « Vers 23 heures, il y a un couple qui s’est fait agresser par des personnes de type africain. » Nous, on leur a dit : « Là il est 2 heures du matin, nous on veut juste aller chercher des bières, on sait pas ce qui s’est passé là-bas, si y a un problème, peut-être vous pouvez appeler les gens qui ont été victimes, voir s’ils peuvent dire si c’est nous ou pas. » Donc ils ont dit : « Messieurs, on va aller au poste de police. C’est comme on vous a dit, il y a un couple qui s’est fait agresser. » « Ben non, vu qu’on vous a dit plusieurs fois que c’était pas nous ! » Ils ont insisté une seconde fois, finalement on est montés dans la voiture et on est partis. Donc ils nous ont ramenés là-bas, on y a passé la nuit.

Le lendemain, moi j’ai été appelé par l’OPJ3 pour mon audition. Quand je suis arrivé là-bas, il m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé. Je lui ai expliqué comment ça s’est passé la nuit, je lui ai dit que moi j’étais avec un copain, à 2 heures du matin je partais dans une épicerie de nuit pour essayer d’acheter des bières, et du coup y’a une voiture de police qui nous a arrêtés, sous prétexte qu’il y a un couple qui s’est fait agresser par deux personnes de type africain dans le parc. Donc après il m’a demandé : « Où vous étiez à 23 heures ? » Je lui ai expliqué, donc, que j’étais avec des amis, je lui ai expliqué la même chose que je vous ai dit. Il a dit : « Ok Monsieur, y’a pas de problème, on comprend que c’est pas vous, mais alors du coup vous êtes en situation irrégulière sur le territoire français. » Je lui ai dit : « Non Monsieur, je ne suis pas en situation irrégulière. Quand je suis arrivé ici le 15, le 18 je me suis présenté directement à la la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile, on m’a dit que j’avais 45 jours pour poser ma demande d’asile sur le territoire français. Donc du coup j’ai automatiquement pris un rendez-vous pour le 27. » Je lui ai même montré la convocation et tout ça, je lui ai dit : « Vous voyez les documents, le 27 j’étais là-bas, le 27 juin. Donc là, le 5 juillet je suis parti là-bas pour prendre rendez-vous, et je dois partir le 11 juillet pour aller prendre le rendez-vous pour la préfecture. Donc je suis en train de faire ma démarche administrative. » Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. Depuis combien de temps vous êtes sur le territoire français ? » Je lui ai expliqué ce que j’ai dit, ça fait trois semaines, bientôt un mois, que je suis là. Il a dit : « Ok, y’a pas de problème. » Il a dit : « Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter votre pays ? » Je lui ai expliqué les raisons qui m’ont fait quitter le pays. Après il a mentionné ça, il m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va continuer à vous garder là-bas, et après on viendra vous chercher, et on va emmener le dossier chez le juge, et le juge va décider qu’est-ce qu’il va faire. »

Donc du coup on m’a retourné dans la préfecture4 et on a continué à me garder là-bas. À 18 heures, on m’a appelé, on m’a dit : « Monsieur, on va vous notifier la fin de votre garde-à-vue. Vous avez une convocation au tribunal pour cette affaire de la nuit là », et il dit : « Mais à côté aussi vous avez une OQTF5 et une Interdiction de retour sur le territoire français pendant 2 ans. Mais si vous voulez contester cette mesure, vous pouvez aller voir un avocat, pour dire que vous n’êtes pas d’accord, et l’avocat va faire un appel. » Je lui ai dit : « Ok, y’a pas de problème », parce que moi je ne comprenais pas trop ce que cela voulait dire. J’ai dit :  « D’accord, y’a pas de problème », j’ai pris le dossier, je suis parti à l’association qui s’occupe de notre demande d’asile, je leur ai montré, j’ai dit : « Vous savez, le 11 je devais venir ici pour prendre mon rendez-vous pour la préfecture. Mais du coup on m’a donné une obligation de quitter le territoire, sans délai de départ volontaire, avec une Interdiction de retour pendant une durée de 2 ans. » J’ai dit : « Mais je comprends pas. » Après, on m’a dit d’aller chez l’avocate pour faire l’appel pour les 48 heures.

 

– C’était à Lyon l’association ?

