« J’ai peur, franchement vous me faites peur, je pense il suffit qu’on vous donne quelques droits là, et vous allez commencer à tuer des gens vous ».Témoignage de X., tabassé par la PAF, le 02.11.2020

Salut, comment ça se passe à l’intérieur pour toi ?

Franchement, moi depuis que je suis là, comme je t’avais dit, j’ai fait le Centre de rétention quatre fois dans ma vie, bah celui de Lyon, c’est le pire, les policiers, je veux pas tout mélanger, pas tout le monde, mais les policiers qui ont frappé Mr. Bokoko la dernière fois, ils m’ont frappé avant-hier moi aussi, pour rien, ils m’ont mis en garde à vue 24h, attaché, scotché sur un lit où il y a même pas de matelas, il y a rien, je sais même pas pourquoi, parce que je suis rentré quand ils sont sortis, j’ai rien fait en fait. Il y’a rien, il y avait rien du tout, je suis resté 24 heures. Ils m’ont coupé le chauffage la nuit, ils ont ouvert la fenêtre, il y avait pas de matelas, pas de draps, pas de couverture, rien. Le policier là qui m’a frappé, il fait plus que 45 ans, il est métisse, peut-être Indien, je sais pas, il a une tâche noire sur son front. Lui il n’arrête pas de frapper les gens, surtout dans les chambres.

C’est pas la première fois qu’il frappe des gens, c’est ça ?

Nan, c’est pas la première fois. Hier, il est passé devant moi, il y avait presque 8 personnes à côté de moi. Heureusement, il y avait des civils. Il est passé, j’ai dit aux gens : « Regardez, c’est lui le policier qui frappe tout le monde, il m’a frappé sur la tête, c’est lui qui a frappé Mr. Bokoko la dernière-fois ». Il l’avait démonté. Après, le policier a marché un peu, il s’est retourné et il a dit « écoute, écoute, j’ai entendu que tu m’as dit sale fils de pute ». Alors que j’ai rien dit. J’ai même pas commencé à parler, les 8 personnes à côté de moi elles ont commencé à crier : « Arrête de mentir, on a jamais entendu ça ». Moi j’insulte personne ici, j’ai jamais insulté.

Et Forum Réfugié et le médecin, ils t’ont dit quelque chose ?

Le médecin, il est venu me voir après qu’ils m’ont détaché. Parce que je t’ai dit, ils m’avaient attaché en fait, je frappais derrière la porte, parce que je ne comprenais pas ce que je faisais là, ils m’ont menotté et ils m’ont scotché. Ils m’ont menotté derrière le dos et ils m’ont mis du scotch en haut de mes bras et ils m’ont scotché les pieds en bas, et les jambes. 3 heures après, ils sont revenus, ils m’ont détaché parce que j’avais trop mal aux épaules, elles étaient toutes gonflées, jusqu’à maintenant j’ai mal. Ça veut dire que si je vais voir un vrai médecin maintenant, il va me donner au moins une semaine d’arrêt maladie ou plus, parce que j’ai des cicatrices bleues tout ça, bref. Il y a une chose que je n’ai pas comprise, parce que Mme. Elodie, elle, c’est la cheffe de Forum, elle était là quand ils m’ont pris pour rien et j’ai rien fait. Mais attends, je finis d’abord au mitard. Dès qu’ils m’ont détaché, le médecin est venu me voir 10 minutes après. Pour moi, c’est pas un médecin. C’est pas un médecin. Il m’a dit « ouais, je vois, t’as une cicatrice sur ton front, t’as des bleus sur la tête », mais  il y avait le policier à côté de lui, mais franchement, vous prenez les gens pour quoi ? Je lui ai dit, « toi t’es pas un médecin en fait, tu viens me voir au mitard, tu me dis montre tes bras, montre tes jambes, mais déjà, quand tu viens me voir, devrait pas y avoir la police à côté de toi là,  et la vérité, je lui ai dit, t’es pas un médecin toi, t’es un policier, t’es plus qu’un policier ». C’est plus qu’un policier lui, je sais, je suis parti à l’infirmerie le lendemain, je suis allé voir l’infirmière pour porter plainte, tout ça, ils m’ont donné 0 jours d’ITT, j’ai montré à l’infirmière, regarde, hier j’étais pas bleu comme ça, j’étais pas gonflé comme ça ». Elle m’a dit, « ouais, c’est vrai, je vais parler avec le médecin ». Ils m’ont pas appelé. Et Mme Elodie, elle, la cheffe là, moi je voulais bien que ça soit elle qui prenne la plainte, je sais pas, elle a assisté, je voulais bien que ça soit elle qui prenne la plainte, elle était comme un témoin quand ils m’ont pris pour rien. J’ai rien fait, j’ai pas insulté, rien. Les gens qui les insultent, je vois, ils sont là, tous les jours : « nique ta mère », mais les policiers ils les amènent pas. Et moi, j’ai rien fait, ils m’ont amené 24h dans le froid.

