CRA de Lyon : vidéo de la répression policière que subissent les détenu.es

[Article initialement publié sur Rebellyon.info]

Vendredi 16 août, les prisonnier.es du centre de rétention (CRA) de Lyon, au pied de l’aéroport Saint-Exupéry, ont entamé une grève de la faim. La veille, les flics les ont matraqués au sein du CRA. Une vidéo est sortie pour témoigner de ce qui se passe à l’intérieur.

Jeudi 15 août au soir, les keufs ont éteint les lumières des cellules à 22h. Iels ont matraqué les personnes à l’intérieur, ont blessé des personnes…
Une vidéo est sortie du CRA. Ces images sont rares et répondent à la volonté des personnes enfermées de montrer ce qui se passe à l’intérieur.

[Vidéo disponible ici]

Vendredi, la galère continuait avec gazage massif à la lacrymo et le parcage des personnes dans la cour, puis de certains dans une cage dans la cour.

Grosse force à elleux dans la lutte qu’iels mènent et face à la répression qu’iels subissent
Feu aux frontières, aux prisons, aux CRA qui compile les deux et à ce système d’enfermement raciste !

Témoignage de Yanis, détenu au CRA de St Exupéry, avril 2019

« Si vous souhaitez témoigner de comment ça se passe au sein du C.R.A ? Ce qui s’est passé récemment ? Voilà.

Alors euh, la première des choses on a vécu une tentative de suicide.

Yen a des flics qui n’ont pas intervenus pour sauver cela.
Yen a par contre que… des personnes du centre ils sont intervenus pour sauver la vie de cette personne.
Mais du coup, ils ont même maltraités par les flics. Comme si les flics aiment ce type se suicider tranquillement avec un sang froid et tout.
Donc euh à cause des personnes qui sont en rétention donc les gens ne doivent plus suivre. Ils sont survenu ici pour sauver la vie et on a constaté que l’indifférence de la plus part des policiers, n’ont… n’ont pas intervenu au moment qu’il … que que cette personne a fait cette tentative de suicide.
Donc euh c’est la plus, la chose la plus remarquable au centre de rétention ces derniers jours. Et du coup yen a d’autres dépassements par les flics même pour euh l’association qui… forum réfugiés.

Moi j’appelle « expulsion réfugiés », euh « forum expulsés » plutôt.
Parce que, ils donnent des mauvaises informations pour les nouveaux, ils demandent aux personnes pour faire l’asile et du coup il sont entièrement connu que impossible de… Impossible de faire l’asile.
Parce que ils vous [passage inaudible] pendant cinq jours ils vont bosser tous les informations de la personne et pour l’expulser le plus vite possible chez son pays, son pays c’est tout.

D’accord. Et est-ce que tu veux parler de comment ça se passe au sein du centre de rétention depuis que tu es arrivé ?

Donc euh… les situations et les circonstances sont entièrement défavorables, yen a un dépassement par les policiers, yen a la maltraitance, yen a l’insultation.
Ils ont insultés tous les personnes.
Ici yen a les bagarres partout donc ils ont créés une atmosphère de stress, de stress pour faire bagarrer tout le monde.
Je sais pas ça est-ce que ça c’est pour euh, c’est pas pour euh faire des drames ici ou pour euh.. Je sais pas pourquoi ils font comme ça.
Mais l’essentiel ils sont vraiment malpoli avec les gens du centre.

C’est quoi malpoli ?

Malpoli c’est une grande grossièreté. Donc euh… ils respectent pas la déontologie de leur travail, comme des flics.

Et est-ce que tu , ok, est-ce que tu souhaites parler de ce qui se passe pour les soins à l’intérieur ?

