Rassemblement contre la loi Darmanin, les frontières et les CRA

RDV le 21 janvier 2023 à 17h devant le CRA 2 en soutien aux prisonnièr.x.s

Le gouvernement s’apprête à faire passer une nouvelle loi raciste et xénophobe, dite « loi Darmanin ». Celle-ci prévoit d’augmenter fortement les expulsions d’étranger-es et de systématiser le recours à leur enfermement, avec le projet déjà lancé de créer 3000 nouvelles places en CRA (« centres de rétention administrative », des prisons pour expulser les étranger-es) d’ici 2027.

Pour faire passer ses projets, Darmanin a notamment utilisé Lyon comme un terrain d’expérimentation. Ses visites-spectacles l’été dernier à la Guillotière, suite à un emballement politico-médiatique raciste, ont permis d’intensifier les rafles et la répression sur les personnes étrangères ou sans-papiers dans le quartier. Instrumentalisant la situation du quartier pour promouvoir son discours sécuritaire, il en a profité pour « inaugurer » le nouveau CRA ouvert à Lyon St-Exupéry depuis janvier 2022, marquant sa volonté d’en construire de nombreux autres.

La situation dans les CRA est déjà extrêmement violente. Les mauvais traitements infligés aux prisonnier-es y sont quotidiens et systématiques. Ils font partie de la répression. Ce n’est pas de nouvelles places en CRA dont il y a besoin, mais de mettre un terme à ce système d’enfermement et de discrimination selon les origines, la situation administrative ou la couleur de peau.

Dans le cadre de l’appel à mobilisation nationale « CONTRE LA LOI DARMANIN : 3 mois pour monter en puissance » lancé par les collectifs de la Marche des Solidarités,

Rendez-vous samedi 21 janvier 2023 à 17h devant le CRA 2 de Lyon-Saint-Exupéry, rue de Chypre à Colombier-Saugnieu, à côté de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry (accès en transport : bus TCL 47 – depuis Meyzieu ZI – arrêt « Aéroport Saint-Exupéry gare routière » / Rhône Express).

À bas les frontières et les CRA !
Liberté de circulation et papiers pour toustes !

Enfermement et soin sont incompatibles. Réponse à la lettre ouverte du médecin du CRA de Lyon Saint Exupéry.

TW : violence médicales, tentatives de suicide.

 

Il y a quelques semaines, le médecin du CRA de Lyon a démissionné en publiant une lettre ouverte (https://www.rue89lyon.fr/2022/12/20/demission-medecin-centre-retention-lyon-fabrique-violence/) expliquant qu’il ne pouvait plus exercer son métier à cause des « conditions dégradées » dans le centre ces derniers mois. Pourtant cela fait des années que des prisonnier-es du CRA de Lyon témoignent de violences de la part du corps médical. En dénonçant uniquement un manque de moyen et une dégradation de ses conditions de travail, il masque le véritable problème : soin et enfermement sont incompatibles.

Ce témoignage a été beaucoup diffusé par les associations et les médias. De nombreux autres récits – qui contredisent celui-ci – ont été publiés par le passé, sans retenir la même attention, parce que c’étaient ceux des prisonnier-es elleux-mêmes, dont la parole est systématiquement délégitimée ou ignorée par rapport à celle des institutions, dont le corps médical. Accorder plus d’importance à ce témoignage d’un médecin qu’à celle des premier-es concerné-es participe à l’invisibilisation des prisonnier-es, de leur parole et de leurs luttes.

Ce témoignage sert un discours qui légitime l’incarcération en affirmant que les problèmes dans les centres de rétention (et autres prisons) seraient dus uniquement à de mauvaises conditions d’enfermement ou à un manque de moyens et non à l’enfermement en lui-même. Dans les CRA, les médecins n’ont pas vocation à améliorer les conditions de vie des détenu-es, ils font partie du système de maintien de l’ordre. La dégradation des conditions de santé des prisonnier-es est un outil de l’État pour réprimer et contrôler les personnes étranger-es, et les médecins à l’intérieur des CRA en sont l’instrument (voir l’article : https://abaslescra.noblogs.org/le-juge-le-flic-et-le-medecin/).

