Témoignage de Mehdi au CRA 1 (25/09)

M. : Du coup peut être si y a un laisser-passer et que ma situation est publié ça me ferait plaisir. Que la personne qui va le lire va se dire « c’est un gars volontaire », tu vois ce que je veux dire ?

On a lancé l’enregistrement, du coup si tu veux un peu raconter ce qu’il se passe dans le CRA et ce que t’as envie de dire quoi, on t’écoute.

M. : Alors je vais commencer d’abord par ma situation… car ma situation… Si vous voulez je vais vous expliquer. Moi je suis issu de parents intelligents, c’est à dire d’une mère prof de philosophie dans une université en Algérie et d’un père qui est médecin. C’est à dire qu’ils m’ont bien éduqué et qui m’ont mis dans le droit chemin bien avant que je devienne mature si tu vois ce que je veux dire. Ensuite mon père est venu dans le but de développer ses compétences de diplome de médecin, c’est à dire d’avoir un équivalent du diplome de médecin français car il avait le diplome de médecin algérien. Mais sauf qu’il travaillait ici en tant que médecin interne car malheureusement il fallait passer ses concours pour pouvoir avoir le numéro avec lequel il peut exécuter dans les hopitaux normaux malheureusement. Je crois que c’est ce mois-ci d’ailleurs qu’il va avoir les résultats d’après ce qu’il m’a dit. Et moi ensuite je me suis inspiré de mon père, déjà depuis tout petit je m’inspire de lui, je le vois il est avec sa petite blouse et moi c’est quelque chose que j’aime bien. D’ailleurs je me suis inspiré de lui et je me suis orienté vers cette formation de services à la personne, parce qu’apparement en France il manque du personnel… Et quand j’entends à la télé, qu’il manque du personnel dans un hôpital ou dans un service, qu’ils vont fermer tout le service totalement, ils vont affecter le médecin aux urgences. D’apres ce que j’ai vu hein … C’est un exemple d’un député qui l’a cité sur CNews, si vous voulez la source, je l’ai entendu sur CNews. Apparement quand il manque un médecin dans un hôpital, c’est à dire dans un service, ils vont être obligés de fermer tout le service, d’affecter un médecin aux urgences, c’est à dire qu’il va y avoir des lits vides et le médecin il va se retrouver aux urgences tout seul, à accueillir tout le monde et il manque du personnel. Il y aura un médecin urgentiste pour… ça dépend si c’est une métropole, pour plus de 300 000 habitants. Ca dépend l’endroit. J’ai entendu ça tout à l’heure. Et c’est un métier en tension et moi malheureusement, certes j’ai fait des conneries et j’ai payé pour ces conneries là, et si je les ai faites c’était tout simplement j’étais dans la nécessité. Et pour mes papiers, j’avais carrément préparé un dossier pour que je puisse parler et répondre à Monsieur le préfet en train de m’attaquer, mais il avait pas de quoi m’attaquer car j’avais tous les éléments. Y avait que sur mon incarcération qu’il pouvait m’attaquer. 

En gros, depuis mon arrivée, déjà avant que je devienne majeur, j’étais au collège à François Rabelais à Tours, 37000 pour le code postal si vous voulez. Et j’étais inscrit sur le registre de l’établissement en 3ème externe libre, c’est à dire je viens d’Algérie et c’était en février 2017 et moi je suis rentré en France en décembre 2016, c’est à dire j’avais moins de repère et mon seul répère c’était mon père. Et je me suis inspiré de plus en plus de lui et de son métier. Et c’est pour ça que je me suis orienté vers ce métier là de CAP aide à la personne. Ensuite j’ai poursuivi mes études en allant dans une MFR, maison familiale et rurale, à Chinon, dans le département de l’Indre et Loire et j’ai commencé une formation. Je l’ai commencé et ensuite j’ai eu des problèmes d’hébergement si vous voyez ce que je veux dire, j’ai déménagé vers Angoulême, j’ai eu un petit souci là bas, du coup j’ai été obligé de rester là bas un petit moment. Je suis resté avec une éducatrice qui m’a accompagné et je lui ai dit que je souhaitais poursuivre ma formation, surtout cette formation là. Et je l’ai poursuivie ! C’est à dire je faisais de Angoulême jusqu’à Tours et de Tours à Angoulême, c’est à dire je faisais la navette. Et ensuite, après ça, j’ai réussi à avoir mon diplôme. Quand mon père il a déménagé dans le nord, à Avesnes-sur-Helpe, 59440 le code postal, dans le département du Nord, là bas il a pu trouver un hôpital, en face il y avait un EPHAD et y avait aussi d’ailleurs une MFR qui faisait justement cette formation là et j’ai insisté pour la poursuivre car j’avais déjà obtenu la première année quand j’étais à l’autre MFR, ensuite quand je suis venu dans le Nord pour rester avec mon père où il a déménagé, j’ai été obligé…c’est pas que j’étais obligé mais tellement que je kiffais ce métier, je suis parti dans ce métier, j’ai continué d’ailleurs dans une MFR et mon père qui payait avec ses propres ressources car c’était une MFR privée. Mais heureusement qu’il avait que moi dont il devait s’occuper car s’il avait d’autres, comme sa femme ou mes frères avec lui ça aurait été un peu plus cher car il payait le loyer de sa femme et son loyer, car il avait des problèmes aussi… un divorce, bref c’est aussi une autre histoire. Mais concernant ma situation, j’ai poursuivi mes études et j’ai réussi à obtenir mon diplôme de CAP service d’aide à la personne avec une mention… dommage j’ai pas le bulletin sur moi mais avec une moyenne de 14. Et du coup ensuite j’ai insisté pour poursuivre mes études en première année Bac SAPAT, service d’aide à la personne en service territorial. J’ai un certificat qui prouve tout cela bien sûr, je suis pas en train de raconter tout ça comme ça hein.

Non, non mais je te crois !

M. : C’est dommage y a pas les moyens de vous transmettre tout ça. 

Mais t’inquiète je te crois ! 

M. : Vous auriez pu les mettre comme des preuves plus mais c’est pas grave. Alors du coup, j’ai poursuivi et j’ai fait 6 mois et malheureusement mon père il m’a dit « tu vas être obligé d’arrêter » car voilà ils nous ont demandé de payer encore la suite de l’année mais y avait pas les moyens et j’ai mis fin à ma scolarité mais ça m’a pas empêché bien sûr de chercher une formation, de m’orienter vers des centres de formation et d’orientation et j’ai réussi sur un site internet à trouver une formation qui s’appelle EPIDE, établissement professionnel dans l’insertion et dans l’emploi. C’était à Saint-Quentin, c’est à dire dans l’Aisne, un peu plus loin effectivement, je faisais la navette, mais là bas j’étais interne. C’était une formation présentée dans un établissement… là je suis en train de lire mon attestation en fait, c’est marqué « je soussigne … c’était la directrice du centre de Saint Quentin, certifie que Monsieur Benyacine Mehdi né le 23/02/2002 à Oran en Algérie est présent dans l’établissement depuis le 18/01/2021 en qualité de volontaire pour l’insertion et a souscrit à un contrat pour une durée de 8 mois ». C’est un parcours citoyen, j’avais une allocation de 210 euros par mois, c’était une raison de plus pour subvenir à mes besoins et aux besoins de mon père. C’est peu mais bon ça donne un petit coup de pouce, vous voyez ce que je veux dire. Et ensuite j’ai fait 8 mois de parcours dans cet établissement, c’était un parcours citoyen, bien sûr avec une sortie positive et j’ai même des attestations de parcours citoyens et on marchait au pas et on chantait la Marseillaise et on avait un uniforme d’ailleurs.. c’était vraiment strict tu vois ce que je veux dire ou pas ? 

Oui oui, ça avait l’air un peu intense. 

M. : Je me suis pas orienté vers cette formation là pour rien. J’avais vu dans leur proposition qu’ils proposent des sorties, des sorties collectives, avec le groupe, pour travailler en équipe, pour faire des… pour courir.. pour soutenir les gens qui allaient faire l’armée de terre, l’armée de l’air et on était obligés enfin pas obligés mais ce qu’ils voulaient c’était des animations si vous voyez ce que je veux dire, qui durent 1h à 2h et on devait courir dans tout le centre de St Quentin histoire de travailler le cardio bien comme il faut pour les gens qui veulent faire l’armée de terre ou l’armée de l’air. C’est pour leur condition. Et moi ça me motivait encore plus de m’intégrer avec eux. D’ailleurs on avait fait une sortie avec eux, avec l’association Véolia et on avait porté les t-shirts de Véolia de Saint Quentin et on avait couru 23km dans la journée et le lendemain on avait refait un parcours de 12km. C’était pour les gens qui voulaient faire l’armée. Ils avaient besoin d’avoir une bonne condition pour intégrer l’armée. Et donc moi je suis partie voir la CPE, qui s’occupe des orientations et tout ce qui est du domaine professionnel. Elle est spécialiste de ça. J’ai insisté avec cette dame pour être là parce qu’elle me disait « oui je te vois tous les soirs ici, je te vois fatigué, j’avais peur de te mettre dans le groupe pour pas que tu fasses une crise cardiaque ». Bah ça m’a motivé, ça m’a donné un coup de boost, je lui ai dit « madame mettez moi dans la liste svp et je vais vous montrer réellement si je vais faire une crise cardiaque ou pas ». Alors si vous allez taper sur google « Véolia » vous allez me voir en premier et j’avais fait un beau parcours je me rappelle ce jour là et je le regretterai jamais. Je serai prêt à le refaire même. 

Haha j’irai voir ! Et est-ce que tu veux un peu expliquer comment ça se passe maintenant que t’es dans le CRA ? Ce que tu me disais la dernière fois sur les chambres, sur le bloc et tout ? 

M. : Ah oui bien sûr, les conditions de vie vous voulez dire ? 

Oui, mais un peu ce que tu veux aussi. Comme tu veux. 

M. : Pour être franc avec vous, le CRA, pour leur organisation il leur manque du personnel. C’est à dire admettons ils sont obligés de nous enfermer des heures et des heures sous le froid, de 9h jusqu’à midi en attendant le repas, ils nous enferment dehors dans le froid. Juste pour « faire le ménage », y a une association qui fait le ménage. Oui bien sûr on comprend mais on entend dans le micro qu’y a des évacuations dans d’autres blocs qui doivent être faites pour que le ménage soit fait chez eux. Et vu que c’est la même équipe ça veut dire qu’y a personne qui fait le ménage dans notre bloc. Donc y a pas de raison qu’ils nous enferment dans le froid. Et pour être encore franc avec vous, là je suis en train de regarder et le ménage qu’ils font c’est le ménage du couloir, en fait y a pas de ménage. 

Ils font pas le ménage dans les chambres ? 

M. : Pas du tout alors là… En fait on prend notre serviette et on essuie juste pour pas laisser des traces, dans le couloir, pour pas ramener dans les chambres. Mais moi je refais tous les jours mon ménage parce que je suis habitué et voilà je suis un lève-tôt, j’aime toujours me lever tôt pour ma propre propreté, j’aime bien le faire moi-même en fait. Et concernant la nourriture, j’ai été dans des centres où ils nous donnent à manger mais ils nous donnent à manger de la viande. Alors qu’on est dans un pays laïc, il doit y avoir des végés et des végans, des gens qui mangent de la viande et des gens qui mangent que des légumes… A mon avis dans n’importe quelle autorité administrative, enfin structure administrative, il doit y avoir 2 menus minimum. Le centre ici ça va il s’adapte, mais le centre où j’étais auparavant c’était pas le cas. 

C’était quand t’étais à Lille? 

M. : Oui! C’était pas le cas, ils nous mettaient de la viande tous les jours, c’est à dire soit tu manges soit tu manges pas et ils s’en foutent. Et d’ailleurs ce matin j’ai failli m’embrouiller encore avec un policier, il me disait « allez avance allez avance ». En fait le souci c’était que j’étais prêt pour aller au jugement et j’avais juste mes chaussures à mettre. Et moi je leur dis « bonjour bonjour, j’ai juste mes chaussures à mettre et je prends mes papiers » et il dit « dépêchez-vous ». Je lui dis « tranquille je passe à 9h et le jugement c’est à 10h j’ai la convocation » et il dit « oui mais faut passer à l’autre CRA ». D’accord, je me depêche, je fais mon maximum et j’avance et je parle pas, je parle pas et il me dit : « toi si je te vois dehors, toi je vais pas te lâcher ». Comme ça ! Comme ça ! Je le regarde comme ça : Pourquoi? Pour quelle raison? En plus moi le matin j’avais pas fumé, ça veut dire il est tombé au bon moment entre parenthèses. J’ai dit « je t’ai fait quoi moi? On s’est déjà croisé avant? ». Leur façon de parler avec les gens… ils parlent mal et donc les gens ils vont s’énerver, ils vont être obligés d’agir. Moi je suis quelqu’un qui garde son sang froid, j’ai gardé mon sang froid ce matin et après je suis parti lui dire « excusez moi si je vous ai un peu mal parlé ce matin », même si c’était pas moi le fautif, mais bon je suis parti moi m’excuser car les excuses ça montre pas que… Tu vois ce que je veux dire ou pas? Merde ça va couper (plus de batterie). 

Tu veux qu’on coupe et tu me rappelles avec un autre téléphone ? 

M. : Non on peut continuer et si ça coupe je te rappelle. 

En plus tu vas bientôt aller manger ? 

M. : Non aujourd’hui on est les derniers. Ça vaêtre vers 19h. 

Ah oui.. ça change tous les jours ? 

M. : Non pas tous les jours, c’est quand eux ils décident. En vrai c’est ça, c’est quand ils veulent. Ça dépend de leur organisation en fait. Car de ce que j’entends il manque du personnel. 

Et du coup vous mangez jamais avec les autres blocs ? 

M. : Non on mange pas tous ensemble, alors qu’il y a une graaande salle pour qu’on mange tous ensemble mais c’est pas le cas. Je sais pas dans quel intêret ils ont fait la grande salle mais ici on est a peu près un groupe de 6, dans un autre bloc un groupe de 8, dans un autre bloc un groupe de… 

Là dans ton bloc vous êtes 6 ? 