Non c’était à Grenoble. C’est quand tu descends la rue de Stalingrad. L’association se trouve là bas. C’est l’ADA. Tout le monde connaît l’ADA, c’est la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Tous les demandeurs d’asile majeurs sur Grenoble, ils passent à l’ADA, c’est l’ADA qui fait les entretiens, après ils prennent tout de suite un rendez-vous pour nous à la préfecture. Donc on se rend après à la préfecture. Le lendemain, quand on prend le dossier, le récépissé, on revient encore à l’ADA pour faire une domiciliation, comme ça tous les courriers de la préfecture, on vient les récupérer là-bas. Donc je suis parti, on m’a orienté vers une avocate. L’avocate m’a dit : « Ok, y’a pas de problème, on va faire le recours, mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la préfecture vous a donné une interdiction, alors que vous venez d’arriver, vous avez à peine fait 3 semaines, vous n’avez même pas encore fait un mois, alors que vous avez 45 jours pour déposer votre demande d’asile. » Elle a dit : « On comprend pas mais on va essayer de faire une demande d’asile. »

Et vous savez, le lendemain, il y a un article qui est sorti dans le Dauphiné, c’est-à-dire deux heures après, la même nuit, des personnes de type africain ont été arrêtées suite à une agression à l’encontre d’un couple. En fait les personnes ont fait une comparution immédiate et ont été directement condamnées pour des peines de six et huit mois de prison. Donc du coup je lui ai montré, je lui ai dit : « Maître, vous voyez, ce sont les mêmes faits qui m’ont été reprochés hier nuit », je lui ai dit : « Vous voyez, tout de suite après qu’on nous a emmenés en garde-à-vue, ils ont attrapé des personnes pour les mêmes faits. Alors qu’on leur avait expliqué que nous on ne connaissait pas, on ne savait même pas qu’est-ce qu’ils étaient là à expliquer quoi, on leur a dit que nous on partait juste dans une épicerie de nuit pour essayer de prendre des boissons. » Elle a dit : « Oui mais c’est pas possible qu’il y ait une même condamnation pour des personnes différentes. » Je lui ai dit : « Oui, c’est ce que je ne comprend pas. » Elle a dit : « Bon, là il faudra que l’on voie nous-mêmes et le préfet va vous expliquer qu’est-ce qu’il se passe pour ça. » Donc on a fait le recours dans les délais de 48 heures, donc l’audience devait se tenir le 25 septembre. Donc moi je ne pouvais plus faire une demande d’asile, j’avais une OQTF qui était là sans délai de départ volontaire, je ne pouvais plus poser une demande d’asile, donc j’étais bloqué quoi. Il fallait attendre l’audience pour pouvoir faire une nouvelle demande d’asile. Et par ailleurs, je ne pouvais pas être éloigné tant que je n’avais pas encore la décision du tribunal administratif par rapport à ce recours-là. Donc je suis resté comme ça à Grenoble, je suis resté à attendre le jugement pour le 25 septembre.

Au mois de septembre, c’était le 8 septembre, j’étais avec mes collègues, nous étions venus prendre le tram, pour rentrer à la maison pour essayer de se faire à manger, il était 21 heures, et il y a eu des disputes dans le tram. Comme il y a eu des disputes dans le tram, ils ont appelé les policiers. Les policiers sont venus, ils nous ont trouvés dans le tram. J’étais avec mes amis, mes collègues, nous étions trois personnes. Ils ont demandé les papiers, mes collègues c’étaient des demandeurs d’asile, ils ont montré les récépissés, la police les a laissés partir. Ils m’ont demandé si j’avais des papiers, je leur ai donné la convocation du mois de juillet qui m’avait été notifiée. Je leur ai montré les papiers que j’avais, les papiers de l’ADA et tout ça, je leur ai dit que j’attends l’audience, que je suis en train de faire mes démarches administratives. Mais là pour l’instant, j’attends d’abord la décision du tribunal pour faire quoi que ce soit. Ils ont dit : « Monsieur, là, on va essayer de vous ramener au poste », ils ont dit : « Embarquez-le ». Ils m’ont embarqué, ils m’ont envoyé au poste et ils ont libéré mes amis, parce que moi, à défaut de récépissé, à défaut de papiers, on m’a embarqué, ils ont libéré les autres.