*

Au CRA de Lyon, que ce soit dans l’ancien CRA ou dans le nouveau ouvert en 2022, les prisonnier-es ont toujours dénoncé de mauvais traitements par les médecins. Ces derniers n’ont jamais réagi pendant des années et ont participé activement aux violences qui y ont lieu quotidiennement.

Le 16 mars 2019, des détenu-es en grève de la faim écrivaient dans un communiqué (https://crametoncralyon.noblogs.org/nouvelle-greve-de-la-faim-au-centre-de-retention-de-lyon-et-appel-a-soutien-17-03-2019/) :

« ils nous donnent des médicaments donnés pour les gens vraiment fous sans ordonnance sans rien (comme Diazépam, Lyrica, Valium, Prazépam, Tercian, Zopiclone, Théralène, Subutex) et même les infirmières elles sont courant de tout. Les gens ils font la grève mais elles leur donnent des médicaments pour les intoxiquer même y en a des pères de famille ils se charclent ici il a des points de suture ils l’ont laissé comme ça au confinement sans qu’on le soigne y a quelqu’un aussi il a une maladie du foie il obligé qui soigne »

En avril 2019, Yanis, détenu au CRA, dénonçait aussi le recours systématique à des traitements lourds pour mieux contrôler les prsionnier-es (https://crametoncralyon.noblogs.org/temoignage-de-yanis-detenu-au-cra-de-st-exupery-avril-2019/) :

« Concernant les soins, il n’y a pas de soins ici, c’est … C’est de la merde. Ya que du Diazepam et tout. Yen a, jsais pas moi, concernant… moi j’ai consulté le médecin l’autre jour, elle m’a donné du Diazepam, moi j’ai, je suis un peu stressé, elle m’a dit « deux Diazepam ».
Et deux Diazepam je sais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là parce que c’est … C’est un anti-dépresseur ou quelque chose comme ça. Moi c’est pas une dépression c’est un petit stress passagère. Mais c’est…
Mais je savais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là, mais du coup ya une euh… une grande euh… Une grande euh… C’est la majorité qui prend ces médicaments là… C’est parce que c’est… C’est exprès qu’ils font ça ou je sais pas… […] Je sais pas pour calmer les gens peut-être, je sais pas… »

À l’automne 2020, un prisonnier tabassé par les flics racontait comment le médecin avait minimisé ses blessures pour couvrir ses agresseurs (https://crametoncralyon.noblogs.org/jai-peur-franchement-vous-me-faites-peur-je-pense-il-suffit-quon-vous-donne-quelques-droits-la-et-vous-allez-commencer-a-tuer-des-gens-vous-temoignage-de-x-tabass/) :

« Pour moi, c’est pas un médecin. C’est pas un médecin. Il m’a dit « ouais, je vois, t’as une cicatrice sur ton front, t’as des bleus sur la tête », mais  il y avait le policier à côté de lui, mais franchement, vous prenez les gens pour quoi ? Je lui ai dit, « toi t’es pas un médecin en fait, tu viens me voir au mitard, tu me dis montre tes bras, montre tes jambes, mais déjà, quand tu viens me voir, devrait pas y avoir la police à côté de toi là, et la vérité, je lui ai dit, t’es pas un médecin toi, t’es un policier, t’es plus qu’un policier ». C’est plus qu’un policier lui, je sais, je suis parti à l’infirmerie le lendemain, je suis allé voir l’infirmière pour porter plainte, tout ça, ils m’ont donné 0 jours d’ITT, j’ai montré à l’infirmière, regarde, hier j’étais pas bleu comme ça, j’étais pas gonflé comme ça ». Elle m’a dit, « ouais, c’est vrai, je vais parler avec le médecin ». Ils m’ont pas appelé. »

En novembre 2020, en pleine épidémie de covid (plusieurs dizaines de prisonnier-es testé-es positifs), les détenu-es dénonçaient l’absence totale de mesures sanitaires, face à quoi le médecin n’a rien fait :

« J’ai dit je suis malade je tousse, ça fait trois jours j’ai la gorge… les gens qui ont le coronavirus ils étaient avec moi, je suis malade. Ils me donnent pas de rendez-vous, non. Ils me parlent mal, même le médecin ici il parle mal, il me dit on n’a pas ça, on n’a pas ça. Si tu parles mal avec lui il va appeler la police. La police va t’amener à l’isolement. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/greve-de-la-faim-au-cra-de-lyon-les-prisonniers-denoncent-leur-situation-alors-que-11-personnes-ont-ete-testees-positives-au-covid-19-temoignage/)