M. : Dans notre bloc on est 6, là y en a un qui était libérable y a pas longtemps et je vois pas vraiment l’intêret de maintenir un gars… je payais mes impots, c’est pas comme si je payais pas hein, en étant jeune… même si j’ai pas travaillé longtemps j’ai payé des impots, je suis passé par un parcours citoyen qui était bien strict, j’ai fait mes démarches d’insertion bien avant ma sortie, j’ai préparé pour payer les parties civiles, j’ai essayé de montrer toutes mes preuves devant le juge pour essayer de sortir de cette situation délicate car on peut rien faire rentrer… même la nourriture ils nous disent « vous allez pas la faire rentrer ». 

Là ils acceptent plus la nourriture pendant les visites ? Même les clopes ? 

M. : Non ils acceptent plus. Les clopes ils acceptent mais y a des équipes où.. admettons la nourriture ils vont dire « vous en avez au restaurant, vous pouvez pas en avoir dans votre cellule, vous la laissez en bagagerie ». Ça fait du travail en plus je trouve mais bon. Ça dépend des équipes mais moi je suis en contact avec un civil, c’est un policier, il est en civil, il est là pour travailler le contact avec la préfecture, c’est pas du personnel qui travaille ici. Ils s’occupent des extractions. (plus de batterie)

 2ème partie du témoignage de Mehdi avec un pote à lui quelques jours plus tard

 M. : On parlait de l’isolement…
 
Pote : Je rentre à l’isolement… Je demande des clopes pendant le repas, il dit non… Mehdi il est témoin.
 
 M. : En fait c’est une altercation…
 
 Pote : La personne elle est venue par derrière, elle m’a tapé et elle m’a mis les menottes, elle m’a attaché et après elle m’a ramené à l’isolement. 
 
 M. : Excuse moi de te couper.. C. je l’ai vu de mes propres yeux, il était à terre. La cheffe elle lui disait « ah tu veux te lever, ah tu veux te lever, bah je t’aide pas. T’as fait tomber un de mes collègues ». Alors qu’il a même pas fait tomber. Il l’a tout simplement touché dans la légitime défense.
 
 Pote : C’est ça oui ! 
 
Je suis désolée mais j’ai l’impression que j’ai pas tout compris, en fait vous étiez où? 
 
 M. : On était en face du resto, en train de manger et Monsieur ? s’est levé pour aller discuter avec les chefs pour demander s’il peut aller chercher des clopes, dans l’autre bloc. Il parle tout simplement avec les chefs et y en a un qui arrive par derrière et il lui met une petite claque avec le coude. Alors lui il croyait qu’il allait se faire taper donc il se met en mode défense légitime. Et l’autre il commence directement à essayer de le maîtriser pour le mettre à terre. 
 
 Pote : Après je suis rentré en isolement et y a une flic qui est venue qui m’a dit « tu cherches la merde encore » et je lui ai dit « laissez moi sortir svp » et ils ont dit « non c’est nous qui décidons ». Après j’ai tapé tapé la porte, après ils sont rentrés, ils m’ont attachés 12 heures. Et après l’autre groupe qui arrive dans la nuit ils m’ont enlevé de l’isolement. 
 
Attends si ça te va je repète pour être sûre d’avoir bien compris. Ils t’ont attaché pendant 2h ou pendant 12h ?
 
 M. : Mais c’est à dire, c’est dans les droits de l’homme, c’est possible tu penses? 
 
 Pote : J’ai rien fait madame, j’ai rien fait. 
 
Oui oui je sais, c’est pour comprendre, c’est pas pour le droit parce que j’entends pas très bien. Je pense que c’est pas normal de se faire attacher dans tous les cas. 
 
 M. : En fait ils essayaient tout simplement de le maîtriser. Je le connais, il est avec nous dans le groupe, c’est pas quelqu’un d’agressif. Si un jour tu vas l’apercevoir, tu verras sa corpulence, tu verras que c’est que pas quelqu’un qui mérite. 
 
 Pote : Ca fait 70 jours qui je suis là au centre de rétention. Avec toute la police ça se passe bien. Y a une seule elle est méchante. 
 
Tu veux dire qu’ya une personne dans la police, une dame qui est pas sympa avec toi ? 
 
 M. : Une équipe, en fait. Elle est du soir. C’est à dire que si elle est là, ta soirée c’est mort ! J’oserais même pas leur demander d’aller chercher des clopes car tu connais déjà la réponse, c’est négatif. Ils veulent la faire à la zeub. (…) Un jour y avait cette équipe là et une autre équipe avec eux. Et j’ai fait exprès de me précipiter de manger, je vais voir la cheffe qui écrit qui va s’inscrire pour le lendemain pour aller voir Forum et l’infirmerie. J’y ai été, je leur ai demandé car ils savent que j’ai été un élève aide-soignant, que je suis gentil avec eux, que je parle bien avec eux et je me suis dit vas-y je vais leur demander car ils savent que j’ai une bonne image et que je suis toujours respectueux envers eux. Et pour te dire, ils ont fait exprès de nous bloquer et ils nous ont dit non. Et un autre jour, y a eu le même groupe. La cheffe elle était là comme d’habitude, à écrire qui va à l’infirmerie et tout. Et en sortant je me suis dit vas-y je demande même si la cheffe elle m’a dit non et le flic il m’a dit : « non moi personnellement je l’aime pas ». Je vous jure c’est vrai, il l’a sorti de sa propre bouche. Ils s’entendent même pas entre eux. 
 
C’est quelqu’un d’une autre équipe ? 
 
 M. : Oui c’est quelqu’un qui venait en renfort. 
 
Et du coup quand y a des équipes qui sont ultra violentes, qui mettent des gens à l’isolement et tout, les autres équipes elles font quoi ? 
 
 M. : Les autres équipes elles font pas grand chose… Après moi j’ai jamais fait d’isolement.
 
Pote : Moi aussi c’était la première fois. Ca fait 70 jours que je suis là et j’étais jamais rentré à l’isolement. Ils ont fait exprès parce qu’ils ont un problème avec mon pote d’avant, ils ont sorti mon pote et toujours ils cherchent la merde avec moi. Alors que je fais rien,  j’ai rien fait. 
 
C’était pendant 2 jours l’isolement ? 
 
 Pote : Oui c’était pendant 2 jours. 
 
 Et pendant 2 jours t’es tout seul dans une cellule ? 
 
 Pote : Oui, j’étais attaché et j’ai pas mangé. On m’a ramené à manger mais j’ai pas mangé. Là c’était un groupe pas gentil, c’est un groupe spécial, ils cherchent la merde. 
 
Et ils sont là tous les jours ? 
 
 M. : Malheureusement, ils sont là et y a d’autres collègues qui sont sympas avec nous qui viennent en renfort parce qu’ils disent qu’il manque du personnel et tout. Ils se retrouvent à deux, pendant que l’autre il fait son travail, tu vois ce que je veux dire? Ils se retrouvent à travailler ensemble. 
 
Mais les renforts ils sont en civils ou en uniforme ? 
 
 M. : En uniforme bien-sûr ! 
 
 Pote : Mais le chef civil il m’a libéré, il a dit « pourquoi t’es ici toi? » il m’a dit toi t’es gentil, sors. Il m’a libéré. Tout le monde sait que je suis gentil ici. 
 
 M. : Hésite pas à nous dire si t’arrives pas à comprendre hein ! 
 
Ouais en gros y a une équipe quand elle est là elle cherche trop la merde et c’est elle qui a mis… je sais pas comment tu t’appelles en fait…
 
 M. : Il s’appelle Monsieur A. Je vais t’expliquer ce qu’il s’est passé en fait. Du coup Monsieur A. il vient vers moi il me dit « ça sert à rien d’aller leur demander, tu sais très bien que c’est pas la bonne équipe, tu vas rien récupérer ». Et moi je me suis « ah ouais ben pourquoi pas, je vais aller leur demander ». Je vais finir plus vite que prévu, je me vais me précipiter le plus possible parce que je sais que c’est une question d’organisation, qu’y a des gens qui travaillent et qui ont envie d’aller voir les enfants, tu vois ce que je veux dire? 
 
Oui, et là tu voulais leur demander pour aller à Forum et à l’infirmerie ? 
 
 M. : Voilà et là j’y allais et ensuite en sortant y avait un de leur collègue qui était en renfort, qui travaille avec eux mais qui n’est pas de la même équipe. Lui il m’a dit  » personnellement moi je l’aime pas ». Et on leur avait parlé gentillement hein. Et en rentrant on lui avait bien expliqué que s’il nous avait pas aidé à faire ça, la vérité ils vont s’apercevoir que le bloc il va être fumé. C’est pas des menaces hein. C’est la vérité, je te mens pas mais quand tu te retrouves dans la zone, à 7 personnes, et personne a de cigarette, tout le monde est en train de gamberger sur est-ce qu’il y aura un laisser-passer, tu vois ou pas? 
 
Attends attends, t’as dit personne a de cigarettes et quoi ? 
 
 M. : C’est à dire du coup en rentrant le monsieur qui récupère les cigarettes et tout, on dit « merci c’est bien gentil » mais ils savent que si il allait pas les laisser, on lui disait qu’en gros ils vont bloquer la caméra, comme on fait d’habitude quoi. On bloque les caméras juste pour qu’ils viennent pour qu’ils récupèrent des cigarettes, tu vois c’est la mission.
 
Ah oui ok parfois vous bloquez les caméras quand ils veulent pas venir.
 
 M. : Voilà. Toute façon l’interphone il marche pas. 
 
Donc vous êtes un peu obligés de faire ça pour les appeler quoi ?
 
 M. : Donc de une, pour les appeler, on bloque les caméras, tu vois ou pas? Si on a fermé la caméra ils vont penser qu’on est en train de fuir donc ils vont venir au plus vite! T’as réussi à me comprendre j’espère. Hésite pas surtout.
 
Oui oui ça j’ai compris !
 
 M. : Et ça va t’as réussi à comprendre comment ça s’est passé pour lui l’isolement ou tu veux que je t’aide encore un peu plus? 
 
C’est plutôt lui s’il veut dire d’autre chose ? 
 
 M. : La deuxième journée il a voulu faire la grève de la faim, c’est à dire vu qu’ils ont pas voulu lui ramener des cigarettes il a essayé de trouver d’autres solutions parce que le corps il a besoin de nicotine. Il savait que le corps il avait besoin de son petit plaisir, soit c’est de la nicotine soit il va manger du coup il est parti se nourrir, c’est le ventre qui passe avant quoi. Surtout dans des conditions comme ça j’ai envie de te dire. 
 
Parce que du coup à l’isolement t’as pas le droit aux cigarettes, t’as pas le téléphone t’as rien ? 
 
 M. : Oui. Après lui il est en situation régulière. 
 
 Pote : Moi j’ai un titre de séjour italien qui est disponible maintenant. Mais le préfet il veut pas me libérer. 
 
Et ça fait plus de 70 jours que t’es au CRA? 
 
 Pote : Ouais 70 jours parce que mon avocat en Italie il m’a dit de venir en Italie mais la France elle accepte pas. J’ai une situation régulière en Italie, j’ai même pas fait une GAV en Italie. Forum il est d’accord avec moi. J’ai mon prochain jugement le 4 ou le 5. 
 
Ben j’espère que tu vas sortir et que tout le monde va sortir !
 
 
 
 
 
 
 
 

« Ils jouent avec la vie des gens, c’est pas normal » : la machine à expulser isole et tue

TW : suicide, violences

Au moins deux personnes retenues au CRA 1 de Lyon se sont données la mort fin 2023. 

Nous avons été mis.es au courant de ces deux suicides par notre ami H. qui vient d’être expulsé après avoir été enfermé au CRA pendant 3 mois. 

Après son transfert au CRA de Lyon mi-novembre, H a été témoin de l’évacuation du corps d’un détenu qui s’était donné la mort dans le bloc orange (le CRA est divisé en plusieurs zones de détention, appelées « blocs ») . La personne avait avalé des lames de rasoir après s’être vue annoncer un vol pour le lendemain. Elle avait déjà refusé un premier vol auparavant. 

H. nous a aussi parlé d’un autre suicide qui a eu lieu peu avant son arrivée et que les autres prisonnierxs du CRA1 lui ont rapporté : cette fois-ci dans le bloc rouge, une personne s’est pendue dans sa cellule et a été retrouvée par ses co-détenus au réveil. 

Ces morts ont été passées sous silence par l’administration du CRA et par Forum Réfugiés – l’association qui intervient au sein du CRA, censée garantir l’accès aux droits des personnes à l’intérieur.

H. nous dit : « Ca donne la haine. Ils jouent avec la vie des gens, c’est pas normal ». 

Notre ami a la haine, nous aussi on a la haine face à ces morts qui sont loin d’être des faits isolés. Elles sont le point culminant des violences systématiques et systémiques subies par les personnes retenues dans les CRA. Chaque année, de nombreuses tentatives de suicide ont lieu dans les centres de rétention et dans toutes les prisons, sans compter les morts causées par les violences des flics, ou par manque de soins.

(voir le cas de M., tué par les flics au CRA de Vincennes en mai 2023 *1 ). 

Au CRA1 cela fait plusieurs mois que nous n’avons presque plus de contact avec l’intérieur car les cabines téléphoniques sont hors-service depuis le printemps dernier. Nous avons contacté plusieurs fois l’administration du CRA et les salarié.es de Forum Réfugiés, qui nous ont confirmé qu’il n’y avait plus de cabines en fonctionnement au centre et qu’elles ne seraient pas remises en service, soi-disant pour des motifs économiques; or, les cabines téléphoniques ne sont qu’une goutte dans le gouffre économique que sont les CRA *2. Ainsi, même le supposé droit à la communication des personnes à l’intérieur n’est pas respecté.

Cela constitue une entrave aux « droits fondamentaux«  des personnes incarcérées, qui doivent pouvoir contacter leurs proches à l’extérieur.

Aux CRA de Lyon, les détenu.es n’ont pas accès à leur téléphone personnel, et n’ont pas non plus droit à des téléphones avec caméra. Cela rend difficile (voire impossible) la diffusion de toute forme d’information sur ce qui se passe à l’intérieur du CRA, dont les images sont rares, sauf à risquer la répression des flics comme l’a fait Anis en prenant des photos en cachette *3 ou à arriver par surprise avec une équipe médiatique lorsqu’on est député.e ou sénateur.ice, malgré la résistance des flics *4.