Concernant les soins, il n’y a pas de soins ici, c’est … C’est de la merde.
Ya que du Diazepam et tout. Yen a, jsais pas moi, concernant… moi j’ai consulté le médecin l’autre jour, elle m’a donné du Diazepam, moi j’ai, je suis un peu stressé, elle m’a dit « deux Diazepam ».
Et deux Diazepam je sais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là parce que c’est … C’est un anti-dépresseur ou quelque chose comme ça. Moi c’est pas une dépression c’est un petit stress passagère. Mais c’est…
Mais je savais pas pourquoi elle m’a donné ce médicament là, mais du coup ya une euh… une grande euh… Une grande euh… C’est la majorité qui prend ces médicaments là… C’est parce que c’est… C’est exprès qu’ils font ça ou je sais pas…

Pourquoi exprès à ton avis ?

Je sais pas pour calmer les gens peut-être, je sais pas…

Ok, est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?

Globalement, en général c’est défavorable. »

Retour sur le rassemblement anti-PAF du 1er avril

[Article initialement publié sur le site Rebellyon.info]

Retour sur le rassemblement anti-PAF place Guichard le 1er avril à 18 heures.

La police aux frontières (P.A.F.) traque et rafle les sans-papiers. Gestionnaire des Centres de Rétention Administrative (C.R.A.), elle les enferme, les torture et les déporte.

Il y a quelques semaines, les détenu.e.s du CRA de Saint-Exupéry ont dénoncé les conditions de rétention et les violences subies au quotidien dans un communiqué. En soutien, une centaine de personnes s’est rassemblée place Guichard derrière la banderole « Ni PAF, ni rafle, ni prison, ni expulsion ». Rythmé par les slogans anti-CRA, anti-frontières et anti-PAF, la manif prend joyeusement la rue de la Part-Dieu en direction des bureaux de la PAF. Très rapidement un cordon de CRS se dresse face au cortège. Quelques slogans plus tard, les manifestant.e.s bifurquent pour rejoindre les voies du tram et redescendent jusqu’à la PAF en empruntant la rue Garibaldi. La circulation est momentanément bloquée. Devant le bâtiment de la PAF, les CRS préparent leur matos : ils sortent matraques, spray au poivre et une grenade de désencerclement. La manif continue dans le quartier jusqu’à revenir sur la place Guichard. Suite à une intervention à l’AG du lundi soir, des gilets jaunes se joignent au cortège en scandant : « Gilets jaunes, sans-papiers, solidarité ! » Tout le monde repart en direction de la PAF, rejoint le cours Servient. Affolée, une dizaine de keufs se place devant le tribunal de grande instance. Le cortège déambule en direction de l’avenue de Saxe avant de se disperser vers 19h50. Les flics et la BAC rôdent dans le quartier, contrôlent une personne et en interpellent une autre.

Appel au rassemblement contre la PAF lundi 1er avril [29.03.2019]

[Article initialement publié le 29.03.2019 sur Rebellyon.info]

Lundi 1er avril, à 18h, rassemblement contre la Police aux Frontières (PAF) sur la place Guichard en soutien aux détenu.es du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry qui ont entamés une grève de la faim le dimanche 17 mars.

Ce rassemblement a pour but de dénoncer la Police aux Frontières (PAF), il fait suite à un début de mobilisation initié par une grève de la faim entamée par des détenu.es du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry et soutenue par une soixantaine de personnes depuis le dimanche 17 mars.

Principal outil et actrice d’une politique raciste de tri des étranger.es, la PAF constitue le bras armé d’une politique de criminalisation, de persécution et d’enfermement des personnes sans-papiers : elle réalise un grand nombre des interpellations à aux frontières, dans les lieux de transit (gares, aéroports…), devant les écoles, à l’intérieur des préfectures.

Actrice de la répression à tous les maillons de la chaîne, la PAF est également la gestionnaire des centres de rétention dans lesquels sont enfermé.es les étranger.es après avoir été arrété.es et criminalisé.es par la justice. C’est ainsi la PAF qui organise, gère et maintient l’exclusion et l’isolement inhérents aux CRA. Celle-ci exerce des stratégies d’humiliation et d’intimidation des détenu.es : tabassages, mises à l’isolement, privations de visites, menaces, insultes sont responsables de plusieurs tentatives de suicide. A ceci s’ajoute des conditions de survie matérielles désastreuses, la privation de soins adaptés, une nourriture infecte.