Pourquoi tu penses qu’ils t’ont fait ça à toi ?

Bah parce que c’est lui le flic contre qui j’ai témoigné [en septembre]. C’est lui qui m’a frappé. Ça se voit comment il est, comment il parle, je suis désolé de dire ça, mais il m’a pris les couilles et il m’a pincé, j’ai jamais vu ça de ma vie, et quand j’ai bougé, il m’a pris ma tête contre le mur, je sais pas, contre un coin, il y a une cicatrice, et en fait, il a eu peur quand il a vu qu’il y avait un peu de sang et tout ça, et à partir de là, dès qu’il a vu que j’ai saigné un peu, je l’ai plus vu, il a disparu. Je l’ai juste vu hier soir, il est venu dans notre truc, j’ai dit « regardez, c’est lui qui frappe tout le monde, pourquoi tu frappes tout le monde ? ». Il a marché un peu […] avec son collègue, et puis il s’est retourné et il a dit « Ecoute, écoute, Mr. X, j’ai entendu que tu as dis sale fils de pute ». Moi, j’ai pas parlé, les gens ont dit « arrête, arrête, il a pas dit, on a jamais entendu qu’il a dit ça ». Après, je suis allé voir les civils, ils m’ont dit, « oui, on a entendu pas mal de choses à propos de lui [du flic] ». La vérité, lui, la dernière fois, il a failli tuer le mec, il l’a défoncé,  il a mis son pied sur son cou, il arrivait plus à respirer, comme moi avant-hier, j’arrivais plus à respirer, parce qu’ils m’ont trop attaché, ils m’ont trop scotché, j’arrivais plus à respirer. Je bougeais trop, je me suis fait mal.

 

Tu veux parler un peu de la situation dans le CRA avec le nouveau confinement ?

Ça change rien. Il y a plus de visites, ça c’est normal. Je te dis, depuis qu’il m’a frappé, je vais plus à la cantine, je vais plus manger. Franchement, je vais pas à la cuisine. Sinon, dans le CRA, il y a 80 personnes. C’est tout dégueulasse. Ils ont libéré deux Algériens.

Mais vous avez pas d’informations précises ?

Nan. Il y a 80 personnes. Les 20 plus anciens,  ceux qui ont passé le plus de temps, il y a moi et un autre gars qu’ils ont emmené en GAV, parce qu’il a refusé un test. Il y a deux mecs on sait pas où ils sont, leurs parents ils appellent, mais on sait pas où ils sont.

Tu veux rajouter quelque chose ?

Franchement, on comprend rien. L’équipe de nuit, il y en a deux ou trois c’est des racistes pire que lui je pense. Hier, il y en a un, il m’a poussé dans la chambre… Parce qu’avant-hier, en fait, quand j’étais en GAV, il y avait une caméra. Il m’a dit quoi ? « J’ai envie de te défoncer, vas-y j’ai envie de t’éclater la gueule, dommage je peux pas faire ça ». C’est un gros avec un crâne rasé. Hier, dans la chambre, il me dit « T’attends quoi pour faire une autre carte ». Je lui dis « Bah, demande à tes collègues ». Il me dit, « Toi, tu fermes ta gueule ». je lui ai  dit « nan, moi je ferme pas ma gueule ». Il est venu, il m’a poussé,  je suis tombé. C’était dans la chambre, hein. Il m’a dit : « Quand je parle, toi tu fermes ta gueule ». J’ai rigolé, ça m’a fait rire, j’ai dit, « j’ai peur, franchement vous me faîtes peur, je pense il suffit qu’on vous donne quelques droits là, et vous allez commencer à tuer des gens vous ». C’est un truc de fou. Il y a deux équipes, en fait. Dans celle de la nuit là, il y en a quelques uns, ils sont dégueulasses, c’est des dégueulasses, ils ouvrent la porte la nuit, ils prennent ta carte, ils ferment la porte sur la gueule. Quand t’essayes de l’ouvrir, ils poussent, ils disent « ferme ta gueule, sinon je t’éclate la gueule ». Hier, j’essaye d’ouvrir la porte, il a tiré la porte, il m’a poussé, il m’a dit : « Là je peux t’éclater la gueule, mais j’ai pas trop le temps ». Parce qu’il y a pas les caméras dans la chambre en fait. Il me dit : « toi, je vais pas t’oublier ». Mais je fais rien […]. Là, j’arrive pas vraiment à marcher, ni à lever les bras.