On m’a envoyé au poste de police, on m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé dans le tram, j’ai expliqué. Après, ils m’ont dit que les policiers ont ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, c’était un petit couteau. Et ils ont dit que ouais, que comme moi j’étais à l’arrêt de tram avec mes collègues, donc le petit couteau là nous appartenait. Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? J’ai dit : « Moi je ne mange même pas avec un petit couteau, qu’est-ce que je vais faire avec ça ? Un petit couteau comme ça, ça m’appartient pas. » Ils ont dit : « Monsieur, vous savez que le port d’arme blanche est interdit ? » J’ai dit : « Mais ça ne m’appartient pas ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est pas pour moi ! Si  la police a ramassé quelque chose à l’arrêt de tram, comment vous voulez dire que ça, ça m’appartient ou ça appartient à un ami à moi ou quoi que ce soit ? Il y a plein de monde qui va dans les arrêts de tram ! » Ils peuvent pas ramasser quelque chose là-bas en disant que ça, ça m’appartient ou appartient à quelqu’un d’autre. J’ai dit : « Moi je connais pas ce qu’ils sont en train d’expliquer ». Ils ont dit : « Ben Monsieur, c’est le magistrat qui va déterminer votre situation. » J’ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Du coup, on m’a gardé là-bas, 48 heures de garde-à-vue. Je suis parti pour une comparution immédiate. Je suis venu là-bas [au tribunal], vous savez, pour les faits du 8 juillet, vous vous souvenez ? Pour ma première garde-à-vue. Et pour la deuxième là. Donc j’ai été jugé et condamné pour six mois de prison, alors que y’avait des personnes qui sont encore en prison pour le premier fait, là, pour ma première garde-à-vue. Des personnes qui ont causé ces affaires, des personnes dont les termes ont été reprochés, sont en prison pour les mêmes faits quoi. J’ai été condamné pour six mois. Pour ces faits-là, et pour port illégal d’armes. Le petit couteau qui a été retrouvé par les policiers à l’arrêt de tram, qu’ils ont pris, qu’ils ont ramené à la police en disant qu’ils ont ramassé ça à l’arrêt de tram où moi j’étais là-bas.

Donc je suis parti en prison le 10, à partir du 10 septembre 2019 j’étais incarcéré. Le 25, je devais attendre mon audience. Donc je suis resté en prison, j’attendais toujours le jugement pour le 25. On m’a orienté vers ma conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation. Je leur ai demandé, j’ai dit : « J’attends une audience pour le 25, par rapport à ma situation administrative. » J’ai dit : « Moi je suis demandeur d’asile, comment ça va se passer ? Et est-ce que je peux faire une demande d’asile après l’audience ? » Elle m’a dit : « Non, tant qu’on ne connaît pas encore votre situation par rapport au jugement, Monsieur, malheureusement, on ne peut rien faire. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. »

Donc le 25 septembre, l’audience s’est tenue, la requête a été rejetée. Lorsque la requête a été rejetée, j’ai appelé mon avocate, je lui ai demandé, j’ai dit : « C’est comment le jugement ? » Elle m’a dit : « Malheureusement, le jugement a été rejeté. Mais on va faire un recours, on va interjeter l’appel pour faire un recours au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » Elle a dit : « Tu vas essayer de voir la SPIP6, elle va te faire signer un dossier d’aide juridictionnelle. » Je lui ai dit : « D’accord, y’a pas de problème. » Donc j’ai signé le dossier d’aide juridictionnelle, elle a fait le recours pour moi. Actuellement, le recours il est toujours là, au niveau du Tribunal, y’a pas encore eu de jugement là-dessus. Donc je suis resté comme ça en prison, je ne pouvais pas faire de demande d’asile. J’ai demandé à la SPIP qui disait que c’était pas possible, il faut attendre pour voir où en est ma situation administrative.