Pourtant, les récents événements nous prouvent encore une fois que la possibilité de communiquer avec l’extérieur est primordiale et nécessaire pour que les violences subies au CRA ne soient pas tues.

Si ces informations ne nous parviennent que trois mois après les faits, c’est bien le résultat d’une volonté institutionnelle de taire la violence du système carcéral et d’empêcher toute résistance. Que ce soit en divisant les prisonnierxs entre elleux par « bloc », en les isolant de l’extérieur en construisant les CRA dans les zones aéroportuaires loin des centres villes, ou en s’attaquant à leurs moyens de communication avec l’extérieur (comme ici, au CRA 1 de Lyon), la machine à expulser met tout en oeuvre pour empêcher la vérité de sortir.

Le CRA est un lieu fermé qui invisibilise les violences : sans H. nous n’aurions jamais appris la mort de ces deux prisonnierxs anonymes. Cela nous pousse forcément à nous poser avec inquiétude la question du nombre réel de morts chaque année au sein des CRA.

Nous avons appelé Forum Réfugiés qui a commencé par nier toute tentative de suicide ou mort survenue au CRA. Nous avons insisté et iels ont fini par évoquer très rapidement une personne qui s’était donné la mort en novembre 2023. Iels nient catégoriquement qu’une deuxième personne se soit suicidée au CRA en 2023. 

Pourtant, H. est formel : il y a bien eu au moins deux suicides au CRA 1 dans les derniers mois de 2023. 

Les CRA, pourtant centraux dans la loi Darmanin et indispensables à sa mise en pratique, ne sont presque jamais évoqués et restent aujourd’hui très peu connus. Des ouvertures de nouveaux centres ainsi que l’augmentation du nombre de places sont prévues dans les prochains mois et les prochaines années, ce qui est particulièrement alarmant au vu de ce qu’on constate dans les CRA déjà existants. Il est urgent de mettre fin à cette entreprise raciste et meurtrière, et de fermer tous les centres de rétention

Nous pensons à ces deux personnes assassinées par la machine à enfermer et à expulser, et à toutes les autres victimes, ainsi qu’à leurs familles, leurs proches, leurs ami.es.

A bas les CRA !

Le collectif Lyon Anticra

1: https://abaslescra.noblogs.org/vengeance-pour-m-tue-par-les-flics-au-cra-de-vincennes-chronologie-dune-mobilisation-et-de-sa-repression/#more-3691

2 : voir ici l’analyse économique de la rétention par un salarié de la Cimade https://www.lacimade.org/publication/une-analyse-economique-de-la-retention-administrative-jean-saglio/

3 : voir témoignage Anis https://crametoncralyon.noblogs.org/temoignage-de-anis-prisonnier-au-cra-2-de-lyon-saint-exupery/

4: https://www.mediapart.fr/journal/france/081123/retention-des-sans-papiers-derriere-les-barbeles-du-cra-du-futur

Pour plus d’infos : 

Lettres d’Andrei, détenu russe au 2ème CRA de Lyon

Andrei,  prisonnier au Centre de Rétention de Lyon depuis plus de 60 jours, témoigne de sa situation à travers ces lettres envoyées au Préfet, à deux consulats et aux journalistes. Sont ici publiées les traductions de l’anglais et du russe au français. Les liens vers les originaux sont en bas de page.


Lettre au Préfet :

Bonjour réspecté Monsieur ou Madame le ou la Préfet.
Mes excuses, mais je vais vous écrire en langue Russe pour une meilleure compréhension, pour mieux exprimer mes idées.
Donc :

Bonjour, Monsieur le Préfet.

Je m’appelle Andrei Gurov, je suis né le 9 juin 1975 en Russie, en URSS.

En ce moment, comme vous le savez,  je suis dans le centre de déportation de Lyon St Exupery. À votre demande, parce que j’ai purgé ma peine dans la prison de Bourg en Bresse.

Vous exigez mon renvoi immédiat du pays, et je suis entièrement d’accord. Je comprends parfaitement que j’ai transgressé la loi française en utilisant gratuitement le transport ferroviaire à de nombreuses reprises. En fait, j’ai été mis en prison pour ça, mais.

Tout d’abord, vous dites au tribunal que je suis illégalement sur le territoire de la France, je suis d’accord, mais je n’ai pas traversé les frontières de la France, et encore moins prévu de venir ici. Vous ignorez que j’ai été arrêté en Suisse par vos autorités, c’est-à-dire la douane de la France, et pas par les Suisses, le 4 octobre 2021. A ce moment-là, mon passeport était expiré de 4 jours, mon passeport expirait le 1 octobre 2021.

Et je n’ai pas en aucune façon traversé les frontières françaises, je ne pouvais pas entrer sur le territoire du pays n’en ayant pas le droit.

En outre, vos autorités m’ont arrêté à Genève sur le sol suisse avec mon chien et ils m’ont emmené sur le territoire français illégalement car, comme je l’ai déclaré plus tôt, mon passeport était déjà expiré.

Tout d’abord, j’étais sur le territoire suisse pour demander l’asile politique là-bas mais pas en France. Parce que je connaissais parfaitement la contradiction et l’absurdité de la législation française. La Suisse n’est pas un État européen, où la plupart des fonctionnaires ont peur de se salir les manches lorsqu’ils ont devant eux une foule de gens qui sont dans la boue toute leur vie, contrairement même à votre France, ils respectent les droits des hommes et ne m’ont pas craché au visage. Mais je reviens au commencement. Je ne m’installe pas en France pour une autre raison, une raison plus fondamentale pour moi.

Le chien avec lequel j’ai été arrêté de la race Rottweiler. Et en France, une permission spéciale est nécessaire pour lui. Une fois j’ai eu l’occasion d’assister à une arrestation illégal, et ils ont été arrêté seulement à cause de cette race de chien. Je n’ai jamais traversé la frontière de votre territoire avec mon chien.

Et la police agit sans impunité, pas tous, bien sûr, mais certains d’entre eux le sont,  et vos agents là-bas le peuvent. Et vos services ont violé la loi en m’arrêtant en Suisse sans en informer les autorités locales et quand je me suis senti obligé d’appeler la police locale ils m’ont ri au nez. Et j’ai été emmené de force à bord d’un train le 4 octobre 2021 avec un chien, illégalement à travers la frontière française avec un passeport expiré. Ils m’ont jeté en prison sans que je puisse demander l’aide d’un avocat.

J’aimerais rappeler la responsabilité de déclarer qu’aucun accord international que Mme la Justice a essayé d’invoquer devant la Cour d’appel le 18 mars 2022 ne permet le transport de personnes sans un document valide pour traverser la frontière. Si c’est permis, alors qu’attendez-vous de l’ambassade roumaine et pourquoi ne m’avez pas encore expulsé, quel est le problème ? Le problème vient de mes DOCUMENTS !! Et bien ce n’est pas moi qui est enfreint la loi en traversant le territoire français illégalement mais c’est vos autorités françaises qui l’ont enfreint.

Et qu’en est-il de la Border Crossing Act, et de vos employés français, ils ont dû en informer les autorités suisses. Mais ils se sont moqué d’eux, et je m’excuse d’être franc, parce qu’il n’y a pas d’autre façon de d’écrire ce qu’ils ont fait.

Maintenant, le principal problème sur lequel j’ai une réclamation :

J’avais avec moi le chien Rottweiler comme j’ai déjà eu la chance de le dire un peu plus tôt dans cette lettre. En ce moment, le chien est à Oyonnax.

Je dois vous demander, où était mon chien du 4, date de mon arrestation, jusqu’au 15 ? ce qui était avec elle et pour quels motifs? J’ai reçu une lettre de la gendarmerie indiquant que mon chien y avait été placé le 5 octobre, et non le 15, et seulement pour la durée d’emprisonnement

Mon chien a été conduit de force avec moi et je n’ai pas eu le choix. En fait, vous vous préparez à me déporter aujourd’hui et je suis d’accord. Je souhaite quitter le pays dans lequel le très beau peuple vit et mais aussi le gouvernement le plus sale et le pouvoir des hommes !!! Je n’ai pas et ne veux pas avoir quoi que ce soit à faire avec vous, ce n’est pas moi qui suis venu chez vous.

Vu dans la situation dans laquelle je me trouvais, je devais me tourner vers OFPRA pour la demande d’asile. J’ai été forcé de faire comme Votre Seigneurie tente de me chasser non seulement du pays, mais aussi de me fermer l’espace Schengen dans lequel vivent mes enfants, qui sont encore mineurs. Et les autorités roumaines, même si elles m’ont donné permis de séjour temporaire. En fait, ils ne sont pas en mesure de me protéger ou mes enfants, au contraire, ils sont trempés jusqu’à l’os avec la corruption. Mais cela est totalement confidentiel et je ne compte pas le dire ici, je l’ai simplement mentionné dans cette lettre car je me suis tournée vers OFPRA. Pas pour être libéré du centre de déportation, mais le centre, à votre avis, ou vos conseillers sur la situation ? C’est pourquoi je voulais demander l’asile en Suisse, pas ici. Mais vous avec vos décisions, qui n’ont pas étudié attentivement ma situation, me mettent devant les faits accomplis des accords de Dublin, qui me prive de demander l’asile en suisse.

Je veux quitter la France le plus vite possible, mais seulement avec les membres de ma famille, qui m’ont été enlevés un moment donné, mon chien. Ce n’est pas un chien, mais un membre de la famille tout aussi respecté. Je refuserai tous les tests PCR et les avions sans lui. Mais avec mon chien je quitterai le pays immédiatement. C’est la chose la plus importante que je vais vous transmettre avec cette lettre, rendez-moi mon membre de ma famille, ou bien je renonce à ma LIBERTE de façon responsable !!!

La décision vous appartient. Respectueusement, Andrei Gurov.


Lettre aux rédactions :

Respecté rédacteur !
Mon nom est Andrei Gurov. Je suis Russe mais sous protection subsidiaire en Roumanie depuis le 04.09.2004. J’envoie deux lettres : une que j’adresse au Consulat Suisse et où j’explique ce qui est arrivé au jour du 04 octobre 2021 sur le territoire Suisse, et la seconde, un rejet de l’OFPRA que j’ai eu ici, au Centre de Rétention Administrative à Lyon Saint-Exupéry.
S’il vous plait, lisez-les et vous comprendrez clairement ma situation et comment les autorités françaises se portent au-dessus de la loi, la brisent, dissimulent des actions illégales tandis que la justice ferme les yeux.
Pour faire court ! J’ai été kidnappé en Suisse dans la ville de Genève le 4 octobre 2021 avec mon chien, par la douane française, et illégalement transféré en France alors que mon passeport avait expiré. Mon chien m’a été retiré. Je voulais demander la protection de la Convention de Genève de 1958 en Suisse mais la douane française m’a kidnappé et je n’ai pas eu d’autre choix que de demander l’asile ici en France.
Si vous lisez ces deux lettres, vous aurez une meilleure compréhension de la situation qu’avec ce que j’écris sur ce présent papier.
Actuellement je suis au Centre de Rétention : S.P.A.F CRA. St.Exupéry B.P.106.
J’étais à la prison « Bourg-en-Bresse » du 05.10.2021 au 14.02.2022, puis ils m’ont transféré ici. Je n’étais en prison que pour avoir voyagé plusieurs fois sans billet de train, mais ils m’ont considéré comme un assassin ou un vendeur de drogue. Ils essaient de voler mon chien, un Rottweiler. Le chien est présentement à la SPA d’Oyonnax et ce centre pour animaux cherche à récupérer illégalement la propriété de mon chien.
J’ai été arrêté illegalement dès le début et mon chien et moi, on a été transférés illégalement en France. Je n’ai personne ici. Seulement quelques personnes qui veulent m’aider et les personnes dans la même situation que moi, mais personne le pouvoir d’agir comme vous !
S’il vous plaît, lisez ces lettres et aidez moi comme vous pouvez. Je vous donne le droit d’utiliser ma situation, de la rendre publique. L’Audience avec l’O.F.P.R.A peut être publiée, je vous en donne les droits.
Aussi, j’ai écris une lettre au Consulat Mauricien mais ils ont rejeté ma demande car ils n’ont pas le droit de décider.
Donc, vous avez trois lettres, s’il vous plaît lisez les et aidez-moi comme vous le pouvez.
Je vais prier pour ça.
Avec tous mes respects, Andrei Gurov
21.03.2022

Lettre au consulat suisse :