 

“Ici on est pas des esclaves” : GREVE DE LA FAIM EN COURS AU CRA DE MESNIL !

Article sur : https://abaslescra.noblogs.org/ici-on-est-pas-des-esclaves-greve-de-la-faim-en-cours-au-cra-de-mesnil/

« Quelques heures après la fin de la grande marche des sans-papiers, les prisonniers du CRA de Mensil-Amelot répondent en lançant une grève de la faim.

On était des milliers dans la rue aujourd’hui à Paris pour exiger la régularisation de toustes les sans-papiers et l’abolition des centres de rétention. A l’intérieur et à l’extérieur de ces prisons, la lutte continue : soyons solidaires avec les prisonniers et les prisonnières !

Voici le témoignaige d’un prisonnier en lutte, à faire tourner au max.

A BAS LES CRA ! »

« On fait une grève de la faim pour plusieurs raisons :

– les gens qui font 90 jours puis on les envoie en garde à vue, puis on les ramène pour 90 jours à nouveau. Par exemple les Tunisiens : pour un refus de test ils t’envoient en prison, tu te prends une condamnation de 3 ans ! Ou alors tu fais 90 jours, puis on te ramène en prison quelques temps, puis on te ramène au CRA encore 90 jours, ça c’est pas possible.

– les algériens : on les met en CRA alors que les frontières sont fermées. Pourquoi ? Ils disent “oui on te met en CRA parce que ça va bientôt réouvrir” mais c’est pas vrai on voit les informations on voit que partout il y a le Covid, ici il y a le couvre feu, en Tunisie par exemple encore pire il y a le couvre feu et les hôpitaux qui sont pleins.

– alors qu’il y a le Covid ici il ramènent des vieux, ils font pas de test, ils ramènent n’importe qui, chaque jour ils ramènent des gens. Un vieux a 79 ou 80 ans vous imaginez il a peut-être même vécu la guerre ?

– La nourriture est pas bonne, ils nous crient dessus, ils tabassent les gens. Il se passe des trucs de ouf ici, ils tabassent les gens, il y a pas de chauffage dans les cellules vous imaginez ? J’ai une seule couverture à l’heure où je vous parle.

C’est pour ça que les gens font la grève de la faim ici. Ils veulent que quelqu’un écoute, un magistrat, les journalistes. Ils veulent montrer, envoyer un message, que les gens nous voient. On est pas comme les autres centres ici c’est pire. Par exemple pour venir te voir au parloir, personne ne vient, c’est trop loin et trop compliqué pour venir, et le comportement des policiers fait que les gens ne reviennent pas. Imagine la personne fait un long chemin pour venir, il te ramène de la bouffe, et ici on leur dit que c’est pas possible et on jette la bouffe dans la poubelle !

Toutes les nationalités ici font la grève. Tout le monde fait la grève dans le bâtiment 3, 4, 5, 6, 7 et 8. On a envoyé le message au CRA 2 on va voir comment ça va se passer.

On va faire une grève de la faim jusqu’à ce que quelqu’un nous entende. Ici on est pas des esclaves, c’est fini l’esclavage, ici on vit comme des merdes.  »

« il m’a donné un coup de poing, ils m’ont mis les mains derrière, ils m’ont dit mets-toi à terre, ça se fait ? Est-ce qu’on est des chiens ? ». Témoignage de H. du CRA de Lyon

Nous on est ici comme des chiens. Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire, comme des chiens ? La vie des chiens elle est plus belle que notre vie. Pourquoi y a tant de gens racistes en France ? C’est la première fois que j’ai vu des gens racistes comme eux, je te jure, oui en France, ça ne se fait pas de faire ça 

C’est pire qu’en Italie ?

En Italie jamais j’ai vu des personnes comme ces personnes en France, jamais. C’est pas toute la police, mais ce groupe-là de la police [Police aux frontières]. T’as vu ceux qui ont donné un coup de poing à l’autre mec, A, ça se fait pas comme ça, on est comme des chiens. Nous aussi on a notre vie, plein de choses à faire.