Donc le 17 octobre, j’ai été transféré de la Maison d’arrêt de Varces pour le Centre pénitentiaire de Villefranche. Je suis resté au Centre pénitentiaire de Villefranche du mois d’octobre jusqu’au 25 janvier 2020. Mais le 9 janvier 2020, j’ai reçu un parloir avocats, un agent de la préfecture qui est venu me voir. Elle m’a trouvé et elle m’a dit : « Monsieur, en fait je travaille pour la préfecture du Rhône. C’est eux qui m’ont envoyé, ils voulaient vous entendre pour vous écouter, quoi, parce que le Préfet, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée le 9 juillet par le Préfet de l’Isère, il veut vous éloigner, il veut vous mettre en centre de rétention pour pouvoir vous éloigner. » Elle dit : « Qu’est-ce que vous en dites ? » Donc je lui ai expliqué, je lui ai dit : « Madame, moi je suis venu ici pour faire une demande d’asile. » J’ai dit : « Dès que je suis venu, on m’a donné une OQTF, et j’ai fait le recours pour pouvoir toujours continuer à faire ma demande d’asile. » J’ai dit : « Actuellement, le recours il est au niveau du Tribunal Administratif de Lyon. » J’ai dit : « Moi je vous ai dit que je ne peux pas rentrer au pays, car ma vie elle est menacée, elle est en danger là-bas. Je peux pas retourner dans ce pays là. » J’ai dit : « Mais si toutefois, après ces recours-là, si Monsieur le Préfet ne souhaite pas que je pose une demande d’asile ici, je peux retourner en Espagne, ou lui-même il peut me mettre dans un vol ou je ne sais quoi, pour que je retourne en Espagne, il y a pas de problème. Pour que je puisse continuer ma demande d’asile là-bas, parce que je suis venu par là-bas. Mais pouvoir dire que je vais aller au pays, je peux pas rentrer dans mon pays. Je peux pas retourner, je peux pas me mettre dans un vol, aller en direction d’un pays où je vais perdre tout de suite ma vie à l’arrivée à l’aéroport. Je peux pas faire ça. » Donc il a écrit ça, j’ai signé. Il m’a demandé si j’étais malade et tout ça. On m’a fait le point sur mon état de santé, elle a mentionné ça aussi. Elle est repartie.

Le 25 à ma levée d’écrous, l’agent de la préfecture est venu me voir, il a dit : « Monsieur, suite à l’interdiction qui vous a été notifiée, Monsieur le Préfet a décidé de vous mettre en rétention. Il dit : « Vous avez 48 heures pour faire appel à cette décision. » J’ai dit : « Mais je ne sais pas dans quelle langue je vais décider de parler. Le 9 j’ai reçu au parloir avocats un agent de la préfecture. Je vous ai dit que je suis en situation de demande d’asile. Je ne peux pas retourner dans mon pays. Si Monsieur le Préfet veut me mettre en rétention y a pas de problème, je vais retourner en Espagne. Je ne suis pas contre sa décision. C’est normal, c’est lui qui sait. Mais si toutefois il veut pas que je sois dans une situation de demande d’asile moi je vais partir, c’est pas un problème. Mais ce que je dis c’est que je ne peux pas partir en Guinée. Je ne peux pas retourner dans ce pays-là où ma vie est menacée, où ma vie est en danger, où je peux perdre ma vie tout de suite là, dès mon arrivée à l’aéroport. C’est pas possible quoi. » Il a dit : « Mais Monsieur vous pouvez contester cette décision-là, arrivé au centre de rétention. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Comme je le connais pas, j’étais là y avait les gendarmes et tout ça, je suis monté, on m’a menotté, je suis venu en centre de rétention.