Bonjour respecté Monsieur l’Ambassadeur.
Mon nom est Andrei Gurov, né en Russie le 09 juin 1975. Je vous écris cette lettre pour exprimer la détresse et l’injustice auxquelles je fais face depuis le 04.10.2021. À cette date j’étais dans la ville de Genève, attendant mon ami qui est le Directeur du « Star Ballet Russe », et l’avocat Philippe Bogard concernant ma demande d’asile à Genève.
   Après cela, autour de 16h50 (+ ou -), un homme marche vers moi. Il est de la Douane française (P.A.F) et commence à parler de mon chien. Il me demande si je suis au courant des règles concernant les Rottweiler dans le Canton de Genève ? Je réponds oui, je connais les règles mais je suis seulement en transit à Genève et à Bern cette race n’est pas interdite, et mon chien avait un masque. Et il fait partie de la famille et il participe souvent dans les spectacles de chiens. Il a même été deux fois vainqueur « Champion d’Europe » et champion absolu d’Italie. J’ai dit à ce monsieur que mon chien a tous les documents nécessaires au voyage et lui ai demandé comment il pouvait avoir le droit de contrôler nos documents alors que j’étais en Suisse et qu’il est de la Douane française. Je lui ai aussi expliqué que ce chien est absolument légal à Bern, ma destination.
   L’officer de la Douane Française s’est énervé et m’a demandé mon identité et je lui ai donné mes documents de voyage. Je lui ai expliqué que mon passeport venait d’expirer le 01 octobre, donc je n’ai pas de documents pour moi, mais mon chien en a.
   Alors, il a pris mon passeport et m’a demandé de le suivre dans ses bureaux. Quand nous sommes arrivés là-bas, il a réalisé une copie de mon ID, et a passé un appel, et il est revenu à moi et m’a dit de lui montrer mes mains. Il m’a immédiatement passé les menottes et m’a dit que dès maintenant je suis arrêté car j’ai été contrôlé par la douane française et je n’avais pas mon billet.
   Je lui ai tout de suite demandé d’appeler la police suisse car je n’étais pas sur le territoire français (la gare de Genève). Il a rigolé, puis refusé de me permettre d’appeler la police suisse, et m’a forcé à entrer dans un train avec mon chien et mes baggages. Il m’a dit que la Douane frnnçaise a plus de pouvoir que la police suisse, qui n’est rien.
   À la gare suivante nous étions déjà en France et un de ses collègues nous attendait quand nous sommes arrivés là. Après, ils ont rédigé un rapport rempli de fausses informations, que je voyageais avec un passeport expiré et que j’ai passé la frontière illégalement. Ils m’ont forcés à venir ici illégalement mais ont écrit que c’était moi qui était venu. Ils m’ont arrêté à Genève et amené par eux en France. Donc, j’ai été kidnappé. Après ça, ils ont appelé la police (celle française) et m’ont envoyé avec eux dans une autre ville. Moi et mon chien sommes arrivés à la Gendarmerie et après ils m’ont pris de force mon chien, et le jour suivant j’étais transféré à la prison de Bourg-en-Bresse.
   Je ne savais pas que voyager plusieurs fois sans billet était jugé en France pour 6 mois de prison. C’est pour cette raison qu’ils m’ont mis en prison et mis mon chien dans un centre spécial pour animaux à Oyonnax pendant la durée de ma détention. Je suis sorti de la prison le 14.02.2022 (après 4 mois). Maintenant, je suis au Centre de Rétention comme le Préfet considère que j’ai illégalement traversé la frontière ce qui est complètement faux, et refuse de me rendre mon chien. Ils ont dit que mon chien n’est plus ma propriété comme ils n’ont pas dit au tribunal que mon chien et moi avons été kidnappés à Genève. Le juge a statué que, sachant que mon passeport est expiré et que je n’ai pas de logement en France, ils vont me garder en rétention jusqu’à ma déportation. Ils ne veulent pas entendre que je n’ai pas voulu venir en France mais souhaitait demander l’asile en suisse, mais que cette situation ayant eu lieu, tout a changé et finalement je fais une demande d’asile ici en France. Tous les documents à propos de mon arrestation illégale ont disparu. Ils dissimulent ce kidnapping à la justice et par le même temps couvrent les actions illégales qu’ils font.
    Je vous demande votre aide pour faire face à ce cauchemar comme vous monsieur avez accès aux caméras CCTV dans la gare de Genève le 04.10.2021 pour voir et prouver mon kidnapping illégal par la douane française.
Je suis sûr, respecté ambassadeur, que vous accordez une attention particulière aux droits humains et ne tolèrerez pas l’injustice qui a eu lieu à cause de la Douane Française sur le territoire suisse.
   Je vais envoyer une copie de mon verdict de l’O.F.P.R.A. aux journalistes, et espérer que quelqu’un lira ces lettres pour que tout le monde sache que cette situation illégale a eu lieu sur le territoire suisse.
   Comme je l’ai dit précedemment mon chien fait partie de ma famille et je ne serais pas capable de vivre sans lui.
   Donc Monsieur l’Ambassadeur, par cette lettre je vous annonce ce qui est arrivé en Suisse et vous verrez que votre pays n’est pas considéré par les français comme un pays de liberté et de droits humains.
   Sur moi je n’ai rien vu, aucun pouvoir, droits humain ou démocratie comme en Europe, même en Suisse – surtout la ville de Genève « ville de la paix ».
   Ou j’ai tort. Si j’ai tort et qu’un pays respecte les droits humains, surtout la Suisse (Convention de Genève de 1951) s’il vous plaît répondez-moi et je prierai pour bénir la Suisse.
   Actuellement j’ai vu ce que les autorités françaises se sentent en Suisse comme dans leur propre maison, et ne respectent pas les règles internationales qu’ils ont signés. Ils ont ri de la police française.
  Donc, comment est-ce possible d’être kidnappé d’un pays et de cacher ça ???
Faites quelque chose, je vous en prie !!!
Respectueusement, Andrei Gurov
Centre de Rétention de Lyon Saint-Exupéry

21.03.2022



Lettre au consulat Mauricien:

Bonjour respecté Monsieur l’Ambassadeur.
Soussigné Andrei Gurov, né dans la ville de Naltchik (Russie) le 09 juin 1975, avec une protection subsidiaire en Roumanie, vous demande à vous et votre gouvernement des Mauriciens de m’accorder la protection de la convention de Genève de 1951.
    En ce jour je suis au Centre de Rétention Administrative à Lyon Saint-Exupéry (France) dans l’attente de ma déportation en Roumanie car j’ai une protection subsidiaire de la Russie en Roumanie depuis le 01.09.2004. Mais malheureusement la situation politique en Roumanie a changé au cours des dernières semaines et les autorités roumaines commencent à recevoir des réfugiés de l’Ukraine (actuellement ils sont plus de 100 000 personnes). Je suis citoyen Russe et je n’ai rien contre les Ukréniens. Au contraire, je suis contre la politique du président Russe M. Poutine, mais j’ai malheureusement la citoyenneté russe et ce point me place dans une situation dangereuse en Roumanie. J’ai demandé l’asile ici, en France mais elle a été rejetée car la Roumanie est un pays européen.
   Je souhaite et espère, que finalement je puisse aller aussi loin que possible du continent européen pour me sauver et continuer à vivre comme un humain normal.
   Je suis professeur de théâtre dramatique et de danse classique (ballet), toute ma vie j’ai travaillé sur la scène et créé des milliers de spectacle au théâtre comme au cinéma. Je voudrai faire la même chose et créer une école d’art et de théâtre dans votre pays Maurice et apprendre aux jeunes générations l’Histoire, la litterature et l’art classique. Vous pouvez regarder sur internet sur google : Andrei Gurov – qui est-il ?
   Je cherche un endroit protégé sur notre Terre et prie le Seigneur tous les jours, mais la réalité en ce moment pour moi est l’obscurité.
   S’il vous plaît, aidez-moi ! J’ai besoi de protection pour survivre sur notre planète et continuer à vivre ma vie avec fierté.
   Désolé de ma grammaire anglaise ( je parle bien mieux que je n’écris).
   S’il vous plaît, ne jetez pas cette lettre à la poubelle mais lisez-là et essayez de me comprendre. La Roumanie n’est pas un pays où je suis en sécurité, il y a déjà eu le kidnapping de mon fils il y a cinq ans, et les autorités ne s’en préoccupent pas. La police ne veut même pas prendre ma plainte à propos de la disparition de mon fils.
   Toute l’Europe est complètement corrompue et il n’y existe aucune démocratie. Je veux dire que les lois et les gouvernements – pas les personnes simples  qui sont vraiment de bonnes personnes mais n’ont vraiment aucun pouvoir !!!
   S’il vous plaît, contactez votre gouvernement et racontez-lui ma situation. Peut-être qu’ils accepteront au moins un réfugié.
Mon adresse, actuellement : SPAF CRA ST EXUPERY BP 106 69125 Lyon St-Exupéry.
Malheureusement je n’ai pas accès à internet et aucun moyen d’accéder à mes mails.
Dans tous les cas, dans l’attente de votre réponse,
Dieu vous bénisse et votre décision
Avec espoir et respect,
Andrei Gurov

MANIFESTATION DES PRISONNIERS DU CRA DE LYON ST-EXUPÉRY LE 8 FÉVRIER // Violences policières, nourriture infecte, humiliations, isolement prolongé, non transmission systématique par Forum des documents juridiques, prisonniers drogués aux médicaments par les médecins… Témoignages de prisonniers du CRA de Lyon St-Exupéry, le 09/02/2021

Témoignages de 5 prisonniers retenus au CRA de Lyon Saint-Exupéry, le 09 février 2021. La veille au soir, les prisonniers de plusieurs blocs s’étaient retrouvés et avaient manifesté contre les violences de la police, ainsi que pour dénoncer la nourriture du centre, celle infecte qu’on leur sert, ou les distributeurs toujours vides.

TÉMOIGNAGE 1

 

– Bonsoir ! ça va?

– Ça va et toi ?

– Ça va hamdoullah.

– Est-ce que y’a des trucs que t’as envie de raconter sur comment ça se passe à l’intérieur, ce qui s’est passé hier soir…?

– Je te dis la vérité, moi j’ai quitté la France ça fait 4 ans. J’ai ma femme et ma fille en Espagne. J’étais passager pour aller en Suisse, ils m’ont attrapé dans le train, ils m’ont ramené ici. J’ai 48 jours. L’Algérie a fermé ses frontières, et je suis là je sais pas pourquoi moi ! Pose les questions, moi je réponds, pose, pas de souci.

– Est-ce que t’as envie de parler de ce qui s’est passé hier soir ?

– Ouais. Hier c’est moi qui ai fait le bordel.

– Qu’est-ce qui s’est passé en fait?

– Parce que y’a pas de respect. Moi j’ai mangé, le policier il a mis ses pieds devant moi. Moi j’ai mangé sur la table, alors je me suis énervé. J’ai ramené tout le monde et on a fait la guerre.

– Vous avez fait quoi?

– On a fait la manifestation. Mais y’a pas de mal, y’a rien de mal. On a ramené toutes nos affaires en promenade et on est restés là bas. Ils ont amené les casques bleus, les CRS et tout.

– Vous vous avez tous mis vos matelas dans les couloirs c’est ça ?

– C’est tout, c’est tout. Il y a des caméras.

– Et c’était quoi vos revendications?

– Si l’Algérie ouvre ses frontières, envoie moi en Algérie. Si l’Algérie ferme ses frontières, lâche moi, moi j’ai ma vie en Espagne, j’ai ma femme, j’ai ma fille. J’ai rien à voir ici moi, j’étais passager. t’as compris? J’ai 48 jours pour rien, pour rien, j’ai rien fait de mal. Mais pourquoi ? Ils ont envoyé en Algérie quatre fois pour mon nom, l’Algérie répond pas. pourquoi tu me gardes ici ? Il y a le covid, il y a des personnes malades, de l’autre côté, côté vert, il y a 4 côtés dans ce centre de merde, excuse moi. Normalement les frontières de la France sont fermées, normalement relâchez les gens! Il y a des gens avec ses papiers, on les lâche pas aussi ! ça c’est pas la loi ! Donnez-moi quitter le territoire, je quitte le territoire. Si ils m’attrapent, j’assume 10 ans de prison, je m’en bats les couilles. Moi j’ai pas envie de rester en France. Soit lâchez moi, soit envoyez moi au bled. tout simplement. Si je m’énerve encore, je suicide, sur la vie de ma mère! Je suicide! normalement, je suicide. Parce que j’ai rien fait, j’ai rien fait, je suis là pour 48 jours. pour rien, pour rien. J’ai rien fait.

– Et hier soir il s’est passé quoi après votre manifestation?

– Hier tout le monde s’est énervé, on a pris les matelas, on est partis à la promenade, parce que tous les jours la bouffe périmée. ça pue. la bouffe ça pue. je peux pas manger ça moi. Ils manquent de respect, ils sont racistes… Viens et regarde ! ramène beaucoup de gens devant le centre de merde, pour voir.

Il y’a des gens ils ont refusé le test, ils sont partis en prison, après la prison ils sont ramenés ici. C’est quoi ça? ça c’est pas la loi ça.

– Et les flics ils sont racistes?

– Ils sont racistes oui. pas tous. mais la plupart sont racistes.

– Ils vous font quoi?

– On dirait qu’on est des chiens. On n’est pas des chiens! On n’a pas de papiers c’est tout. On a de l’argent, on a de la famille, on a tout nous. Dehors de cette prison de merde, on vit la belle vie. On vit une meilleure vie que ces policiers de merde. J’ai un travail, j’ai ma fille, j’ai ma femme, j’ai ma vie. Ma place c’est pas d’ici. Si les frontières d’Algérie sont ouvertes envoie moi, normal! j’ai mon père et ma mère. Si elles sont fermées, laisse moi partir en Espagne, j’ai ma femme et ma fille! t’as compris? moi j’ai rien fait de mal ! T’as pas d’autres questions?

– T’as envie de raconter un peu comment ça se passe à l’intérieur?

– Ça se passe grave grave mal. Tous les jours on dort, le ménage pas bien, ils nous laissent dans le froid dehors, on reste 3 heures dans le froid. Moi j’ai fait la prison ici en France. Wallah je te te dis la vérité, la prison c’est mieux que ce centre de merde. wallah! Moi je préfère 1 an en prison que 1 mois ici.

– Ça se passe comment au niveau de l’association Forum(1), avec les médecins…?

– Forum travaille avec la justice! moi je déteste Forum. Forum travaille avec la justice. Le docteur travaille contre nous, tous contre nous.

– Il fait quoi le docteur?

– Le docteur je lui dis donne moi mon traitement, il me manque de respect, il me dit non c’est pas… on n’est pas au marché noir. Moi j’ai des médicaments, je suis obligé de les boire.

Forum ils envoient les gens au bled, on dirait ils aident les gens, mais le contraire. moi je connais bien, je connais bien, ouais ouais, ça fait longtemps. Forum c’est pire que le juge. Forum travaille avec la justice. Il n’a jamais aidé moi. Il y a un gens, il a envoyé ses preuves, t’as compris ? Forum l’appelle désolé, il a fait la feuille toute noire devant le juge. Le juge il voit la feuille il rigole. c’est quoi ça? feuille noire ! c’est pas comme ça!

– J’ai pas entendu.

– T’as pas compris? il y a une personne elle a des papiers à lui, originaux. Il a fait une photocopie. La photocopie, il vient, 100% tu vois sa photo, et Forum a rendu sa photocopie toute noire! Le juge regarde rien! Et il l’a mis au centre encore 30 jours. Pourquoi ça? Il y’a un gens, le juge il demande ramène moi hébergement je te relâche. Il ramène l’hébergement, encore 30 jours. Hè ! ici comment ça se passe? bonjour, 28 jours, bonjour, 28 jours. tous les jours! c’est pas que moi! [passage inaudible] Il y a des gens malades du covid à côté de nous. Dans la chambre de 4 lits on dort 8, 8 personnes! y’a des chambres y’a pas de porte, wallah, y’a pas de porte.