Qu’est-ce qui s’est passé samedi matin ?

J’avais rien fait, ils sont rentrés, et j’ai dit vaffanculo la France, parce qu’il y a beaucoup de racistes. Moi j’ai mes papiers, mon père il m’a envoyé les photocopies du permis de séjour, de la carte d’identité, beaucoup de choses, moi maintenant, je vais pas à l’école, ça fait déjà depuis 20 jours que je suis pas allé à l’école. Je suis ici en prison, moi normalement je suis à l’école à X.

Quand est-ce que t’es arrivé ici ?

Ça fait deux mois à peu près. J’ai fait Marseille-Paris parce que j’ai mon cousin à Paris. Y pas de train direct pour Marseille, du coup, j’ai pris le train Paris-Lyon, je suis arrivé à Lyon, et je me suis fait arrêter par la police. Et c’est là qu’ils m’ont envoyé dedans. Voilà, je te dis, même les chiens ils mangent pas cette bouffe-là.

Et t’es en contact avec ta famille à X ?

Oui, avec mon père, juste mon père. Eux ils m’ont dit qu’ils vont m’envoyer en Tunisie, mais moi j’ai pas de famille en Tunisie, j’ai pas de famille en Tunisie. Pourquoi me renvoyer en Tunisie ? Je vais dormir dans la rue, y a rien à faire en Tunisie, j’ai pas de famille là-bas, je veux juste retourner en Italie avec mon père. Pourquoi ces gens ils font ça avec nous ? Qu’est-ce qu’on a fait ? Je te jure, nous, on a rien fait. Et la police elle nous parle en nous insultant. Les choses qu’ils nous font faire, ça va pas, ça se fait pas de faire ça. Je te jure, viens voir dedans, c’est comme des chiens.

Excuse-moi, je te parle de moi, je suis le plus jeune ici, j’ai 18 ans. Pourquoi ils m’envoient en prison alors ? Pourquoi ? Pourquoi je dois passer du temps maintenant dans ma vie en prison ?

Les autres de Forum Réfugié ils travaillent ici, moi j’ai donné mes documents à Forum et quand je suis allé voir le juge, il a jamais parlé de ma vie en Italie, de mon permis de séjour, de mon père, je sais pas pourquoi, je te jure. Moi j’ai juste peur, je suis le plus jeune ici, il y a beaucoup de gens, je suis avec des gens qui sont plus vieux que mon père, 40 ans, 50 ans, je te jure […].

Les flics,  ils sont rentrés, ils m’ont pris en photo et ils m’ont dit tu pleures comme une pute. Mais pourquoi ça ? Des racistes, racistes. Il y a beaucoup de racistes ici en France. Ce groupe-là, j’ai jamais vu de police qui travaille comme ça. La police en Europe elle fait comme ça avec les gens ? Ça se fait pas, moi je suis jeune, eux ils sont venus à 5-7 et ils ont dit regarde lui comme il pleure comme une pute. Ils sont rentrés vers moi, j’étais tout seul dans la chambre, et il m’a donné un coup de poing, ils m’ont mis les mains derrière, ils m’ont dit mets-toi à terre, ça se fait ? Est-ce qu’on est des chiens ? Excuse je suis entrain de crier.

Y a eu des témoins ?

Dans la chambre j’étais seul, et quand la police elle est rentrée, tous les autres mecs sont sortis des autres chambres et ils ont regardé ce que la police m’a fait. Tout les autres ont vu ce que la police m’a fait.

T’as entendu parler du rassemblement devant le CRA vendredi dernier ? Vous avez pas eu de problèmes après ?

Nan, nan, nous aussi on a crié « liberté, liberté », et la police elle était juste en train de rigoler.

Elle rigolait ?

Oui, oui elle rigolait comme ça « hahaha ».  Je te demande un truc, est-ce qu’il y a une sélection pour sortir les gens d’ici ?

Nan, y a pas vraiment de règles. Ils peuvent décider de te laisser dedans, de te laisser sortir ou de t’expulser en Tunisie,  ça dépend; le maximum c’est 90 jours.