« J’ai demandé le médecin, ils veulent pas. le médecin il est venu me voir parce que comme j’ai un accident, une fracture au niveau du cou, ils m’ont bandé sur un tabouret fixe (?). c’est la même chose, la fracture elle est comme avant. j’ai demandé le médecin, il n’y a pas. j’ai demandé les secours, il n’y a rien. j’ai appelé la police, ils ont dit « tu peux pas te déplacer, tu es au centre de rétention ». j’ai appelé les pompiers et là… je sens qu’ils m’écoutent. après ils m’ont emmené au mitard. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/voila-comment-on-traite-les-gens-on-est-isoles-cest-vrai-quil-y-a-des-cameras-mais-dans-les-chambres-il-y-en-a-pas-dans-les-chambres-il-y-a-que-des-agressions-temoignage-de-x/)

« Ceux qui ont envie de faire le test, il faut qu’ils aillent demander. C’est pas tout le monde qui le demande ; le médecin, il demande rien lui. Nous, on a demandé au médecin qu’est ce qui se passe, pourquoi ils font pas quelque chose pour nous sortir de cette situation. Ils disent que pour le moment, ils peuvent rien faire et qu’ils vont réfléchir s’il y a plus de cas. Mais là, les cas ils augmentent tout les jours. Ça veut dire que nous tout le monde va être contaminé. Parce qu’en plus, on est 4-5 personnes dans les chambres, c’est pas possible. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/parce-que-nous-on-est-la-on-est-dans-la-realite-du-virus-le-virus-il-circule-on-est-la-dedans-et-personne-ne-nous-aide-personne-ne-fait-rien-pour-nous-aider-temoignage-de-d-enferme-au-cra-de/)

Ou encore ce témoignage d’un prisonnier dénonçant la réaction du médecin suite à la tentative de suicide d’un co-détenu :

« Le médecin il s’en bat les couilles ! je lui ai dit t’es payé pour ça, il m’a dit « tu me parles pas comme ça. moi suis pas payé pour ça, je suis pas payé pour la merde pour le covid et tout. il m’a dit j’ai mon salaire normal je me casse pas les couilles ». je l’appelle il me dit comme ça « tu me casses pas les couilles ». la dernière fois j’ai appelé la police, j’ai appelé le médecin, « ramène moi un médicament ». ils ont appelé, il était chez lui, il a dit quoi ? il a dit « lui il casse les couilles tous les jours, ramène-le à l’isolement ». ils m’ont ramené à l’isolement. » (https://crametoncralyon.noblogs.org/on-compte-sur-vous-pour-fermer-ce-centre-cest-catastrophe-on-est-trop-touches-temoignage-de-x-prisonnier-au-cra-de-lyon-14-11-20/)

En plus des risques sur la santé physique liés au covid, l’inaction et le mépris des médecins face à l’épidémie dans le CRA ont eu un impact très violent sur la santé mentale des personnes enfermées (stress, peur d’attraper le virus, isolement…).

Si à l’époque les nombreux cas de covid au CRA avaient attiré l’attention des médias et des associations pour quelques temps, ensuite les violences médicales ont continué, dans l’indifférence totale.

En juin 2021, des prisonnier-es en grève de la faim témoignaient (https://crametoncralyon.noblogs.org/ils-shootent-la-plupart-des-personnes-covid-maltraitance-et-violences-policieres-au-cra-de-lyon-temoignages-des-prisonnier%c2%b7es-3-7-06/) :

«  Bah le médecin vous savez, ils sont pas avec nous. Donc du coup, eux ils sont dans leur bureau, ils savent vraiment pas ce qui se passe, ils sont dans leur coin. sauf quand quelqu’un est malade, mal aux dents, n’importe quoi, c’est doliprane quoi. Après ils essaient de donner aussi des… je vais pas vous mentir hein, ils donnent aussi beaucoup des… ce qu’ils prescrivent aussi beaucoup c’est des… comment ils appellent ça déjà? des calmants, anxiolytiques, voilà. Ils shootent la plupart des personnes. »