Je te passe le suivant. Moi j’ai la haine, j’ai la haine, wallah j’ai la haine. J’ai envie de suicider, j’ai la haine. Je te passe le suivant.

– On est de tout cœur avec toi. courage.

– Bonne soirée merci beaucoup. Merci pour nous aider, tout le monde.

 

TÉMOIGNAGE 2

 

– Oui bonsoir.

– Du coup est-ce que toi tu étais là hier soir ?

– Ouais j’étais là.

– Est-ce que tu veux raconter un petit peu comment ça s’est passé ?

– Bah c’est moi je me suis embrouillé avec le flic. C’est moi, c’est à cause de moi. Parce que moi j’étais en train de parler avec mon ami et lui il est venu et il a posé ses pieds sur la table et il m’a dit, il m’a dit : tu parles mal de moi, jsais pas quoi. Il commence a me chercher, je sais pas quoi. Ils sont venu à 10 sur moi et ils commencent à me chercher et tout. Moi je dis vas-y, j’ai pas parlé avec vous, jparle avec mon ami. Et lui il commence à me provoquer et… On a sorti, on a sorti les matelas, on a commencé à crier et tout.

– Vous criez quoi ?

– On crie ! Ya pas de la loi ! Les gens nous prennent pour des chiens ! Ils nous considèrent comme des chiens ici ! Bah il s’en battent les couilles ! Ils s’en foutent de de nos gueules ou jsais pas moi.

Et moi par exemple moi j’ai, moi, c’est le même cas comme X, comme monsieur X. Moi j’ai ma carte de séjour italienne illimitée, j’ai ma carte d’identité, j’ai ma carte vitale, j’ai l’hébergement ici en France. Je suis arrivé en France à l’âge de 14 ans. Normalement, normalement ils ont pas le droit de m’envoyer en Tunisie ! J’ai toutes les preuves. Je suis arrivé à l’âge de 14 ans en France, je suis allé dans un foyer, et en plus de ça, j’ai ma carte de séjour et toute famille en Italie, j’ai ramené toutes les preuves et je leur disais c’est bon je ramène mon passeport et je ramène un billet et je prends, je prends l’avion et je rentre en tunisie ya pas de soucis.
Bah ils m’ont dit, c’est pas toi qui choisit.
Et j’ai appelé mon père et il est parti avec l’avocat en préfecture en Italie. Il a dit « comment ça se fait mon fils il est là-bas, il est bloqué et tout ? », et ils ont dit comme quoi l’Italie elle t’a pas acceptée ou je sais pas quoi. Et mon père il est partit là-bas en préfecture et il a dit « Comment ça se fait mon fils il a sa carte de séjour et vous l’acceptez pas ? »
Ils ont dit « C’est pas vrai on n’a rien reçu ! C’est pas vrai. »
Ils m’ont envoyé, ils m’ont envoyé une feuille de la préfecture comme quoi moi j’existe et tout. Et là quand j’ai passé devant la juge elle m’a dit 28 jours encore. Et en plus de ça ! Moi j’ai ma carte de séjour et je suis arrivé à l’âge de 5 ans en Italie et j’ai toute ma famille et ils m’ont donné une interdiction Schengen ! Ils ont pas le droit ! Normalement moi j’ai ma carte de séjour illimitée, j’ai toute ma famille en Italie ! Et ils ont vu, ils ont vu bien que j’avais ma carte de séjour ! J’avais tout mes papiers et tout, ils m’ont donné une interdiction Schengen ! Il ont pas le droit de le faire !

– Et l’avocat il t’a dit quoi par rapport à ça ?

– Bah l’avocat moi, moi j’ai appelé un avocat, je voulais prendre un avocat payant, avocat privé, j’ai appelé un avocat, et il m’a dit, j’ai parlé avec lui, et le forum ils ont envoyé mon dossier à l’avocat et quand je suis arrivé euh… Quand je suis arrivé devant là-bas, je suis arrivé, avant de passer devant la juge. J’ai parlé avec lui et c’était c’était c’était même pas un avocat ! Il avait même pas un ordi ! Il était avec une feuille, une seule feuille. Jlui dit « Tiens ! Tiens ! Jte donne » parce que moi j’ai toutes mes preuves sur moi, jleur fait pas confiance. Parce que ma première jugement j’avais tous mes papiers ici, ma carte de séjour, ma carte d’identité, ma carte vitale. J’ai tout ! Du coup, j’ai tout ce qu’il faut ! L’hébergement, tout tout tout ! Et le Forum ici, ils m’ont dit, on va envoyer tout ton dossier, on l’envoie au juge et quand je suis arrivé devant la juge, la juge elle m’a sorti juste une photocopie de ma carte de séjour, elle était noire ! Elle m’a dit, elle m’a dit « C’est ça ? C’est ça tes papiers ? »

C’est quoi ça ? Bah ils nous fait ils nous fait la misère ici. Ils nous considèrent comme des chiens.

Ah ! Ah ! Ah ! La bouffe elle est périmée ! On dort pas bien ! Euh c’est sale ! C’est sale ! C’est sale !

Et… Ils nous provoquent ! Ils nous cherchent !

Ya pas de télé, ya ya ya, ici ya [passage inaudible] ya des chambres ya 3 télés.

– Et avec la police ça se passe comment ?

– Avec la police ? Bah la police ils s’en battent les couilles la police !!
Moi je demande, ils m’ont dit l’Italie elle t’a refusée bah je leur disais, c’est bon ! C’est bon j’accepte ! Jvais rentrer en Tunisie c’est bon, l’Italie elle m’a pas acceptée et je sais bien que l’Italie ils les ont pas envoyé, c’est des menteurs ! Et moi je leur disais : c’est bon je veux rentrer dans mon pays et je ramène mon passeport, j’ai ma carte de séjour, j’ai mes papiers en règle, je ramène un billet et je rentre ! Ils m’ont dit c’est pas toi qui décide..

– Et avec le médecin tu as eu des ennuis avec lui ?

– Le médecin !? Le médecin faut le voir le médecin !! Oh j’allais, j’allais, j’allais prendre un RDV avec le médecin il m’a dit « Dans un mois ». Imaginez vous ! On dirait moi je vais rester ici 10 ans.

C’est trop c’est trop ! Ya pas de la loi !

Ils font comme ils veulent ! Ils s’en battent les couilles ! Je demande de voir les civils, ils me disent « non » je demande de voir le consulat tunisien, j’ai pas le droit. J’ai le droit de voir ! je suis un tunisien, je suis de nationalité tunisienne, j’ai le droit de voir le consulat tunisien. C’est vrai ou pas ? Bah eux ils me disent « non ». Ça fait 2 semaines je demande de voir le consulat à chaque fois ils me disent : « demain demain demain » et il y a rien.

Et moi personnellement j’en peux plus. Moi, moi je veux prendre un avocat je vais payer 2000 euros, j’ai mes papiers et je veux prendre un avocat, je vais payer 2000 euros et j’ai mes papiers. Il y a des gens qui ont pas de papiers, ils sortent ils sont libérés et moi j’ai mes papiers, j’ai tous mes trucs, et j’ai grandi en Italie, j’ai toute ma famille en Italie, et je vais prendre un avocat, il va savoir si ils me libèrent ou pas, imaginez-vous.

C’est trop, mais c’est trop, c’est trop. Moi, moi je viens de la prison, moi j’étais en prison, je pesais 80 kilos, là, ça.. je fais 50 kilos.
Il y a rien à manger ! Je vais manger quoi moi ? À part le pain je mange le pain, je bois de l’eau. Pain fromage eau, pain fromage eau, c’est ça. C’est trop c’est trop. C’est pas ça la France, c’est pas ça. Liberté, égalité euh jsais pas quoi.

– Et ça s’est fini comment après hier soir du coup ? Après il y a les CRS qui sont venus et puis euh ?

– Ouais ouais, il y a les CRS qui sont venus, bottés, cagoulés, on dirait, on dirait je sais pas quoi moi. On dirait euh, on est armés nous. Ils sont venus boucliers, avec les gazeuzes, euh jsais pas quoi, ils sont venus à 30 personnes, et nous wallah on est 15 personnes oh, même pas. Ils sont venus, ils ont dit calmez-vous sinon ça va mal se passer ou je sais pas quoi.

– C’était que dans votre bloc que ça se passait ?

– Non il y en a ils sont venus ; mais c’est nous qu’on a commencé, les autres ils ont fait comme nous. Ici il y a un côté arrivants, côté rouge. Il faut rester 8 jours après, il faut faire le test pour passer dans dans l’autre bloc. Il y 3 blocs il y a le jaune, orange et bleu. Les gens qui étaient dans le rouge normalement, moi je sais pas, il viennent de dehors voilà. Des fois ils viennent ils ont le corona et tout. Ils ont cassé la porte, ils sont venus dans notre promenade, ils étaient avec nous.

Et je sais pas moi, je commence à péter les plombs moi.

– Est-ce que il y a des choses que tu voudrais rajouter ?

– Moi moi je veux rajouter ! Moi je fais quoi là ? Je veux rajouter, ce centre là, il est fait pour les gens sans papiers. Normalement ce centre il est fait pour les gens sans papiers. Par exemple j’ai un ami à moi il a une nationalité italienne, et ils l’ont pris en Tunisie, ils l’ont expulsé en Tunisie, il a le passeport rouge, il est né en Italie. Imaginez-vous. Ben, c’est pas logique ça c’est trop. Et en plus de ça je suis arrivé à l’age de 14 ans en France. j’étais dans un collège, j’étais au foyer. Déjà, déjà normalement moi j’ai le droit d’avoir la nationalité française. Mais moi j’ai pas fait les démarches, c’est pour ça. Déjà normalement quand j’arrive, normalement quand un personne il arrive à l’âge de 14 ans, ils ont pas le droit de l’envoyer, de l’expulser. Et eux ils veulent m’envoyer en Tunisie et moi, moi, c’est mon pays je m’en bas les couilles, je rentre en Tunisie mais eux ils veulent pas, ils me faire la misère. Ils veulent me laisser jusqu’à la fin, pour que moi je pète les plombs ou pour que ils peuvent m’envoyer en prison, jsais pas moi jsais pas. Moi je leur disais, je prend mon billet, vous voulez pas me renvoyer en Italie, je sais bien que l’Italie elle m’a pas refusé. Je leur disais, l’Italie elle m’a refusé ben moi je ramène mon passeport, j’ai ma carte de séjour ma carte d’identité, je ramène mon passeport et les billets. Et en plus de ça, le centre il est à côté de l’aéroport, et je prend l’avion et je rentre en Tunisie. C’est simple. Ils m’ont dit c’est pas toi qui choisis.

– Merci beaucoup d’avoir parlé.

– Il y a pas de soucis.

-Courage à toi, on se tient au courant

– merci à vous je vous passe le suivant, bonne soirée.

 

TÉMOIGNAGE 3

 

– Salut

– Salut ça va ?

– Ça va. Bon juste pour ajouter quelque chose voilà ? c’est j’en ai marre. Tout ce qu’ils ont dit mes amis, comme ils l’ont dit les racistes, les policiers avec les PAF(2) ils sont pas biens avec nous. Voilà. C’est quelqu’un de nerveux, moi j’étais tout seul parce que il y a des côtés(3) ici voilà. On passe une semaine après les tests, j’ai refusé les tests parce que il avait quelqu’un méchant le matin il parle mal. Moi j’aime pas, on respecte d’abord. Et après il m’a dit « viens on fait les tests » et paf agressif.

– C’est un policier qui t’a dit de venir faire les tests ?

– Moi j’ai refusé, et après ils m’ont laissé une semaine tout seul. Normalement c’est pas garde-à-vue, parce que garde-à-vue il y a limite 24h, moi je suis resté une semaine complète tout seul, comme les fous, même j’ai demandé un briquet, et ils parlent comme le robot, ça m’énerve. [passage inaudible] Ils sont tous comme ça. Manque de respect. Ils respectent pas leur parole, ils disent j’arrive dans 1 minute, ils arrivent après une heure. Et ils parlent bizarre. Alors, c’est pour ça ici, si y’a du respect et tout ça va, mais manque de respect, dégueulasse, on reste 2 heures, 3 heures dans le froid chaque jour. Aujourd’hui par exemple on a été dehors de 11 heures jusqu’à 14 heures. Ils sont fous. Si on demande quelque chose, toujours on est sûrs c’est pas accepté. Ouais.

– Et quand ils t’ont laissé une semaine tout seul, t’étais dans une pièce ? t’avais le droit de sortir ?

– Non ! Heureusement il y a une femme, le 4ème ou 5ème jour peut-être, elle a dit « pourquoi vous le laissez tout seul ? Sans contact ». Et après ils m’ont envoyé dans la cour sur 4, on dirait 5 mètres carrés quelque chose comme ça . Juste pour [passage inaudible] mais au début je restais 4, 5 jours dans une chambre, il y a un petit couloir comme ça c’est tout.
Je demandé un briqué, ils ont dit c’est sa place, ils ont laissé sa place comme ça, sans briquet. Manque de respect.

– tu pouvais pas sortir pendant 4 jours ?

Non ! Je sors pas, 4 ou 5 jours j’ai oublié, voilà soit 4 ou 5 jours, après les 2 ou 3 dernièrs j’ai sorti juste pour la cour c’est pas loin et toujours 3 ou 4 portes fermées voilà.

– Et pour la bouffe ils t’amenaient à manger ?

– Ben j’ai refusé au début, après j’ai mangé mais c’est la merde comme ils ont dit mes amis. Mais on mange quelque chose juste pour on reste vivre voilà c’est tout.

-Et pendant ces quelques jours t’as pu voir le médecin ou parler aux gens de Forum ?