90 jours dedans c’est comme 90 ans, je te jure. C’est de la merde. Tu comprends quand je dis c’est la merde en France ? Quand je sors d’ici et que je retourne en Italie, jamais, jamais, jamais je reviens en France, je retourne plus jamais en France. En Italie, c’est toute ma vie. Même quand tu te fais arrêter en Italie par la police, elle t’arrête avec plus de respect. Si t’as pas les papiers, ils t’envoient une convocation, et si tu les as c’est bon, tu pars, y a rien. La police en France, c’est pas toute la police, ceux dedans, dans le CRA, et la police à la gare, parce que moi à la gare j’avais mon billet de train, j’étais en règle. Après la police elle m’a dit que j’avais pas les papiers, elle m’a emmené en « questura ». J’ai dit à la police, s’il vous plait, je peux appeler mon père pour qu’ils m’envoient les photos de mes papiers, mais ils m’ont dit non, ils m’ont même pas donné mon téléphone. Tout de suite, quand ils m’ont arrêté au commissariat, avant de venir en prison, la police m’a bloqué in « questura », à Lyon je sais pas comment ça s’appelle [Garde à Vue]. Ils m’ont dit qu’on pouvait pas appeler. Après j’ai passé 25 ou 27 heures en « questura », après je suis arrivé ici en prison. Mon téléphone il est dans le CRA, mais on me le donne pas. Ils l’ont pris avant, en GAV. Moi j’avais oublié mon portefeuille en Italie, mon père m’avait envoyé les photos des papiers. Du coup, quand je suis arrivé à Marseille, je me suis rendu compte, j’ai appelé mon père qui a vu que j’avais oublié mon portefeuille, mon argent, tout. Et c’est pour ça qu’il m’a envoyé de l’argent pour que j’achète un billet de train. C’est de la merde en France. Quand je sors, je reviens plus jamais.

 

 

 

 

« Parce qu’ici c’est la… pas bien du tout. On est en prison ici. » Témoignage d’E, prisonnier au CRA de Saint-Exupéry, 23/05/20

