[BROCHURE] Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? – 2021

La nouvelle version de la brochure « Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation? » est parue.

La brochure est téléchargeable en cliquant ici.

La brochure Sanspapiers: s’organiser contre l’expulsion. Que faire en cas d’arrestation? avait été révisée pour la dernière fois en mai 2012. Depuis, les lois ont profondément changé et elle était devenue inutilisable. La présente version, terminée en octobre 2021, tient donc compte de ces modifications.

Nous avons tenté de rendre le contenu du texte accessible malgré la complexité du vocabulaire et des démarches juridiques.
Nous avons choisi, dans la formulation du texte, de nous adresser aux personnes concernées, et cela par le vouvoiement.

Également, nous avons fait le choix d’opter, au lieu d’une écriture inclusive qui nous tenait à cœur, pour une féminisation du texte favorisant sa lisibilité. Féminisation totale du texte sauf pour les personnes représentant une institution
: flics, matons, juges, préfets…


Cette brochure vise à fournir des outils pour pouvoir au mieux anticiper et réagir en cas d’arrestation et d’expulsion. Par ailleurs, elle vous donne des informations sur la réalité législative et sa pratique répressive à chaque étape du processus de rétention et d’expulsion ainsi que sur les outils juridiques et sur vos droits afin de pouvoir mieux vous défendre.
Elle a été réactualisée à partir d’anciennes brochures, de lectures de textes de loi actuels et de retours d’expériences. Elle n’est pas complète et les pratiques évoluent rapidement, varient en fonction des préfectures et sont arbitraires. La justice de classe est aussi une loterie. Cette brochure s’inscrit dans notre combat de fond contre l’enfermement et les frontières, et reste avant tout un outil pour tenter d’échapper à l’État raciste et à sa machine à expulser. Pendant que les lois défilent, la chasse aux personnes sans-papiers s’intensifie, d’autant plus qu’en ce temps de crise les boucs émissaires sont de plus en plus nécessaires. Aussi faudra-t-il envisager de nouveaux moyens de lutte et se les communiquer.

Si vous avez des commentaires et surtout des expériences à nous transmettre, vous pouvez écrire à : anticrabrochure@riseup.net

APPEL A MANIFESTER CONTRE LES CRA ET LES PRISONS

MANIFESTATION
CONTRE LES CRA ET TOUTES  LES PRISONS
EN SOUTIEN AUX            PRISONNIÈRXS

Samedi 12/02
14h aux Palais de Justice des  24 colonnes

Le contexte électoral actuel, saturé par les mots d’ordre des extrêmes droites, renforce et légitime encore plus que d’habitude les discours sécuritaires. La répression policière et les violences d’Etat ne cessent d’augmenter; notamment envers les classes populaires,  les personnes racisé.es, et les personnes sans-papiers.
L’Etat dépense des millions  pour le surarmement de sa police, la multiplication des contrôles et des rafles, la répression des mouvements sociaux, le développement des technologies de surveillance et la construction de nouveaux lieux d’enfermement.

En prison, un.e détenu.e meurt tous les trois jours en France pour des causes multiples : suicide, passage à tabac, refus d’assistance médicale…
Les prisons sont au coeur d’un système pénal injuste, classiste et raciste. Sous prétexte d’assurer la protection de la population, isolent et traumatisent ceux et celles qui y sont condamnées, sans visée transformatrice. Bien au contraire,  elles répètent et perpétuent les inégalités et marginalisations de nos sociétés

Le maintien de l’ordre et le système punitif sont tous deux fermement ancrés dans le racisme comme le démontrent les récentes lois islamophobes, la gestion néocolonialiste des quartiers populaires, la surreprésentation des personnes racisées dans les prisons et la criminalisation des sans-papiers, dans et hors des CRA.