Arrivé au centre, tout de suite je suis parti voir Forum7 pour essayer de contester cette décision. Donc Forum a fait une requête pour moi. Deux jours après je suis parti au Juge des Libertés et de la Détention. Le Juge des Libertés m’a dit : « Monsieur, malheureusement les avocats sont en grève. Vous ne pouvez pas avoir d’avocat, et si vous ne souhaitez pas être jugé aujourd’hui, on peut renvoyer à demain, mais ça n’aura changé à rien, demain de toute façon vous serez jugé de la même façon. » Je lui ai dit : « Ok, y a pas de problème. » Je lui ai dit : « Je souhaite le renvoi du jugement jusqu’à demain, comme ça, comme il n’y a pas d’avocat, que je puisse voir mes dossiers bien, pour regarder mes dossiers. » Donc on m’a rendu mes dossiers et je suis venu ici, regarder mes dossiers. Je suis parti à Forum, j’ai regardé avec eux. J’ai lu et regardé le dossier. J’ai dit : « Il y a plein d’erreurs dans mes dossiers, on me juge, mais c’est-à-dire c’est comme si c’est pas la personne là qui est en face qu’on est en train de juger. Vous imaginez ? Regardez tout ce qui est écrit. “Monsieur tel, il a fait un an sur le territoire français, il ne peut pas justifier ses moyens de subsistance. Donc suite à ça on lui met une OQTF. Le comportement de Monsieur est une menace à l’ordre public.” » J’ai dit : « Mais attendez, c’est quoi ça. » J’ai dit : « Mais attendez c’est pas ma personne qu’ils sont en train de juger dans ce document-là. » Je parle comme ça avec les gens de Forum. Je dis : « Ils sont totalement à côté de la plaque ! C’est pas ma personne ! » Ils m’envoient en prison pour défaut de papiers. C’est-à-dire je fais la prison de personnes déjà qui sont encore en prison. On me renvoie en centre, on met plein d’erreurs dans mes dossiers, pour me juger avec ça. Mais je dis : « C’est pas possible. »

Donc j’ai appelé les associations qui sont dehors, les associations qui s’occupent de nos demandes d’asile et tout ça quand on vient sur Grenoble. J’ai appelé l’ADA. La maison des associations ça s’appelle ADA. L’Accueil des demandeurs d’asile. Ça se trouve à la caserne de Bonne. Donc j’ai appelé, il y a une femme là-bas qui s’appelle Sophie8, je l’ai appelée, j’ai discuté avec elle. Elle m’a dit : « Mais la préfecture te connaît bien. C’est la mauvaise foi de la préfecture pour pouvoir te garder là-bas et continuer vraiment à te faire chier. » J’ai dit : « Oui, mais moi je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder, à vouloir me bloquer par rapport à ma demande d’asile et autres choses. » Après elle m’a ramené tous les documents que j’avais quand j’avais fait des démarches là-bas. J’ai appelé aussi l’ADA, qu’ils me prennent des rendez-vous, ils m’ont ramené les convocations et tout ça à la préfecture. C’est-à-dire pour aller faire ma carte vitale, pour ma domiciliation et tout ça. On m’a envoyé tout ça.

Donc le lendemain je suis parti [au tribunal], on m’a prolongé de 28 jours. J’ai essayé de parler mais le juge m’a pas écouté. J’ai fait un appel pour aller à la Cour d’appel. À la Cour d’appel, la décision a été maintenue. Ils ont dit qu’il n’y a pas d’irrégularité dans la décision qui a été rendue par le Juge des Libertés et de la Détention. Donc quand je suis revenu, je leur ai dit : « Ok, est-ce que je peux continuer alors à faire ma demande d’asile ? Parce que j’étais en train de faire ma demande d’asile dehors. » Ils m’ont dit : « Oui y a pas de problème c’est votre droit de faire la demande d’asile. » Du coup j’ai fait la demande d’asile. Le cinquième ou sixième jour, j’ai été convoqué par l’OFPRA9.

L’OFPRA c’est dans une petite chambre ici. C’est en vidéoconférence. C’est direct, c’est une caméra, je suis là, y a un officier de l’OFPRA qui me pose des questions. Je lui explique ma situation et tout ça. Donc on a fait une vidéoconférence. Donc après, ils m’ont dit d’attendre trois ou quatre jours. En principe on m’avait dit c’est 96 heures la réponse. Donc j’ai attendu. Après la requête a été rejetée. Donc j’ai fait un recours au niveau de la CNDA10 parce qu’on m’avait dit que j’avais un mois pour pouvoir faire un recours par rapport à cette décision de l’OFPRA. Du coup j’ai fait un recours au niveau de la CNDA. Mais quand j’ai fait la demande d’asile, Monsieur le Préfet m’a notifié que malgré que j’aie fait une demande d’asile, qu’il va continuer toujours à me maintenir en rétention. L’examen de ma demande d’asile et tout ça, à faire ici. Que j’ai fait la demande d’asile juste pour faire un obstacle à la demande d’éloignement. Donc j’ai contesté cette décision. Parce que c’est une situation qui n’était pas tout à fait… C’est pas fondé, c’est pas motivé, c’était pas vrai ! Donc je leur ai amené tout le dossier, j’ai mis tout le dossier, j’ai contesté cette décision, nous sommes allés au Tribunal Administratif. Le juge il a vu tout. Il a vu toutes les preuves. Toutes les preuves qui étaient là, que vraiment le Préfet lui-même en personne était dans des erreurs. Il est dans les erreurs. Sincèrement quoi ! C’est pas parce que c’était Monsieur le Préfet… oui il a le pouvoir. Mais c’est un être humain comme tout le monde ! Il fait des erreurs, il était dans des erreurs. Et ma requête a été rejetée. Donc je leur ai dit : « Mais je comprends pas pourquoi ils continuent toujours à me garder en rétention. » Du coup le recours que j’ai fait au niveau de la CNDA, j’ai reçu ma lettre d’enregistrement de la CNDA. Donc là j’attends une nouvelle date d’audience.