«  ça se passe mal, ils nous traitent comme des animaux. Ils nous mettent la pression, ils nous narguent, ils nous disent : comme mon ami il a la dent cassée, il est dans sa chambre dans l’isolement [car il est positif au covid], il va mourir, il a parlé avec les flics ils ont dit : « prend un doliprane et allonge toi », il a parlé avec le médecin il a dit « prend un doliprane ». On est malmenés quoi ! on est pas des êtres humains, on est du bétail, on est du bétail voilà. Y’a un copain aussi là il est malade, il est trop malade, il est au mitard ça fait cinq jours.
– Pourquoi il est au mitard depuis 5 jours?
– Parce que il est tombé de son lit, il s’est cassé le bras et y’a eu du sang, ils ont dit : « t’as fait exprès », et ils l’ont mis au mitard. »

Le déménagement dans le nouveau CRA neuf en janvier 2022 n’a amélioré en rien la santé des prisonnier-es, comme avait témoigné l’un d’eux en mai dernier (https://crametoncralyon.noblogs.org/temoignage-de-x-on-dit-le-pays-des-droits-de-lhomme-quand-on-se-donne-cette-etiquette-il-y-a-un-degre-de-respecter-les-humains/) :

« Au niveau médical, j’ai eu un début de, je sais pas, parce que je l’avais jamais eu dehors, un début de problème cardiaque. Je faisais déjà de la tension, a plus de 17° de tension, déjà ce n’était pas très bon, pendant plus de 2 semaines. […] Dejà même si c’est dehors, pour un être humain, faire de la tension à plus de 17° pendant 2 semaines, c’est un risque de danger, ça peut causer un problème cardiaque. Et pour celà, au moins on doit avoir un suivi médical, un peu ordonné. Et là, sans toutefois me faire des examens, on me propose de me mettre sous traitement. Et quand je demande pour voir le traitement, c’est des somnifères qu’on me donne ! Et quand tu refuses ça devient un problème ! (inaudible). Tu dois au moins me faire des examens,  me mettre sous traitement, avec un suivi médical bien ordonné qu’on peut défendre. Mais pas me dire directement on va te mettre sous traitement et quand tu regarde ce que tu m’as donné c’est ce que tu donnes, le même traitement, à tout le monde qui est au centre. On retrouve particulièrement les mêmes problèmes, parce que quand tu regardes les comprimés qu’on donne à d’autre gars, tu reviens avec quelque chose qu’il a eu, c’est pratiquement les mêmes comprimés qui sont donnés chaque fois. »

En mai 2021, notre collectif avait déjà alerté de nombreuses structures et associations  (https://crametoncralyon.noblogs.org/il-est-impossible-de-soigner-dans-les-lieux-denfermement/) sur ces pratiques médicales abusives, tout en rappelant l’incompatibilité entre soin et enfermement :

« Au lieu de les accompagner et de leur apporter les soins nécessaires, par définition incompatibles avec l’enfermement, les unités médicales au sein des CRA minimisent les souffrances psychiques et physiques exprimées, et participent ainsi à renforcer la vulnérabilité des personnes concernées. Déjà soumises à la violence administrative et policière inhérente à l’enfermement, les prisonnièr-es sont donc également confronté-es à une violence médicale plus difficile à dénoncer. »

*

La lettre ouverte du médecin démissionnaire du CRA de Lyon n’apprend donc rien de nouveau sur les mauvais traitements subis par les prisonnier-es. En revanche, elle passe sous silence l’hypocrisie du corps médical qui s’est rendu complice et acteur de ces violences pendant des années.
Cette lettre est dégueulasse. Elle légitime en de nombreux points le discours étatique, par exemple en reprenant l’idée raciste et classiste que les prisonnier-es du CRA seraient des personnes dangereuses et violentes, et donc qu’iels seraient en partie responsables de leurs mauvaises conditions de détention.

En se focalisant davantage sur les supposées violences des détenu-es que sur celles structurelles de la détention, cela le conduit à remettre en question la relative « libre circulation » au sein du CRA et à déplorer le fait qu’il n’y ait pas de surveillants, comme en prison, pour « pacifier » la détention. En prenant pour exemple les prisons, il invisibilise et nie là encore la réalité vécue par de nombreuses personnes enfermées dans ces prisons, où, en plus de la violence des matons, les conditions médicales sont tout aussi violentes, comme le documente depuis des années le journal anticarcéral l’Envolée (https://lenvolee.net/).