Les Centres de Rétention Administrative sont des prisons où l’État enferme jusqu’à 90 jours les personnes qu’il considère comme irrégulières sur le territoire français parce qu’elles n’ont pas les « bons » papiers selon l’Etat français. Prisons et CRA s’entretiennent mutuellement; ils s’inscrivent dans la boucle infernale des rafles, des chasses à l’homme, des contrôles au faciès et des politiques migratoires.

A l’intérieur des 25 CRA et des 187 établissements pénitenciers en France, les violences sont quotidiennes : policières, médicales et administratives, elles sont invisibilisées et visent à marquer les corps et les esprits afin de les soumettre et de les discipliner.
Face à cette situation, les luttes à l’intérieur sont permanentes et prennent des formes multiples :  grèves de la faim, refus de promenade, blocages de chambres, automutilations, incendies… Ces derniers temps, de nombreux mouvements de révolte ont éclaté dans les CRA (Paris, Lyon et Lille) et les prisons (Uzerche, Longuenesse, Toul-Ecrouves et Grasse) pour dénoncer l’absence de mesures face à la crise sanitaire, et revendiquer ainsi la libération immédiate de tous.tes les prisonni.ères.

Avec les différents projets de construction, de rénovation et d’extension des CRA et des prisons, le nombre de places d’enfermement ne cesse d’augmenter, alimentant ainsi le business de beaucoup d’entreprises privées et d’associations qui se font du fric sur le dos des prisonni.ères.
A Lyon, un nouveau CRA,  situé près de l’aéroport de Saint-Exupéry,  a ouvert début janvier et a doublé la capacité d’enfermement dans la région Rhône-Alpes-Auvergne.

Les frontières tuent, les prisons tuent , les CRA tuent. Depuis septembre 2020  : Majid, suicidé le lundi 24 novembre au CRA de Oissel,  Wissem, enfermé dans le CPR de Rome et mort le 3 décembre, Fitim Uka,   suicidé dans le sous-sol du palais de justice de Bordeaux le 15 décembre, Idir Mederres, décédé le 9 Septembre 2020 au mitard de la prison de Lyon Corbas. Toufik Belrhitri, décédé à la prison de Perpignan le 18 Octobre 2020. Jules, décédé au mitard de la prison de Seysses dans la nuit du 5 au 6 Décembre 2020. Un homme, décédé au mitard de la prison de Rémire-Montjoly le 27 Avril 2020. Une femme, décédée au quartier d’isolement de la prison de Gradignan le 18 Juillet 2020. Alexis, décédé au quartier d’isolement de la prison de Roanne le 18 Juillet 2020. Un homme, décédé au mitard de la prison de Gradignan le 6 Janvier 2021. Jimony Rousseau, décédé le 2 Février 2021 dans la prison de Méaux-Chauconin. Sacha, décédé le 27 Avril 2021 au mitard de la prison de Saint-Brieuc. Un homme, décédé le 23 Juin 2021 à la prison de Villepinte. Un homme, décédé le 13 Août 2021 à la prison de Fleury-Mérogis. Un homme, décédé le 21 Novembre 2021 à la prison de Strasbourg. Une femme, décédée dans la nuit du Jeudi 10 au Vendredi 11 Décembre 2021 à la prison de Gradignan. Un homme, décédé le 30 Décembre 2021 à la prison de Brigue. Yassin Mebarkia est mort le lundi 3 janvier 2022 à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône. Tous⸱tes les autres, tué.es pendant leur enfermement.

L’Etat français est responsable de ces morts :  pas de justice, pas de paix.

Luttons et organisons nous :

contre les cra
contre l’enfermement
contre les violences policières, pénitentiaires et pénales
contre le racisme
contre les rafles et les controles d’identité
contre les expulsions
contre la construction du nouveau cra et les entreprises qui y collaborent
contre les frontières et pour la régularisation de toustes
contre les violences à l’égard des manifestantxs

RDV  samedi 12/02 à 14h au Palais de Justice   des  24 colonnes

 

 

Cet appel a été co-signé par les collectifs : AG des Gilets Jaunes de Lyon & Environs

Témoignages de plusieurs grévistes de la faim du 09.12


 Témoignage de A.