Quand j’ai récupéré la lettre d’enregistrement je suis allé directement voir l’association Forum. Je leur ai expliqué, il y a un travailleur là-bas qui m’a dit, même avec cette lettre d’enregistrement ça n’empêche pas la préfecture de m’éloigner. Je leur dis : « Mais si toutefois la préfecture m’éloigne, le jour de l’audience, qui est-ce qui va me représenter ? » Il m’a dit c’est un avocat. C’est mon avocat qui s’est occupé du recours. J’ai dit : « Et si l’avocat qui me représente est là-bas, et si ce jour-là ils arrivent à me donner le statut de réfugié, ils m’accordent la protection, alors que moi je ne suis pas là, que je suis… éloigné dans un pays qui est en guerre. Où ma vie elle est en danger. Où… j’ai tout expliqué. Comment moi je vais faire à ce moment-là ? » Il a dit : « Vous reprenez un visa, vous revenez. » J’ai dit : « Arrêtez de prendre les gens pour des fous ! » J’ai dit : « Vous, travailleur de Forum, qui êtes là à m’expliquer des choses comme ça ? Mais tu imagines ce que tu m’expliques ? Hein ? Aller dans un pays qui est à la limite de la guerre civile là, où il y a la guerre ethnique, où ma vie elle est menacée, elle est en danger, je vais là-bas et je dois être représenté par un avocat, et si je suis reconnu réfugié comme ça, moi je vais prendre un visa pour revenir ? Mais attendez ? Vous prenez les gens pour des personnes qui ne connaissent rien ? C’est pas possible. » Du coup je suis sorti là-bas, je suis revenu. Du coup je suis dans cette situation jusqu’à présent. J’attends encore, je ne sais pas… ce que la préfecture va dire par rapport au recours que je dois faire. Parce que je suis en attente d’une date d’audience. Pour voir comment ça va se passer quoi.

Voilà pour l’instant je suis au centre de rétention. Maintenant je vois qu’ici bon, les droits des personnes sont violés. Pour moi ici le droit, on dit que juste les gens ils ont des droits mais c’est pas possible, c’est pas vrai. C’est qu’ici, quand la préfecture elle a décidé vraiment quelque chose, même si tu es dans la vérité, même si tu es dans la raison, en fait t’as pas raison. C’est Monsieur le Préfet, c’est lui qui a le pouvoir. Il a la force. C’est lui qui décide en fait. C’est que pour toi, t’as pas la parole quoi. C’est-à-dire il faut que tu acceptes ce qui est là. C’est ce que je vois.

 

– Tu veux nous parler de comment c’est dans le centre, la vie là-bas, les conditions ?