L’enfermement en soi, ainsi que la menace de déportation, ont des conséquences désastreuses sur la santé des personnes, car ces institutions traumatisent, usent de violences physiques et psychologiques, torturent, sont la cause de tentatives de suicide.  Pour nous il ne peut pas y avoir de « relations normalisées » dans une institution raciste dont la raison d’être sont l’enfermement et l’expulsion, pas plus « qu’attendre sereinement son expulsion » n’est possible ou souhaitable. Les prisonnier-es ne cessent de résister et iels ont raison.

Sous couvert de critiquer le système carcéral, ce genre de discours ne fait que le renforcer, en prétendant qu’il pourrait y avoir une « bonne » manière d’enfermer.

Répétons-le encore une fois : soin et enfermement sont incompatibles. Les CRA et les prisons tuent.

Pour un droit à la santé pour toustes,
Abolition des CRA et de toutes les prisons !

Le collectif Lyon Anticra

Soirée de soutien à la lutte anticra SAMEDI 8 OCTOBRE 2022 + PROGRAMMATION DISPO!!

Samedi 8 octobre 2022 de 18h30 à 1h30, soirée de soutien à la lutte contre les CRA à Grrrnd Zero (60 av de Bohlen, Vaulx-en-Velin) !

Lyon Anticra, c’est un collectif de soutien aux prisonnièr.es du centre de rétention administrative de Lyon et de lutte pour la fermeture de tous les centres de rétention, les prisons pour les personnes sans-papiers.

Pour soutenir les prisonnier.e.s dans leur lutte, on fait des visites et des appels. Parfois on apporte des choses aux prisonnièr.e.s (affaires, nourriture, recharges mobile, clopes…). On publie leurs témoignages sur notre blog et sur les réseaux. On revendique la fermeture des centres de rétention, la fin de l’enfermement et des expulsions, la liberté de circulation et la régularisation pour tout.e.s.

 

Pour tout ça nous avons besoin de thunes !

il y aura plein de concerts (rap, trap, afropop, djset), des pizzas… et aussi de la documentation. on pourra prendre le temps de se rencontrer, discuter, échanger…

Alors venez danser, chanter, manger, boire et papoter pour soutenir la lutte.

Horraires: 18h30 – 01h30

Entrée: Prix Libre

Programmation:

-m4uv3
(musique cosmique et élémentaire, un flow comme cicatrisation, du rap transfem DIY 100% maison)
https://distrokid.com/hyperfollow/m4uv3/plutonienne-2

-Nogo
(rap/afropop)
insta: @nogo.y

-SPL 145
(influences rap (trap, boombap) et chants avec des textes engagés)
https://youtube.com/channel/UC6i6E5SNOvWpdoFa09yXbOg

-Jocker A7 et Ismail A50
(Rap de Villeurbanne)

-MC bandit mic pro du mic et DJ orlala
(Rap Croix-Rousse)

-Martial Pa’nucci
(Hip-Hop militant melant musiques traditionnelles africaines à celles du Rap)
https://youtu.be/FQWpWu–CkM

-Ameth Sissokho DJ Charles & Cheikh
(Blues de la Goutte d’Or à Paris)
https://www.youtube.com/watch?v=32tzzlUlDyw

-DJ Yanka
(sets rap, trap, drill, rnb, l’emo trap, hiphop alternatif, représentant les artistes femmes et lgbtq+ dans ces mix)
https://linkr.bio/yanka

 

A BAS LES CRA

A BAS LES FRONTIÈRES

SOUTIEN À TOUSTES LES PRISONNIÈR.ES

Cantine de l’Anticra le 17 juin à 18h30 + concert de Sounds of the South à l’annexe de l’ECG à 22h