Je vous disais parce qu’ici c’est la… pas bien du tout.
On est en prison ici.
Ça se passe pas du tout ici. Avec les surveillants avec les.. la bouffe. Avec les… C’est tout sale. Tout est sali ici [non audible] tu prendre une infection là.
Ils mettent les personnes yen a pas de masques yen a pas aucune chose par rapport le covid19.
Il y a un directeur, toutes les personnes ils les mettent ensemble. Trois quatre personnes par chambre. Normalement la loi elle dit il faudrait être une personne par chambre.
Ça se passe pas du tout ! Ils nous considèrent comme des chiens ici.
Et ya combien de personnes là en ce moment ?
En ce moment ya… Ma section c’est 10 personnes là. Et l’autre coté jpense yen a 15.
(…)
Et du coup tu disais qu’avec la police et la nourriture… Tu parlais de la police et de la nourriture avant.
Ouais la police en fait, à partir du grand chef qui est là. Parce que je vais te dire un exemple qu’il m’a fait moi le plus grand chef avant-hier.
J’avais un copain à moi il était très mal parce qu’il fait mal aux dents.
[passage inaudible] Lui tape à la porte, mon copain, et nous on approchait aussi un peu à coté là-bas. Et moi j’ai pas dit aucun mot, il est sorti lui le grand chef. En civil, c’était un civil. Parlé avec moi lui juste à approcher à coté de lui.
Et il dit « toi qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu regardes? » Bouge ton cul ! » Il me dit. Il tapait les grilles comme ça vite, pour menacer t’as compris. Voilà.
Moi après je suis descendu, j’ai pas parlé avec lui, il était très énervé.
On peut pas faire rien avec eux parce qu’ils sont la police. Ils font comme ils veulent.
Et du coup tu parlais de la nourriture, est-ce que tu veux en parler là ?
Oui la nourriture c’est pas bon du tout. La nourriture c’est pas bon. Ils nous filent des choses qui sont terminées et des choses que ça se mange pas. Nous on mange pas ça. On mange parce qu’on a pas de manger. Yen a des fois ou on mange juste pain avec de la mayonnaise. Parce que autre chose que eux ils font là ils sont pas bon. Nous on mange pas ça. Et on jette.
Par exemple, aujourdhui on a mangé des gateaux petits et ils étaient terminés ça fait, la date de terminaison c’était 5 jours avant.
Et ça se passe comment au niveau des audiences en ce moment du coup ?
Ils nous appelent, on part en audience, on part pas au juge. Ya pas de juge. On voit pas le juge.  On voit pas l’avocate. On voit pas rien du tout.
Du coup t’es face à un ordinateur encore ?
Ouais c’est avec un ordinateur.
Et.. du coup est-ce que vous vous organisez au sein du centre de rétention un petit peu ?
Nous ouais on reste tous ensemble à discuter pour passer le temps un petit peu. Parce que on a pas d’autre choix. On a pas d’activité ici. On a pas aucune chose euh pour faire une activité. Pour passer le stress ou les choses.
Normalement on n’est pas prisonniers nous, parce qu’on n’est pas en prison ici.
Est-ce que tu veux parler d’autre chose ?
Oui jveux parler jveux parler que la justice par exemple.. Jveux dire que la justice elle doit pareil, pour tout le monde pareil. Pas comme euh.. Par exemple yen a des personnes qui viennent ici comme il y avait des Albanais il avait condamné 90 jours pour qu’ils organisent l’expulsion. Moi par exemple j’avais l’adresse j’avais tout et garantie des personnes qui sont avec moi ici j’avais OQTF juste un an et demi, et le juge il m’a refusé. Et lui il est sorti. Il y a pleins de gens qui sortent d’ici.
Ça veut dire il s’en fout le juge ! Ça veut dire la justice c’est pas pareil ! Nan ils font comment ils veulent.
Et en plus j’vais parlé de ça, de la santé, des infirmières, du docteur. Ici ya juste une infirmière ici. Le docteur ont le voit pas. Quand les personnes elles sont mal, elle dit il faut que on attend le docteur.
Quand il vient le docteur enfin après quatre jours il donne par exemple si nous sommes mal, juste doliprane quelque chose comme ça. Il s’en fout ! Ya pas de dentiste ya pas… Par exemple si tu veux mourir ici dans la nuit, tu peux mourir là. Dans la nuit ya pas de docteur ya pas d’infirmière, ya pas de rien du tout ! T’es enfermé là.
Par exemple, mon pote, mon ami, il était très mal  à cause des dents il était presque pour mourir. Il tape à la porte, arrivé le chef et on a appelé même nous même on a appelé l’ambulance aussi, extérieur. Et et elle nous a dit « on peut pas faire rien parce que ya pas de … Ya pas de dentiste »
Comment ya pas de dentiste ? Lui, il est très mal il faut, il faut donner un, comment ça s’appelle ça, un calmant pour calmer le douleur non ?
Voilà et ils laissent tout comme ça.
D’accord, ya d’autres personnes qui sont trop mal à l’interieur du centre de rétention ?
Yen a lui qui a très mal aux dents, maintenant il commence euh parce que il a fait trop de bruit ! Ça fait une semaine il a fait du bruit, une embrouille avec la police avec les infirmièr-es et tout ça. Maintenant il doit donner les calmants ça pour calmer les douleurs et [passage inaudible]. Après une semaine !
Il est gonfflé de les… du visage.
Les personnes qui sont… Les personnes qui sont libérées là, est-ce que c’est suite à des demande de remises en liberté collectives ?
Ouais ici qui s’occupe de ça yen a le forum là, forum qui fait les papiers et le juge. Forum il fait les papiers et on va au juge. Après les juge ils font le jugement.
Ok d’accord, tu veux rajouter quelque chose ?
Non juste ce que je disais tout à l’heure. J’espère que ça va améliorer les choses ici. Qu’ils vont mettre comme il faut nos droits. Pour avoir nos droits comme il faut.
Traiter nous comme comme euh… Nous on n’est pas comme ils veulent. On n’est pas des chiens on n’est pas… Même les chiens normalement il sont traités, il sont traités mieux ! C’est c’est c’est un animal. « 

Fermons les CRA, Covid ou pas

Lien vers l’article sur rebellyon : https://rebellyon.info/Fermons-les-CRA-covid-ou-pas-22232

 » Il y a un mois dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 qui déferlait en Europe, certains articles de presse ont rapidement évoqué la situation dans les lieux de privation de liberté : CRA, maisons d’arrêt, maisons centrales. Dans cet espace médiatique, quatre des associations qui gèrent les prisons pour étrangèrEs (CRA) et qui participent à la politique migratoire raciste et répressive et de l’État lançaient soudainement un appel à leur fermeture temporaire.

Elle n’est évidemment que temporaire. L’intervention dans les centre de rétention représente l’obtention de marchés publics s’élevant à plusieurs milliers d’euros. Pour ces associations la présence dans les CRA signifie des financements conséquents. L’objectif de cette fermeture temporaire est de préserver leurs salarieEs qui répriment et trient les migrantEs. Ce n’est clairement pas par souci des prisonnierEs qu’iels ont elleux-mêmes enfermé.