R. :  Est-ce que tu peux déjà commencer à me raconter comment a commencé la grève de la faim et pourquoi?

A. : Euh ça a commencé parce qu’il y a 3 ici il y a 3… il y a 2 tunisiens.. au moins 3 personnes il y a mal du corona. Après toutes les personnes font la grève de la faim pour les personnes seules.

R. : Et pourquoi une grève de la faim, comment elles sont traitées, qu’est-ce qui se passe?

A. : Ici normalement.. comme A. qui a parlé avec toi ça fait 5 ans en prison et 3 mois ici, c’est trop non ! Y a des gens ici y a des cas, des cas trop trop mal.

R. : Et alors qu’est ce qu’ils font les policiers avec les personnes qui sont malades du covid, ils font quelque chose ou pas?

A. : Ils font un isolement et {inaudible} … y a deux personnes là bas et y a une troisième personne il rentre.. la quatrième personne qui rentre aujourd’hui. B., il rentre là bas aussi.

R. : La quatrième personne c’est à dire? Y a quatre personne avec le covid?

A. :  C’est la quatrième personne qui a le covid aujourd’hui.

R. : Ah donc y a quatre personnes qui ont le covid !

A. : Oui aujourd’hui !

R. : Ok. Et t’as l’impression…Toi tu te sens comment par rapport à ça? Les gens sont protégés, sont pris en charge? Ils sont soignés?

A. : Ah ils protègent pas ! Ils protègent pas {inaudible}. Ils te laissent comme ça. Hier, ils ferment tout, nous laissent devant les chambres. Même pas fumer y a pas, feu y a pas. Wallah al radim. Feu y a pas. Maintenant devant toi j’appelle pour feu, il m’a dit non direct. Wallah.

R. : Ok et est-ce que t’as envie de raconter plus précisement les conditions ?

A. : Aujourd’hui le préfet va venir, il est venu et il a pas parlé avec nous,il est parti direct. Il m’a dit « oui oui je vais parler avec une personne », y’a une personne qui parle, et après il sort direct. Il y a des gens malades, et la grève de la faim ça va être un gros problème.

R. : Et est ce que tu veux raconter comment s’est passée la grève de la faim ? Comment ça se passe ? Qu’est ce que vous faite ?

A. : La première fois ça se passe normal. Et après les policiers avec les casques bleus, avec les matraques, les batons, ils sont rentrés côté bleu, ils rentrent, ils ferment toutes les chambres. Et après ils ont fermés pour la machine de manger, la machine tu connais, la machine pour acheter.

R. : C’est quoi la machine ?

A. : Une machine pour acheter des chocolats et tout.

R. : Ah oui, le distributeur.

A. : Oui. Ils l’ont fermés. Pour le café, tout, ils ont fermés. C’est ça.

R. : Et tu dis qu’ils sont arrivés avec les casques bleus, les matraques, ils ont fait quoi ?

A. : Oui, nous on fait un peu de « hebs », euh, comment on dit ?

R. : De bazard ?

A. : Oui, et là ils sont venus avec les casques bleus, les matraques, direct. Aujourd’hui y’a beaucoup de personnes, comme A, il va au jugement aujourd’hui, il attend la réponse. Ca fait 5 ans miskine.

R. : Ca fait 5 ans parce qu’il était en prison avant c’est ça ?

A. : Oui, 5 ans de prison et après ici. Ici-prison, prison-ici (rires). C’est trop, wallah c’est trop.

R. : Et dis moi, les policiers avec les matraques, qu’est ce qu’ils font ?

A. : Oui, ils frappent normal, ils frappent normal, tu sais déjà, il y a une personne à l’isolement. Hier, il s’appelle (inaudible). Il est à l’isolement. Maintenant déjà il est à l’isolement, jusqu’à maintenant. D’hier jusqu’à maintenant.