Tout coûte cher dans les centres de rétention administrative*, et avoir de l’argent est un des seuls moyens de rendre le quotidien un peu plus supportable  dans ces prisons pour les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers (besoin de recharges mobiles et téléphones sans caméra pour rester en contact avec les proches, nourriture, tabac, vêtements, produits d’hygiène). Priver de ces besoins vitaux les personnes enfermées fait partie de la répression et de la violence exercées sur elles·eux par l’État. Pour soutenir les personnes enfermées et leurs luttes le soutien matériel est nécessaire. Nous proposons ces petits coups de pouce aux personnes avec qui nous sommes en contact. Pour ça, on a besoin d’argent !
Lutter contre les CRA c’est aussi s’en parler, s’informer, diffuser et partager un maximum la parole des personnes prisonnières dans les CRA ou directement concernées par le risque d’arrestation, d’enfermement et d’expulsion.
Après un premier rendez vous place Mazagran en mai dernier, le collectif Lyon Anticra propose de s’y retrouver à nouveau le 17 juin autour d’un repas collectif a prix libre.
À bas les CRA, à bas les frontières, soutien à tous·tes les prisonnièr·es !
Organisé par le collectif Lyon anticra – collectif de soutien aux prisonnièr.es du CRA de Lyon et de lutte pour la fermeture des centres de rétention
*Les centres de rétention administrative sont des prisons où les personnes sans papiers avant leur expulsion. Il en existe deux à Lyon près de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, où sont emprisonnées plus de 2000 personnes chaque année.
In CRA* everything is expensive,  and having money is one of the only ways to make everyday life a little more bearable in these prisons for people who do not have the «right» documents. (mobile recharges and phones without cameras to stay in touch with loved ones, food, tobacco, clothing, hygiene products, etc.) Depriving people of these vital needs is part of the state’s repression and violence against them.  To support the prisoners and their struggles material support is necessary. We offer these little nudges to the people we are in contact with.

Fight against  CRA* is also, talk about it, inform ourselves, and share a maximum the word of the prisoners in the CRA or directly concerned by the risk of arrest, imprisonment and expulsion.

After a first meeting in Place Mazagran last May, the Lyon Anticra collective proposes to meet again on June 17 around a collective meal at free price.
The ‘Centres de Rétention Administrative’ (CRA) are prisons where undocumented foreigners are cooped up before (being sent back? deportation). Two of them exist in Lyon, near St Exupéry, where every year thousands of people are imprisoned.
La cantine place Mazagran sera suivie d’un concert du groupe Soundz of the South à l’annexe de l’Espace Communal Guillotière à partir de 22h
After the canteen, there will be a concert of the band Soundz of the South at l’annexe de l’ECG from 22h pm.

Témoignage des prisonnierxs du CRA de Lyon le 02/06/2022

Des prisonnierxs du CRA de Lyon témoignent le 2 juin 2022. Un prisonnier est actuellement à l’isolement suite à une tentative de suicide.

 

– Comment c’est à l’intérieur du centre de rétention ?

– Pour nous, comme des chiens là. Ils nous fouillent tous les jours. Il y a un groupe, il est gentil avec nous ; il y a un groupe, il nous provoque tous les jours. Il nous cherche tous les jours. Même le midi, on mange pas bien ici t’as vu. On parle la vérité, nous on mange hallal. On mange pas les choses haram et tout. Et eux ils ramènent le poulet, ils ramènent des choses haram. Je te jure, aujourd’hui, les gens ils mangent un pain et un fromage.

– Et ils vous fouillent quand ?

– A midi, quand on sort pour manger. Ils nous fouillent.

– Le matin, ils nous fouillent.

– L’après-midi, ils nous fouillent. Le midi aussi. Ils rentrent dans nos chambres, c’est le bordel tu vois. Ils débarrassent tout, les lits et tout. Ils fouillent nos lits tous les jours.

– Et hier, ils vous ont interdit la promenade ?

– Oui, ils ont fermé la promenade. On est tous dans le couloir, on fait va-et-vient, va-et-vient.

– Ils ont fermé la promenade toute la journée ?

– Oui toute la journée. On a eu juste le temps du ménage, de 13h30 à 15h. Et la dernière fois, ils ont pas fait le ménage. Ils ont laissé les chambres dégueulasses, ils ont changé que les poubelles. Hier ils ont fermé la promenade comme ça, sans raison. Quand on est rentré à 15h, ils ont fermé la promenade direct. Y’en a d’autres, ils veulent parler.