En fait le centre c’est n’importe quoi. C’est-à-dire que ici, c’est pire que la prison. Ils ont juste dit un centre de rétention, mais c’est comme une déchetterie ici. C’est… En fait les gens sont retenus dans des conditions vraiment bizarres. Quelle que soit la façon dont tu expliques ça à quelqu’un, tant que la personne n’a pas l’accès pour venir voir… Si vous comprenez bien, il faut essayer de tout faire pour que vous-mêmes, les associations qui sont là, qui veulent vraiment voir ce qui se passe dans le centre, puissent avoir l’accès pour pouvoir venir à l’intérieur. Pour voir ce qui se passe. C’est tellement bizarre, c’est tellement inhumain les conditions de rétention. C’est… comme on peut même pas expliquer à une personne. C’est-à-dire c’est des tortures psychologiques… C’est pire que la prison ce qui est là. C’est pire que la prison. Disons que c’est du racisme quoi. Je le dis en un mot. C’est quelque chose comme ça. On n’a pas droit à la parole. Il faut s’écraser. Il faut se taire. Tes droits sont bafoués, tes droits sont violés. T’as droit à rien donc tu restes là. Et les policiers quant à eux, ils n’ont qu’un seul mot d’ordre : l’expulsion. Donc t’as droit à rien, t’es qu’un sans-papiers, t’es pire qu’un criminel. T’es vu comme… comme le mal. En fait tout ce qu’on voit en toi c’est le mal. On ne voit pas en toi un être humain qui peut parler. T’as droit à rien. Tu prendras rien. Tu es là vraiment comme étant le pire mal que les gens n’ont jamais connu. On se demande des fois même, tu te demandes : « Je vis dans quel pays ? Je suis dans quel pays ? » C’est comme ça. Est-ce que c’est vraiment la France quand on dit voilà, c’est un pays de libertés, de droits, où la démocratie elle est réelle. Tu te dis, tu te poses même la question. Tu te dis : « Mais c’est vraiment… c’est totalement… c’est paradoxe quoi ! » Ce que tu entends, ce qu’on te dit… Mais c’est pas la France comme ça. Ça c’est pas la France. Ça c’est… c’est complètement, c’est autre chose. C’est comme si on vivait dans un autre pays quoi, ou dans une autre planète. C’est totalement opposé par rapport à ce qu’on dit, comme si on vivait pas en Europe quoi, ou en France. En fin de compte.

 

– Et l’association, elle essaie des trucs pour aider les prisonnièr·es ?

L’association Forum c’est la pire merde qu’ils ont mis ici pour les détenus. Moi quand on me pose la question c’est ce que je vais dire. Ces gens-là, pour moi eux, ce n’est pas une association qui est là, c’est-à-dire pour essayer d’aider les gens dans leurs différentes démarches. Pour moi Forum ici, même les policiers ils vous le disent. Même quand vous discutez avec des policiers eux mêmes ils vous disent, « Forum ne fait rien. » Forum, ils sont là juste, ils ont des mots d’ordre. Ils ont des consignes. C’est-à-dire ils doivent respecter ces consignes-là, ou alors ils vont perdre leur boulot. Ils font rien. Ce sont des gens qui travaillent en quelque sorte pour la préfecture. C’est-à-dire ils font absolument rien. Ils sont là juste pour la forme. Pour ne pas qu’on dise que les gens sont retenus dans des conditions où ils ne peuvent même pas parler. C’est juste une mise en scène, c’est juste de la comédie, c’est rien, c’est pour la forme. On voit, c’est pas une association qui est là. Parce que moi j’ai connu les associations dont je vous parle par exemple, comme l’ADA, l’association des demandeurs d’asile, comme la Cimade, et les autres associations, ça n’a rien à voir avec Forum ! Pour moi Forum c’est pas une association. C’est juste des gens qui sont là pour la forme. C’est des gens qui travaillent pour la préfecture. Ils jouent avec les gens, ils te forcent à faire des requêtes pour te plonger encore plus dans des problèmes. C’est-à-dire ils t’écrivent des requêtes, c’est-à-dire toi tu viens tu te présentes devant le juge. Après le juge t’explique, tu viens tu dis : « Mais attends je n’ai jamais parlé de ça avec Forum. » Tu viens tu demandes : « Monsieur, comment est-ce que vous avez pu écrire des choses comme ça, moi à aucun moment donné je n’ai expliqué ça. » Il dit : « Mais c’est tout ce qu’on peut faire pour vous, y a pas autre chose monsieur. » À un moment donné vous voyez même c’est lui qui vous dit : « Monsieur rentrez dans votre pays. » Mais attendez qu’est-ce que vous dites. Pourquoi vous venez me dire : « Monsieur pourquoi vous ne voulez pas rentrer dans votre pays. » Mais attendez vous êtes qui ? C’est une association ou c’est la préfecture en personne qui est là ? Il dit : « Ah Monsieur nous on peut rien hein, on vous dit ce qu’on peut faire… » Mais si vous ne voulez rien faire, mais il faut partir ! Alors nous on peut pas, vous commencez à discuter, automatiquement c’est la police pour vous dégager. C’est la merde. En fait c’est la merde quoi. Pour moi ici on vit pas en France, ça c’est pas la France. C’est pas vraiment l’image de la France, c’est pas vraiment l’image de la France qui se trouve ici. Ici c’est… C’est bizarre quoi. Pour moi ici c’est autre chose quoi. »

