Grève de la faim au centre de rétention de St Exupéry [04.03.2019]

[Article initialement publié le 04.03.2019 sur Rebellyon.info]

Vendredi et samedi, les détenus du CRA de Lyon St-Exupéry ont entamé une grève de la faim pour protester contre le système des CRA, les conditions de détention et la répression policière qu’ils subissent au quotidien.

Pour rappel, la police a gazé et matraqué les détenus mardi soir, conduisant 6 personnes aux urgences et 5 en garde à vue. Dans les jours qui ont suivi, la répression inhérente au CRA n’a fait que s’intensifier : la semaine a notamment été marquée par des évacuations de cellules réalisées par des flics armés de boucliers, pour procéder à des fouilles systématiques.

Vendredi matin, des flics prennent pour cible des détenus, les tabassent, et laissent notamment à l’un un œil au beurre noir. Il fera partie des deux personnes envoyées en garde à vue. Ce jour-là, les flics infligent également une punition collective à tous.tes les détenu.e.s en interdisant les visites, en empêchant les personnes d’accéder à l’infirmerie et en refusant de leur délivrer des certificats médicaux attestant de leurs blessures, et en suspendant l’achat de cigarettes. Dans ce contexte, une soixantaine de détenus entament une grève de la faim dès vendredi matin. Ils exigent la libération des personnes placées en gardes à vue, et dénoncent :

    • L’enfermement et l’isolement (séparation des familles et destruction des liens…)
    • Les violences policières et la répression (tabassages, gazages, gardes à vue…)
    • Le racisme et l’animalisation
    • La criminalisation des sans-papiers
    • La bouffe dégueulasse et non adaptée aux régimes alimentaires (pas de nourriture halal, privant ainsi de repas de nombreuses personnes détenues)
    • La non-prise en charge médicale
    • La falsification d’identité pour expulser des personnes vers des pays qui ne sont pas les leurs (par exemple, des congolais.es sont déporté.es en Angola), favorisée par un contexte de collaboration entre États et alimentée par la corruption.

Les différents témoignages apportés de l’intérieur démontrent que les violences au CRA font partie intégrante d’un système tortionnaire, destiné à broyer des vies humaines et à perpétuer une politique raciste et colonialiste. Parce que l’Etat enferme, l’Etat et la police s’octroient le droit de disposer des corps, de les matraquer, de les laisser mourir de faim, de les isoler, de les laisser crever. L’absence de soins médicaux appropriés est alarmante, mettant la vie des détenu.es en danger. Elle influe aussi sur leur force de résistance : la vulnérabilisation des personnes et le shootage aux médocs impactent la grève de la faim, qui s’est temporairement arrêtée ce dimanche.

Alors que la situation dans les CRA est affolante, Forum Réfugiés se targue d’être le garant du respect des droits à l’intérieur, mais ne fait que perpétuer une logique de business et de gestion raciste des centres de rétention. En effet, de qui Forum entend-il faire respecter les droits ? Ceux de la PAF ou ceux des étranger.es ?

Rendons cette grève de la faim publique !
A bas les CRA, à bas les frontières et soutien à tous.tes les prisonnier.es !