– Le problème même j’ai demandé le médecin, je tape les portes j’étais comme des fous, et il s’en fout, il dit « ah il faut la patience » ; mais il faut la patience, en plus il faut respecter parole aussi, on a la patience, mais il y a une limite et vous il faut nous respecter comme êtres humains comme vous. En plus moi j’ai mes papiers, mais même pour tout le monde, on est un être humain comme vous ; alors pour les flics, vous êtes policiers, vous avez salaire, nous aussi dehors on a du salaire on a des familles on a de la vie ! Il faut respecter ! Mais moi je pense pas la France comme ça, je pense y’a respect, et tout voilà mais laisse tomber, si tout le monde vive comme ici c’est fini.

-Tu étais là hier soir ?

– Oui, ah ouais on est tous, on a sorti les matelas, on a fait manifestation pour voir solutions avec nous, parce que le problème, c’est si il y a la loi, nous on respecte la loi c’est obligatoire c’est obligé, mais le problème, la loi ils ont caché la loi toujours, quelqu’un encore il a dit : mon ami il la carte séjour, ils ont envoyé le Forum ici sa carte séjour noire ! mais pourquoi ils font ça ? Nous on est en 2021 : technologie, l’internet, les mails et tout, il faut pas faire d’erreur comme ça ! Il est ici avec nous à cause de l’erreur. Et moi le Forum il a pas envoyé mon attestation d’hébergement, à cause d’eux je suis là. Mais normalement je suis libéré parce que j’ai carte séjour et domiciliation. Le juge, malheureusement j’ai pas de smartphone moi ici, je t’envoie mes papiers, j’ai mes papiers toujours avec moi, c’est marqué monsieur X sans domicile fixe ! c’est quoi ça …

-Comment ça c’est fini hier soir ?

-Ils ont faif renforts, ils ont venu nombreux ici et… voilà … Ils ont calmés nous, ils ont fermé la porte ! d’habitude c’est 23h hier ils ont fermé la porte 21h.
Ils ont tout déjà, les les gaz, les battes, toutes les protections là.

-Ils vous ont gazé ?

– Non non

– Tu veux rajouter quelque chose ?

-Non non c’est bon

– Est-ce que tu sais si beaucoup de gens ont le covid dans le centre ?

-J’ai entendu de l’autre côté il ya deux trois personnes ils ont le covid. Mais les règles sanitaires et tout : pas du tout ici, c’est pas comme l’extérieur, nous on est 4-5 par chambre, et les distances jamais, les masques jamais sauf dans le refectoire…

Je te passe une autre personne, si tu es interessée pour écouter.

– Merci bonne soirée.

 

TÉMOIGNAGE 4

 

-Bonsoir, ça va vous allez bien ?

– Ca va et toi ?

– Wallah ça va hamdoullah, on essaie d’être ça va mais ils nous laissent pas ça va, ils nous laissent pas tranquille. On commence par quoi ? Vous voulez quoi ? Les chambres ? Même le ménage. Déjà ils font pas le ménage correctement. À manger, j’vous jure c’est de la merde, j’sais pas ils ramènent d’où les poissons, même les steaks pas hallal ya rien qu’est hallal ici. Les arabes y’a 90 % des arabes. Déjà ça de un. Les policiers ils sont mal polis, ils sont mal polis les policiers, ils parlent mal tous les jours .. [passage inaudible] Y a des policiers ils sont gentils mais le reste y a des policiers ils sont racistes comme jamais de la vie.

Je vous jure sur la tête de ma mère j’ai rien.. j’ai jamais fumé de ma vie, j’ai jamais bu de ma vie, là je suis ici, là je fume, j’prends des médicaments, j’fais tout à cause d’eux.

-Tu prends quoi comme médicaments ?

– Lyrica, Subutex, tout ce qui est médicament pour calmer la tête j’le prends ! Tout ce qu’elle me donne si c’est clairement pour calmer la tête j’le prends !

– Ils t’en donnent beaucoup des médicaments ?

– Eh j’vous jure y quelqu’un il s’appelle X ici, wallah ils vont le tuer avec les médicaments. Sur la tête de ma mère. Il marche plus le mec, il parle plus maintenant. Il marche plus, il parle plus, ça fait une semaine on lui dit, on lui interdit de prendre les médicaments. Comme ça il reste avec nous, comme ça on lui donne pas les médicaments. Maintenant il parle bien avec sa famille, il parle avec nous, il fait du sport.

– T’aurais le nom des médicaments ?

– Lyrica, [passage inaudible], Tramadol, Subutex (4)… des médicaments c’est pas pour nous, c’est pas pour les gens du centre de rétention, de prison, c’est pour les lunatiques les gens qui vont dans l’hopital de lunatique c’est pas à nous ça.

En plus vous savez j’parle pas de moi, j’parle en général, moi j’suis en train de perdre ma vie j’ai une femme dehors.

– Ça fait combien de temps que t’es là ?

– Ça fait 38 jours, même tout ce qui est [passage inaudible] pour des preuves Forum, mais le jour quand je suis parti au juge, le jour de mon jugement, t’as vu les papiers ils sont noirs, ya pas de preuve, c’est noir. Ça veut dire moi si j’ai mes preuves, elles vont partir au juge, tranquille y a pas de faute, normalement je suis sorti après 3 jours.

– En fait Forum photocopie en noir vos papiers ?

– les Forums c’est des traitres, les policiers c’est des traitres, je fais confiance à personne. C’est pour ça on appelle le journal parce qu’on a confiance en vous, c’est vous qui va avancer l’article. Si vous voulez vous venez voir.

– Quand il y a des visites de journalistes ils font semblant que tout va bien.

– T’as vu quand vous êtes là, c’est eux qui font les victimes à dire que nous on insulte, mais nous on est des arabes, on est des musulmans, on n’insulte pas. On a des familles, on a un principe. Mais c’est eux ils nous poussent pour les insulter.

– Est-ce qu’ils sont violents ?

– Je vous vous jure venez, je vous ramène deux mecs qu’ils ont ramassé des coups de poing, des coups de balai, laisse tomber. Et en plus ils ont porté plainte, si vous voulez je les ramène les deux mecs. Ils se sont fait frapper, après ils ont porté plainte, mais au jour d’aujourd’hui y’a rien du tout. Jusqu’à aujourd’hui ils sont là, et hier quelqu’un les a mis à l’isolement.

– Ils sont partis à l’isolement ?

– Ouais. Ils sont partis hier à l’isolement. Et même hier, pour leurs deux gamelles [passage inaudible]. Hier y’a un policier, c’est pas un policier, c’est un chien. C’est un fils de chien. C’est à cause de lui qu’on a pas l’appétit. Même on le voit, y’a rien qui passe. On peut pas manger, on peut pas rigoler pour nous, on peut pas parler. Il vient, il fait le bonhomme, t’as compris ? Dedans il fait le bonhomme, mais quand il est dehors il marche avec les murs. Ici il fait le mec qui a le droit de frapper et d’insulter tout le monde. Mais on n’est pas en Tunisie ou en Algérie ! C’est la police de l’Algérie ou de la Tunisie qui insulte les gens ? C’est pas ici, pas en France ? En France on a des droits, comme vous, comme nous, comme tout le monde. C’est pas parce qu’on n’a pas les papiers qu’on est des criminels. On est pas des criminels. On est là, on est dans la vie, on aide notre famille, on veut avancer dans la vie ici. Si chez nous, en Tunisie ou bien en Algérie ou bien au Maroc, la vie c’est bien, c’est stable et tout, on va rester chez nous. Je vous explique, y’a des gens ils ont fait trois fois les demandes, quatre fois les demandes, pour le consulat d’Algérie ou de la Tunisie, le consulat leur refuse, alors pourquoi ils sont toujours là ? C’est ça que je comprends pas. Ça se fait pas. Moi j’ai une femme dehors, mon pote X il a une femme et une fille dehors, X pareil, X pareil, X il a des papiers et une famille en Italie, il est toujours là je comprends pas, X il est sorti de prison miskin, il vient de prison ! Il a fait sa peine, et il se retrouve ici ! X pareil, il a les papiers d’italie et il est toujours là. Je comprends pas ils font quoi comme travail, laisse tomber. Laisse tomber sur la tête de ma mère j’ai rien compris wallah.

– T’étais là hier à la manifestation ?

– Ouais j’étais là ! J’étais là hier. Hier c’était quoi ? On mange tranquille, on rigole, y’a le policier il vient à côté de mon pote il met son pied à côté de son plat. Il a dit « t’es pas content ? ». Mais t’es pas content, mais ça se fait pas ! À côté de X, il est venu il a mis son pied à côté du plat de X, et il le regarde et il dit « t’es pas content ? ». Mais nous surtout ce policier on lui parle même pas ! y’a personne qui parle avec lui ! Et lui, tellement il est jaloux, ou bien je sais pas qu’est-ce qu’il a avec nous, c’est lui qui cherche la merde avec nous ! Mais t’as vu, si y’a pas de trucs hallal, y’a pas de soucis, les machines il y a des sandwichs, des salades et tout : y’a rien.

– y’a rien dans les machines ?

– Rien, je te jure y’a rien. Aujourd’hui, juste pour nous fermer notre gueule et tout, ils ont mis même pas six sandwichs la tête de ma mère. Même pas six sandwichs !

– Ils ont juste fait semblant de remettre des trucs, mais ils ont rien mis quoi…

– T’as compris, juste pour dire tiens ferme ta gueule ! Tu veux des sandwichs tiens ferme ta gueule. Six sandwichs mais on est presque trente personnes ici. [passage inaudible] et on demande des télés, des télés, des télés, il nous dit quoi ? Il nous dit « non, vous vous coutez cher. Chaque personne ça coute 5000 euros par jour. » J’ai dit « c’est pas mon problème ça ! »

– bah ouais vous avez pas demandé à être là.

– Bah ouais et puis je m’en fous je coute 5000 ou je coute 10000 euros c’est pas toi qui paye de ta poche ! Il m’a dit quoi ? Il m’a dit « vas-y ferme ta gueule et rentre dans ton lit sinon je te ramène en isolement ». Mais ça se fait pas ! Sur la tête de ma mère ça se fait pas. Bah je sais pas, il faut qu’on fixe un rendez-vous et que vous veniez ici sans leur dire rien. (…) T’as vu les couettes ici ? Depuis 2008 ! Depuis 2014 ! ça veut dire tu mets les couvertures sur toi, sur la tête de ma mère demain tu te grattes comme un fou, tu grattes tout le corps. (…)

Bonne soirée, je vous passe personne X.

– Bonne soirée et bon courage.

– Merci et même si c’est pas le week-end passez un bon week-end en avance.

 

TÉMOIGNAGE 5

 

– ça va ?

– Ça va et vous ?

– Ça va. Est-ce que t’as envie de rajouter des trucs sur ce que les autres ont dit ?

– Oui. Là, il y a un Roumain, il est avec nous. Il va faire 19 ans bientôt, dans trois mois, il m’a expliqué. Il m’a dit le matin, parce que le matin vers 11h du matin, ils nous font sortir dehors, dans la cour, pour faire le ménage et tout ça. T’as compris ou pas ? Il m’a dit comme quoi le matin, quand ils sont venus le réveiller, il a dit « attendez avant de sortir pour que je mette mes affaires, il faut que je m’habille, il faut que j’aille aux toilettes ». Ils l’ont pris par les épaules, avec un short, ils l’ont fait sortir en promenade avec un short ! Y’en a un il a mis une gifle, il a mis un coup de poing dans la tête ! Ça se voit, que c’est rouge ou quoi. Vous comprenez ou quoi ?

– Ils lui ont mis un coup de poing dans la tête ?

– Voilà, un coup de poing dans la tête. Je te jure. C’est pour ça que je t’ai dit tout à l’heure. En plus ils l’ont ramené à l’isolement, et ils l’ont frappé ! Pour rien en fait ! Ça veut dire, c’est comme toi tu viens, tu lui « allez, vous pouvez sortir de la chambre », tu lui dit « laisse moi le temps de me préparer, de m’habiller en fait, pour aller aux toilettes, je veux pas me pisser dessus ! » Ils l’ont fait sortir, ils l’ont pris par les épaules, il lui ont mis un coup de poing, et ils lui ont mis les menottes et ils l’ont amené à l’isolement, et ils l’ont frappé ! Ils l’ont gardé pendant près de 10 heures à l’isolement. Vous comprenez ? C’est un gamin, il a 19 ans. Même pas 19 ans. Dans quatre mois ! C’est le plus petit du centre. Normalement tout le monde quand il le voit ça lui fait de la peine à nous déjà. Imagine, t’as la police qui vient, ils le frappent ils lui font la misère. Ça se fait pas !

– Ouais. C’est chaud.

– C’est chaud. C’est chaud bouillant. Voilà quoi… Vous voulez savoir quoi de plus ?

– Est-ce que tu peux raconter un peu la manifestation, quand les CRS sont venus, qu’est-ce qu’ils ont fait après ?

– Le civil il est venu, un civil arabe il a parlé avec nous, il a dit « calmez vous, on va essayer de changer la situation » et tout ça, et parce que nous on a dit, on a dit « regarde, tous les trucs qu’il y a à manger, c’est dégueulasse, on peut pas le manger. Ils mettent même pas des trucs pour manger, des sandwichs et tout ça. » Aujourd’hui ils sont venus, le civil il a parlé avec tout le monde, il a dit « écoutez nous, restez tranquille, chacun prend son matelas il va rejoindre son lit, et demain je m’occupe de ça, vous inquiétez pas, je vais mettre des sandwichs, je vais mettre tout ça ci ça ça ça. » T’as vu, en gros, il veut nous calmer en fait, avec des paroles nanani nanana, il fait deux trois paroles, et tu te calmes. Et d’habitude la porte, ils vont nous fermer à 23heures. Ben hier ils ont fermé la porte à 9heures, 9heures moins le quart ! On n’avait plus de briquet, on a plus le droit au briquet, on peut plus fumer des clopes avec tout le stress, on peut même pas fumer. Jusqu’à 23 heures quand ils sont venus faire la ronde, je voulais allumer une cigarette.