R. : Qu’est ce qu’il s’est passé hier jusqu’à maintenant ?

A. : Il fume pas, il mange pas, ils veulent rien, rien du tout.

R. : Ah oui en isolement ?

A. : Isolement oui. Comme moi j’ai 2 mois ici, j’ai rien, ni test, ni vol, ni rien. Au moins test ou vol ou une chose, normal, je pars au bled, je vais partir normal. Mais toi tu me laisse ici 3 mois, rien, ni test ni vol ni rien, c’est pas normal ça. Y’a pas de vol à l’Algérie. Tout le monde connaît l’Algérie fermée. Tout le monde. Pourquoi nous ici ?

R. : C’est une situation absurde.

A. : Ouais.

R. : Tu veux me dire un peu en ce moment les conditions avec le froid, avec la nourriture, si tu as des choses à dire en particulier sur les conditions de vie ?.

A. : Ouais très froid. C’est le moment ou tu peux pas rester en promenade. Ils fermaient nous à 11h.. les chambres, et laissaient nous en promenade, et ouvert à 14h les chambres. Maintenant, quand t’as appelé, la tout de suite, ils ont ouvert les chambres. Mais tu peux pas rester en promenade. Il y a des gens ils ont pas de vetements, ils ont rien. C’est pour ça.

R. : Donc pour toi la grève de la faim, c’est pour…

A. : Y’a beaucoup de problèmes, c’est pour ça. C’est pour ça y’a beaucoup de problèmes wallah.

R. : Ok, donc c’est pour, la grève de la faim c’est à cause du Covid mais aussi à cause de tout le reste ?

A. : Ouais à cause du Covid mais les autres problèmes, c’est ça. Ouais. C’est pour ça nous, tout le monde, grève de la faim. C’est normal moi 1 semaine je mange pas, je m’en balecouille. Wallah la radim je reste comme ça normal. Moi, les gens qui ont Covid, ils sortent, normal. Reste nous ici, mais les malades, il est grave, pourquoi tu le laisse ici ? C’est ça.

R. : Est-ce qu’il y a d’autres choses que tu aimerais dire ?

A. : Il y a des choses, euh, comment, des fois les policiers, il fait le raciste avec nous, surtout les arabes. Surtout les arabes.

R. : Ok, tu as des exemples ?

A. : Les policiers il fait des choses bizarres avec nous les arabes.

R. : Qu’est ce qu’ils font ?

A. : Ils aiment pas les arabes ici. Ils aiment que les Albanais, les Roumains et tout (rires). Nous, wallah la radim, ils aiment pas. Je sais pas pourquoi.


Témoignage de K.

R – Tu veux me raconter la grève de la faim?

W–  Ça fait 3 jours on .. si on est pas condamné on mange pas… {inaudible} il faut que vous venez voir s’il vous plait.

R –  Ok tu veux raconter la grève de la faim? Tu veux dire comment ça se passe? Qu’est-ce que vous avez fait?

W- Oui ça se passe mal avec nous, ils sont pas gentils.

R –  Qu’est-ce qu’ils font?

W – Ils sont pas gentils . On demande… {inaudible}, pas de jugement y a pas de libération… {inaudible}. On est pas des voleurs ici nous on est pas… on est des victimes. On a besoin de la liberté, c’est tout madame s’il vous plait.


Témoignage de L. et R.

L. : Allo? Bonjour ça va ? Do you speak english?

R. : Yes

L. : I’m here so… no food and… problems… buy cigarettes…

R. : Yes.. You want to explain how the strike has begin?

L. : Yeah?

R. : Why did you chose to stop eating ?

L. : I’m here 1 year, 5 months {inaudible}… 6 months after they say you go back in P. so I have find a lawyer after lawyer but lawyer say : « don’t possible you ..{inaudible}  in Poland … you refugee in P. »  so i have no refugee in P. but after police catch me in here.  Yeah, so here big problems. Help me.