 

* * * * * * * * * * * * * * * *

Quelques jours avant ce témoignage, A. avait été conduit à l’aéroport par les policiers du centre de rétention. Entre 4 heures et 8 heures du matin, il avait attendu seul dans une cellule. Il n’avait ni billet, ni bagages enregistrés. Vers 8 heures, les policiers étaient venus le chercher en lui disant qu’il avait « raté son vol », et que, maintenant qu’il avait refusé une première fois l’expulsion, il serait conduit à son prochain vol sous escorte policière, c’est-à-dire entravé, menotté. Un second refus, quand il est possible, est passible de prison ferme. Une dizaine de jours plus tard, il a été déporté, alors même que ses démarches en justice pour contester son Interdiction de retour sur le territoire français de 2 ans, délivrée illégalement, sont toujours en cours, et qu’il est toujours en procédure de demande d’asile, en attente d’une audience à laquelle il ne pourra pas se rendre.

 

Article paru sur Rebellyon : https://rebellyon.info/Ok-y-a-pas-de-probleme-Temoignage-de-A-22083

 

1. Association Accueil Demandeurs d’Asile.

2. Guichet unique pour demandeurs d’asile, à la Préfecture.

3. Officier de police judiciaire.

4. Il parle peut-être plutôt du commissariat.

5. Obligation de quitter le territoire français.

6. Service pénitentiaire d’insertion et de probation.

7. Forum Réfugiés.

8. Les prénoms ont été modifiés.

9. Office français de protection des réfugiés et apatrides.

10. Cours nationale du droit d’asile.

TEMOIGNAGE AU CRA DE LYON ST EX : GREVE DE LA FAIM FACE A LA SUPPRESSION DES VISITES ET DES AUDIENCES ET LA CRAINTE DES PRISONNIER-ES FACE AU CORONAVIRUS.

Plusieures grèves de la faim ont lieu dans d’autres CRA (Lesquin, Vincennes, Mesnil-Amelot notamment) en ce moment même.
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-e-s !!!!

 » Bonjour,

En fait nous on est au centre de rétention de Lyon.

On est en train de faire une grève de faim parceque ils nous a enlevé nos visites. Ya plus les tribunaux qui travaillent.

Et voilà, nous aussi euh on essaye de faire notre mouvement parce que nous aussi on a peur pour nos vies. Que le virus il rentre ici voilà. Nous on est enfermés ici et ya pas de mesures de sécurité ! Ya pas de médecins qui font on va dire des controles et tout ça.

Alors du coup tout le monde il a peur. Du coté retenu-e-s et du coté policier aussi. Tout le monde il a peur. Et voilà.

Jusque là on mange pas. Cet après-midi ils vont faire une réunion pour euh… décider qu’est-ce qu’ils vont faire avec nous quoi. Parce que même les policiers ils ont plus envie de venir travailler.
C’est ça le problème aussi.
Et voilà là on est en mouvement et on attend la réponse de l’après-midi.

C’est à peu près tout ce qui se passe ici. Et en plus ils nous ont enfermé tout le monde dans les promenades. On peut pas descendre ya rien du tout.

T’as dit ils nous ont enfermé dans quoi ?

En promenade, dehors. Ya pa un échange c’est fermé. Eux-même ils ont peur.

– Et quand tu parles des audiences, tu dis ya pas d’audiences ça veut dire quoi ?

Ca veut dire les tribunaux ils ferment. Ya plus de juges, ya plus d’avocats, ya plus rien du tout.
Aujourd’hui il y a des gens qui ont été labas. Yavait des juges mais ils ont dit qu’ils vont fermer. A partir de demain tout va fermer.
Aujourdhui yavait des gens qui ont été labas mais ya pas eu d’audiences.

Et en plus les visites elles ont étées coupées, ya plus de visites parce qu’ils ont peur. J’sais pas nous on est [passage inaudible] ont sait pas quoi faire quoi. »