Et bien comme je vous l’ai dit tout à l’heure pour la machine, ils sont venus, ils ont mis 3 sandwichs, derrière chaque sandwich ils ont ont mis des bouteilles de cocas. Quand tu passes devant la machine, tu vois que y’a des sandwichs, et en fait il y a rien. Il y a trois personnes qui vont prendre chacun un sandwich, derrière le sandwich il y a quoi ? Il y a une bouteille de Coca qui passe avec. Vous voyez ce que je veux dire ?

Ils nous prennent vraiment pour des imbéciles. Il n’y a pas de lois, il n’y a rien ici. Là on est trois personnes là. On est 3 personnes dans la chambre, il en manque un. on a des papiers italiens illimités, on a toute notre famille en Italie, on a tout ce qu’il faut hein, mais on est là. Le problème on nous a dit c’est que comme quoi l’Italie nous a refusé. Je vous jure, j’ai appelé mon père, il a fait sortir le papaier comme je te disais tout à l’heure, le papier où je vais sortir après la date de mon premier jugement. En gros, eux ils s’en battent les couilles des papiers, ils veulent juste nous garder. Comme il a dit mon ami, bonjour 28 jours, bonjour 28 jours. Aujourd’hui, ça fait 28 jours. Avant, le maximum c’était 45 jours, maintenant ils ont fait 3 mois. Au bout de 3 mois ils te ramènent des tests, et si tu refuses les tests pour pas rentrer chez toi, et bien ils te ramènent en prison pour encore 3 mois. Après 3 mois, ils vont te ramener ici.

Je te jure, tu peux rien, t’es comme du beurre, tu vois, du beurre qu’on met sur un plateau et qui va fondre, et ben nous c’est pareil, je vous jure. Parfois on rigole, mais c’est pas un rire qui sort du coeur; juste on fait semblant de rire pour que ça se passe bien en fait.

Il y a des gens qui ont le Covid et qui sont en prison et bien tous les jours des médecins ils vont contrôler si la température est montée ou pas. Ici, même quand tu vas voir un médecin,  il se moque de ta gueule. Quand tu lui dis « je suis malade », ici, y’a même pas un psychiatre ou un psycholoque. Dans le CRA, c’est la première chose qu’il doit y avoir, un psychologue et un psychiatre. Parce que t’es dans un centre et y’a trop de problème, c’est obligé de voir un psychologue avec qui tu peux parler et tout ça, et t’as le droit à un psychiatre, qui parle avec le psychologue, et comme ça le psychiatre il te dit : « tu veux quoi que je te donne? » T’as le droit à des médicaments ou je sais pas moi. Même le dentiste, du côté jaune, il y a presque 15 personnes qui ont mal aux dents, tu vas parler avec le dentiste, mais le seul truc qu’il te donne c’est quoi ? Du Doliprane. Mais je vais faire quoi moi avec du dolipane ? Je vais le prendre ce soir, ça va me calmer la douleur pendant 2-3 heures, et demain je me réveille et c’est encore pire. ça sert à quoi?
Il y a rien. Même il y en avait un, ils l’on ramené, il devait avoir une opération aux jambes. Il a fait un accident du travail. Ils l’ont ramené au bled deux trois jours avant l’opération. ça veut dire qu’ils l’ont ramené au bled, là-bas en Tunisie, mais en Tunisie, quand t’as pas d’argent, tu peux pas te soigner. Il est parti au bled, il n’avait même pas un centime, il va faire comment là-bas ? Il va être handicapé, mais à cause de qui?  A cause de la France. (…)

Nous on a pas besoin d’eux en fait. Ni des policiers, ni des médecins, ni de rien du tout. S’ils nous laissent faire le ménage, on peut faire le ménage. Si on peut avoir un plat dans la chambre, on cantine des trucs, on fait à manger, on a pas besoin d’eux en fait. Je vous jure, il y a des policiers, on peut même plus voir leur tête tellement ils ont des gueules, on dirait des gueules de diable en fait. Surtout le matin, on leur dit bonjourà la porte de la chambre, t’as vu comment eux ils disent bonjour ? On dirait ils se foutent de ta gueule en fait. Je te jure. Hier, ils sont venus me réveiller pour aller au jugement, ils sont venus à 7 heures, ils m’ont dit : « Bon, t’as une demi-heure pour te préparer ». J’ai regardé l’heure, à 7h15 j’étais prêt, je me lève pour faire le café et tout, ils me disent à 7h17 qu’on doit y aller. Je leur dis que j’avais jusqu’à 7h30, ils me disent : « non, on a pas tous la même heure ». Comment ça on a pas tous la même heure ? ça veut dire quoi ? Ils prennent des gens pour des cons ? Ils prennent trop trop trop les gens pour des cons. C’est n’importe quoi.

 

 

(1) Forum Réfugiés, l’association qui officie au CRA de Lyon pour « l’accompagnement juridique » des prisonnièr·es, mais qui en réalité travaille main dans la main avec la police.

(2) PAF : Police aux Frontières. Police qui gère les CRA, et qui commet des rafles dans les gares, aux frontières…

(3) côtés : les différents blocs au sein du CRA de Lyon.

(4) médicaments prescrits entre autres pour le traitement de l’épilepsie, ou de la dépendance à l’opium ou l’héroïne. Tous ces médicaments entraînent une forte dépendance.

« Parce que nous on est là, on est dans la réalité du virus, le virus il circule, on est la dedans et personne ne nous aide, personne ne fait rien pour nous aider ». Témoignage de D. enfermé au CRA de Lyon Saint-Exupéry (10.11.2020)

Salut, comment ça se passe à l’intérieur pour toi  ?

Pour dire la vérité, ici il y a des problèmes très graves, on a déjà 13, 1Liberté pour tou.tes les prisonnier.es !4 cas de positifs au Coronavirus, peut-être qu’il y en a d’autres, mais on sait pas encore, parce qu’il y a beaucoup de monde qui fait pas le test. On a peur de savoir qui a le corona, et  il y a personne qui fait rien. On n’a pas beaucoup de protection, on n’a pas d’hydrogel, on a un masque pour une semaine, c’est le masque jetable qui dure trois, quatre heures je crois, nous on l’utilise pendant une semaine. Je sais pas, là on fait la grève de la faim. On essaye de parler, mais on est toujours agressé par les agents parce qu’eux ils ne veulent pas qu’on fasse des dénonciations comme quoi on a peur d’être ici par rapport au virus.

Vous êtes combien en ce moment à peu près ?

A peu près, on est plus de 90 personnes.

Et il se passe quoi avec les personnes testées positives au virus ?

Il les on pris et ils les ont juste mis dans une autre partie, c’est des containers je crois ou des trucs comme ça, comme isolés, mais je sais s’ils ont un truc de spécial, c’est juste un isolement, comme une garde à vue.

Et comment il réagit le médecin ?

Hier, moi j’ai demandé tout seul de faire le test parce que j’avais peur. Mon collègue de chambre aussi il a demanndé. Mais après ils nous demandent pas toujours de le faire , je sais pas qui pourrait venir nous demander de faire le test. Ceux qui ont envie de faire le test, il faut qu’ils aillent demander. C’est pas tout le monde qui le demande ; le médecin, il demande rien lui. Nous, on a demandé au médecin qu’est ce qui se passe, pourquoi ils font pas quelque chose pour nous sortir de cette situation. Ils disent que pour le moment, ils peuvent rien faire et qu’ils vont réfléchir s’il y a plus de cas. Mais là, les cas ils augmentent tout les jours. Ça veut dire que nous tout le monde va être contaminé. Parce qu’en plus, on est 4-5 personnes dans les chambres, c’est pas possible.

Et tu disais que ça fait combien de temps que la grève de la faim a commencé ?

Ça fait une semaine.

Et c’est quoi la réaction de la police et de Forum réfugié ?

Ils ne réagissent pas. Ils s’en foutent. C’est pas leur problème. Ils ne font rien. Ils ne font rien pour nous libérer.

Tu voulais adresser un message aux médias et aux associations ?

Moi c’est sur que je veux adresser un message aux médias, aux parlementaires, à tout le monde qui peut entendre ce message. Parce que nous on est là, on est dans la réalité du virus, le virus il circule, on est la dedans et personne ne nous aide, personne ne fait rien pour nous aider. En plus, il y a toujours des va-et-vient de personnes qui arrivent à l’intérieur, et ça c’est pas possible. On a déjà 14 cas de virus et ça va augmenter, c’est sûr que ça va augmenter.

Tu veux rajouter quelque chose ?

Faîtes quelque chose pour nous. On peut pas rester. On risque, on est trop dans le risque, trop de personnes qui sont malades. On peut pas rester là, c’est pas possible de rester là dans ces conditions comme ça.

« voilà comment on traite les gens. on est isolés. c’est vrai qu’il y a des caméras mais dans les chambres il y en a pas. dans les chambres il y a que des agressions ». Témoignage de X, prisonnier au CRA de Lyon

Je raconte en détail depuis le début. Ils m’ont emmené à l’isolement à cause du monsieur qu’ils disent qu’il a le corona, il est positif. ce monsieur il est venu de prison. il a passé une semaine avec moi dans le centre, avec tout le monde. et là du coup ce monsieur il a une grippe ou quoi. après il est parti faire le test. ils disent qu’il faut mettre ce monsieur à l’isolement. ils font exprès de me mettre avec lui pour me mettre aussi à l’isolement.

ils m’ont emmené à l’isolement hier, j’ai demandé le matin des cigarettes comme tout le monde. j’ai donné 20 euros au guichet pour qu’ils m’achètent un paquet. ça coûte 10,40 euros, j’ai pas de monnaie j’ai donné 20 euros. du coup après quand ils m’ont emmené à l’isolement j’ai parlé à la personne, « j’ai besoin de cigarettes ». normalement à 11 heures ils emmènent les cigarettes. j’ai appelé à 11 heures, midi, midi trente… il vient pas. Le gars il fait exprès pour que je fume pas. moi je suis en colère, je dis « comment, ils m’emmènent quelqu’un qui a le virus corona, il habite avec moi, après ils m’emmènent à l’isolement, il n’y a aucune protection dans cette chambre… ». Voilà. Et quand ils m’ont emmené les cigarettes, j’ai vu la monnaie, il m’a rendu que 5 euros. 5 euros et un paquet. J’ai dit « comment ça se fait, normalement c’est 10,40 euros ». Là il m’a dit « Ferme ta gueule », je sais pas quoi. Il m’a parlé méchamment. J’ai dit « on s’en fout », j’ai fumé une cigarette. Et là ils sont partis.

Après j’ai appelé pour mes vêtements. ils sont venus avec tout, les masques, les protections. ils sont entrés dans ma chambre, ils m’ont fait tomber par terre. ils ont cassé la puce de mon téléphone. moi j’ai rien compris. Pourquoi ils ont fait ça ? j’ai rien compris. après quand j’ai pensé dans ma tête je me suis dis c’est à cause de la préfecture. j’ai la pression sur moi pour que je fasse un test. parce que ce jour-là quand on m’a demandé de faire un test j’ai refusé (1). et voilà. et  quand ils sont partis j’ai cassé la poignée de la porte et j’ai bloqué la porte à l’intérieur et j’ai dormi. j’ai dit je vais faire la grève de la faim, on s’en fout, l’essentiel c’est que ça se passe pas encore. et ils sont revenus, à 10 personnes, comme si ils avaient trouvé un terroriste ou quoi. ils sont entrés dans ma chambre, par terre, avec les bottes, ils me frappent… c’est pas la peine. J’ai demandé le médecin, ils veulent pas. le médecin il est venu me voir parce que comme j’ai un accident, une fracture au niveau du cou, ils m’ont bandé sur un tabouret fixe (?). c’est la même chose, la fracture elle est comme avant. j’ai demandé le médecin, il n’y a pas. j’ai demandé les secours, il n’y a rien. j’ai appelé la police, ils ont dit « tu peux pas te déplacer, tu es au centre de rétention ». j’ai appelé les pompiers et là… je sens qu’ils m’écoutent.

après ils m’ont emmené au mitard. parce que j’ai cassé cette poignée, ils m’ont foutu au mitard. j’ai passé la nuit, ils voulaient me mettre des ceintures sur le lit mais comme le garde du soir il me connaît car ça fait 75 jours que je suis là et j’ai aucun problème, je suis quelqu’un de correct, il leur a dit de me laisser libre. franchement je suis dégoûté. j’ai tapé ma tête sur la vitre incassable. je l’ai cassée. ils ont fait des photos comme quoi je suis un voyou. c’est toujours moi la victime et c’est toujours moi le voyou. demain normalement j’ai le tribunal. ils m’ont dit non tu vas pas voir le tribunal, dans trois ou quatre jours tu vas voir directement le procureur il t’envoie directement au tribunal. normalement moi demain matin c’est fini, 75 jours. comme je vais dépasser les 75 jours, après je vais voir le tribunal. c’est un peu bizarre, j’ai rien compris franchement. soit ils appliquent la loi correctement, soit ils l’appliquent pas… mais eux ils sont pas en train d’appliquer la loi.

comme il y a du terrorisme dehors, surtout à cause du Tunisien qui a fait l’attentat à Nice, un terroriste ou je sais pas c’est qui même, moi je paie la facture, parce que je suis Tunisien. Mais moi je dis non, je dis que j’ai rien fait, en France je vis tranquille. Au contraire, je suis professionnel de construction de bâtiment. et là aujourd’hui je paie la facture d’un fou, d’un terroriste. […] ils lâchent les terroristes et ils m’attrapent moi parce que j’ai la nationalité tunisienne.

moi tout ce qui m’inquiète c’est mon fils. quand je réfléchis, j’ai quitté mon fils, j’arrive pas à trouver une solution. je suis depuis dix ans ans en France, j’ai jamais fait de garde à vue. aujourd’hui ça fait 75 jours de prison, pire que la prison, parce que j’ai pas de carte de séjour. c’est pas ma faute si j’ai pas de carte de séjour. c’est la préfecture qui me donne pas de carte de séjour. c’est pas ma faute si je suis pas marié avec une Française pour avoir une carte de séjour, je suis marié avec une Italienne, c’est le destin. et là je peux rien changer. moi j’ai pas pensé aux papiers. J’ai pas cherché les moyens pour faire un mariage blanc et avoir des papiers, je cherche une femme pour avoir une famille.