R. : We will try to let your voice be heard.

L. : {inaudible} Thank you so much.

 

Brochure « Vous connaissez une personne sans papiers qui a été arrêtée : que faire pour la soutenir ? – Quelques conseils pour Lyon, Rhône et alentours 2022 »

 

– Lien vers la brochure –

Cette brochure a été pensée à destination des personnes dont un·e proche ou un·e connaissance a été arrêtée lors d’un contrôle d’identité, et qui risque de se retrouver en centre de rétention administrative (CRA). Les brochures  « Que faire en cas d’arrestation ? Faire face à la machine à expulser quand on est sans-papiers » et « Sans-papiers. S’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation? » s’adressent plus spécifiquement aux personnes directement concernées par ce genre de risque. Elles sont également plus complètes, et donnent de nombreux conseils notamment juridiques sur les lignes de défense à adopter au cours des différentes étapes de la répression.
Malgré tous les efforts de traduction et de diffusion possibles, les brochures sont parfois difficiles à trouver ou à comprendre pour des personnes non francophones. En tant qu’allié·es, il peut donc être utile de les lire attentivement, et de prendre le temps d’en parler avec les personnes que nous connaissons et qui courent chaque jour le risque de se faire contrôler. Discuter avec elleux des stratégies possibles en cas de contrôle, du nom qu’ielles donneront, des choses à tenter une fois au commissariat, sont autant de chances supplémentaires pour elles de s’en sortir face à la police. Si vous savez ce que fera votre ami·e en cas d’arrestation, vous pourrez aussi plus facilement l’aider depuis l’extérieur.
Cette brochure a été rédigée par des membres du collectif anti-cra de Lyon, sur la base de témoignages et de retours d’expérience. Pour les aspects juridiques, elle s’appuie également en grande partie sur le travail réalisé par les auteur·ices de la brochure « Que faire en cas d’arrestation ? Faire face à la machine à expulser quand on est sans-papiers ».  Si vous avez des suggestions, des précisions à apporter, ou encore des critiques à nous faire, n’hésitez pas à nous les envoyer à l’adresse lyonanticra@riseup.net, nous les intégrerons avec plaisir.
Elle a été mise à jour début 2022 suite à l’ouverture du deuxième centre de rétention de Lyon ( ont été rajoutés l’adresse, les numéros des cabines, le protocole pour faire une visite ainsi que des corrections juridiques).
 

2 Octobre 10h Clavière – Appel à une manifestation contre toutes les frontières

Après le Passamontagna en juillet à la frontière franco-italienne et l’occupation de l’ancienne douane, retrouvons-nous ensemble pour marcher librement. La frontière continue d’être traversée par des milliers de personnes malgré le contrôle et la répression des états. Faisons entendre avec détermination notre volonté de lutter contre ce dispositif raciste. La solidarité ne s’arrête pas ! à l’appel de Passamontagna.

La saison touristique est terminée, l’hiver arrive, mais la répression et le contrôle sur les sentiers et dans les rues des deux côtés de la frontière n’hibernent pas.Retour ligne automatique
Mais la solidarité ne s’arrête pas !

Le 29 septembre au tribunal de Turin aura lieu l’audience pour l’extradition d’Emilio, accusé d’outrage et violence aggravée envers agent dépositaire de l’autorité publique, à la suite d’un cortège sur ces chemins.

Le 7 octobre commence également le procès pour l’opération Scintilla qui inculpe 18 copain.e.s de Turin (et autre), accusé.e.s de lutter contre le CRA et leur dispositif répressif.

Retrouvons-nous à Clavière à 10h, pour un repas solidaire aux inculpé.e.s de la frontière.Retour ligne automatique
Amène ton assiette et ta fourchette.