– Bonjour. En fait, ce qu’il a dit mon collègue c’est vrai. Par exemple, à manger, ça nous ramène rien. Les plats vides. Un quart de baguette par jour. Ça nous parle mal. Ça nous pousse tous les jours. Quand on sort du réfectoire, quand on finit de manger, bah c’est bon on sort normal et tout, bah ça nous pousse genre « vazy rentrez chez vous ! ». Vous avez compris ? Ça nous parle trop mal en plus. La dernière fois, il y avait un gars, les policiers ils l’ont attrapé par le cou, bah il a pas aimé alors il s’est déchiré tout avec la lame. Ils se sont foutus de lui hein. Maintenant son ventre il est ouvert jusqu’à maintenant. Ça va pas du tout ici, ça va pas. Par exemple, y’avait un gars, il a réclamé du pain, il avait pas trouvé du pain sur son plat au réfectoire, il a dit « ouais monsieur, y’avait pas de pain sur le plat », oh il se fait sortir dehors, il se fait menotter ! Oh il est devenu tout en sang ! Parce qu’il a réclamé son pain, c’est tout… Enfait on n’a pas le droit de parler, on n’a pas le droit de faire rien. On est enfermés, c’est tout. Y’a des groupes, y’a des groupes bien, y’a des groupes pas bien. Y’a même un il a avalé une lame, ouais, tentative de suicide carrément.

– Et il est allé à l’hôpital ?

– Non il est à l’isolement là. Ils s’en foutent de lui. Celui qui a le ventre ouvert, il est là. Il est pas soigné, il se fait pas coudre le premier jour, alors là c’est trop tard. Là c’est le troisième jour. Mais c’est pas que ça ! Même les parloirs ! Il y a des gens qui viennent pour voir leurs proches, ils laissent personne venir. Ils laissent pas les gamins rentrer, ils laissent pas les habits rentrer, ils laissent pas les cigarettes rentrer. Ils laissent rien. Bon c’est bon pour moi.

 

A bas les CRA. A bas les frontières. Solidarité avec toustes les prisonnièrxs.

Mobilisation nationale contre les violences pénitentiaires le dimanche 29 mai

Appel rejoindre la manifestation appelée par l’Association Idir Espoir et Solidarité !

Le 29 mai 2022 auront lieu des évènements pour protester contre les violences pénitentiaires, les mitards et les morts en détention. RDV à Lyon, place Bellecour à partir de 14h… et ailleurs en france !

L’association Idir, Espoir et Solidarité a été créée suite au décès de Idir au mitard (quartier disciplinaire) de la prison de Lyon Corbas en septembre 2020.
Pour la seconde année, nous appelons à organiser le dernier dimanche du mois de mai (dimanche 29 mai 2022), une grande mobilisation à l’échelle nationale, contre les violences pénitentiaires et les morts en prison, et pour la fermeture des mitards et des quartiers d’isolement.

En prison, les violences de la part de l’institution et du personnel sont nombreuses, et se passent généralement dans le silence. Il est très difficile pour les détenus de faire respecter leurs droits, car la justice est souvent complice de l’administration pénitentiaire.

Les morts en prison se succèdent sans que rien ne change. Parfois il s’agit d’un refus clair de l’administration de soigner les détenus malades; parfois, des détenus meurent dans des incendies de cellule qu’ils ont provoqué car ils ont très peu de moyens pour se faire entendre; la violence de l’enfermement amène au désespoir, et ce sont ces conditions insupportables qui poussent de trop nombreux détenus au suicide; parfois, il s’agit de meurtres, qui sont maquillés en suicides.

Le mitard, et les quartiers d’isolement, sont des lieux faits pour briser les détenus, et ce sont les endroits principaux où ont lieu les violences et les morts, car ils sont à l’abri des regards. L’isolement est depuis longtemps considéré comme une torture.

Les détenus ne sont pas de simples numéros d’écrou. Ils ont le droit à la considération, et leurs vies comptent. Nous voulons que tout cela cesse.

  • Nous ne voulons plus de violences de la part de l’administration pénitentiaire
  • Nous ne voulons plus de morts en prison.
  • Nous voulons la fermeture des quartiers disciplinaires, et des quartiers d’isolement.

Nous invitons chacun à organiser dans sa ville, selon ses possibilités, un événement à cette occasion. Manifestation, rassemblement, projection, discussion, présence en ville ou devant la prison… tenez nous au courant, l’union fait la force!

A Lyon, nous ferons une manifestation à 14h au départ de la place Bellecour, et nous comptons sur vous!

 

Après la manifestation, apéro et cantine de soutien à l’Ile égalité : bouffe, concerts, open mic, de 19h30 à minuit au 4 rue de l’Égalité, 69100 Villeurbanne (métro Cusset).