voilà comment on traite les gens. on est isolés. c’est vrai qu’il y a des caméras mais dans les chambres il y en a pas. dans les chambres il y a que des agressions, ils parlent méchamment. Bon c’est pas tous, franchement. y’a des policiers qui comprennent. mais y’a des policiers qui travaillent avec la préfecture. Comme m’a dit un civil, « le préfet il gagne 30 000 euros, tu peux rien lui faire. Il peut t’envoyer même sans test en Tunisie ». Je me suis dit bah voilà, c’est pas la fin du monde. si je rentre, je rentre. je prends la mer et je reviens au moins en Italie, je vais voir ma femme et mon fils. j’ai pas le choix. j’ai travaillé 10 ans en France, je mérite pas ça moi. si j’ai un casier judiciaire sale ou si je suis un voyou ou quoi que ce soit, oui. mais là, j’ai des fiches de payes, je cotise chaque mois, j’ai eu aucune aide depuis que je suis venu sur le territoire français. ils m’ont pas payé la formation. et là aujourd’hui je suis professionnel.

moi je sais bien que la loi française est pas comme ça. j’ai un enfant, je connais bien la loi, c’est pour ça que j’attends, je vais me présenter devant un juge, je vais parler avec lui. si il me comprend il va me libérer, si il applique la loi … je sais pas d’après quelle loi c’est, je suis contre cette loi. comment un père de famille peut être emmené en prison parce qu’il rentre pas chez lui. si ils veulent m’expulser, j’ai l’Italie, j’ai mes papiers en Italie. pourquoi ils m’emmènent pas en Italie ? Normalement je devrais aller avec ma femme en Italie, pas en Tunisie. Parce qu’ils sont en colère contre les terroristes tunisiens ou je sais pas quoi… Mais c’est pas ma faute, le terrorisme. c’est partout le terrorisme ! même en Tunisie on a des terroristes.

dans ma chambre il y a un gars ils disent qu’il est positif et il est toujours avec moi. ça veut dire quoi ? ils veulent m’emmener le virus ? j’ai rien compris franchement. on est deux personnes victimes d’une autre personne qui a fait le test, elle est positive et elle est toujours avec nous. il y a des personnes positives qui sont à l’isolement de l’autre côté. et il y a une personne positive qu’ils ont emmenée avec nous. ça se voit, le mec il tousse, il a le corona, c’est vrai. il a la gorge, la respiration, ça va pas… j’ai parlé avec le médecin il m’a dit bon on n’est pas sûr, on attend 7 jours après on va voir si il l’a ou il l’a pas. mais c’est quoi ça ? moi je prends le risque d’être là avec quelqu’un peut-être il l’a, peut-être il l’a pas. et après moi je vais être victime de qui ? de lui ! victime de la loi française ! c’est pas la loi française, c’est la loi administrative de la préfecture. Ils m’ont dit « le préfet il est responsable ». comment il a le pouvoir ce préfet qu’il m’emmène le corona, il détruit ma vie ? Mon travail ils m’appellent ils m’envoient des messages chaque jour, « viens travailler ». moi pendant le confinement quand toute la France ils étaient chez eux moi je travaillais sur le chantier. et maintenant ils m’emmènent ici.

c’est pas la peine, je raconte ma vie… de toute façon moi je vois que c’est le destin. même ma femme elle a dit, « tu demandes, on va y aller en Italie. Y’a pas beaucoup de travail mais ça va aller. » Mon fils chaque jour il m’appelle, « papa tu viens quand ? ». ça me fait mal. y’a une loi qui protège les enfants aussi en France, mais ils l’appliquent pas. […]

moi de quoi j’ai besoin? De ma femme, de mon fils, de ma vie tranquille. Soit riche, soit pauvre, on s’en fout, l’essentiel c’est qu’il y a une loi qui me protège moi, ma femme et mon fils.

 

(1) il souhaite refuser le test car légalement c’est une condition préalable à l’expulsion. Refuser le test est un moyen d’éviter l’expulsion. Mais le refus de test est considéré comme un refus d’embarquer, et donc passible de prison ferme.

Grève de la faim au CRA de Lyon ! Les prisonniers dénoncent leur situation alors que 11 personnes ont été testées positives au Covid-19. Témoignage

Bonjour. Moi je m’appelle X. ça fait 25 jours que je suis au centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. le truc là, ça va être mal tous les jours. Les gens qui ont attrapé le coronavirus ici, déjà y’a 11 personnes positives. Et aujourd’hui ce matin on s’est réveillés, ils ont amené deux personnes en isolement. Ils ont dormi à côté de nous et tout. Et là on demande le droit à parler avec la police, parler avec les gens, lancer à l’extérieur comme quoi il y a le coronavirus ici. Y’a pas de moyens sanitaires, rien, et la liberté, rien. Le policier il m’a dit nous on s’en fout. Il m’a dit « moi je travaille, mon travail ici 8 heures, après je pars je m’en bats les couilles de ce qu’il se passe ici ». La grève de la faim, ça fait trois jours, y’a personne qui est venu nous voir, y’a personne qui a parlé sur nous, ya personne qui a… du tout.

y’a quelqu’un, mon copain, il a mal au dos, ça fait quatre jours, je sais pas combien de temps. y’a personne qui l’a cherché. y’a mon copain, il a une opération de l’épaule, avec les papiers de l’hôpital comme quoi il a un rendez-vous pour l’opérer à l’épaule. il voulaient pas le sortir pour opérer.

moi personnellement j’ai trois gamins français, ma femme française, je travaille. je suis en CDI et tout. et là ils me ramènent ici au centre de rétention, ils m’ont pas libéré, je sais pas pourquoi.

Là ça devient compliqué trop trop. y’a des gens ici… moi personnellement si j’avais pas mes enfants je penserais à me suicider ici. y’a beaucoup de gens aussi ici ils pensent à ça. y’a quelqu’un avant-hier il a bu la javel pour se suicider. on l’a sauvé. on l’a pas laissé boire la javel.

ici y’a pas de droits de l’homme, y’a personne qui a parlé sur nous, ils parlent avec nous comme des chiens. on a des habits sales. y’a pas de nettoyage dans la chambre. on est 5 personnes dans une chambre de quatre mètres sur deux. La police vient, elle parle mal, elle dit « ferme ta gueule, ferme ta gueule la pute, ferme ta gueule sale pute ». Ils taillent, ils respectent pas le comportement des gens, ils respectent rien.

Et là ça va compliquer, c’est compliqué. ça fait trois jours qu’on est en grève de la faim, y’a des gens ils sont quatre dans leur chambre. y’a des gens qui sortent pas de leur chambre. On a attendu qu’il y ait des gens de l’extérieur qui nous aident. S’il vous plaît. Et personne ne nous a aidés, à part les journalistes, à part vous, à part les journaux, à part ça y’a personne. Et y’a pas de droits pour voir la famille, y’a pas de visites. On n’a pas de visites, on n’a pas le droit de voir la famille, on n’a pas le droit pour voir les gens de l’extérieur, y’a personne. Et en plus on fait les papiers ici pour faire l’appel, pour appeler l’avocat, ils voulaient pas. La cabine de téléphone, le fixe. Quand y’a des gens ils ont pas de téléphone ici pour appeler l’extérieur ou les gens de leur famille, y’a pas la cabine de fixe. Elle marche pas la cabine. Et voilà, s’il vous plaît, aidez-nous.

On est 127 personnes dans le centre de rétention de Lyon-Saint-Exupéry. Il y a des gens handicapés. Il y a des gens qui ont attrapé le coronavirus depuis une semaine ils sont là ici avec nous. Ils les ont amenés en isolement, ils sont sortis positifs, ils les laissent dans notre chambre, avec nous. Y’a pas le moyens sanitaires. Y’a pas de masques, ils donnent pas de masques. Ils donnent pas les produits sanitaires pour se laver les mains, pour ça y’a rien. Les shampoings ils donnent des tubes, ils donnent des sachets de shampoing, des petits sachets comme ça. tu les mets sur tes cheveux, tu sais pas si t’as mis du shampoing ou si t’as mis de l’eau. En plus on n’a pas de droits de rien. on sent qu’on est… c’est pas la France… c’est la France qui dit liberté égalité fraternité ? Nous on voit pas ça. En vérité on voit pas ça.

L’association, à part Forum le jour quand tu rentres ils te donnent le papier, les règles de là-bas, il dit ramène moi le papier parce que demain tu passes au juge nanana. Après demain, après je sais pas quoi, y’a rien, c’est bon. Ils nous aident pas. Même faire une photocopie on n’a pas le droit.

ça fait quatre jours que je demande un rendez-vous au médecin, y’a pas de place. Ils me disent le médecin accepte que les gens qui sont rentrés aujourd’hui, les nouveaux. Il accepte pas les anciens. J’ai dit moi je suis ancien je suis nouveau c’est pareil ! je suis malade. il me dit non, on n’a pas le droit, on n’a pas ça. J’ai dit je suis malade je tousse, ça fait trois jours j’ai la gorge… les gens qui ont le coronavirus ils étaient avec moi, je suis malade. Ils me donnent pas de rendez-vous, non. Ils me parlent mal, même le médecin ici il parle mal, il me dit on n’a pas ça, on n’a pas ça. Si tu parles mal avec lui il va appeler la police. La police va t’amener à l’isolement.

Les assistantes sociales ici elles font rien. Y’a pas d’assistantes sociales ici du tout. Y’a que Forum pour faire les papiers. Pour envoyer les papiers au juge et c’est tout.

J’ai la toux ça fait trois jours. Ils donnent pas de médicaments. Moi j’ai dit je passe pas chez le médecin mais donne moi juste des sachets pour la toux. Que j’achète moi. Ils me disent non, t’es pas dehors, t’es au centre.

Normalement on a le droit à la visite une demi-heure par jour, chaque personne. Et les policiers ils disent non on fait pas les visites comme ça eux ils travaillent pas beaucoup. Ils disent qu’il y a un papier, du juge je sais pas quoi, qui dit qu’ils ont arrêté les visites. J’ai dit montre nous le papier! montre nous le papier qui interdit les visites, on va regarder. on va lire, moi je lis je crois mes yeux, donne moi le papier, je regarde. si y’a pas de visite ok. si vous me dites le juge a envoyé les papiers comme quoi y’a pas de visites par rapport au covid 19, vous nous montrez pas le papier, comment ça se fait. Il dit « non je te montre pas les papiers ». Tu sais en fait y’a un groupe de la police ils laissent la visite, et l’autre groupe il laisse pas la visite. Un groupe laisse la visite, un groupe il laisse pas. C’est comme ils veulent. ça veut dire si ils sont pas contents y’a pas de visite, si ils sont bien dans leur tête et tout ils laissent la visite.

Je te jure, j’ai trois enfants, je pense à mes enfants ici. mes enfants français, ma femme française. Je pense à eux. sinon je vais être suicidé ici. je suicide ici, je te jure je suicide ici. J’ai pas pu faire de test, ils voulaient pas me ramener au médecin, ils voulaient pas me proposer de test ni rien. Ils veulent pas. j’ai demandé le médecin, ça fait trois jours, ils voulaient pas. si j’ai le coronavirus, je suis déclaré à personne. Les gens qui sont positifs ils sont ramenés de l’isolement après ils sont ramenés avec nous. Nous on a parlé on a dit monsieur ils ont le coronavirus, ils ont dit non non y’a pas de place. Là-bas c’est le quartier des femmes, on peut pas laisser les gens à l’isolement là-bas. Ils ont dit « débrouillez-vous, marchez pas à côté d’eux c’est tout ».

y’a pas d’expulsions en ce moment. Les frontières algériennes, tunisiennes, marocaines : fermées. les frontières fermées. Ici y’a que les gens albanais qui sont expulsés. Mais nous, les frontières sont fermées. J’ai le droit de sortir. j’ai tous les papiers pour sortir. j’ai ma carte de séjour qui est valable. j’ai tout ça. Pourquoi ils nous libèrent pas ? ils te ramènent ici pour ouvrir le centre, pour faire travailler les policiers et pour donner à manger, pour payer les autres pays. parce que c’est les étrangers qui payent les habits, les serviettes, c’est eux qui payent. Eux ici ils disent que si on ferme le centre on va tomber dans la galère ou… les marchandises marchent pas nanana… c’est politique. C’est politique. […]

On va compter sur vous pour le moment. y’a 11 personnes qui sont positives ici. si ils ramènent des gens de l’extérieur, je te jure le centre il va être fermé. Parce qu’ils ont pas le droit de nous garder comme ça. Sur la tête de mes enfants, y’a plein de gens qui sont positifs ici. je te jure. Je jure pas sur la tête de mes enfants pour rien. […]

Marié avec une Française, trois gamins français. Mes enfants, tous français. J’ai des fiches de paye, je travaille dans une usine. Et je suis là. y’a des gens qui ont des papiers et ils sont là. Ils ont fait n’importe quoi, je sais pas qu’est-ce qu’ils cherchent. […]

On fait la grève de la faim depuis trois jours on n’a pas mangé, y’a des gens qui sont tombés dans les pommes et tout.  La police leur a dit va manger va manger, ils ont dit « je préfère la mort je mange pas. » « je préfère la mort. » Ils te taillent, ils te frappent, ils te parlent mal. si tu parles mal, si tu réponds, la police taille mais toi t’as pas le droit de répondre. si tu réponds tu vas à l’isolement. C’est pas tous, même le monde, c’est pas tous méchants, c’est pas tous bien. mais ici 98% des gens de ce centre c’est tout le travail qu’ils font, ils sont méchants avec nous.  imagine, je suis dans mon lit,  je pense à mes enfants, ma femme, pour les voir, pour sortir, pour au moins la visite. y’a un policier le soir il vient me voir il me dit « donne moi ta carte sale pute ».

y’a des copains normalement ils ont une opération. ils doivent être opérés. y’en a un c’est la police qui a cassé son bras. ils ont serré les menottes, il a pas dit au médecin comme quoi c’est la police qui a cassé son bras. et le médecin quand il a fait la radio il a dit « normalement tu vas sortir en urgence pour faire une opération de l’épaule ». après quand il a dit à la police « je vais sortir le monsieur pour faire une opération de l’épaule » la police elle a dit « non on n’a pas le droit d’amener les gens à l’hôpital ».