NON A L’EXTRADITION.Retour ligne automatique
Liberté pour Emilio et toustes les personnes détenues en prison ou en CRA.

si vous souhaitez vous organiser pour un départ groupé depuis Lyon, vous pouvez envoyer un mail à lyonanticra[@]riseup.net

 

Assemblée publique contre les CRA

Le jeudi 30 septembre à 19h, à l’Espace Communal de la Guillotière (45 rue Béchevelin Lyon 7), viens nous rencontrer pour parler de la lutte contre les Centres de Rétention Administrative (CRA). Que tu souhaites t’informer ou t’investir, tu es lae bienvenu⋅e⋅x !

 

« Ils shootent la plupart des personnes. » Covid, maltraitance et violences policières au CRA de Lyon… témoignages des prisonnièr·es, 3-7/06

Témoignages enregistrés et retranscrits les 3 et 7 juin.

« – Je vais expliquer. Ici franchement on est dans un centre de rétention, mais ça change rien du tout, la rétention c’est pire que des prisons en fait. On est arrivés ici, pour des gens ils sont pour rien en fait. Aucune raison, aucun jugement, aucun rien du tout. On passe devant le juge mais après il y a aucune explication. Du coup là quand ça arrive, il y a des gens ils sont mélangés, il y a des gens ils sont malades, il y a des gens ils prennent des médicaments. Là maintenant ça commence en fait, il y a du covid dedans ici. Il y a un cas il est avec moi, un gars il est positif du covid. Par rapport au médical donc, rien du tout. Donc du coup moi quand je suis arrivé ici, en 2015 en fait, je veux juste comprendre pourquoi je suis ici. En fait depuis 2015 je suis toujours avec des papiers en règle. En Suisse. J’ai fait une bêtise, je l’ai payée. C’est mon bêtise quand j’ai déjà fait, je l’ai payée, j’ai passé en prison. Je suis sorti de prison, ils m’ont jamais parlé de l’OQTF [Obligation de Quitter le Territoire Français], ils m’ont jamais parlé de quoi que ce soit. C’est juste, voilà. Je suis juste sorti, ils m’ont dit « libération ». je suis sorti, libération, je me trouve dans un centre de rétention. Ici t’as le droit de rien du tout, t’es enfermé dans les cages. Tu sors à 9 heures du matin tu dors, donc tu attends qu’ils fassent le ménage. Là maintenant aujourd’hui, on parle d’aujourd’hui, franchement depuis 9 heures du matin on est fermés [il est midi au moment de l’appel]. Les gens ils veulent faire les toilettes, ils veulent faire quelque chose, rien du tout. Ils sont en train de désinfecter on sait pas quoi… Donc voilà c’était mon cas là maintenant pour moi, là ça fait 30 jours il faut que j’attende ici. Donc plus 30 jours, c’est obligatoire de faire, après il y a encore 30 jours, après il y a encore 30 jours. Je vais passer quelqu’un d’autre aussi, il va parler. »

« – Moi je vais vous expliquer un peu la situation ici en fait, c’est un peu compliqué. C’est une situation franchement que je souhaite à personne. Parce que on est enfermés, on est dans des cages. C’est fermé, au-dessus de nos têtes y’a des cages, sur les côtés c’est des cages, partout, on est comme à la SPA sauf que y’a personne pour nous adopter. On est à la SPA mais y’a personne qui veut nous adopter. Au moins à la SPA ils ont une chance. Moi en fait ici, on est enfermés. Aujourd’hui, du matin ils nous ont sortis à 9 heures. Jusqu’à maintenant, les portes elles sont fermées. On a pas accès aux toilettes, on a pas accès à nos chambres, on a pas accès aux habits, on a pas accès à la douche. Là c’est depuis 9 heures du matin, on nous sort et on attend. On attend encore, on attend qu’ils ouvrent. Parce que soit disant ils nettoient, soit disant ils désinfectent… On a un cas de covid qui était avec nous. On a un cas de covid qui était avec nous. C’est lui-même qui s’est inquiété, ils te proposent pas le test, c’est lui-même qui s’est proposé pour faire le test. Et du coup il était positif, et aujourd’hui ils l’ont ramené, ils l’ont isolé. Mais parmi nous, mais pendant ce temps-là, il a joué avec nous aux cartes, on était tous ensemble, voilà, on est tous mélangés, donc nous aussi on doit l’avoir le covid. Et on demande des dépistages, de nous faire dépister, mais en fait si on le demande pas nous-mêmes ils le font pas. Y’a eu trois cas, et aujourd’hui y’a eu quelqu’un en fait qui a refusé, ça fera 90 jours qu’il était là. Ils l’ont ramené en prison aujourd’hui. Garde-à-vue, et après c’est la prison.
– Juste avant de se faire libérer, ils le remettent en prison ?
– Ils le remettent en prison parce que voilà, il a refusé le test. Quand vous refusez le test ils vous remettent automatiquement en prison. Mais après voilà, au niveau de la bouffe, franchement la bouffe, c’est une cantine, c’est le minimum. Comment vous dire, c’est le minimum, on prend ce qu’il y a. Après on a une machine pour acheter des sandwiches mais tout le monde n’a pas d’argent. »