Les CRA sont conçus pour permettre la déportation des personnes étrangères sans papiers. La PAF assure également les déportations jusque dans les avions, à travers des escortes qui menottent, bâillonnent, et droguent les sans-papiers lors de l’expulsion pour empêcher toute résistance. Ainsi, ce rassemblement a d’abord pour objectif de briser ce système qui invisibilité et orchestres les violences policières dans des centres de rétention.

C’est l’occasion de dénoncer l’existence d’une institution et d’acteurs.rices qui détruisent, persécutent, criminalisent, enferment et déportent les personnes sans papiers, et, surtout, de donner voix aux témoignages accablants récoltés.

Soyons nombreux.ses pour dénoncer les pratiques inacceptables de la PAF, de la machine politique, juridique et carcérale.

Retour sur le rassemblement en soutien à la grève de la faim au CRA de Lyon Saint Exupéry [18.03.2019]

[Article initialement publié le 18.03.2019 sur Rebellyon.info]

Le dimanche 17 mars à 19h15, une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant le Centre de Rétention Administrative (une prison pour les étranger.e.s en attente d’expulsion) de Lyon St Exupéry pour soutenir la grève de la faim entamée collectivement par des détenus depuis le 16 mars.

Ceux-ci se révoltent contre l’enfermement et les outils de répression qui lui sont associé. Dans leur communiqué ils déclarent n’avoir « aucun droit avec ni les policiers ni forum réfugiés [association mandatée pour gérer le CRA] on est comme des animaux ». En effet ils dénoncent les violences physiques et psychologiques exercées par la PAF (police aux frontières, en charge du maintien de l’ordre du centre de rétention) ; l’absence de soins de première nécessité tout en étant surmédicamentés (distributions abusives d’anxiolitiques comme le valium, le tercian…) ; la nourriture infecte et périmée …

Pour briser l’isolement et soutenir la mobilisation des détenus, leurs proches, des familles et des militant.es contre les CRA se sont rassemblé.es devant le centre de rétention. Il leur semble impératif de rendre visible et de dénoncer la violence qui structure ces lieux d’enfermement. Ils et elles manifestent contre la criminalisation, l’enfermement et la déportation des étranger.es organisées par les politiques migratoires de l’Etat français.

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Les détenus et les soutiens ont pu communiquer à travers les murs du CRA. Le soutien avait des tambours, des darboukas, des casseroles et un mégaphone pour faire entendre leur solidarité. Des familles ont ainsi pu s’exprimer et faire passer des messages à leurs proches incarcérés. Le communiqué des grévistes a été lu, des slogans de soutiens ont été scandés. Les détenus ont répondu avec leur voix et en tambourinant contre les murs du centre de rétention. Face à ce soutien, la PAF a réprimé les détenus à coups de matraques et de gazage.

Le rassemblement s’est terminé vers 21h après que 4 camions de police aient débarqué pour mettre fin à la mobilisation. Avant de partir, les soutiens ont dénoncé la répression exercée par la police à l’intérieur du CRA.

Nouvelle Grève de la faim au centre de rétention de Lyon et appel à soutien [17.03.2019]

[Article initialement publié le 17.03.2019 sur Rebellyon.info]

Pour dénoncer l’enfermement et les conditions de leurs détentions (violence policière, pas d’accès aux soins…), les détenus du CRA ont entamé collectivement une nouvelle grève de la faim depuis le 16 mars.