Le danger pour les PrisonnierEs est inhérent à l’enfermement.
Ce n’est pas le virus qui doit justifier la fermeture des centres de rétention mais bien l’existence même d’un système qui enferme, torture et déporte les sans-papiériséEs.
Cinq personnes sont mortes entre les murs des CRA en France depuis 2017 dont trois depuis août dernier. Des dizaines y sont actuellement malades. Ces associations assurent, organisent et protègent l’enfermement, les pires conditions de détentions, les violences policières, les vols, les tabassages, les humiliations, les viols, le refus de soin et la mise en danger médicale… tout ce qui structure les CRA.

Le droit à la santé (mentale ou physique) ne pourra jamais être assuré pour des personnes enferméEs, Covid19 ou pas. La violence est inhérente à l’enfermemement. Cette pandémie ajoute une violence supplémentaire pour les prisonnierEs.

Aucune valeur n’est à accorder à cet appel comme à tout appel provenant d’associations qui organisent la répression, le tri, le fichage, la déportation des migrantEs (Forum Réfugiés, Cimade, ASSFAM, France Terre d’Asile, Ordre de Malte…)

Depuis la publication de cet appel, de nombreuses associations sont retournées dans les CRA ou continuent leur répression par télétravail. Actuellement, de nombreuxses personnes continuent d’être enferméEs, dont minimum une trentaine à Lyon.

Personne ne peut se réjouir d’une fermeture provisoire, personne ne doit être enferméE ni sanspapiériséE, les CRA ne doivent tout simplement pas exister.

En tout temps, à bas les prisons et les frontières, et solidarité avec touxtes les prisonnierEs.  »

Contre la construction d’un nouveau centre de rétention administrative à Lyon, mobilisons nous !

Lien vers l’article : https://rebellyon.info/o-Contre-la-construction-d-un-nouveau-22218

Le centre de rétention adminisrative (CRA) actuel de Lyon se trouve à Colombier Saugnieu, juste à côté de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. Il a été créé en 1995 dans un ancien hôtel Formule 1. Après un premier aggrandissement en 2019, il est prévu d’en ouvrir encore un autre en 2022…

Les centres de rétention administrative sont des prisons pour étrangèr·es. Bien qu’ils ne soient pas désignés comme tels officiellement, ce sont des lieux d’enfermement où les violences policières, les menaces et les humiliations sont quotidiennes. L’État y enferme les personnes qu’il considère comme en situation irrégulière sur le territoire français. Les prisonnièr·es peuvent y être détenu·es jusqu’à 90 jours, à l’issue desquels iels sont soit déporté·es soit incarcéré·es en maison d’arrêt, soit relâché·es (tout en restant sous la menace constante d’une nouvelle arrestation).

En 2018, plus de 45 000 personnes ont été enfermées dans les 24 centres de rétention de France métropolitaine et outre mer. Cette année-là, 480 nouvelles places ont été créées, en aménageant les CRA existants, mais aussi en les agrandissant comme à Nîmes, Vincennes, Coquelles ou Lyon. En novembre 2019, le gouvernement a annoncé la construction de trois nouveaux CRA à Olivet (proche d’Orléans), Bordeaux et Lyon, avec pour objectif d’augmenter toujours plus les capacités d’enfermement. Ce sont les premières constructions de CRA depuis près de dix ans. L’État s’emploie à enfermer, torturer et expulser toujours plus les étrangèr.es. Et il ne lésine pas dans la guerre qu’il mène contre les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers.

Le CRA actuel de Lyon se trouve à Colombier Saugnieu, juste à côté de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. Il a été créé en 1995 dans un ancien hôtel Formule 1. Il a été agrandi en 2019, pour arriver à une capacité de 140 places. Il est « géré » par la Police aux Frontières (PAF) et par Forum Réfugié, association à laquelle l’Etat sous-traite un prétendu « accompagnement juridique », mais dont le rôle réel est de collaborer à la machine à enfermer et à expulser. En 2018, 1 498 adultes et 2 enfants y ont été enfermés, dont 92 % d’hommes et 8 % de femmes, selon le rapport annuel des associations qui interviennent dans les centres de rétention.
 
Le début des travaux du nouveau CRA est annoncé pour mai 2020. L’ouverture est prévue pour 2022. Il devrait être construit à proximité immédiate du CRA actuel, sur un terrain appartenant à Vinci, comme toute la zone autour de l’aéroport. Le budget estimé est de 12,5 millions d’euros, sa surface de 3200 m2, et sa capacité de 140 places. 
 