« – on a appris qu’il y avait eu une grève de la faim la semaine dernière. Tu peux nous en parler un peu ?
– Oui exactement, y’a eu une grève de la faim, c’était le 24 ou le 23 [mai] je me rappelle plus. On avait fait deux jours de grève, mais malheureusement les gens, malheureusement les gens ils ont arrêté parce que au bout d’un moment ils ont vraiment faim, ils ont faim, c’est pas… ils ont pas d’argent la plupart des gens, ils ont pas d’argent, ils ont arrêté parce qu’ils étaient faibles, ils sont malades, y’en a qui sont malades… Y’en a qui… On voyait que ça changeait rien, que ça bougeait pas. »

« – Ce qui se passe en vérité je vais pas vous mentir, c’est la merde, on a des cas de covid qui ont été déclarés. Les conditions dans lesquelles nous sommes ici c’est très très rudimentaire. À chaque fois, dès que vous passez 90 jours, ils vous envoient deux mois de prison automatiquement. En fait le but, c’est de nous menacer, de nous expulser. On essaie même pas d’avoir de la parole, du moment où on essaie de réclamer quoique ce soit ils commencent à frapper certains détenus aussi qui sont un peu schizophrènes. Parce qu’on a des schizophrènes aussi avec nous.
– et le médecin il dit quoi par rapport à ça?
– Bah le médecin vous savez, ils sont pas avec nous. Donc du coup, eux ils sont dans leur bureau, ils savent vraiment pas ce qui se passe, ils sont dans leur coin. sauf quand quelqu’un est malade, mal aux dents, n’importe quoi, c’est doliprane quoi. Après ils essaient de donner aussi des… je vais pas vous mentir hein, ils donnent aussi beaucoup des… ce qu’ils prescrivent aussi beaucoup c’est des… comment ils appellent ça déjà? des calmants, anxiolytiques, voilà. Ils shootent la plupart des personnes. On a essayé de faire une grève de la faim, ils sont venus regarder, parce qu’il y a des portes cassées. on a fait une grève de la faim, ils ont regardé que les portes. Les lumières dans les chambres, dans les salles de bain, ça marche plus. Écoutez, en plus y’a des personnes très très malades, qui selon nous, je pense même pas qu’ils sont en condition d’être en rétention. Mais ils s’en foutent quoi. »