On est au centre les choses mal faites on a aucun droit avec ni les policiers ni forum réfugiés on est comme des animaux y a pas télé y a plus de promenades la nourriture elle périmée les gens rattrappent des boutons comme des chiens ils nous laissent bagarrer avec des lames.

on est là y a pas de nouvelles 3 mois c’est trop on n’a pas de papiers on est pas des criminels

ils nous donnent des médicaments donnés pour les gens vraiment fous sans ordonnance sans rien (comme Diazépam, Lyrica, Valium, Prazépam, Tercian, Zopiclone, Théralène, Subutex) et même les infirmières elles sont courant de tout
les gens ils font la grève mais elles leur donnent des médicaments pour les intoxiquer même y en a des pères de famille ils se charclent ici il a des points de suture ils l’ont laissé comme ça au confinement sans qu’on le soigne y a quelqu’un aussi il a une maladie du foie il obligé qui soigne

et bah nan comme on a pas de papiers on a pas de droits mais on est des êtres humains comme tous

merci de passer nous voir

Communiqué du 16 mars 2019 écrit par des détenus en grève de la faim au Centre de Rétention Administratrif de Saint-Exupéry (Lyon)

Grève de la faim au centre de rétention de St Exupéry [04.03.2019]

[Article initialement publié le 04.03.2019 sur Rebellyon.info]

Vendredi et samedi, les détenus du CRA de Lyon St-Exupéry ont entamé une grève de la faim pour protester contre le système des CRA, les conditions de détention et la répression policière qu’ils subissent au quotidien.

Pour rappel, la police a gazé et matraqué les détenus mardi soir, conduisant 6 personnes aux urgences et 5 en garde à vue. Dans les jours qui ont suivi, la répression inhérente au CRA n’a fait que s’intensifier : la semaine a notamment été marquée par des évacuations de cellules réalisées par des flics armés de boucliers, pour procéder à des fouilles systématiques.

Vendredi matin, des flics prennent pour cible des détenus, les tabassent, et laissent notamment à l’un un œil au beurre noir. Il fera partie des deux personnes envoyées en garde à vue. Ce jour-là, les flics infligent également une punition collective à tous.tes les détenu.e.s en interdisant les visites, en empêchant les personnes d’accéder à l’infirmerie et en refusant de leur délivrer des certificats médicaux attestant de leurs blessures, et en suspendant l’achat de cigarettes. Dans ce contexte, une soixantaine de détenus entament une grève de la faim dès vendredi matin. Ils exigent la libération des personnes placées en gardes à vue, et dénoncent :

    • L’enfermement et l’isolement (séparation des familles et destruction des liens…)
    • Les violences policières et la répression (tabassages, gazages, gardes à vue…)
    • Le racisme et l’animalisation
    • La criminalisation des sans-papiers
    • La bouffe dégueulasse et non adaptée aux régimes alimentaires (pas de nourriture halal, privant ainsi de repas de nombreuses personnes détenues)
    • La non-prise en charge médicale
    • La falsification d’identité pour expulser des personnes vers des pays qui ne sont pas les leurs (par exemple, des congolais.es sont déporté.es en Angola), favorisée par un contexte de collaboration entre États et alimentée par la corruption.

Les différents témoignages apportés de l’intérieur démontrent que les violences au CRA font partie intégrante d’un système tortionnaire, destiné à broyer des vies humaines et à perpétuer une politique raciste et colonialiste. Parce que l’Etat enferme, l’Etat et la police s’octroient le droit de disposer des corps, de les matraquer, de les laisser mourir de faim, de les isoler, de les laisser crever. L’absence de soins médicaux appropriés est alarmante, mettant la vie des détenu.es en danger. Elle influe aussi sur leur force de résistance : la vulnérabilisation des personnes et le shootage aux médocs impactent la grève de la faim, qui s’est temporairement arrêtée ce dimanche.

Alors que la situation dans les CRA est affolante, Forum Réfugiés se targue d’être le garant du respect des droits à l’intérieur, mais ne fait que perpétuer une logique de business et de gestion raciste des centres de rétention. En effet, de qui Forum entend-il faire respecter les droits ? Ceux de la PAF ou ceux des étranger.es ?

Rendons cette grève de la faim publique !
A bas les CRA, à bas les frontières et soutien à tous.tes les prisonnier.es !