Nombre d’entreprises privées collaborent avec l’État et travaillent à maintenir le système des CRA. Entre la réouverture des CRA de Hendaye et de Geispolsheim, l’extension des CRA de Nîmes et de Coquelles, et le lancement des nouvelles constructions, les appels à projets fleurissent sur les plateformes d’annonces de marchés publics, et les promoteurs immobiliers constructeurs de taules partent à la cueillette des contrats juteux. Une poignée d’entreprises se partagent le marché : Eiffage, Thémis – FM [filiale Bouygues], Gepsa [filiale d’Engie], Sodexo, Spie Batignolles. À Lyon, la “réalisation” du nouveau CRA a été attribuée à Eiffage, censée être assisté par l’entreprise ICAMO, qui sur son site internet place la construction d’un CRA dans la rubrique “Sureté”, et qui a déjà géré des chantiers pour la prison de Saint-Quentin Fallavier.
 
À Olivet, près d’Orléans, l’ouverture est prévue pour 2023, et le coût total estimé à treize millions d’euros. Un collectif s’est monté, et une mobilisation a d’ores et déjà commencé. Le 4 avril, une manifestation devait avoir lieu à Orléans. 
 
La pandémie de Covid-19 apporte de nouveaux éléments à la situation. Dans les centres de rétention, les conditions d’enfermement étaient déjà merdiques, elles se sont encore plus dégradées : aberration d’être enfermé·es – en temps normal – mais encore plus alors que les déportations ne peuvent plus avoir lieu (plus d’avions, frontières fermées) ; parloirs interdits accentuant l’isolement ; impossibilité de respecter les « gestes-barrières » quand les cellules sont bondées ; impossibilité de « se défendre » correctement face au système judiciaire répressif, audiences au tribunal se déroulant sans les prisonnièr·es ; inquiétudes face aux incertitudes et tensions ; flics de la PAF qui peuvent entrer/sortir et diffuser le virus…. La machine à expulser ne peut plus fonctionner le système CRA montre donc son vrai visage : celui d’enfermer/torturer les personnes qui n’ont pas les bons papiers, quand bien même l’Etat et la PAF ne peuvent plus les déporter. En clair, Il faut continuer à enfermer, tant pis pour elleux s’iels crèvent.

Dans de nombreux centres, des prisonnièr·es se sont mobilisé·es, parfois en entrant en grève de la faim, pour exiger leur libération immédiate ; en faisant sortir leurs paroles à l’extérieur ; en bloquant les cours et les promenades. Bien que des détenu·es aient été libéré·es au cas par cas, les arrestations ont continué et de nombreuses personnes ont continué d’être incarcérées.

Le confinement et les politiques répressives et sécuritaires qui l’accompagnent rendent très difficile toute forme de mobilisation collective. De nombreux chantiers sont à l’arrêt, mais d’autres continuent coûte que coûte, au mépris de la protection de le santé des travailleur·euses, et il y a de fortes chances que ce soit le cas pour la construction du nouveau CRA. Il nous faut donc informer au maximum sur la construction qui se prépare, commencer dès maintenant à nous organiser collectivement, et nous tenir prêt·es à nous mobiliser rapidement, dès que ce sera possible, pour que cette nouvelle prison ne voie par le jour.

À bas les cra, à bas les frontières, soutien à tous·tes les prisonnièr·es !

BLOCAGE EN COURS DU CRA DU MESNIL-AMELOT, LES PRISONNIERS DEMANDENT LA LIBERATION DE TOUS !!!

 » Les retenus annoncent qu’ils vont passer la nuit dehors et qu’ils entament une grève de la faim !
le 11.04 en soirée
 
« On a bloqué on s’est mis tous dans une cour, c’est à dire les 4 bâtiments qui étaient ouverts dans la cour tous ensemble. Tant qu’ils trouvent pas de solution on bougera pas d’ici ! Tout à l’heure ils nous ont gazé matraqués ils ont des boucliers, depuis tout à l’heure on subit des violences pour rien ! Là ils sont à la sortie de la cour vers la grille matraque à la main, casque et ce qui va avec ! Que les journalistes nous appellent mais là ! Maintenant ! »
 
 
Au centre de rétention de Mesnil Amelot hier soir et ce matin : témoignages audio de la révolte !
le 12.04 au matin

 
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Liberté pour tou-te-s ! Force et soutien aux prisonnier-e-s ! A bas les CRA !! Feu aux frontières !!