« – ça se passe mal, ils nous traitent comme des animaux. Ils nous mettent la pression, ils nous narguent, ils nous disent : comme mon ami il a la dent cassée, il est dans sa chambre dans l’isolement [car il est positif au covid], il va mourir, il a parlé avec les flics ils ont dit : « prend un doliprane et allonge toi », il a parlé avec le médecin il a dit « prend un doliprane ». On est malmenés quoi ! on est pas des êtres humains, on est du bétail, on est du bétail voilà. Y’a un copain aussi là il est malade, il est trop malade, il est au mitard ça fait cinq jours.
– Pourquoi il est au mitard depuis 5 jours?
– Parce que il est tombé de son lit, il s’est cassé le bras et y’a eu du sang, ils ont dit : « t’as fait exprès », et ils l’ont mis au mitard.
– Et depuis, vous avez de ses nouvelles ?
– On n’a pas de ses nouvelles. Des fois, il demande des cigarettes, on en n’a pas.
– Il sort manger ?
– Je crois qu’ils lui ramènent à manger mais il mange pas. Il fait grève de faim je crois, de ce que j’ai entendu.
– Et vous le voyez ? ou depuis qu’il est au mitard vous ne le voyez plus ?
– On l’a vu qu’une seule fois.
– Et vous savez pas dans quel état il est ?
– On ne sait pas.
– Et ton pote qui s’est cassé le pied, ça s’est passé comment ?
– Ça s’est passé, y’a un copain à lui il était dans la chambre, il faisait une crise d’épilepsie, mon ami dans la chambre il a appelé les flics avec l’interphone, l’interphone, ils ont dit « arrêtez de nous casser nos couilles!! », il a pressé l’alarme, l’alarme, il sort il tape le portail et le pied il est gonflé. Il reçoit maintenant deux béquilles et il marche comme un mort, voilà. Il a demandé une chaise roulante, et ils veulent pas lui donner. Ils lui ont dit « on en a qu’une seule, on te la donne pas si c’est pas nécessaire et tout et tout ». Et depuis, il arrive plus à marcher. Ils appellent pas les pompiers. L’autre fois [pour une autre personne] ils ont appelé les pompiers, ils l’ont emmené à l’hôpital, ils l’ont ramené dans la soirée. Il ne s’est même pas reposé. Ils ont dit « t’as fait exprès » et tout et tout. Toujours on a tort. Toujours. On est du bétail. Y’a pas d’humanité quoi. Le matin, mon ami qui a ses béquilles, il était au réfectoire pour manger, et les flics le poussent : « allé allé marche marche marche marche ». Il reste un moment ils vont le pousser pour le rentrer dans la case. On dit la vérité, rien que la vérité.
– T’as envie de rajouter quelque chose?
– Moi ce que je rajoute, il faut ouvrir une enquête pour voir ce qui se passe là-dedans! On est comme du bétail. Moi je me sens pas un être humain. Voilà, j’ai vidé mon sac.
Ah et je voulais rajouter ! Dimanche ils ont fait un barbeuk énorme les flics. Ils nous ont tué avec l’odeur. Ils ont fait un barbeuk géant. L’odeur elle nous a tué, l’odeur, pendant trois heures. A l’intérieur. On était mal nous. On snif l’odeur mais on a faim nous, on n’a rien. Wallah ils ont fait un barbeuk énorme, ils nous ont tué avec l’odeur. Avec des rigolades, des cris, des rires, et nous, comme des animaux là-dedans, dans la cage. Ils ont pas le droit de faire un barbeuk dans un lieu de travail ! L’odeur elle nous a tué, l’odeur, vraiment, on était malade.  »


Au cours des différents appels, les détenu·es ont aussi voulu faire passer d’autres informations à l’extérieur :

Il y a des chambres sans portes, et où les toilettes et douches n’ont pas de porte non plus. Parfois l’eau fuit, et quand des prisonniers sont libérés ou expulsés, ils laissent des habits qui s’entassent dans l’humidité. C’est vraiment sale, les maladies se développent dans cet environnement.

Une personne est à l’isolement car elle a le covid. Elle réclame le résultat de son test depuis une semaine, et le médecin comme les flics refusent de lui donner. Elle a peur de rester à l’isolement, car pour un autre détenu, le médecin a déclaré qu’il était fou, et qu’il ne devait pas sortir de l’isolement. Depuis deux jours, sa dent s’est cassée en deux, il l’a dans sa poche et souffre énormément. Tout ce que lui répond le médecin c’est « prends un doliprane et allonge toi ».